8- Aegir

C'est l'heure... Mandarine m'aide à mettre mon costume, mais reste silencieuse. Le silence est vraiment pesant, la tension est palpable dans tout le palais.

Je sors de l'atelier de couture et me dirige vers la salle de bal, c'est là que va se dérouler mon couronnement. Dans quelques minutes, je serai l'empereur de Lumière et j'aurai un femme. Je devrais me réjouir, pourtant, il me manque quelque chose...

Mun, elle m'avait promis de revenir pour mon couronnement. Peut-être...qu'elle ne m'aimait pas vraiment, qu'elle m'a toujours détesté ?

Non ! Je refuse de penser à ça, c'est totalement absurde, pourquoi aurait-elle tué quelqu'un pour m'empêcher de salir ma réputation ? Mais dans ce cas, pourquoi n'est-elle pas revenue ?

Sans elle je me sens...vide, tout chez elle me manque, que ce soit sa rigidité inflexible ou son caractère inflammable. Toutes ces années passées avec elle étaient vraiment...parfaites. Je crois que c'est ça, l'amour...

J'aurais dû m'en rendre compte avant, c'est trop tard maintenant, tout est fini.

J'entre dans la salle, et, tout au bout d'un long tapis rouge entouré par des centaines de parfaits, se trouvent Mauve, les 49 ministres des couleurs, et, un peu en retrait, elle.

Mun ! Je dois me contenir pour ne pas courir vers elle et la prendre dans mes bras. Je ne suis plus stressé de sentir tous ces regards sur moi, elle est tout ce qui compte. Mais je pense que je ne vais rien dire, ça créerait vraiment un scandale. Quoique...

J'ai le temps d'y réfléchir, les ministres vont d'abord me couronner, et le mariage se déroulera après

- D'après les lois de notre empire, en jurant sur le combats de nos ancêtre pour rendre ce monde parfait, vous, Aegir, prince de l'Empire de Lumière, êtes-vous prêt à devenir notre empereur, et à faire honneur à vos prédécesseurs, en guidant votre peuple vers la lumière parfaite ?

- Oui, je suis prêt !

- Très bien dans ce cas, nous, les 50 ministres des couleurs, vous déclarons officiellement...

- Arrêtez !

Mun ? Mais, qu'est-ce qu'il lui prend ? 

Mun venait de pointer un couteau vers moi, et menaçait de me tuer... Mais pourquoi ? Elle veut faire un coup d'Etat ? Alors...tout ce temps, depuis le début, elle m'a toujours détesté.

- Mun, pourquoi ?

- Parce que je n'en peux plus des parfaits, vous êtes tous si hautains. Je ne sais même pas si vous nous considérez comme des êtres vivants ! Et il est temps de faire tomber les masques "monsieur". Je ne suis plus la Mun impassible que vous avez connu, je suis la meneuse d'une armée d'impurs prêts à vous faire la peau ! Même si je dois vous tuer pour atteindre mes objectifs, sachez que je vous remercie pour ce que vous avez fait pour moi toutes ces années. Mais votre mort est nécéssaire. 

Alors elle ne me déteste pas, je sais que c'est étrange mais je me sens, soulagé... Je l'aime, alors, si elle veut vraiment me tuer, je la laisserai le faire. Après tout, une vi pour une vie non ? Mon père a pris celle de sa mère, alors il est normal de rééquilibrer les chose en prenant la mienne. 

- Mun, tue moi si tu veux, c'est normal, mais avant de partir, je tenait à te dire que, je t'aime, de tout mon coeur, de toute mon âme. J'espère malgré tout que tu te rappellera de moi...

- Je suis...vraiment désolée, mais je dois le faire, je l'ai promis, et rien, ni la haine ni même l'amour ne pourront changer mon destin. 

En disant ces mots, les derniers que j'entendrai, Mun pleurait, pas de joie ni de douleur, mais de tristesse. C'est la première fois que je la vois pleurer, je devrai être triste de voir ses larmes, mais je suis heureux qu'elles soient pour moi.

Un bruit sourd, une douleur fulgurante dans mon ventre, qui se propage dans tout mon corps. Ma vision se brouille, j'ai froid, mais je me sens bien. Alors c'est ça, la mort ? C'est...agréable. J'ai l'impression de partir vers la lumière, une lumière si pure, si éclatante, une lumière...parfaite.

- J'aurai voulu...pouvoir...t'aimer...Mun...

- Moi aussi, mais c'était impossible, repose en paix, mon amour...

Noir, vide, il n'y a plus rien, plus aucun bruit, plus aucun mouvement, seulement un tunnel, avec une lumière.

Je pars pour le royaume des cieux, j'espère juste...que Mun ira bien.

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