CHAPITRE 45

Le lendemain, je me réveille aux aurores. Inutilement, je dois l'admettre. C'est devenu une habitude, je pense. Cependant, cette fois, je me suis réveillée en sueurs et en larmes. J'ai fait un cauchemar. C'était un ignoble rêve qui avait l'air un peu trop réel. J'ai rêvé de Kate, se tuant encore et encore. À chaque fois, elle se réveillait pour se tuer de la même façon. Cette image ne veut tout simplement pas s'effacer de mon esprit. Les dernières minutes de la blonde sont tout bonnement encrées dans ma tête. Ces horribles images n'ont pas voulu quitter mes pensées, depuis que j'ai assisté à son suicide, la veille.

Hier soir, après son discours Aaron ne m'a pas rejoint à l'hôtel. À vrai dire, je n'ai même pas reçu d'appel ni de message. Je sais qu'il est occupé. Il est devenu roi, juste ciel ! Un roi qui a été suspecté de crime de la plus haute importance, qui plus est. Il a beaucoup de choses à régler et gérer. Puis, le couronnement ne devrait plus tarder. J'ai vu aux informations que le palais était en reconstruction. Ce sera sûrement pour bientôt. Je ne peux pas me plaindre d'être laissée seule. Ce serait ridicule et honteux.

Je me lève du grand lit, sans trop savoir à quoi m'attendre aujourd'hui. J'ai l'impression d'être toujours sur mes gardes, même en sachant que le danger est définitivement écarté. Il n'y aura plus rien, c'est juste certain. Mais je n'arrive pas à m'apaiser. Pourtant, c'est tout ce que je demande. De la tranquille et de la paix intérieure. Est-ce trop espérer ? Même avec leurs morts, les sœurs m'empêchent de vivre avec sérénité.

Je chasse mes pensées sombres avant de prendre ma douche. Je me prépare en constatant que l'armoire est plein de vêtements. Aaron a sûrement dû demandé cela quand nous étions sur le route pour l'hôtel. Je me demande si je devrai l'appeler... de toute évidence, je n'ai pas de téléphone et puis, je ne connais même pas son numéro. Je voudrais juste m'assurer qu'il va bien. Il faudra que j'attende son arrivée, j'imagine. S'il fini par venir.

La matinée est passée lentement. Je n'ai rien fait, mis à part regarder les nouvelles. Tout le pays est retourné, mais les habitants ont l'air rassurés de savoir que le trône est transmis à Aaron et qu'il n'est pas celui que Blair prétendait. Aaron a dû parler de nouveau devant la télévision pour discuter des plans sécurités, politiques et économiques à venir. Je suis si fière de lui ! Il est devenu roi. Il sera un grand roi, un des meilleurs, si ce n'est le meilleur. Je n'ai aucun doute. Je lui fais confiance. Seulement... une idée ne quitte plus mes pensées. Il est... roi. En effet. Je suis servante. Enfin, je l'étais. Mais même si je ne souhaite plus reprendre mes fonctions, je ne pourrais jamais être avec lui. Je le veux tellement. Je sais qu'il en a aussi envie. Mais personne ne l'accepterait. Même si ses parents sont morts, ce seront ses conseillers qui seront contre cette relation. Et même s'ils ne peuvent rien vraiment y faire, le peuple montrera son mécontentement. Je ne peux pas les laisser faire. Je ne veux pas être en travers du règne d'Aaron. Je pense que ses débuts ont déjà été sérieusement sacagés comme ça, je ne peux pas en rajouter avec mon amour. De plus, je pense qu'il doit être d'accord avec tout ce que je pense. "Amis". Il m'a présentée comme l'une de ses amis les plus proches. Ça ne fait rien. Je suis une adulte, je suis mature, je comprends tout cela. N'est-ce pas... ?

Pour la deuxième fois de la journée, je chasse mes mauvaises pensées et me concentre sur autre chose. Cependant, rien ne me le permet. Et si je sortais ? Oui, c'est ce que je vais faire. Je suis libre, après tout ! Je peux aller où je le veux. Je ne suis plus servante, je ne suis plus enfermée dans le palais.

Je prends un manteau, des chaussure et sors d'ici. Enfin, j'essaie. Deux gardes sont devant la porte, me bloquant le passage. Déjà vu.

- Vous ne pouvez quitter les lieux, mademoiselle, me dit l'un sévèrement.

- Pardon ? je demande d'un ton aiguë.

- Nous avons reçu des ordres du roi. Il ne souhaite pas que vous sortiez. À présent, je vais vous demander de retourner à l'intérieur, s'il-vous-plaît.

Je rêve. Non, c'est une hallucination. Un cauchemar ! J'ai déjà vécu cela. Je ne vois pas pourquoi ça continue ! Blair et Kate sont décédées, nom de nom ! Ce connard de roi va m'entendre.

Je rentre dans la chambre d'hôtel, vaincue. Que faire ? Courir, encore une fois ? La dernière fois que j'ai été coursée par les gardes, c'était à cause de la vision de la dague. Là, je n'ai aucune raison de m'enfuir. Enfin, je ne devrais pas en avoir. Tout est réglé ! Je ne comprends définitivement pas le comportement de ce stupide roi.

Deux heures supplémentaires passent avant que quelqu'un ne frappe à ma porte. Je me lève d'un bon. Enfin !

- Entrez !

Je m'attends à voir Aaron mais à la place, c'est Anne qui est là. Surprise et prise de court, je cours vers la quinquagénaire avant de me jeter à ses bras.

- Anne ! Mon dieu, ce que vous m'avez manquée ! Comment allez-vous ? J'avais si peur pour vous, durant tout ce temps ! Vous savez, j'ai été enlevée avec le prince et Henry pendant que vous avez été emmenée à l'hôpital après l'incendie ! Anne, je suis si heureuse de vous voir en bonne santé !

- Evelyn, calmes toi, tu veux, rigole mon ancienne supérieure.

Je me dégage de ses bras et la regarde avec attention. Elle va bien. Ce seul fait me redonne le sourire.

- Comment tu vas, Evelyn ? me demande t-elle d'un sourire chaleureux.

- Beaucoup mieux, maintenant.

Nous nous posons sur le sofas de la chambre. Anne m'explique qu'elle est restée trois jours à l'hôpital avant d'être rétablie. Elle a dû rester chez elle, refusant de travailler pour Blair et Kate, par la suite.

- Tu sais, je vous ai cherché quand vous avez disparus avec le prince... enfin, le roi et monsieur Henry Abe. Je suis même allée demander de l'aide à Harry Taylor.

- Ce salopard ! dis-je avant de me calmer. Désolée... mais ce traître était de mèche avec Blair et Kate.

- Je sais. Je l'ai compris quand j'ai vu que les filles arrivaient à avoir des gens de la plus haute importance de leur côté, malgré leur affection envers le roi. De plus, je n'ai même pas trouvé Harry, ce jour là. Il s'est volatilisé. Il a sûrement dû prendre la fuite quand il a vu que tout n'allait pas selon son plan, lance Anne, dégoûtée.

- Je sais que vous croyiez en lui, je suis navrée qu'il ne soit pas aussi bon que ce qu'il voulait faire croire.

- Ce n'est pas de ta faute. Tu ne dois pas t'excuser pour les erreurs des autres, tu m'entends ?

Je hôche positivement la tête pour toute  réponse.

- Au fait... est-ce que vous avez vu Aaron depuis hier ? j'ose demander timidement.

- Oui, c'est lui qui m'a donné l'adresse de ton hôtel ce matin. Tu sais, il est très occupé. Il viendras à la minute où il n'aura plus rien à faire, crois-moi.

- Je le sais, tout ça ! Mais il m'interdit de sortir ! Avant, c'était à cause de Blair et Kate, mais là ! Je ne vois aucune raison !

- Evelyn ! Ne fais pas ton enfant, veux-tu ? Bien sûr qu'il y a une raison. Toute la nation connaît ton visage, à présent. Tu ne peux plus sortir comme ça. Il y a des mauvaises personnes, autres que Blair et sa sœur, tu sais ! Elles ne sont pas les seules vilaines de ce monde, malheureusement.

Mince, j'ai super honte. Je me fais réprimander telle une enfant de 5 ans. La vérité, c'est que je n'avais même pas pensé à ça. Elle a raison. Ma tête est sur tous les journaux depuis que nous avons été emmenés à l'ancien palais. Tout le monde me connaît. Merde, je n'avais vraiment pas vu les choses sous cet angle ! Que vais-je faire, maintenant ?

- Ne t'inquiètes pas. Tout ira bien, m'affirme Anne d'un ton qui se veut bienveillant.

Anne est restée toute l'après-midi avant de devoir partir. C'était si bien ! Comme au bon vieux temps. Je n'ai pas vu le temps passé, décidément. Me revoilà seule, à présent.

Une heure plus tard, quelqu'un frappe de nouveau à ma porte. Cette fois, ça doit être Aaron !

Je m'empresse vers la porte et l'ouvre énergiquement. Mon sourire s'efface automatiquement quand je vois Anna, la copine de Henry, et non pas Aaron.

- Désolée de ne pas être ton petit-ami, dit la rouquine en rigolant.

- Je suis navrée, Anna ! Ne le prends pas mal, dis-je en la faisant entrer. Je suis tout de même super contente de te voir !

C'est vrai. Je suis contente qu'elle soit là.  Je ne m'y attendais juste pas.

- J'ai apporté des choses à grignoter. On peut regarder un film ! Ou une série, comme tu veux ! lance Anna, enjouée.

Elle se met à l'aise très rapidement. Elle est si naturelle et spontanée ! Je pense ne jamais pouvoir être comme elle. Je l'admire intérieurement.

- Tu n'es pas obligée, tu sais. Tu dois être très occupée. En plus, tu viens de retrouver Henry et-

- Pas un mot de plus ! Si je suis là, c'est que j'en ai envie, dit-elle d'un clin d'œil.

Je passe une excellente soirée en compagnie de l'ancienne agent secret. Nous regardons principalement Harry Potter, ça devait faire une éternité que je ne l'avais pas vu ! C'était plaisant. Anna m'a raconté plusieurs anecdotes de sa précédente profession. Elle a l'air si passionnée.

- Mais pourquoi as-tu arrêté pour devenir policière, alors ?

- Par amour, dit-elle d'un ton plus que sérieux.

Je ne peux m'empêcher de la dévisager.

- Je plaisante ! lâche t-elle en rigolant aux éclats. Je ne suis pas aussi stupide, même si j'aime Henry de tout mon cœur.

- Je le savais !

- En fait, reprend t-elle avec gravité et tristesse, c'est parce que j'ai perdu ma meilleure amie lors d'une mission. C'était assez délicat pour moi de retourner à la FBI, ou même aux États-Unis, après ça.

Elle termine d'un faible sourire. Je regrette immédiatement d'avoir demandé. Ce n'était pas mes affaires.

- Je suis désolée...

- Ça ne fait rien ! C'était il y a quatre ans, poursuit-elle ayant repris son ton énergique et plein de joie. J'essaie d'aller de l'avant !

Le reste de la nuit continue de la même façon. Nous parlons de tout et de rien, rigolant des deux idiots qui nous servent de copains et nous racontant des choses qui nous tiennent à cœur. J'en fini même pas lui parler de mes visions et de l'origine de toute cette histoire. Je lui fait confiance. De plus en plus de monde connaissent ce don que j'ai en ma possession. Anne, Aaron, Henry et maintenant Anna. Les seuls amis que j'ai. Je suis bien entourée, c'est incontestable.

- Tu sais... commence Anna. Je ne suis pas Kate et je ne pourrais jamais te rendre six ans d'amitié, mais...

- Tu es déjà mon amie, Anna. Tu es une  meilleure personne que Kate. Au moins, tu n'es pas folle, dis-je en rigolant.

Le lendemain, ce n'est qu'aux alentours de 14 heures que nous nous levons. C'était une courte nuit, inutile de le préciser. Mais c'était agréable. J'ai rigoler à gorge déployée, pour la première fois depuis un long moment.

Mon réveil, néanmoins, est toujours aussi perturbé. J'ai encore fait un cauchemar. Le même que celui de la nuit précédente, en fait. Kate, se tuant encore et encore, sans arrêt. Je peux encore parfaitement entendre le bruit de l'arme ou sentir l'odeur nauséabonde de ce moment. C'est terrifiant.

- Evelyn ! Tu vas bien ?

Anna s'empresse de me prendre dans ses bras en voyant mes larmes. J'ai envie de lui dire que ça va, que ce n'est pas si sérieux, mais je me laisse faire. J'en ai besoin.

- Qu'est-ce qui t'arrive, dis le moi, s'il-te-plaît, me dit doucement Anna.

Je sèche mes larmes et lui raconte mes cauchemars.

- Je te jure que ça va aller. Ce n'est que passager.

Anne me regarde, perplexe.

- Est-ce que je peux sortir, si c'est avec toi ? J'en ai grandement besoin.

- Bien-sûr que oui ! On va passer une bonne journée, tu vas voir !

Je ne demande que ça.

Une bonne journée.

****

Coucou vous !

Désolée, ce chapitre n'est pas fou, mais je dois poser la fin naturellement haha

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Plein de bisous !!!❤

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