Chapitre 6 : Emma


     J'espère que ma voix était sèche et exprimait toute la haine que je sens pour lui. Je marche presque en courant dans les couloirs. Je retiens du mieux que je peux mes larmes. En fait, je ne sais même pas pourquoi j'ai envie de pleurer, les larmes essaient de venir toutes seules. Je me demande si c'est parce que mon cœur est blessé ?

Arrivé au parking, je repère la voiture de Leia et avance vers elle. Je monte et attache ma ceinture de sécurité, avant de lui dire d'une voix suppliante.

— On peut y aller ?

Comprenant que je ne veux pas parler, elle ne me pose aucune question. Et j'en suis soulagé en quelque sorte. Le problème est que je ne veux pas la mêler dans cette histoire ridicule. Je sais que rien n'en sortira de bon. Déjà que rien ne va, alors si tout s'aggrave, je ne saurai plus que penser !

Depuis deux ans, aucun homme ne m'a jamais autant énervé qu'aujourd'hui. Et ce bâtard, c'est Adrian Nestor, mon putain de professeur en moi traitant de gamine. Ma colère à une justification, j'ai envie de me défouler, d'oublier cette foutue conversation de merde. Je sais comment faire pour oublier, en allant lire autant de livres que possible et faire des publications sur Instagram. Tout cela va me détendre l'esprit.

Mais son visage n'arrête pas d'apparaître dans ma tête. Leia se gare devant notre restaurant habituel et nous passons nos commandes ; elle commande un burger et moi un sandwich végétarien. C'est un changement pour nous, d'habitude, sur commande de la nourriture chaude. Assissent à notre table, elle me demande :

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— On s'est mis d'accord sur le fait que rien ne s'était passé entre nous. Je réponds d'une voix indifférente.

— C'est tout ? Insistez-t-elle.

— Oui.

Ce n'est pas tout, mais on va en rester là.

Le reste du repas se termine dans le silence, moi et Leia, on a l'habitude de tout se dire, et je sais qu'elle sait que je ne lui dis pas tout. Et elle comprend pourquoi je me tais. C'est cela notre relation, on se comprend sans parler, c'est aussi pour cela qu'on nous appelle fausses jumelles.

À la fin du déjeuner, on paye et on se sépare, chacun va à son travail. Leia elle, elle va travailler dans une librairie et moi dans une maison d'édition. C'est drôle, non ? Moi, je bosse pour une entreprise qui recrute de nouveaux talents et elle, pour une entreprise qui vend les livres. Je trouve qu'on s'assemble parfaitement.

Arrivé à mon lieu de travail, je pousse la porte en vitre et entre. Sophie est assise comme d'habitude à sa place, derrière le bureau d'accueil.

— Salut Emma.

— Salut Sophie, comment s'est passé ta matinée ?

— Plutôt bien, et toi ?

— Oh, tu sais, avec le nouveau prof, les cours, c'est comme avant. Pour être franche, c'est un peu plus chiant. Mais sinon, tout va bien.

— Alors, c'est cool.

— Oui.

Je monte dans mon bureau et m'installe. Je n'attends pas une minute de plus et plonge dans l'histoire d'Ellie Jade, More Than Anything. Après le succès de Just Pretend, j'attends de lire un livre qui va devenir un best-seller.

Absorbé par ma lecture, je ne remarque pas le temps qui passe jusqu'à ce que mon alarme qui me prévient quand est-ce que j'ai fini de travailler sonne. Je range mes affaires dans mon sac et en profite pour voir les messages qui m'ont été envoyés. Il y a ma sœur et... . Oh. . . Et Éthane. Je décide de ne pas les lire tout de suite. Je sors de la ME, et prends la direction de la maison.

J'ouvre la porte d'entrée de la maison et vais directement dans ma chambre. Je dépose mon sac et descend pour prendre les clés de la voiture de mon père. Comme son travail est juste à côté, il a pris la décision de ne plus l'utiliser. Étant donné que je n'ai pas encore ma voiture, je me sers des fois de la sienne. Je sors de la maison puis monte dans la voiture, je démarre et prends la direction du centre commercial. Heureusement qu'il n'est pas loin, cela me facilite le trajet.

Je me gare et dors mon téléphone pour voir le message qu'elle m'a envoyé, même si je le connais déjà. Je regarde le message parce que je veux la liste de course que maman lui a donnée ce matin.

Juju : Cc, ma sœur chérie, tu sais que je t'aime. Tu peux aller faire les cours à ma place ? S'il vous plaît ! Je suis collée, donc je ne peux pas y aller. Voici la liste.

Quand j'ai commencé à lire la liste, ma bouche s'est ouverte. Il y a trop de choix à acheter ; des courgettes, quatre boîtes de haricots verts, quatre boîtes de petit poids, trois paquets de salade, deux boîtes de maïs, six paquets de pâte, six boîtes de champignons. . . Et une suite d'aliments à acheter. Je regrette pourquoi je suis venu.

Éthane : Salut, est-ce que je te dérange ?

Je décide de ne pas répondre tout de suite, je vais le faire quand je serai dans ma chambre. Dans toute l'intimité possible. Ce n'est pas qu'il me plaît, mais c'est parce que je veux être sûr de ce que je vais lui dire, quand je le rejetterai.

J'entre dans le centre commercial et me dirige vers les conserves d'abord. Je fais vite et prends ce que je cherche. Je veux finir vite et rentrer me reposer ; ce qui veut dire que je vais aller lire. Je me rends dans le rayon biscuits et prends des paquets de British Biscuits, des cookies aux chocolats. Rien de meilleur.

— Excusez-moi ? M'interpelle une voix féminine.

Je me retourne et pose mon regard sur elle. Elle a des cheveux aussi noirs que les miens. Des yeux d'un très beau gris, une peau beige pâle. Elle doit avoir entre les 11-12 ans.

Je jure qu'elle ressemble à un ange !! Tellement mignonne !

— Oui ? Je réponds en représentant mes esprits.

— Vous pouvez me donner le paquet de tête brûlée, s'il vous plaît ?

— Bien sûr. Dis-je, avant de tendre le bras et de le prendre.

Je le lui donne.

— Tiens.

Elle sourit et le prend. Trop mignonne ! Pourquoi est-ce que Dame nature crée certaines personnes, qui doivent avoir une beauté pareille ?

— Merci, madame.

— Oh non, ne m'appelle pas Madame. Ça va faire croire que je suis vieille, alors que je n'ai que 20 ans. Appel-moi Emma.

— D'accord, Emma. Moi, je m'appelle Leonora, mais mon père m'appelle Léo.

Très joli prénom ! Je murmure à voix haute dans ma langue natale, ce qui me vaut, un regard d'incompréhension.

— Qu'avez-vous dit ?

— C'est du français, Léo.

Cette voix, je la reconnaîtrai entre mille. Je relève la tête et le vois, l'homme que j'essaye d'éviter au maximum !

— Je sais, c'est juste que je n'avais pas compris. Toi et moi, on sait que je ne maîtrise pas cette langue. Emma, ​​je te présente mon père, papa, voix Emma. Je viens de la rencontrer.

— Bonjour, professeur.

— Bonjour, mademoiselle Bray.

On reste tous les deux formels dans nos paroles, et ça me va. Je le déteste !

Ouais, ça l'air excessif. Mais je le déteste depuis ce matin. Le problème, c'est qu'il est aléatoire ; hier, tout allait bien entre nous, et aujourd'hui, il a tout gâché en moi traitant de « gamine ». Et puis, je ne suis pas prête à le lui pardonner, en fait, je ne vais jamais le lui pardonner.

Si j'avais su avant que tout ce qui l'intéressait était mon corps, je ne lui aurais jamais permis de se rapprocher autant de moi. Et son changement m'énerve encore plus. Dire qu'il était au début dragueur et qu'il est devenu... Je ne sais pas quoi. Mais son changement de comportement me laisse toujours dubitatif. La seule chose qui peut expliquer son comportement, c'est qu'il a dû sûrement être possédé. Comme dans Vampires Diary. Comme Bonnie par l'un de ses ancêtres.

Hypocrite.

Oui. C'est un vrai hypocrite.

— Vous connaissez ? Demande Léo, surprise.

Que dois-je lui répondre ? Est-ce que je dois lui dire la vérité ? Non. Je ne vais certainement pas lui dire qu'en fait, j'ai couché avec son père, qui est mon professeur. Et que j'ai voulu arrêter tout contact avec lui, mais comme il est mon prof, c'est impossible. Que je l'aie rejeté ouvertement et que lui a décidé de me rabaisser en retour. Et que je viens d'apprendre qu'il a une enfant, ce qui veut dire qu'il est marié.

Non, je ne vais pas dire tout cela à cet enfant. Un silence s'installe pendant quelques instants, jusqu'à ce qu'il décide de lui répondre.

— Oui, elle est... L'une de mes élèves.

Que voulait-il dire durant cette courte pause ? Il n'allait quand même pas lui dire ce qui s'est passé entre nous ? S'il l'avait fait, cela ne m'aurait pas étonné.

— Oh.

Mon téléphone sonne juste après, je réponds sans regarder le nom de la personne. Je veux juste fuir, cette conversation.

— Allô ?

— Salut, Emma. Tu es occupé ?

C'est Éthane, ce qui me surprend encore plus de la journée. Je devrais le remercier un jour. Il vient de me sortir d'une situation gênante.

— Oui. Je suis en train de faire les courses pour ma mère.

— Désolé.

— Pas grave. Si ça ne te dérange pas, Éthane, je te rappelle plus tard.

En fait, tu n'as pas le choix, accepte et c'est tout.

— D'accord.

Je raccroche et lâche un soupir sans le vouloir. Adrian et Leo me regardent tous les deux. L'atmosphère commence à devenir super gênante.

— Désolé, c'était mon petit ami.

Mensonge.

Mais ça, il n'a pas besoin de le savoir. Je l'ai mentionné parce que je veux qu'Adrien comprenne que ce qui s'est passé entre nous ne veut dire rien pour moi.

— Ce n'est rien, Emma. Répond la petite Léo. Est-ce que je peux avoir la traduction de ce que tu as dit ? Demande-t-elle, d'une voix si mignonne que je craque.

— Avec plaisir ! J'ai dit que tu avais un très joli prénom.

Elle rougit et passe ses doigts dans ses cheveux.

Encore plus mignon !!

— Merci, j'aime bien le tien aussi. Murmure-t-elle.

Ô mon Dieu, on dirait un vrai ange ! Je m'exclame en français.

Je crois que je commence vraiment à perdre la tête, comment est-ce que je peux dire ce genre de choix alors que j'ai couché avec son père ?

— Elle a dit que tu ressembles à un ange. Se dépêche de traduire son père.

STOP !!

Depuis quand sait-il parler le français lui ?

— J'ai appris le français dans l'armée. Explique-t-il.

Cette explication est dédiée à moi. S'il a fait de l'armée, quel âge at-il ? Je me pose bien la question.

Emma, ​​​​​​​​arrête de penser à des choses inutiles !

— Je vais vous laisser, je dois rentrer.

— À bientôt, Emma.

— À bientôt, petit ange .

Je marche rapidement et vais à la caisse. Je paye et dors. Il y a trop de choses qui se passent dans ma tête ; un, j'ai couché avec un homme qui a une fille, deux, j'adore cette fille, trois, je ne sais pas quoi faire. Et quatre, il y a Éthane.

Je sors mes écouteurs sans fils, j'ai besoin de musique pour me calmer et essayer d'oublier pendant quelques minutes tous mes soucis. C'est bizarre, il n'y a pas le deuxième. Je l'avais pourtant hier matin.

Ça me revient, hier, il l'a enlevé de mon oreille et ne me l'a pas rendu. Je fais quoi maintenant ? Je l'appelle ? Ça ou de question ! Je ne vais pas l'appeler, si je le fais, il va se dire que je m'intéresse à lui, alors que c'est faux. Enfin, je crois que je ne m'intéresse pas à lui. Et ce courant qui passe entre nous, c'était juste de l'attirance physique.

Je dois absolument oublier ce qui s'est passé. Il faut que j'arrête de penser à lui.

Bordel de merde ! J'ai oublié un détail. Tout à l'heure, la petite a dit que c'était son père. Ils ont aussi la même couleur des yeux. Mais s'il est son père, cela veut dire qu'il est marié ? Ne me dites pas que j'ai couché avec un homme qui est déjà pris !

Comment est-ce que j'ai fait pour me mettre dans cette merde ?

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