CHAPITRE 38

Cela fait une semaine que Kate et Blair ont été incarcérées.

Je n'arrive pas à croire que tout soit enfin terminé. J'ai eu toutes les réponses à mes questions et le danger est finalement écarté. Le palais ne subira pas d'explosions et tout le monde est en sécurité. Je suis soulagée. C'est la première fois depuis longtemps que je ressens cela.

Les filles ont été emprisonnée le soir même de mes retrouvailles avec Aaron. Ça a été très facile pour lui de les faire enfermer puisque le roi est encore dans le coma. Si ce dernier se réveille, je n'ose pas imaginer le face à face. Le roi a énormément d'explication à donner. Aaron a  enfermé les filles dans les cachots du château, ceux-ci n'ayant pas été utilisés depuis des lustres. Tout s'est passé dans une discrétion des plus réussies. Le personnel pense que Blair et Kate sont parties en vacances pour un moment. Personne n'est au courant de rien, pas même les gardes qui surveillent les cachots. La police ne pouvait pas être impliquée dans toute cette histoire familiale, cela aurait été trop compliqué à expliquer. Aussi, un jour les filles pourraient bien tout simplement déposer les armes et reprendre une vie normale, c'est à elles de choisir. Je ne pense sérieusement pas que ce sera d'aussi tôt, mais elles ne méritent pas la perpétuité. Le roi a tué leur père. Il a aussi fait tuer mes parents et je ne le lui pardonnerai absolument jamais. Je peux comprendre les filles. Aaron ne m'a pas laissé les voir avant leur enfermement. Je sais qu'il essaie simplement de me protéger après tout ce qui s'est passé entre elles et moi, mais je tiens à avoir une explication avec elles. La difficulté, c'est que aucun des gardes ne me laisseraient excéder dans la prison royale. Pour l'instant, je dois m'en tenir à ça.

La tranquillité règne dans la palais tandis que je vais voir Anne qui doit être en train de changer la literie du roi. Le prince est à un des rendez-vous gouvernementaux dont je ne comprends pas grand chose et le palais est plutôt vide.

Arrivée dans les appartements du roi, les gardes me laissent naturellement passer. Plus personne ne s'attaque à moi depuis que le prince me protège ouvertement. À vrai dire, les gens me respectent même. Je ne mérite sûrement pas ça, mais c'est toujours mieux que de se faire jeter des cailloux et de la terre en pleine face, je suppose.

Je me dirige rapidement vers la chambre où est alité le roi, mais n'y trouve en réalité pas Anne. Je suppose qu'elle a terminé plus tôt. Je m'apprête à tourner le dos et à retourner dans les appartements du prince, quand j'entends du bruit. En fait, il s'agit plutôt d'un murmure. Effrayée, je fais volte-face et manque de crier en découvrant le roi, yeux ouverts et me regardant fixement. Suis-je en train d'halluciner ? Encore ce matin, les rapports médicaux du roi étaient les mêmes, encore inconscient. Je m'approche doucement, le cœur battant à tout rompre. Peut-être que je devrai appeler le prince ? Après tout, son père vient peut-être de se réveiller !

- Mon roi ? Êtes-vous... réveillé ? je demande, hésitante.

Aucune réponse, seulement un regard.

- Roi Chuck ?

Toujours rien. J'attends quelques secondes avant de sortir mon téléphone, sur le point de téléphoner au prince et au docteur royal.

- Je sais... qui vous êtes, lance soudainement et difficilement le roi Chuck.

Je lâche mon téléphone avant de planter mes yeux dans les siens.

- Je vous demande pardon ?

- Vous... Harry. Je le... tuerai. De mes propres mains...

Harry ? Mon grand-oncle ? Comment a-t-il su ?

- Vous voulez dire, Harry, celui que vous n'avez pas cru quand il vous a annoncé la mort de la défunte reine ? Alors, quoi ? Vous avez tué tous ses semblables parce que vous ne pouviez pas assumer votre culpabilité ? C'est ça ? Même votre propre meilleir ami ! Maintenant, vous voulez encore tuer un innocent dont le seul pêcher a été de vouloir vous éviter la peine de perdre un être chère. Vous êtes sans-coeur !

-Comment... ?

- Je sais tout ! Et Kate et Blair aussi, connard ! Vous méritez de mourir ! Mourrez ! Mourrez ! Allez en enfer !

S'en est trop, je hurle. La rage fait surface alors que je m'étais juré de ne pas me laisser envahir par les émotions. Le roi est confus. Sa respiration se fait de plus en compliqué. Il agonise. Pas assez. Ce n'est pas assez par rapport à ce qu'il a fait enduré à des centaines d'innocents ! Le bruit des machines est plus fort, annonçant une irrégularité. Ses yeux sont grands ouverts et sa respiration disparaît peut à peut. Une crise cardiaque.

Le roi est en train de mourir ! Je reprends mes esprits rapidement. Il faut que je fasses quelque chose ! Je sors en courant prévenir les gardes qui appellent les médecins de la cour. En un rien de temps, ils sont présents sur place et disposent le défibrillateur au niveau de la poitrine du roi. Les larmes montent malgré moi tandis que je préviens le prince au téléphone.

- J'ai compris Evy, calmes toi maintenant. Je suis en route, je te rejoins dans pas longtemps. Tu dois te calmer.

-  Non, tu ne comprends pas. J'ai failli tuer le roi !

Je suis en panique. Comment j'ai pu laisser un telle situation se produire ? Je suis exactement pareille que Kate et Blair. Je ne vaut pas mieux qu'elles. Le roi était vivant et j'ai entraîné une mort certaine. Parce que je n'ai pas réussi à me contenir. Quelle pauvre fille je suis !

Pitié, faites que les docteurs réussissent à le réanimer, pitié...

- Evelyn, ça va allez, tente de me réconforter Anne qui vient d'arriver.

Si le roi meurt, je suis la seule responsable. Comment est-ce que je pourrai à nouveau regarder le prince dans les yeux ? Je préfère mourir aussi.

Je sors des appartements du roi. J'étouffe. La situation au palais est encore une fois chaotique. Il faut croire que la tranquillité de ce matin est à présent loin derrière. Je me dirige vers le jardin royal. C'est toujours là que je vais quand je ne me sens pas bien.

- Evelyn ?

Je me retourne doucement. Il s'agit d'Henry, le meilleur ami du prince.

- Pourquoi est-ce que tu pleure ? Et pourquoi est-ce que les servantes sont toutes en paniques ? Tout le monde se ruent vers je ne sais où...

- C'est le roi... Il est dans un état critique.

- Ça explique les larmes. Tout va bien se passer, ne t'en fais pas. Il va se réveiller, il s'agit quand même du roi d'Angleterre.

- Tu as raison, je lance en essayant un sourire.

Après tout, le roi est un monstre qui se relève toujours. Il se réveillera ! Il ne mourra pas. Il ne peut pas me faire ça. Ce serait trop facile. Il nous doit encore des excuses. Il ne peut pas simplement mourir.

- Où est Aaron ? demande Henry tandis que nous marchons vers le jardin.

- Il arrive. Il était à une réunion super importante. J'imagine qu'il a dû y couper court.

- Je vois. Il faut que j'aille voir le roi, il était comme un second père pour moi. Tu m'accompagnes ?

Henry attend ma réponse. Je ne sais pas si je veux y retourner. Pourtant, j'accepte. Le roi a toujours fait parti de la vie d'Henry.

Devant les appartements du roi, j'entends des pleurs. Non...

J'entre en trombe et découvre Aaron, Anne ainsi que les médecins à côté du lit du roi et deux servantes qui pleurent. Les médecins s'excusent auprès du prince. Le roi est recouvert d'un drap blanc.

Il est mort.

Je regarde le prince. Ses yeux croisent les miens. Ils sont vides. Ma respiration est coupée. Des larmes coulent encore et je sors en courant de la pièce.

J'ai entraîné sa mort.

Je me hâte vers les appartements du prince, n'ayant pas d'autres endroits où aller. J'entre dans la salle de bain et glisse le long du mur me laissant pleurer. Depuis que je suis la maudite servante d'Aaron, mes journées n'ont rien été d'autres que des pleurs et de la tristesse ! Je déteste ma vie ! Rien ne va comme je le voudrai, pas même une fois ! Et maintenant, ça ?

La porte s'ouvre. Je tourne le dos à mon interlocuteur.

- C'est moi qui l'ai tué. Il s'est réveillé et a dit quelque chose à propos d'Harry... alors je me suis énervée. C'est moi qui ai entraine l'arrêt de son cœur. Tu as le droit de m'en vouloir.

Pas de réponse. Décidément, personne ne veut répondre aujourd'hui. Dois-je encore m'énerver ?

Il ne dit rien mais me prend dans les bras. Je reconnais la bague que je lui ai offerte, je porte la même. Je prends sa main dans la mienne et la porte a ma joue.

- Je suis tellement désolée... je souffle.

- C'est moi qui suis désolé. Tu as tellement souffert, durant tout ce temps. C'est terminé maintenant. Evy, en aucun cas tu dois te tenir responsable de sa mort.

Aaron se met face à moi, agenouillé.

- Tu m'as dit la même chose il y a une semaine, tu t'en souviens ? Ceci s'applique également pour toi. Le roi serait mort même si tu n'avais pas prononcé ne serait-ce qu'un seul mot. C'est compris ? demande t-il de son sourire chaleureux et de son ton mielleux.

- Oui, dis-je en rendant son sourire.

- Parfait. Tout est terminé maintenant, il n'y a pas de raison de vivre dans la tristesse.

Il a raison. Les filles sont enfermées et le roi est mort. Pourquoi vivre dans la passé ? Je pense que nous méritons de vivre une vie paisible. Non, en fait, j'en suis certaine. Rien ne pourra l'empêcher. Pas même l'explosion de bombes.

Des explosions de bombes ? Je rêve ou... j'entends des explosions ?

Je regarde la prince. Il a l'air aussi affolé que je ne le suis. Nous nous levons aussi vite que la lumière.

- Aaron ? Est-ce que tu es en train d'entendre ça ?

- Sortons d'ici rapidement.

Nous courons à travers les appartements du prince. Nous sortons et découvrons une fumée aussi noire que du charbon. Nous nous engageons dans les escaliers. Je suis obligée de me mettre une main sur ma bouche. Aaron en fait de même. J'ai les mains moites et les jambes tremblantes. Encore une explosions. Des cris transpercents se font entendre. Tout le monde court et se bouscule. Dehors, un spectacle effrayant se tient devant nous. Le bâtiments du personnel est en train de brûler. Une énième explosion se fait entendre. Aaron court vers le bâtiment d'en face. Je le retiens difficilement. C'est une scène de chaos et de folie. Le personnel qui se trouvait dans le bâtiments de la famille royale sort peu à peu. Certains en sortent difficilement. La fumée traverse le bâtiment du personnel jusque là. Des toux et des pleurs se font entendre, certains ont du mal à respirer.

En face, personne ne sort. Pourquoi est-ce que personne ne sort ? Tellement de personne y sont en train de travailler en ce moment même ! Je ne peux m'en empêcher et cours vers le bâtiment en feu. C'est au tour d'Aaron de me rattraper, cette fois.

- Tu es folle ?

- Tout le monde est là-bas ! Il faut les aider ! je hurle pour me faire entendre.

- Aaron, Evelyn ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Les pompiers sont en route. Qui est en train de déclencher ces bombes ?

C'est Henry qui est totalement perdu quant à cette situation. En même temps, nous le sommes tous. La vision n'aurait pas dû se produire ! Les filles sont pourtant enfermées ! D'ailleurs, où sont-elles ? La procédure voudrait que personne ne reste à l'intérieur en cas de danger ! Les gardes sont au courant. À moins qu'elles n'aient été prise au piège ? Je ne comprends plus rien, décidément ! La journée ne pourrait pas être pire.

Et pourtant... Une bombe explose au sein même du bâtiment duquel nous venons tous de sortir. Tout en haut. Une partie du bâtiment s'écroule de l'autre côté. C'est exactement comme dans la vision. Pour la majorité, nous sommes assez loin de la scène. Pour m'en assurer, je vérifie que toutes les têtes familières sont en notre présence. Les médecins, les gardes, les cuisiniers, les majordomes et les servantes qui n'ont pas été piégés dans l'autre bâtiment sont là. En revanche...

- Anne ! Où est Anne ! je hurle, déchaînée et paniquée.

Aaron me regarde tristement.

- Non ! Non ! Ne me regardes pas comme ça ! Je vais la trouver, je lance en pleurant.

Je cours le plus rapidement possible pour échapper au prince malgré les larmes qui rendent ma vision floue. Arrivée devant le bâtiment, je sens ma peau brûler, mes yeux piquer et ma respiration est saccagée. Cependant, je réussi à voir Anne. Elle est juste devant moi. Elle est bloquée en haut des escaliers ! Le plafond s'est effondré devant elle, elle a dû être blessée par les débris. Elle a l'air inconsciente. Je ne peux pas la laisser là. Encore quelques mètres. Je franchis le feu malgré la douleur. J'entends des pas derrière moi mais en fais abstraction.

- Evelyn ! Tu ne peux pas monter !

C'est Aaron qui me retient. Je me débats difficilement.

- Aaron ! C'est Anne ! Je ne peux pas la laisser mourir, je t'en supplie...

- Je sais. Restes ici, je vais y aller.

- Non ! Aaron...

C'est trop tard, il est déjà engagé dans les escaliers. Du sang jailli de son bras et au niveau de son front. Il est blessé ! Ma vue est de plus en plus floue et j'ai tellement inhalé de fumée que ça en devient douloureux au niveau de ma cage thoracique. Je me retiens de tomber. Mes jambes tremblent. Ma tête me fait extrêmement mal. Je sens que je vais tomber. Avant que ça n'arrive, des bras viennent me retenir fermement et m'entraînent en dehors du chaos.

Une fois dehors, je respire le maximum d'air, malgré la fumée toujours présente. Je me dégage des bras de mon sauveur. Il s'agit qu'Henry.

- Merci beaucoup, Henry, je lui lance sincèrement. Où sont Aaron et Anne ? j'interroge en me tenant sur pieds.

- Je ne les ai laissé dernière nous. Regardes, ils arrivent.

En effet, Aaron porte Anne dans ses bras. Il tousse énormément et son visage est noir à cause de la fumée. Je me hâte vers lui.

- Aaron ! Est-ce ça va ?

- Je vais bien mais Anne doit aller à l'hôpital, tout de suite.

Je regarde les médecins du palais. Ils sont encore en état de choc. Comme tout le monde, en fait. Nous devons être un peu moins d'une centaine. Heureusement la cour du palais est assez vaste pour tout le monde.

Aaron va parler au médecin en chef. Celui-ci hoche de la tête et en quelques minutes, il a réuni toute les personnes qui souffrent le plus, dont Anne, pour les conduire à l'hôpital du palais qui se trouve à environs un quart d'heure à pieds. C'est sûrement risqué au regard de la situation, mais je fais confiance à Aaron. Anne risque d'y passer, sinon. Le reste est dirigé vers le bâtiment sportif qui se trouve aussi à quinze minutes à pieds. Ils seront sauf là-bas. C'est un endroit plus prudent qu'ici.

Il ne reste plus qu'Aaron, Henry est moi-même. Nous attendons les secours assez loin des deux bâtiments. En plein centre de la cour, en fait.

- Vous pensiez que nous enfermer nous arrêterait d'exécuter notre plan si longuement travaillé, n'est-ce pas ?

Je manque de tomber à la renverse en entendant cette voix beaucoup trop familière.

Blair, qui vient de se prononcer, et Kate s'approchent de nous. Elles sont littéralement sorties de nul part. Aaron et moi n'arrivons même plus à parler. Elles ont finalement réussi. Rien ne peut changer le futur. Pas même une personne qui connait le futur. Je les déteste.

- Quelqu'un peut m'éclaircir sur la situation, là ? questionne Henry, les mains sur les haches.

Je pense qu'il ne tardera pas à tout comprendre.

****

Hi !

Désolée de ce retard, pour me faire pardonner voilà un chapitre plus long qu'habituellement !

Alors, qu'en avez-vous pensé ? C'est finalement l'heure de l'affrontement, on dirait !

Donnez moi vos avis !

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Des bisous. ♡

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