18
Il était si faible qu'il n'aurait même pas pu se lever en supposant qu'il en ai encore la volonté, il n'aurait pas pu parler non plus, ses paupières lui semblaient soudées et en plomb, impossible à soulever. Il avait l'impression qu'il flottait, déconnecté du monde. Il y a quelques heures il avait eut froid, mais ce moment était passé et désormais il ne sentait plus rien, pas même le sol dur, pas même le vent froid, pas même la douleur aiguë. Sa poitrine était lourde et il peinait à la soulever à chaque respiration. Il lui restait encore un peu d'énergie noire, il aurait pu l'utiliser pour refermer le trou béant que cet abruti de Bakala avait percé dans son ventre, mais cela aurait finit de l'épuiser, et sans un moyen de reconstituer sa réserve, il aurait été plus faible encore qu'une âme et incapable de remonter sur la pierre bleu lisse des bords du grand cratère. Tout était vain, il se nourrissait chaque jour parce qu'il avait faim, mais les traques ne l'amusait pas. Il se sentait vide à l'intérieur. Pourquoi je fais tout ça ?
Il se laissait faire, c'était tellement plus facile. Comme il l'avait dit à Lava, il n'avait jamais eut assez de détermination et de courage pour se battre jusqu'au bout. Il abandonnait toujours quand un obstacle trop dur à surmonter se dressait devant lui. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelait Despair et qu'il ne mangeait que le désespoir... Et puis cela faisait si longtemps qu'il vivait comme ça, comme une coquille animé par ce qu'il était censé être, agissant comme il était censé le faire.
Lava était partie, évidemment, depuis des jours. Il y pensait parce qu'elle était la raison de son état. Enfin, il mentait un peu. Il aurait pu la céder à Bakala, il aurait pu la tuer dès que cet imbécile avait commencé à le menacer, cela aurait mis fin au conflit. Mais il était lâche, et il avait besoin de rejeter la faute sur quelqu'un pour ne pas s'avouer à lui-même que, au fond, il avait envie de mourir et que la force supérieure à la sienne de Bakala l'avait arrangé. C'était plutôt ironique dans la mesure où Lava était une suicidaire. Il avait vu le signe du pendu sur son poignet. Il se demandait qu'est-ce qui avait pu pousser une personne aussi têtue et acharnée que cette âme à se suicider. La mort ne change pas la nature profonde des gens.
Il songea qu'il n'aurait pas dû se tourner sur le dos ainsi, car maintenant il manquait de s'étrangler avec son sang chaque fois qu'il toussait. Sa nature de démon l'embêtait. Les démons n'ont pas de gemme qui les guérissent la nuit, mais leur régénération est très rapide. Enfin heureusement, pas assez pour le faire guérir totalement. Le problème c'est que cela rendait son agonie atrocement longue. Sa blessure ne se refermait pas à cause de la longue écharde arrachée d'une des griffes de Bakala lové dans sa chaire, et il avait déjà déversé des litres et des litre de son sang sans jamais s'en retrouver à court.
Ses pensées volaient ainsi, au hasard, une idée après une autres, alors que lentement il s'approchait de sa disparition, quand un bruit se fit entendre alors.
Il sentit le haut de son corps soulevé, puis traîner lentement, par à coup sur le sol.
Il était trop dans les vapes pour bien comprendre ce qui se passait, mais il se rendait compte que quelque chose n'allait pas. Des mains l'harnachèrent dans une sorte de harnais de cordes, et il se fit tracté vers le haut. Il toucha le sol mais resta dans son harnais. Quelque chose le tirait, il ne sut pas combien de temps, et enfin, il s'arrêta.
À ce moment, il sentit une odeur. L'odeur forte, amère, corsée, qu'il connaissait si bien. Du désespoir. En grande quantité. Le désespoir était juste à sa portée.
Presque inconscient, au bord de la disparition, il but tout le désespoir qu'il put.
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