Chapitre 21 : Adrian
Le lendemain
Je termine le cours, puis les libère. Ils sortent de la salle tous l'air enthousiastes, l'air ravis de s'en aller. Je sais qu'ils ne s'ennuient pas avec moi, donc je ne me vexe pas de les voir aussi enthousiastes à la fin de mon cours.
Je range mon carnet et les feuilles que j'ai distribuées aux élèves, il y a deux heures. Je me tourne pour partir, quand je remarque sa présence. Elle porte un tailler qui lui arrive aux genoux et une chemise blanche, qui est trop déboutonnée pour une prof.
- Que voulez-vous Miss Johnson ? Je demande d'une voix froide, je sais que je devrais être un peu plus polie. Mais à chaque fois que je la vois, j'ai envie de l'étrangler.
- Je voulais, m'excuser de vous avoir embrassé sans votre autorisation. Et puis de m'être enfuis, je n'aurais vraiment pas dû m'enfuir. Je suis désolé Monsieur Nestor.
Je prends une grande inspiration, et essaie de trouver les bons mots à utiliser. Sans trop paraître méchant ou odieux. Comment lui dire que jamais, au plus grand jamais, je ne m'intéresserais à elle ?
- Miss Johnson, je vais être direct avec vous. Je ne suis pas intéressé par vous, mon cœur est déjà pris. Donc, se baisser, oubliez le.
- Vous êtes déjà en couple ? Ses sourcils se plissent, l'air choqué.
- Cela t'étonne ?
- Non, je suis juste surprise. Je ne m'y attendais pas.
- Bien, si vous n'avez rien d'autre à dire, j'aimerais partir.
- Celle qui a réussi à vous voler votre cœur à la chance.
Je ne réponds pas et dors de la salle, je n'avais pas prévu de la croiser. Mais elle a tort, ce n'est pas Emma qui a de la chance de m'avoir rendu dingue, mais c'est moi.
J'ai vraiment de la chance de l'avoir rencontré. Grâce à elle, Léo, s'intéresse à d'autres choses que la boxe. Et puis le cadeau qu'elle a offert à Léo, le jour où l'on s'est croisé à la fête foraine. Ce porte-clé qu'elle lui a offert est devenu son porte-bonheur, elle ne s'en sépare plus.
Je conduis jusqu'à l'école de Léo, je me gare pour l'attendre. Elle ne finit qu'à 16 h 30, donc, dans 3 à min.
Je consulte mes messages et ma boîte mail ; 5 messages de Josh, 2 de la part de Leo et aucun d'Emma.
J'attends de recevoir un message de ça par un message qui me confirmera que j'ai une chance avec elle. Depuis ce jour, je ne lui ai pas parlé à part hier soir. En fait, je voudrais bien aller la voir, mais je ne veux pas précipiter les choses.
Je veux que l'on prenne notre temps, je veux qu'on y aille doucement. Et pour cela, je dois calmer mes désirs pour elle, je dois contrôler mes pulsions de vouloir la plaque et. . .
Merde ! Ça recommence.
Toc, toc.
Je relève la tête de mon téléphone et regarde Leo, j'ouvre sa portière et la laisse entrer. Elle s'assit sur le siège passager, et soupire.
- Je déteste les cours !
- Alors pourquoi tu as 19 de moyenne partout ? Lui fis-je remarquer en riant.
- Parce que je fais de mon mieux. Bougonne-t-elle.
- Non, c'est juste que tu veux montrer que tu es intelligent.
- Ce n'est pas ma faute, si je suis intelligente, marmonne-t-elle en rougissant.
C'est si drôle de la taquiner.
- Tu as raison, ce n'est pas ta faute. Cela est de famille.
- Mouais. . .
Je me mets à rire à voix haute, c'est vraiment amusant de l'embêter. Cela fait longtemps que je ne l'ai pas vu sourire, son sourire atteint tout son visage.
Je vais devoir faire attention dans le futur. Oui, je peux paraître comme un papa "gaga" à sa fille. Le pire, c'est que c'est la vérité. Je suis un " papa gaga à sa fille", je n'ai pas honte de l'affirmer. Elle-même le sait, donc cela ne me fait rien, quand certaines personnes se moquent, ou font un commentaire désagréable.
Je me gare devant le North London Boxing Club, je lui donne 90 livres, je sais ce qu'elle va me dire.
- Allez dehors !
- Mais papa. . .
- Ne te bénis surtout pas ! Sinon. . .
- J'ai compris. Ce n'est pas la peine de me le répéter.
- Ce soir mon bébé.
- Je ne suis pas un bébé ! Gronde-t-elle.
Je l'ignore, et pars. Si j'étais resté plus longtemps, elle aurait refusé l'argent que je lui ai donné. Je la connais si bien, elle est peut-être parfois imprévisible, mais elle reste ma fille. L'imprévisibilité est de famille.
Arriver enfin chez-moi, je vais directement prendre une douche. Sous l'eau chaude, le souvenir de cette nuit-là dans ma voiture me revient en tête. L'expression qu' affichait la tête d'Emma, me frappe d'un coup. Une expression qui m'est destinée.
Ma file d'attente se durcit, mon corps se reddit. Je ne sais plus quand ma main, a commencé à faire ces mouvements. Elle est là, ses lèvres autour de moi, ses lèvres qui font un mouvement continue. Qui me rend fou, qui me fait perdre mes moyens.
Je suis complètement à ses pieds, et il est trop tard de vouloir retourner en arrière. C'est même impossible !
J'aurais dû l'écouter quand elle m'a dit, qu'elle était comme une drogue. Maintenant, je suis là, à en vouloir plus. Je suis devenu complètement dépendant d'elle, j'ai besoin d'entendre sa voix, de la voir. Je jouis en ayant son visage, dans l'esprit.
-Merde ! J'ai encore perdu le contrôle. Je n'aurais jamais dû m'approcher de toi, Emma. Merde, qu'est-ce que je vais faire maintenant ?
En sortant de la douche, j'essaye de l'oublier. Mais bien sûr, c'est impossible aussi. Il est peut-être vrai que l'une des diphtongues de la famille des Nestor est " L'adjectif impossible n'existe pas ". Et bah, aujourd'hui, moi Adrian Nestor, dit que c'est faux. Devant la femme qui nous rend dingue, il y a beaucoup de choses qui sont impossibles. Essayer de ne pas penser à elle ? La réponse est simple, ce n'est pas dans mes cordes. Ce n'est carrément pas possible.
Après m'être changé, je vais dans la cuisine. Ce soir, je vais préparer quelque chose de Français. J'ai envie de remanger, leur délicieuse " pâte au fromage ". Je n'en ai pas mangé, depuis maintenant trois ans. Et puis c'est l'occasion de faire goûter ce plat à Léo. Je parie qu'elle va aimer.
Un jour, je devrai penser à la mener en France, plus particulièrement à Paris. Elle qui a toujours aimé leur style de boxe, cela lui fera certainement plaisir. J'avoue que sur le coup, je ne la comprends pas.
Elle dit aimer la boxe française, mais n'aime pas la pratiquer. D'après elle, c'est super de voir les autres la pratiquer, mais pour elle la boxe anglaise est plus simple.
Personnellement, je ne vois pas la différence. Si je lui disais ça en face, elle va peu-être même plus me parler.
Je finis de préparer le dîner, ensuite, je me rends au salon. J'allume la télé, je fais défiler les chaînes jusqu'à tomber sur une chaîne culinaire. Il n'y a rien qui m'intéresse, mais il faut bien me déranger en attendant Léo.
Je pourrais très bien lire en livre, mais là tout de suite, je ne veux pas lire. Quand je lis, je n'arrive pas à me concentrer. Ce n'est pas juste à cause d'Emma, mais aussi de mon ex-femme. Isabelle, recommence d'inonder mes pensées, et je déteste ça.
Mon téléphone se met à sonner, je regarde le nom de la personne qui m'appelle et vois celui d'Emma apparaître.
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