CHAPITRE 8
Je suis restée dans le jardin royal toute la matinée et le début de l'après-midi. Je ne suis même pas allé déjeuner avec les autres à midi, d'ailleurs Kate a dû se poser des questions sur mon absence qui n'est pas habituelle. Je suis rassurée qu'elle ne soit pas venue me chercher puisque je n'aurai pas pu lui cacher mon agacement que je ressens vis à vis du prince ainsi que les événements qui se sont enchaînés depuis hier soir. Je suppose que je dramatise trop comme toujours et c'est ce que me dirait très certainement Kate. J'espère tout de même que je ne vais pas me faire licencier... Si le roi apprend d'une façon ou d'une autre la manière dont j'ai parlé au prince et de quelle façon je l'ai insulté, il se mettra dans une colère noire et me fera expulser du château sur le champ, si il ne fait pas pire. J'en tremble rien que d'y penser. Il ne me reste plus qu'a prier et à espérer très fort pour que l'inimaginable et le pire des scénarios n'arrive pas.
Il est bientôt 15 heures et comme demandé par Aaron, je dois l'attendre dans ses appartements. Je me lève ainsi de mon banc blanc préféré sur lequel je suis assise depuis plusieurs heures et me dirige vers l'aile Ouest, à contre cœur. J'ai l'estomac noué et ma respiration se fait un peu entendre, j'ai vraiment peur de faire face au prince et surtout de m'énerver à nouveau. Tout à l'heure, avant que je ne sorte de sa chambre il a été si bienveillant et gentil... Je n'arrive pas à enlever son agréable expression qu'il avait sur son visage de ma tête. J'aimerai qu'il soit encore comme ça tout le temps, et surtout maintenant, mais au vu de la malchance quotidienne il doit être redevenu l'immature de prince qu'il a toujours été. Une fois devant ses appartements, je reprend mes esprits et chasse ces idées de ma tête. J'arrange ma robe noire de travail ainsi que mes cheveux bruns et les deux gardes me laisse passer. J'entre ainsi dans son salon et n'y trouve personne, pareil pour dans chambre. Je suis un peu rassurée et je me laisse donc glisser sur le sol, contre un des murs. J'en profite pour fermer les yeux et pose ma tête sur mes genoux qui sont ramenés à mon torse. C'était une chose que ma mère, Juliet Taylor, me disait de faire quand quelque chose n'allait pas bien dans ma vie, que j'étais triste ou dans un désespoir profond. Elle a toujours su me donner de bon conseils et elle a toujours été présente pour moi. Ma mère... Mes parents. Je pense si peu à eux, j'arrive presque à les oublier et c'est une idée qui m'horrifie. Il ne vaut mieux pas y penser maintenant... J'essaye de me vider de tout agacement et énervement que j'ai du prince et inspire un bon coup qui, j'espère, que permettra de rester tranquille et sans m'énerver.
- Ev'? Est-ce que tu va bien? Demande une voix rauque et grave, celle du prince.
- Oui, excusez-moi, je lui dis en me levant rapidement. Je ne l'avais même pas entendu entrer, c'est pas croyable!
Le prince ne répond pas et va dans sa chambre, je le suis en espérant qu'il me donne rapidement ses ordres pour que je puisse t'es libérée de lui le plus vite possible. Il est habillé avec le costume que je lui ai préparé ce matin, mais n'a toujours pas de cravate. Je me demande où est-ce que il a été durant cette matinée. Je me demande d'ailleurs si je ne devrai pas être informée de son emploi du temps personnel. Après tout je ne suis pas sa secrétaire... Il faudra que je me renseigne que la question. Si je ne me fais pas virer avant...
- Est-ce que vous allez rapporter au roi ce qu'il s'est passé? Je me vois demander au prince en évitant sans regard et après plusieurs minutes de silence, alors qu'à la base je voulais simplement lui demander comment s'est passé sa journée.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé au juste? Demande Aaron avec son sourire en coin qui m'irrite de l'intérieur. Oh, tu dois sûrement parler des insultes que tu as tenu à mon propos ce matin. Non, je ne lui ai pas dit.
- Je... Je vous l'ai déjà dit, parfois je ne contrôle pas ma langue. J'étais énervée et...
- Donc je t'énerve? Me demande Aaron en me coupant la parole.
- Oh que oui. Enfin, non! Pas du tout même! Désolée, je dis en ne sachant plus où me mettre du tout et en jouant avec mes doigts tellement que cette situation me stresse.
- Est-ce que tu penses vraiment que je suis un connard d'arrogant? C'est curieux, c'est la première fois que quelqu'un me le dit. En fait, c'est la première fois que quelqu'un ose me parler de la sorte, me dit le prince en souriant glacialement, il me donne froid dans le dos dès que il est comme ça.
- Bien sûr que non mon prince, je ne le pense pas, je lui répond en lui mentant bien évidement. À une autre époque, dans le style médiévale, j'aurai déjà sûrement eu la langue coupée à l'heure actuelle. Si ce n'est pas de mon cou qu'il s'agit.
- Vraiment? Alors dis moi, qu'est-ce que tu penses de moi? Me demande le prince en me regardant intensivement, il me prend vraiment par surprise! Qu'est-ce que je dois répondre à ce genre de question?
- Eh bien... Vous êtes un bon prince, je lui dis en bafouillant totalement et en n'étant absolument pas à l'aise. Mais quand va t'il me donner ses bordels d'ordres qu'on en finisse?
- C'est tout? Je suis un peu déçu, me dit-il en croisant ses bras et en faisant un mine boudeuse. Sérieusement, à quoi il s'attend au juste? Si énervant!
- Vous êtes... agréable à servir. Vous ferez un très bon roi, je lui dis en mentant deux fois plus. Je ne prend absolument aucun plaisir à être sa servante, c'est tout l'inverse.
- Ok, mais à part ça? Il n'y a rien d'autres?
- Je ne sais pas..., je lui répond en comprenant ce qu'il veut entendre, et je ne lui donnerai pas satisfaction, même si je sais que je le devrai pour remonter dans son estime. Il ne le mérite pas et de toute manière, il doit déjà entendre assez de compliments par heure de la part de nombreuses personnes.
- Tu dois être aveugle ma petite Ev', autrement je ne te comprend pas. Je suis incroyablement beau, riche jusqu'aux os, sportif, très intelligent, et j'en passe. Toutes les filles d'Angleterre voudraient être à ta place, tu devrai y mettre du tiens pour la garder.
- Je comprend, je lui dis simplement, lassée de l'écouter se faire des éloges telle la personne narcissique qu'il est. Bien, que puis-je faire pour vous maintenant?
- Je dois vraiment beaucoup t'énerver, me dit le prince en rigolant. Je dois t'avouer que c'est bien la première fois que je croise une personne comme toi.
- Je suppose que ce n'est pas un compliment... je lui dis malgré moi en pensant à mon licenciement très certain.
- Je ne sais pas encore. Tu as bien fait de prendre ton manteau, nous sortons. Henry m'a demandé de le rejoindre dans sa nouvelle maison personnelle et je dois lui apporter des affaires qu'il a laissé ici, tu vas les porter, me dit le prince et je crois que je ne percute pas immédiatement.
Je reste sans voix et le prince a l'air de s'en apercevoir. Aller chez Henry Abe? Oh mon dieu! Je ne sais pas si mon cœur va résister à ça...
- Bien entendu, je lui répond en voyant son regard insistant sur moi.
- Allons-y, me dit le prince en y allant devant moi.
Je le suis donc sans un mot vers les grands escaliers royaux où nous croisons dans le grand couloir du troisième étage Blair, la pupille du roi, et Kate qui me regarde l'air de me demander où j'étais passé durant toute la journée. Je la connais trop bien.
- Aaron, commence la magnifique brune, où est-ce que tu vas?
- Je me rend chez Henry, je dois lui apporter les tableaux qu'il a acheté hier et qu'il a laissé ici, lui répond t'il.
- Pourquoi tu n'envoies pas quelqu'un le faire à ta place? Lui demande-t-elle et c'est vrai que ce n'est pas idiot, bien que l'idée d'aller dans la demeure privée de Henry ne me dérange absolument pas, au contraire. D'ailleurs, Kate a l'air de comprendre que je m'en vais avec le prince et me lance un regard plein de sous-entendus que j'essaye d'éviter au maximum.
- C'est Henry qui m'a demandé de passer chez lui. Où est le roi?
- Dans ses appartements, il travail. Au fait! Est-ce que tu es vraiment allé au rendez-vous arrangé avec la comtesse DesVilliers? Demande Blair à Aaron ce qui attise mon attention et celle de Kate par la même occasion. Sérieusement, j'ai l'impression que nous sommes au cinéma.
- Oui, j'y suis allé. Je ne veux pas vraiment en parler maintenant, et encore moins avec toi. Je dois y aller maintenant, tu viens Ev'? Me demande le prince et je hoche la tête en me redressant en position droite immédiatement.
Je remarque que Blair avait vraiment l'air de vouloir connaître la réponse du prince, elle semble déçue de ne pas savoir ce qu'il s'est passé. Je me suis toujours demandé quelle est la relation qu'entretiennent ces deux-là. Normalement, c'est comme frère et sœur qu'ils devraient se considérer, enfin c'est ce que le roi voudrait. En réalité, je crois que c'est impossible. C'est peut-être même tout le contraire, qui sait! Ils se connaissent certes depuis leur enfance, mais cela ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas se considérer en tant que personne du sexe opposé. Il faudra que je fasse mes recherches et que j'en parle notamment à Kate, je pense que si quelqu'un doit être informé sur mademoiselle Blair et sa vie amoureuse et sentimentale, ça ne peut être personne d'autre que ma meilleure amie.
Je chasse ces pensées de ma tête et suis le prince jusqu'à la salle des fêtes qui est habituellement vide quand il n'y a pas de fête, ce qui semble logique. Nous entrons et je remarque que au centre se trouve un grand carton que le prince me donne sans la moindre délicatesse. Non mais, je reste une femme quand même! Le prince me scrute pendant quelques secondes puis sort de la salle en me laissant derrière lui sans la moindre hésitation. Je le suis à l'extérieur avec ce gros carton qui est plutôt lourd et qui cache mon champ de vision en le maudissant et l'insultant intérieurement. Nous sortons du château et le prince se dirige vers le parking royal qui est à l'opposé du jardin royal et de l'aile Est. Bon dieu, chaque jour je découvre que le palais est encore plus grand qu'un village, c'est tout simplement incroyable. Le prince entre dans une voiture noire vide, à la place du conducteur, tandis que de nombreuses voitures se trouvent ici et en ignorant les nombreux chauffeurs qui n'attendaient qu'à le conduire. Je me demande si il peut faire ça. Il me fait signe de le rejoindre et je met donc le carton dans la malle avant de monter sur le siège passager, à l'avant, comme il me le demande. Le prince n'attend même pas que je termine de mettre ma ceinture qu'il démarre le moteur à fond en ignorant toujours les exclamations des nombreux chauffeurs.
- Est-ce que vous pouvez quitter le palais seul? Les chauffeurs n'ont pas l'air très sereins à cette idée, je lui demande en espérant de tout cœur qu'il ralentisse la vitesse et par chance, c'est ce qu'il fait.
- Tu sais, j'ai quand même 29 ans. Bien évidement que je peux quitter le château seul, mais il faut que les chauffeurs ainsi que le roi en soient prévenus d'avance et je ne l'ai pas vraiment fait, c'est pour ça qu'ils étaient surpris, me répond t'il.
- Vous auriez dû! Je veux dire, les règles sont les règles et vous devriez beaucoup plus écouter votre père, je lui dis en espérant ne pas le fâcher et ne pas revenir à la situation de ce matin. Je suis fatiguée de me disputer avec lui et c'est vraiment la dernière de mes envies actuellement.
- Ce n'est pas très grave, Ev'. Blair va se charger de prévenir le roi, je ne vais que chez Henry après tout. Et puis ce matin j'ai accepté une chose que je ne fais absolument jamais, le roi peut donc s'estimer heureux, me dit Aaron et je repense instantanément à ce rendez-vous arrangé. J'ai vraiment envie d'en savoir plus là dessus, ma curiosité et vraiment le pire de mes défauts et je hais sincèrement l'être à ce point.
- Est-ce que cette comtesse vous plaît? Je demande malgré ma résistance et ma lutte intérieure contre moi-même au prince. Il a l'air surpris de la question mais n'en tiens pas rigueur et cela me soulage immédiatement.
- Elle est belle, riche, bien élevée donc elle a bien évidement tout pour me plaire, me répond Aaron et à vrai dire, je ne m'attendais pas vraiment à une vraie réponse. Je suis agréablement surprise, c'est le cas de le dire le prince peut aussi parler sérieusement lorsqu'il le veut et n'utilise pas que l'ironie et le sarcasme.
- Alors vous acceptez de la fréquenter?
- Non, bien sûr que non. Pour une nuit, très certainement, mais je ne me vois pas finir ma vie avec elle. Elle est bien trop similaire à moi, me répond Aaron et je ne comprend pas vraiment ce qu'il veut dire. Je n'ai accepté de la voir que pour satisfaire la volonté de mon père. Et parce qu'il a menacé de brûler mes cartes bancaires, rajoute t'il en rigolant et je ne peux empêcher un rire de ma part aussi. Oh? Mais c'est qu'elle sait comment rigoler la petite Ev'!
- Je n'ai pas rigolé, je me vois lui dire telle une enfant. Est-ce que vous avez une personne que vous aimez? Je lui demande en ne m'en rendant pas compte immédiatement. Je n'en peux plus de cette langue qui agit avant même que mon cerveau lui en ai donné l'ordre!
- Pourquoi? Je t'intéresse? Me demande Aaron et je sens mes joues rougir légèrement.
- Bien sûr que non, je demandais seulement par curiosité, je lui répond sur la défensive, chose que je ne voulais pas foncièrement faire.
- Moi je pense que tu as un désir inavoué envers moi et c'est pour ça que tu agis ainsi depuis hier. À moins que tu sois attirée par les filles? Demande le prince en me regardant avec curiosité.
- Non, rassurez-vous j'aime les garçons. Je ne vous aime tout simplement pas, c'est tout, je lui répond en essayant vraiment de peser mes mots pour ne pas paraître agressive et grossière.
- Je parie ma fortune que tu ne sais même pas ce que c'est que d'aimer quelqu'un ma petite Ev'. Est-ce que tu as ne serait-ce que déjà embrasser quelqu'un? Me questionne Aaron et honnêtement, je ne m'attendais pas à cette question. Le pire dans tout ça c'est que il a raison et que je suis une piètre menteuse...
- Cela ne vous regarde pas, je lui dis en détournant mon visage et en rougissant beaucoup trop pour ne pas que le prince s'en aperçoive. D'autant plus que nous sommes maintenant coincés dans un embouteillage et qu'il a toute son attention qui est rivé sur moi.
- C'est ça, j'ai raison! Tu n'as jamais embrassé personne, ou plutôt jamais personne ne t'as jamais embrassé. Allez, ne fais pas cette tête, chacun y va à sa vitesse, me dit le prince en se moquant de moi ouvertement. Tu as quel âge? 26 ans, non? Dit-il toujours en rigolant tel un idiot.
- Bien sûr que si, j'ai déjà eu des relations... je lui dis en mentant super mal. Je ne suis vraiment pas faite pour être une actrice, c'est certain.
- Je pourrai t'en faire un cours un jour si tu en as envie, me dit Aaron et je lui lance un regard noir pour toute réponse. Qu'est-ce que tes parents en pensent? Ils n'attendent pas un gendre? Me demande le prince naturellement puisque il est sans savoir que mes parents sont morts.
- Ils sont morts, je lui répond froidement dans l'optique que ça va le calmer et effectivement, il s'arrête de rire et repose ses yeux dans les miens.
- Je ne le savais pas, me dit le prince et je ne répond rien à cela histoire de l'enfoncer encore plus.
Je ne suis pas particulièrement touchée par ça. Cela fait quand même plus de 10 ans que mes parents, Juliet et Marc sont morts. Je fais juste exprès de le faire se sentir mal à l'aise pour qu'il arrête de parler de ma platonique vie amoureuse, et ça a l'air de marcher ce qui m'enchante intérieurement.
Enfin, une vingtaine de minutes plus tard les voitures peuvent circuler à nouveau et par chance personne n'a remarqué le prince, c'était une chose qui me faisais un peu peur. Aaron démarre ainsi la voiture à nouveau et il se contente de conduire dans le silence.
Jamais je n'ai autant apprécié être dans le silence que maintenant.
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