CHAPITRE 18


Effectivement, la nuit avec ma meilleure amie Kate a été très longue. Elle m'a posé des tonnes et des tonnes de questions à propos de ce qu'elle appelle « notre petite virée en Amazonie » avec le prince Aaron, ce qui est absolument ridicule puisque on a bien failli y laisser la vie! Kate sautait littéralement jusqu'au plafond à chacune de mes phrases, phrases qui ne montraient pourtant rien de très excitant puisque c'était clairement mission survie. Inutile de préciser le moment où j'ai parlé de la partie où Aaron m'enlève le pantalon pour me bander la cuisse... Une vraie dramaturge à inventer des moments de romance là où il n'y en avait pourtant pas. Je me demande si elle était vraiment si inquiète que ce qu'elle prétend!
En bref, j'ai dû répondre à énormément de ses interrogations et cela en omettant de parler de mes espèces de visions. Je ne sais même pas pourquoi je ne lui en ai pas parler. Enfin, je veux dire, je sais que Aaron m'en a interdit mais c'est de Kate qu'il s'agit tout de même! Je lui dis absolument tout depuis plus de six années, alors pourquoi diable quand c'est monsieur arrogant en personne qui me le demande, je ne lui dis plus rien? Cela me dérange, et pas qu'un peu.

- Bien, je vais aller réveiller le prince maintenant, je lance à Kate qui prend son petit-déjeuner à côté de moi.
- Je croyais qu'il t'avait demandé de prendre ton temps? Il est bien trop tôt.
- C'est pourtant l'heure à laquelle je me rendais chez lui tous les jours avant l'accident, Kate. Ça va aller, crois moi, je lui répond en me levant et en essayant d'équilibrer mes béquilles comme il le faut. Au fait, je ne sais pas si je te l'ai dit mais j'accompagne le prince et Henry en ville, je rajoute plus bas pour qu'elle puisse être la seule à m'entendre.

Bien évidement, connaissant Kate je m'empresse de mettre ma main sur sa bouche pour l'empêcher de le crier sur tous les toits. Après lui avoir fait jurer de ne pas en faire des plats, je l'embrasse sur la joue et m'en vais en direction des appartements de Aaron. Une fois arrivée, je m'avance dans sa chambre et le découvre, sans surprise, encore endormi. Je me dirige donc vers son lit et essaye de le réveiller doucement. Le contact de mes mains sur sa peau chaude me donne des frissons dans tout le corps. Il est incroyablement mignon lorsque il dort comme ça, on dirait presque un ange, ce dont il est bien entendu carrément l'opposé. Je sens la vitesse des battements de mon cœur accélérer lorsque il ouvre légèrement les yeux en ma direction, et pourtant d'habitude il faut que je le secoue pour qu'il décide de se réveiller.

- Bonjour Evy, lance Aaron de sa voix la plus rauque qu'il peut avoir. C'est diablement sexy. Foutues hormones.
- Bon-bonjour prince Aaron. Vous avez bien dormi? Je demande en reprenant mes béquilles que j'avais laissé tomber près du lit.
- On ne peut mieux! C'est toujours plus agréable que l'herbe de la forêt, me dit-il en se redressant puis se levant du lit. Il est super tôt! Je t'avais pourtant dit de prendre ton temps.
- Je ne suis pas morte comme vous pouvez le voir, je rétorque d'un sourire provocateur que je ne peux contenir.
- Tu n'en fais vraiment qu'à ta tête, hein?
- Toujours, prince, je répond en rigolant.
- Bien, bien, comme tu voudras. Je vais prendre une douche puis on ira chercher Henry chez lui, lance le prince en se dirigeant vers la porte avant de se retourner vers moi. Dis moi, Ev, tu n'as rien d'autre que cette robe pour sortir?
- Oh, je répond en regardant ma robe noire de travail, pas vraiment. Enfin, j'avais deux pantalons et deux pulls qui ont brûlés dans l'hélicoptère, le lui dis d'un rire de gêne. Je suis désolée.
- Pourquoi tu t'excuse?
- C'est que... Rien, excusez-moi.
- Evelyn, arrêtes un peu de t'excuser à tord et à travers! Je crois même te l'avoir déjà demandé.
- Désol... Enfin... je dis de plus en plus mal à l'aise.

Le prince s'en va finalement en rigolant. Je suis vraiment ridicule, c'en est pathétique. En plus, je ne peux même pas ranger sa chambre comme à mon habitude à cause de ma jambe en coton. Je maudis vraiment ma vie. Ainsi que mes béquilles. D'horribles choses.

J'attends le prince dans sa chambre depuis plusieurs minutes déjà, assise sur une chaise,  quand soudain j'ai une étrange sensation qui m'est plutôt familière. Je sens brusquement un vertige si puissant que j'en tombe brutalement de ma chaise, tenant fermement ma tête entre mes deux mains. Je sens ma jambe me faire atrocement mal puis, c'est comme les autres fois, je sens mon esprit quitter mon corps.
Cette fois, la scène se déroule au château. Je ne reconnais pas la pièce, mais elle a l'air d'appartenir à des appartements privés. Ceux du roi ou de sa pupille, Blair, puisque ce n'est pas ceux du prince. Puis, après quelques secondes d'attente, j'aperçois deux silhouettes entrer dans la pièce. Je crois que ce sont deux femmes, une brune et une blonde. Je ne vois pas leurs visages, et bizarrement cette fois je n'entend rien. Après quoi, la scène se brouille et je reviens petit à petit a moi, dans mon corps.

- Evelyn, est-ce que tout va bien? Demande une voix, celle du prince.

J'ouvre mes yeux et découvre Aaron accroupis à mes côtés, en serviette. Ouah, si je n'allais pas vraiment bien à cause de ma chute, de la vision et de ma jambe qui me fait super mal, la scène que je vois n'aide en rien. Cela ne fait qu'augmenter la vitesse de mon pouls.

- Hum, oui, je crois que oui, je répond en essayant de me redresser.

En voyant que je n'y arrive pas, Aaron m'aide en me prenant pas les bras.

- Tu as encore eu une vision?
- Oui, ça en avait tout l'air. Mais je n'ai rien compris cette fois, et ce n'était pas de moi ou de vous qu'il s'agissait.
- Qu'est-ce que tu as vu? Me demande curieusement le prince.
- C'était ici, au château, mais je n'ai pas réussi à identifier l'endroit exact. Il y avait deux femmes, une brune et une blonde avec toutes les deux de longs cheveux. Je crois que c'était dans des appartements privés.
- Tu n'as pas une idée de qui étaient ces femmes?
- Non, absolument pas, et je n'ai rien entendu non plus, je lui répond en malaxant ma jambe qui me fait de plus en plus mal à cause de ma chute.
- Tu as mal?
- Un peu, je répond en grimaçant malgré moi.

Le prince ne répond pas et me porte soudainement, sans prévenir au préalable, jusqu'à son lit. Je ne sens plus mes joues tellement elles sont en feu. La sensation de ma tête contre son torse... Calmons-nous. 

- Reposes toi pendant quelques minutes, la sortie peut un peu attendre, me dit le prince en se dirigeant vers sa penderie me laissant une belle vue sur son arrière-train. Ouah, il faut vraiment que mes hormones se calment. Ça devient urgent.
- Merci Aaron... je dis sans savoir quoi dire d'autre. Enfin, prince! Prince Aaron, je dis immédiatement pour me rattraper.

Mais quelle erreur professionnelle! C'est bien connu qu'il faut toujours appeler le prince et le roi par leurs statuts! Quelle belle idiote je fais... Je ne fais que des fautes depuis le début, et celle-là est de trop. Si Anne avait vu ça, je serai très certainement morte à la seconde d'après.

- Ev, je pense que je préfère que tu m'appelles simplement par mon prénom, me dit Aaron après avoir sorti des vêtements de son placard.
- Pardon?
- Ev', je te considère comme... comme une amie, et les amis ne s'appellent pas « prince » entres eux, me répond Aaron me laissant littéralement bouche bée.
- Je... Je ne pensais pas que vous me considériez comme une amie, je lance timidement, ne sachant plus où me mettre, mais bizarrement aussi extrêmement heureuse.
- Je ne pensais pas non plus qu'un jour je pourrai considérer ma servante comme une amie, en effet, me répond t'il en rigolant. Alors, c'est ok?
- Je n'en ai pas le droit, vous le savez bien... Si ma supérieure le sait ou pire, le roi, je suis morte.
- Pourquoi le sauraient-il? Devant eux, tu n'auras qu'à m'appeler prince.
- Je ne sais pas... Attendez! Je rêve ou vous ne portez pas votre attelle au bras? Je hurle presque de mécontentement.

Le prince est absolument mort de rire, mais moi ça ne me fait absolument pas rire. C'est comme si que j'enlevais la mienne de ma jambe! Ce serait mal.

- Vous devez la remettre, je ne plaisante pas avec ça!
- Tout va bien Ev', je n'ai plus mal au bras.
- Mais vous devez la garder pour trois semaines! Je lui lance, hors de moi.
- Je l'ai enlevé pour la douche, calme-toi je la remettrai si ça te fait tant plaisir. Mais à une condition, que tu m'appelles à partir d'aujourd'hui uniquement par mon prénom.
- C'est du chantage, je ne peux me retenir de ma plaindre. Je n'aime pas le chantage!
- Tu n'as pas le choix, sinon bye-bye l'attelle. Et personne n'y verrai d'inconvénient mis à part toi, je préfère te prévenir.
- Vous êtes vraiment pas possible! Je lance en fermant les yeux tandis qu'il commençait à enlever sa serviette pour s'habiller. Vous êtes obligé de faire ça ici? Vous êtes vraiment pas possible...
- Alors, tu es d'accord? Me questionne t'il en rigolant toujours autant à ses gamineries.
- Tss... Très bien! C'est d'accord... Aaron. Maintenant, remettez votre attelle et interdiction de l'enlever, sauf pour la douche, bien entendu. En plus vous m'avez portée! Je ne suis même pas toute fine... Vous exagérez vraiment.
- Ça va, je n'en suis pas mort à ce que je sache. Très bien, tu peux ouvrir les yeux maintenant. Je vais chercher mon attelle puis nous pourrons partir. Au fait, c'est vrai que tu devrai penser à te mettre au sport, ma balance t'il avant de se retourner.

Après quoi, le prince sort de la pièce. Mais quel idiot! Je le hais. Je le hais! Il me met hors de moi. Mais malgré ça...
Amie... Il a dit qu'il me considère comme son amie. Je n'arrive pas à y croire. En fait, personne n'y croirait. C'est vrai quoi, le prince est bien connu pour être plutôt du genre mystérieux, qui n'a réellement que deux amis, soit Henry et Blair. Pourquoi me considèrerait t'il comme son amie? Depuis que nous nous connaissons, c'est dispute sur dispute, accident sur accident. C'est aussi vrai que nous rigolons beaucoup lorsque nous sommes ensemble et que je me sens bien avec lui, mais je ne suis qu'une servante. Une servante dont Aaron voulait absolument se débarrasser au début de mon job! Il faut croire qu'il a dû s'habituer à moi et à mes sautes d'humeurs... Je suis tellement heureuse! Je ne sais même pas pourquoi. Je suppose que c'est de savoir que j'ai une certaine place dans le cœur de glace d'Aaron. Je nage en plein bonheur, il n'aurait pas pu me faire plus plaisir en ce début de matinée. Quand je raconterai à Kate elle piquera une crise, c'est certain! Une chose est en tout cas clair, Anne et le roi ne doivent pas être au courant de cette amitié. Surtout pas le roi, en fait.

Franchement, il a plusieurs semaines de cela vous m'auriez dit que je serai en voiture avec Aaron et Henry, direction les boutiques, je n'y aurai absolument jamais cru. Et pourtant le destin en a clairement décidé ainsi.

- Alors Evelyn, comment c'était d'être seule avec cet idiot d'Aaron? Me demande Henry qui est assis à l'avant.
- Oh, et bien je... je ne sais pas, je répond, le visage cramoisi. C'était rassurant... même si on se disputait beaucoup.
- Tu sais, tu peux te lâcher avec moi. Allez, dis moi la vérité, ça a dû être l'enfer de le supporter, insiste Henry que je trouve de plus en plus mignon à chaque parole qu'il prononce.
- Tu sais que je suis juste à côté, lance Aaron à son meilleur ami en lui jetant un regard menaçant.

Le trajet se fait dans la bonne humeur, nous parlons beaucoup, surtout de notre mésaventure en Amazonie. Henry a promis de m'acheter des tonnes d'oranges pour me taquiner, il a bien compris que je ne peux plus en voir en peinture. D'ailleurs, en m'entendant appeler le prince par son prénom, Henry m'a aussi demandé de me comporter de la même façon avec lui, ce qui renvoie carrément au rêve pour moi. Mon amourette de tant d'années me demande d'être son amie! Je n'aurai jamais espérant autant. En l'espace d'une journée en plus! Je devrai être inscrite dans le livre des records. « Evelyn Taylor, cette qui est devenue amie avec le prince Aaron Moore et son meilleur ami Henry Abe en quelques heures à peine. » Hé, concentrons-nous, ce sont des nobles quand même, pas n'importe qui! Henry était plutôt surpris que Aaron se comporte aussi amicalement avec moi, encore plus que la dernière fois lorsque nous avons étés chez lui, il l'a d'ailleurs pas mal taquiné là dessus, ce qui m'a largement gênée.

Nous arrivons finalement après plusieurs minutes de route dans un quartier très luxueux et chic de Londres que je ne connais pas. En même temps, je n'ai pas eu vraiment le temps de visiter ma ville natale, ni avant la mort de mes parents, ni après. Je prends mes béquilles et descend de la voiture qui est devant un magasin de bijoux dans laquelle les garçons se dirigent. Je les suis en silence.
En entrant, je comprend clairement que ce n'est pas ici que je ferai mes cadeaux, c'est bien trop cher. La boutique est privatisée, ce qui ne m'étonne pas puisque Aaron est une célébrité, et les célébrités se font poursuivre. À vrai dire, même Henry en est une. Je suppose que toutes les boutiques qu'ils ont prévu de faire ont été privatisées pour la journée.
Ah, la vie de riche.

- Bonjour, prince Aaron. Bonjour, Monsieur Henry, lance joyeusement les vendeuses, toutes  plus belles les une que les autres et parfaitement alignées.

Les garçons font leurs achats tranquillement et je ne les dérange pas. Il fait très froid aujourd'hui et ça me fait penser qu'il faut que je m'achète un nouveau manteau puisque le mien n'est pas sorti indemne de la forêt et que je porte un manteau appartenant à Kate.

- Aaron, je dis doucement pour ne pas me faire entendre des vendeuses qui ont les oreilles très baladeuses. Je vais aller faire quelques achats dans les magasins voisins, je ne serai pas longue.
- Ev', je viens avec toi, je termine rapidement.
- Oh, ne vous inquiétez pas pour moi, je ne veux pas vous déranger. Ce sera très rapide, j'ai quelques cadeaux à faire c'est tout.
- Bien, donne moi ton téléphone pour y mettre mon numéro, me demande Aaron.
- J'ai perdu mon téléphone dans l'hélicoptère aussi, je lui répond en sentant de plus les plus les regards persistants des filles. Je vais en racheter un.
- Bon, mais vite. Je te donne une de mes cartes, c'est quand même de ma faute si tu n'as plus de vêtements ni de téléphone, me dit Aaron en me tendant une carte toute dorée.
- C'est gentil Aaron, mais j'ai de l'argent. Vous comptez rester ici où vous allez faire d'autres magasins?
- Tous les magasins que nous ferons sont dans ce bâtiment, aux étages d'au dessus, c'est plus simple et plus rapide. Quand tu reviendras, les vendeuses te conduiront à nous. Sérieusement, Evy, pour une fois écoute moi et prend cette carte.
- Non merci, je lui lance en souriant de toutes mes dents. J'ai vraiment de l'argent, bien à plus tard alors! Henry, à tout à l'heure, je dis à Henry en me dirigeant vers lui et en laissant Aaron seul, la surprise collée sur son visage.
- Tu t'en vas?
- Je vais faire mes achats de mon côtés, il me faut plusieurs choses précises que je ne trouverai pas ici.
- Fais attention avec tes béquilles quand même. Aaron a dû te proposer une carte je suppose?
- Oui et je l'ai refusé. J'ai beau être servante, je suis plutôt économe donc j'ai mon propre argent, je répond en souriant.
- Tu as refusé la carte d'Aaron? Ouah, ça ne lui est absolument jamais arrivé, il doit encore être sous le choc, je devrai aller vérifier si il va bien, me dit Henry en rigolant. Bien, à plus tard ma petite Ev, rajoute t'il en caressant mes cheveux. Je suis aux anges.

Je sors de la boutique, le sourire collé sur mes lèvres. Il est si... irrésistible! Si seulement Kate avait vu ça! Dire que je suis à présent son amie... J'ai dû en faire des bonnes actions dans ma vie antérieure! Et puis ces regards plaqués sur les visages des vendeuses! Incroyable!

Je commence vraiment à aimer être la servante d'Aaron, dites moi! Un petit pas pour l'humanité, un grand pas pour Evelyn Taylor.

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Hello everyone! Comment allez-vous?
Je sais, ça fait un moment que je n'ai pas posté de chapitre mais j'étais en plein partiels puis j'allais pas forcément super bien donc j'avais pas le moral on va dire! Mais ça va mieux!
Comment avez-vous trouvé ce chapitre? À votre avis, qui sont ces deux femmes? Des théories sur les prochains chapitres? Je veux tout en commentaires!
Est-ce que ça vous direz de faire de temps en temps des points de vue d'Aaron pour savoir clairement ce qu'il pense? Peut-être pas maintenant mais quand l'histoire avancera?
N'hésitez pas à voter et à partager!
Des bisous. 🥰

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