Chapitre 65
– Tout ça, c'est de ma faute... Souffle-je dans un sanglot, toujours dans les bras de mon frère.
– Je t'interdis de dire ou de penser ainsi ! Tu n'y es pour rien, est-ce que tu comprends ? Me réprimande ma mère, en venant nous rejoindre.
Je réussis à me détacher de mon frère, essuyant d'un revers de la main mon visage tout humide. Elle me donne un mouchoir propre, le regard rempli de tendresse, puis elle dépose un baiser sur mon front avant de me reprendre dans ses bras.
– Maman a raison, tu n'y es pour rien ! Le seul responsable c'est ce malade que je prenais pour un, un frère et pourtant... Réplique Jackson les poings serrés et le regard sombre. Je t'assure qu'il a vraiment de la chance d'être déjà entre les mains des autorités sinon...
Ça se voit qu'il est en colère et j'ai beaucoup de peines pour lui. Apprendre que son soi-disant meilleur ami depuis l'enfance n'est qu'un psychopathe et qu'il a bien failli tuer sa petite sœur n'est pas facile à digérer.
– Toi aussi je t'interdis de penser à une quelconque vengeance ! Dit-elle fermement. Laissez moi m'en occuper et je vous promets qu'il paiera pour tout ce qu'il a fait.
– Votre mère a bien raison, laissons la faire son boulot ! Intervient derrière moi, une voix qui m'est trop familière.
Je me retourne nonchalamment et je tombe sur le visage impassible de mon père, vêtu d'une tenue un peu plus décontractée qu'à son habitude. Je suis à la fois surprise et ravie de le voir, j'étais loin de m'imaginer qu'il viendrait aussi vite, lui qui est tout le temps occupé par son travail.
– Papa ?
– Bonsoir ma chérie... Dit-il en venant me prendre dans ses bras.
Il me serre fort contre lui, comme un objet précieux dont il a eu la chance de retrouver. Je ne me rappelle même plus de la dernière fois qu'il m'a câliné de cette manière, tellement ça fait longtemps.
– Tu m'as fait une grosse frayeur... Murmure-t-il comme une confession.
Je réponds joyeusement à son câlin malgré moi, tellement ça fait du bien. Ça fait du bien d'avoir de nouveau toute son attention, même si c'est juste pour quelques minutes ou quelques heures. Tout comme ma mère l'a fait plus tôt à son arrivée, il m'examine rapidement à son tour.
– Tu vas bien ? Tu as mal quelque part ?
– Non, ça va... Je, je vais bien papa. Le rassure-je.
– Et cette blessure sur ton front ?
– Ce n'est rien de grave papa, juste une petite égratignure.
Son regard est rempli d'inquiétude et de quelque chose que je n'arrive pas à déchiffrer. La dernière fois que je l'ai vue dans cet état c'était à la mort de ma mère, il ne savait pas comment s'y prendre pour me rassurer et moi j'étais trop triste et en colère contre le monde entier pour me laisser consoler par qui que ce soit.
– Comment va ton amie ? Que disent les médecins ?
– Rien pour le moment. Ils sont encore au bloc. Soupire-je nerveusement, en passant une main dans mes cheveux en désordre.
– Ne t'inquiète pas, tout ira bien ! Je suis sûr qu'ils s'occupent bien d'elle en ce moment.
Je l'espère aussi. J'acquiesce sans toutefois changer de mine.
– Excusez-moi, je dois prendre cet appel... Nous informe ma mère avant de s'éloigner à nouveau.
A cause de cette affaire elle n'a presque pas lâché son téléphone depuis son arrivée.
– Bon, je vais me chercher un café, qui en veut un ? Propose mon frère.
Je décline poliment son offre à la différence de mon père. J'en ai déjà marre d'attendre et je vois que je ne suis pas la seule quand j'aperçois Sam seule, devant les portes de l'ascenseur, les yeux rivés sur l'horloge accroché juste à l'entrée. Je préviens mon père avant d'aller la rejoindre, question de lui tenir compagnie.
– Pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi s'en est-il pris à elle ? Marmonne-t-elle, les yeux toujours rivés sur l'horloge.
– Je crois que c'est à cause de moi...
Elle pose sur moi un regard plein d'incompréhension, ne sachant pas où je veux en venir.
****
– Si, elle est pour beaucoup... Grommelait-il en s'installant juste en face de nous, sur un meuble tout poussiéreux. Avant son arrivée, tout allait très bien entre nous. Nous étions très proches, j'envisageais même déjà une possible relation entre nous, mais elle est venue tout gâté en se mettant entre nous !
– Mais qu'est-ce que tu racontes ? Je ne t'ai jamais vu ainsi. On était proche c'est vrai, mais comme des frères et sœurs, c'est tout ! Je ne t'ai jamais vu autrement !
– Et pourtant, moi je t'aimais ! Criait-il sur les nerfs. Je voulais plus qu'une simple amitié entre nous mais toi, tu, tu ne l'as jamais remarqué ou bien tu faisais juste exprès !
Il était déjà à bout des nerfs et n'arrêtait pas de pointer son arme sur nous. Il fallait que je trouve un moyen de le calmer avant qu'il ne se décide de finalement nous tuer toutes les deux ici.
– Écoute Tyler, on va se calmer d'accord ? Il ne se fait pas encore tard, tu peux encore changer d'avis et me laisser l'emmener à l'hôpital, je te promets qu'il n'y aura pas de représailles. Essayais-je de le calmer, en me rapprochant de Candys.
– Non reste où tu es ne la touche pas ! Criait-il de nouveau. Tu me prends pour un idiot ou quoi ? Il n'y a aucune marche arrière à faire ! Crachait-il en se levant.
Il faisait les cents pas devant moi pendant que je réfléchissais à une autre solution sans quitter Candys des yeux. Heureusement que mon téléphone continuait toujours à enregistrer toutes nos conversations mais il n'allait pas tarder à s'éteindre.
– Je n'arrive pas à croire que tu continues à l'aimer malgré tout le mal qu'elle t'a fait ! Il n'a suffit que d'une toute petite menace pour qu'elle mette votre soi-disante belle relation d'amour aux oubliettes mais toi, tu continues à t'accrocher à elle ! Ricanait-il. Tu ne vois pas qu'elle n'en vaut pas la peine ?
– Attends un instant, tu as parlé de menaces ? Donc c'est toi depuis le début ? Demandais-je très surprise.
Le simple sourire satisfait qu'il avait en voyant ma tête m'a directement fait comprendre que c'était effectivement lui derrière toute cette histoire, on dirait qu'il était même ravi de se dévoiler enfin. C'est lui ce mystérieux psychopathe que Candys cherchait depuis tout ce temps, ce malade qui lui envoyait des messages homophobes et qui l'a poussé à mettre fin à notre relation.
– Mais, pourquoi as-tu fait ça ? Soupirais-je, aux bords des larmes.
– Parce que ça me tuais à petit feu de vous voir ensemble, tu ne comprends pas ça ? Elle ne te méritait pas du tout !
– Mais toi si ?? Rugissais-je. Tu sais que tu as bien failli me tuer dans cet accident que tu avais provoqué ?
– Ce n'était pas du tout mon intention ! Ce n'était pas toi que je visais, mais elle. Tu aurais dû conduire ta propre voiture ce jour-là au lieu de la sienne ! Vociférait-il.
– Je n'y crois pas ! M'exclamais-je dans un rire jaune. Te rends-tu compte de la gravité des choses au moins ? Depuis le début tu veux la tuer, mais sache que je ne te laisserai pas faire !
– Tu n'as pas le choix ! Et de toute façon, ce n'est qu'une question de quelques minutes ou peut-être quelques heures pour qu'elle meurt là ! Continuait-il, un sourire vainqueur accroché aux lèvres.
Sur le coup j'ai directement reporté mon attention sur Candys qui s'était finalement évanouie. Mon cœur a bien failli s'arrêter quand je l'ai vu inerte sur le fauteuil, j'ai accouru vers elle sans me soucier de ce qu'il pouvait faire et j'ai essayé de la réveiller.
– Candys je suis là, réveilles toi s'il te plaît. La suppliais-je en pleurant. Ne me laisse pas...
– C'est trop tard maintenant, elle ne t'entend presque plus là ! Se réjouissait-il.
Dans un excès de colère j'ai foncé par surprise sur lui avec l'intention de récupérer l'arme entre ses mains. Je ne pouvais pas le laisser gagner cette fois-ci, il en était hors de question.
J'ai réussi à tenir l'arme mais dans la bagarre, un premier coup est parti. J'ai eu peur mais pas assez pour lâcher prise. On a continué à se tirailler jusqu'à ce qu'il finisse par tirer sur lui-même, sur sa cuisse droite, ce qui l'a fait pousser un cri de douleur et lâcher finalement l'arme. Je l'ai récupéré et j'ai continué à la pointer sur lui pour qu'il ne bouge plus, j'avais désormais la situation en main, je pouvais enfin sauver Candys.
– Laisse tomber Tyler. Cette fois-ci tu ne gagneras pas ! Disais-je toute essoufflée.
– Tu en es sûre ? Rigolait-il en regardant en direction de Candys.
J'ai reporté de nouveau mon attention sur elle et mon espoir s'est évanoui quand j'ai vu la balle perdue de tout à l'heure plantée dans son abdomen.
– Oh non ! Candys...
*****
– Ce n'est pas de ta faute au contraire, tu lui as sauvé la vie en appelant les secours.
– J'aurais dû faire plus que ça... Je n'ai pas été là pour elle depuis le début. Me lamentais-je.
– Écoute Lyndsay, l'heure n'est pas au regret maintenant parce que si on se lance dans ça, c'est moi la plus fautive dans l'histoire. Quand elle m'a parlé de cette voiture garée devant la maison, je ne l'ai pas prise au sérieux ! J'ai minimisé la chose et maintenant, elle est dans ce bloc entre la vie et la mort ! Tout ce dont elle a besoin maintenant c'est de nos prières et non nos regrets. On doit être suffisamment forte pour elle.
– Tu as raison... Mais c'est dur de ne pas se sentir coupable après tout ce qui s'est passé aujourd'hui.
– Je sais... Soupire-t-elle.
Je la prends dans mes bras pour un réconfort mutuel mais on se sépare immédiatement quand on voit enfin la porte du bloc s'ouvrir, laissant apparaître l'un des chirurgiens présents dans la salle. Sans trop réfléchir on se précipite tous vers lui, impatients d'écouter ce qu'il a à nous dire.
– Vous êtes de la famille de la patiente ?
– Oui, c'est ma nièce, réplique la mère de Sam. Comment va-t-elle docteur ?
Il nous regarde tous, d'un air méfiant alors qu'on attend tous impatiemment qu'il parle.
– Écoutez docteur, tous ces gens présents font parties de sa famille alors vous pouvez parler sans crainte ! Lâche le père de Sam exaspéré.
– D'accord ! L'opération n'a vraiment pas été facile, mais grâce à Dieu, on a pu gérer et tout s'est bien passé.
On pousse tous un soupire de soulagement à la fin de sa phrase.
– Non seulement elle a eu un léger traumatisme crânien, quelques côtes cassées et la balle qu'elle a reçu s'est cachée de telle sorte qu'elle lui faisait perdre beaucoup de sang à chaque fois qu'on essayait de la retirer.
Cette deuxième nouvelle me resserre encore plus le cœur.
– Du coup vous ne l'avez pas retirée ? Demande Sam.
– Si, mais avec beaucoup de peine. En fait, la balle a perforé la rate au passage avant d'aller se loger dans une fine poche près de l'estomac mais heureusement pour elle, elle ne l'a pas touchée. On a dû procéder à l'ablation de sa rate le plus rapidement possible et on lui a fait une transfusion sanguine pour la sauver.
De tout ce que j'ai pu retenir de son argumentation, c'est qu'elle est désormais hors de danger, et j'en suis soulagée. Instinctivement je lève les yeux au plafond une seconde fois de la soirée pour remercier celui qui a veillé sur elle pendant tout ce temps.
– Est-ce qu'on peut déjà la voir ? Parle-je enfin.
– Pas pour le moment. Elle est encore en salle de réanimation mais quand on va la transférer dans sa chambre, une infirmière viendra vous informer.
– D'accord...
*****
Ça fait un petit moment qu'on attend toujours de voir Candys, je ne sais pas pourquoi ça prend encore tout ce temps pourtant on nous a dit que l'opération s'était bien passée.
Durant ce laps de temps, Peyton nous a rejoint, elle a tenu à travailler sur cette affaire avec ma mère et elle est venue lui faire un rapport du commissariat.
– Je peux m'asseoir ?
Je lève les yeux et tombe sur le visage compatissant de Peyton. J'étais tellement perdue dans mes pensées que je ne l'ai même pas vue arriver. C'est avec un hochement positif de la tête que j'accepte qu'elle me tienne compagnie.
– Dure journée hein !
C'est peu de le dire.
– Sinon, comment vas-tu ? Je sais que tu fais de ton possible pour garder la face, mais je me dois de te poser cette question.
– Je vais mieux maintenant... Lâche-je dans un soupire.
C'est la journée la plus horrible de ma vie, mais je suis soulagée qu'elle se termine mieux que ce que je ne m'imaginais. Candys va bien, on a réussi à la sauver et ça, c'est le plus important pour moi.
– Je suis ravie de l'entendre, et je te promets que ça ira encore mieux dans les jours à venir. Dit-elle en me carressant amicalement la main.
Je fais l'effort de lui sourire pour la remercier d'être présente et pour l'aide qu'elle nous apporte.
*****
– Vous pouvez déjà aller voir la patiente, mais pas tous à la fois. Elle a besoin de beaucoup de repos en ce moment alors, essayez de faire le moins de bruits possible. Nous informe une infirmière.
– Lyndsay vas-y en premier nous, on va attendre ton retour. Réplique madame Anderson.
Je ne me fais pas prier pour suivre l'infirmière qui m'accompagne aussitôt jusqu'à la porte de sa chambre.
– Vous avez dix minutes, et s'il vous plaît, faites moi de bruit pour ne pas la réveiller.
– D'accord...
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Salut tout le monde 🙃🙃 j'espère que vous allez bien. Encore une fois, désolée pour la longue attente. J'espère que ce chapitre vous fera me pardonner 😅.
À très bientôt pour la suite 😊✌️✨✨.
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