CHAPITRE 40

J'essaye de me faire la plus discrète tandis que j'arpente le sous-sol du vieux château. L'obscurité des lieux me fait peur. Je n'aime pas l'obscurité. Je n'ai jamais aimé l'obscurité, notamment depuis que j'ai perdu, puis retrouvé la vue, plus jeune. Je fais abstraction de ma phobie et tente de savoir si des soldats sont présents. Je n'ai pas vraiment le choix et l'adrénaline de la peur m'empêche de trop y penser, bizarrement.

Je crois entendre du bruit provenant de fond du couloir. Je ne suis pas certaine, mais je dois tenter quelque chose. J'avance doucement et sans bruit, arrêtant presque ma respiration, jusqu'à voir un semblant de lumière. Je pense que c'est la même lampe qui est au dessus de ma propre cellule. Se pourrait-il que ce soit la cellule du prince et de son meilleur ami ? Mon dieu, faites que ce soit ça.

Cette idée m'est confirmée par des rires. Je suis sûre qu'il s'agit de deux soldats, sûrement ceux qui doivent surveiller les deux détenus. Une lueur d'espoir vient réchauffer mon cœur en y pensant. Ils ne sont pas morts... C'est suffisant pour me redonner une certaine assurance. J'espère que ce sera suffisant.

Je dois réfléchir. Que puis-je faire pour détourner leur regard ? Surtout, comment ouvrir la porte de leur cellule ?

En pensant à ça, je sens un petit objet froid et métallique dans ma main gauche, la fourchette étant dans ma main droite. J'ouvre la main et me félicite intérieurement en voyant ce que c'est.

J'ai pris la clef de ma propre cellule sans même m'en être rendue compte. C'est parfait ! Espérons juste qu'il s'agisse de la même serrure ! Sachant qu'il s'agit d'un vieux palais, je ne me fais pas trop de soucis pour cela. Je pense que ça marchera. Il faut que ça marche, de toute évidence.

Cependant, reste encore la question de comment détourner l'attention des deux soldats ? Ils sont en train de discuter. Ils ne peuvent pas me voir, puisque je suis derrière un mur appartenant à la cellule. Derrière cet épais mur se trouvent certainement Aaron et Henry. Cette idée me rend heureuse, malgré la situation. Il faut que je reste optimiste.

Je passe plusieurs minutes à réfléchir, mais je ne trouve rien. Je réfléchis eg réfléchis, en vain ! Je ne suis pas assez forte physiquement pour me battre contre deux soldats, inutile de le préciser. Le problème, c'est que j'ai peur que celui que j'ai laissé inconscient dans ma cellule réussisse à sortir et à me retrouver. Si cela arrive, je ne pourrai plus rien y faire, nous serons clairement condamnés. Je ne peux pas laisser cela arriver. Je suis bien trop proche du but.

Au bout de quelques minutes, je baisse les bras. Je ne sais pas quoi faire. Je ne suis pas assez intelligente ou futée pour trouver une idée qui nous sortirait de ce pétrin. Je ne sais pas comment faire sortir les garçons de leur cellule. Je ne suis bonne à rien. Seulement à faire le ménage.

De longues minutes passent tandis que ma peur d'être retrouvée grandit en moi.

Mon cœur manque un battement quand j'entends la sonnerie d'un téléphone retentir. Les soldats s'arrêtent instantanément de parler et l'un deux décroche le téléphone, dans un silence de mort.

- Mat ? Sois plus clair, je ne comprends pas un mot de ce que tu dis. La prisonnière s'est échappée, tu dis ? s'esclaffe le soldat.

Et voilà, ma liberté n'aura pas été très longue.

- Tu es enfermé ? Espèce d'idiot ! Calmes-toi, nous arrivons, termine le soldat.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demande le deuxième.

- La petite conne s'est échappée. Elle est apparement armée, soyons sur nos gardes.

Après quoi, je les entend courir dans la direction opposée à la mienne. Ils sont... partis ?

Je ne me laisse pas le temps de vraiment reprendre mes esprits et me hâte vers la porte des garçons. C'est les mains tremblantes et le cœur battant à tout rompre que j'insère la clef dans la serrure. La peur que celle-ci ne rentre pas s'évapore quand je réussi à ouvrir la porte. Des larmes de joie coulent quand j'aperçois Aaron et Henry... endormis. Endormis ? Les gentleman sont endormis et les demoiselles sont de sortis, il faut dire !

Je ne perds pas une seconde de plus et les secoue le plus fort possible, du moins avec le peu d'énergie qu'il me reste.

Aaron se réveille le premier. Je pourrai exploser de rire, là et tout de suite, devant la tête qu'il fait en me voyant, si la situation dans laquelle nous nous trouvons n'était pas aussi angoissante.

- Evy ? Comment es-tu sortie ? Tu vas  bien ? s'exclame t-il en me prenant fermement dans ses bras.

- Je t'expliquerai plus tard, pour l'instant nous devons sortir avant que les soldats ne reviennent.

Aaron s'empresse de réveiller son meilleur ami, et nous voilà en train de courir pour sauver nos vies. Encore une fois.

Nous trouvons la sortie plus rapidement que ce que je pensais, et, heureusement, nous ne sommes tombés sur aucun soldat pour l'instant. J'imagine que l'armée est vraiment mobilisée au palais royal. Je me demande de plus en plus pourquoi.

Nous atteignons la porte d'entrée et nous voilà enfin dehors. Il fait pratiquement nuit, ce qui est un point positif pour nos yeux ainsi que notre vie.

-Et maintenant ? questionne Henry, essoufflé.

- Nous n'avons pas de voiture et les bus et métros sont assez loin... je lance, presque désespérée.

- Il y a sûrement des voitures garées derrière le château, mais les chances sont peu probables qu'il y aient les clefs avec, rajoute Aaron, les mains sur les hanches.

Du bruit provient de l'intérieur du petit château. Nous ne pouvons rester ici, alors nous tentons l'arrière du bâtiment, en espérant trouver le nécessaire pour nous tirer d'ici.

En effet, nous y trouvons plusieurs voitures noires. Aaron brise la vitre de la première et ouvre facilement la portière. Nous y entrons, et, à notre plus grand malheur, nous n'y trouvons pas de clef.

- Laissez-moi deux minutes, lance Henry qui est assit côté passager, tandis que je suis à l'arrière.

Je ne comprends pas vraiment ce qu'il compte faire mais Aaron semble savoir.

Henry casse je ne sais quel boitier et en fait sortir plusieurs fils. Il essaie plusieurs minutes de faire toucher un fil rouge et un fil vert. J'ai l'impression que ça ne sert à rien. Cependant, après un énième essaie, le moteur démarre. Comme dans les films ! Je n'arrive pas à le croire ! La chance doit enfin nous sourire.

- Je suis un grand fanatique de voitures, s'explique Henry ce qui me donne un grand sourire.

Aaron démarre la voiture immédiatement et nous voilà enfin libres. Du moins, je l'espère sincèrement et profondément.

- Tu vas nous dire comment tu as réussi à nous secourir, Evelyn ? me demande Henry tandis qu'Aaron prend la route vers je ne sais où.

- Oh, tu sais, un coup de chance, je réponds en souriant.

- Franchement, je ne m'attendais pas à ce que tu nous sauves. Tu m'épates de jour en jour, ma petite Evy, rajoute le prince ce qui me fait rougir.

- N'empêche que les deux soldats ont été idiots de partir à ta recherche ensemble, se moque Henry me regardant.

- C'est pourquoi nous avons eu de la chance, je rigole. Ils vous ont nourrit ?

- Oui, deux fois pas jour. Je ne comprends pas vraiment comment nous sommes toujours en vie, mais tant mieux, me répond Aaron et je ne peux que confirmer ses dires.

- D'après le soldat que j'ai blessé, aujourd'hui est un jour spécial. C'est pour cela qu'il n'y avait pas beaucoup de soldats, j'informe les garçons.

- Comment le sais-tu ?

- J'ai réussi à un peu le faire parler, je réponds au prince.

- Tu l'as dragué, quoi, ajoute Henry en regardant Aaron.

Je ne réponds pas. C'est un peu ce que j'ai fait, j'en ai honte. Je n'ose même pas lancer un regard au prince.

- Je t'ai bien appris, lance ce dernier, me faisant lui lancer un regard, d'un clin d'oeil.

Je souris malgré moi. 

- Je n'aurai jamais cru que mon grand ami Aaron puisse un jour se mettre en couple pour de vrai, raconte le grand blond.

J'arrive pas à croire que je sois vraiment la petite-amie du prince et futur roi d'Angleterre. Je ne réalise pas. Personne ne réaliserait, je pense. Encore moins une simple domestique, comme moi. J'ai dû être l'héroïne de toute un royaume dans ma précédente vie. Je ne vois pas d'autre justification.

- Comme quoi, il y a un début à tout, répond mon petit-copain, mon cœur bat rien que d'y penser, à son ami.

Je suis vraiment heureuse, ce qui est super ironique vue la situation dans laquelle nous sommes.

- Aaron m'a raconté en bref ce qu'il se passe entre vous et Blair, ainsi que sa sœur. J'avoue que j'ai mis énormément de temps à y croire. Tu peux vraiment avoir des visions du futur ? questionne curieusement Henry et je ne peux lui en vouloir.

- Oui, c'est vrai. Je sais que ça peut paraître dingue, j'ai moi-même mis du temps avant de m'y faire. Cependant, ce sont des visions aléatoires... je n'ai aucun contrôle sur ce pouvoir, j'explique au blondinet qui me regarde avec fascination.

- C'est incroyable...

- Pas croyable, oui, je rigole.

- Evy, j'y ai pas mal pensé. Même si ton grand-oncle s'est révélé être un psychopathe de haut niveau, il a quand même donné des informations sur ce pouvoir. Il a dit que justement, tu peux le contrôler, me dit Aaron de son ton le plus sérieux, et il ne l'a pas souvent.

Je me souviens que Harry Taylor a mentionné le fait que je pouvais faire beaucoup de choses avec ces visions, mais pas quoi. Il n'a donné aucun exemple. À ce moment, je pensais que je le reverrai et qu'il m'en apprendrait plus sur ce don. J'étais très loin d'imaginer la triste réalité. Je ne sais même pas si je peux lui faire confiance sur ça, c'est un traître, après tout.

- Tu as raison mais... je ne saurais pas par où commencer, je réponds en baissant la tête.

- Moi, je sais. Nous allons d'abord se laver, puis manger quelque chose. Nous passerons la nuit dans la maison que je t'ai acheté, Evy. Blair n'est pas au courant, elle ne risque pas de venir chercher ici en premier.

- Mais Harry pourrait nous voir dans une de ses visions, je réplique.

- Il pourrait nous voir où que nous soyons, Ev. Il se pourrait qu'il soit en train de nous voir maintenant. Chez toi, j'appelerai les autres personnes à la tête du royaume. Enfin, mes employés, en quelques sortes. Il me croiront et viendront nous trouver, m'explique Aaron.

Je veux y croire. Je veux tellement y croire ! Mais j'ai un très mauvais pressentiment. Très, très mauvais, c'est rien de le dire. Je préfère ne pas en parler maintenant. C'est peut-être rien, après tout. Juste une impression ridicule.

Nous arrivons après de longues minutes de route dans la maison que Aaron a acheté à mon nom. Le prince se gare et nous sortons simultanément de la voiture. Nous nous ruons vers ma porte d'entrée et nous assurons que celle-ci soit bien fermée. Machinalement, nous allons au salon où nous nous affalons sur les canapés, de fatigue.

- Tu n'es pas blessée, Evy ? me demande Aaron en brisant le silence apaisant qui s'était installé.

- Non, pas vraiment. Et vous ?

- Non plus, me répondent les garçons en même temps.

- Je ne comprends vraiment pas ce qu'il se passe. Blair et Kate nous ont clairement menacés de mort, alors pourquoi sommes-nous encore en vie ? je demande, plus à moi-même qu'autre chose.

- Je sais, je n'y comprends rien moi-même. On doit s'attendre à tout, me dit Aaron en se redressant.

Avec Henry, nous affirmant ses dires du regard. Il a raison. Il faut que nous restions sur nos gardes. Je n'aurai jamais cru penser ça un jour, mais mon ex meilleure amie et sa sœur nous veulent morts, ou je ne sais trop quoi. En tout cas, elles ne nous veulent pas heureux. Elles veulent se venger d'innocentes personnes puis diriger le pays, seules. C'est bien ça, des psychopathes de haut niveau. Elles sont cinglées et devraient sérieusement considérer l'internement dans un hôpital psychiatrique.

Nous prenons un temps pour se laver, chacun notre tour et moi la première, puis nous mangeons bien que difficilement. Il est bientôt 4 heures du matin quand je décide d'allumer la television pour mettre les informations. La disparition du prince, la mort du roi et l'incendie du palais doivent faire beaucoup parler. Tout ça en une journée. Une journée interminable, certes, mais une journée quand même.

La chaîne d'informations nationales mise, le journaliste est justement en train de parler des événements de la veille. Je monte le son, histoire de ne rien rater.

" C'est incroyable, ce qu'il se passe dans notre beau pays en ce moment. Vous n'êtes pas sans connaître la famille royale, bien sûr ! Qui ne les connait pas ? Personne, me diriez-vous ! Cependant, mesdames et messieurs, je ne suis aujourd'hui pas là pour de bonnes nouvelles. Je suis là pour de bouleversantes nouvelles, qui, j'en suis désolé, dechireront votre cœur à tous. En effet, une tragédie s'est aujourd'hui abattue sur cette famille qui a longtemps été un modèle de notre royaume. Une tragédie dont les origines n'auraient jamais pu être imaginées. Une tragédie cruelle. Une trajedie, oui, c'est le cas de le dire. Un incendie a eu lieu dans l'endroit le plus visité, l'endroit le plus cher à nos cœurs et le plus chéri de la nation, le palais royal. Cependant, ceci n'est pas le pire. Notre très cher roi a été tué durant ce feu. Nous ne l'oublierons jamais, il était le meilleur que notre pays n'ait jamais connu. Mais encore une fois, il y a pire. Mon cœur se serre de devoir vois délivrer ce genre d'informations, mais c'est mon métier. Voyez-vous, mes chers téléspectateurs, la mort du roi et l'incendie qui a tué des dizaines de personnes travaillant au palais n'ont été causés par personne d'autre que des visages très connus, surtout pour deux d'entre-eux.

Le prince d'Angleterre, Aaron Moore, sa petite-amie, ancienne servante du palais, et le meilleur ami du roi Henry sont les responsables de cette tragédie.

Ainsi, mesdames et messieurs, je ne vais vous demander qu'une seule chose, si vous voyez ces personnes les plus recherchées du moment, appelez la police immédiatement. Ces personnes sont dangereuses. Voici des photos des criminelles, bien que vous connaissiez tous le prince et son ami.

Je vous souhaite une bonne journée malgré ça et espère le meilleur pour notre pays et tous ses citoyens. Mes pensées vont vers les victimes et leurs proches.

C'était John Trueman dans les informations de 4 heures. "

Quand ce John finit enfin de parler, c'est le cœur battant à tout rompre que je me retourne vers les garçons dont les visages sont devenus extrêmement pâles.

Nous sommes dans le pétrin.

Encore.

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Hello hello et bonne année 2021 ! (un peu tard haha)

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Des bisous. ♡



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