CHAPITRE 8

La nuit fut lourde, le froid était de fer. Dans la petite chambre sombre, la jeune fille ne réussit à fermer l'œil que quelques heures, voire uniquement quelques minutes. Les draps froids en contact avec sa peau ne l'aidaient pas ; la pièce était particulièrement sombre et inquiétante. Cela devait faire un long moment qu'elle n'avait pas été utilisée. Ce détail se faisait pressentir par la présence massive de poussières sur les meubles et objets décoratifs. Quant au lit, il ne fit que grincer. La Gryffondor vint même à se demander s'il n'allait pas craquer sous son poids. Elle passa alors des heures à scruter la pièce dans ses moindres détails. Sa grandeur n'était pas particulièrement exceptionnelle ; elle faisait même la moitié de celle de leur fils. Il ne restait pas grand-chose à part une petite commode poussiéreuse recouverte d'objet eux-mêmes souillés par la poussière. Une grande armoire se dressait contre la seule fenêtre de la pièce, un emplacement assez bizarre pour une maison aussi grande ayant donc besoin de lumière. La jeune sorcière supposa que ce soit uniquement le fait qu'elle soit inutilisée depuis plusieurs temps bien que ce détail la faisait frissonner. La porte était quelque peu endommagée assez brutalement ; L'armoire possédait une vitre en verre cassé et son bois était égratigné. Soit le temps l'avait rongé, soit une lourde bagarre avait eu lieu ; Hermione opta pour la première option pour tenter de se rassurer dans la pièce sombre. Plus la noirceur de la nuit durait dans le temps, plus la fille était loin d'être rassurée. Elle prit alors sa baguette en chuchotant dans la nuit "Lumos". Une lumière éclatante illumina toute la pièce. C'est alors que quelqu'un tapa à la porte. La sorcière tressaillit avant de dire d'une voix peureuse et tremblante :

- En... Entrez..

Dans un léger grincement, la porte s'ouvrit pour laisser entrer Tom. Le brun plissa les yeux face à la baguette d'Hermione. Cette dernière la baissa en s'excusant tout bas.

- Tu ne dors pas ? Demanda-t-il.

Elle le regarda en baissant sa baguette :

- Non.

- Viens, j'ai préparé le déjeuner.

Il sortit de la chambre tandis qu'elle enfilant ses vêtements de la veille. Descendant les escaliers, elle rejoignit son ennemi dans la petite cuisine assez jolie.

- Tu es plus sucre ou sel le matin ?

Il lui demanda cela tellement naturellement qu'Hermione faillit en rire. Il était rare que Jédusor se préoccupe de l'avis d'une personne et encore moins sur ses goûts culinaires. Il paraissait tellement naturel.

- Sucre... Dit-elle gênée face au comportement du garçon.

- Bière au beurre ? Café ?

Elle s'asseyait sur un petit tabouret de bois tout en lui répondant qu'elle préférait le café. Prendre une bière au beurre de bon matin ne lui donnait, à vrai dire, pas beaucoup envie. Il lui fit chauffer un petit café dans une tasse de porcelaine avant de lui tendre avec un pain au chocolat. Un déjeuner plutôt banal et surtout moldu, pensait-elle alors que celui-ci se servait de l'eau dans un verre de cristal en se distribuant du bacon et des œufs cuit dur.

Il déjeune comme les moldus... Pense-t-elle perturbée.

Après tout, il avait le droit pensa-t-elle aussitôt.

- Tu as bien dormi ? Demanda le garçon après quelques minutes de silence.

- Hum... Oui... Il a fait un peu froid mais ça va...

Il leva les yeux de son assiette avant d'ajouter :

- Cette chambre a toujours été froide, tu prendras une couverture de plus.

Elle fronce les sourcils :

- On ne retourne pas à Poudlard aujourd'hui ?

Il sourit d'un air amusé :

- En me suivant, tu as accepté de louper quelques jours de cours Granger.

Le cœur de la jeune fille se remit à battre à chamade lorsque leurs regards se croisèrent. Était-elle en train de succomber à son charme ?

Non, tu ne peux pas...

- Tes parents t'aimaient, j'en suis sûre...Dit-elle en voyant un portrait posé sur le sol.

Jédusor jeta un léger coup d'œil aux deux adultes. Il se mit à rire. Non pas un rire joyeux mais plutôt d'un rire nerveux, un rire blessé. Hermione comprit aussitôt qu'elle n'aurait pas dû dire ça.

- Crois-moi, ils n'aimaient personne.

Un nouveau silence de marbre s'installa dans la pièce. Seul le frottement des couverts sur la vaisselle venait produire quelques bruits. La Gryffondor se racla alors la gorge après avoir fini son pain au chocolat tout en se levant pour déposer sa tasse dans l'évier avant d'y jeter un coup de baguette. La petite tasse de porcelaine se leva dans les airs en même temps que les produits ménagers. La magie opéra et la tasse fut propre en moins de dix secondes. Elle rangea alors sa baguette de bois dans sa poche arrière et quitta la pièce en chuchotant un léger "salut" à son ennemi qui se tenait toujours à table. Elle remonta les escaliers puis retourna dans la chambre froide où elle venait de passer la nuit. Des bruits de pas se firent entendre dans les escaliers qui grinçaient comme la plupart des choses de la maison. Lorsque les pas s'arrêtèrent la jeune fille se retourna pour découvrir le garçon sur le seuil de la porte.

- Granger ?

- Oui ? Répondit-elle en lui tournant le dos de nouveau pour faire le lit.

Il rentra dans la pièce, les yeux rivés sur son ennemie qu'il considérait presque comme son alliée.

- Je te dois des réponses.

- Fais comme tu veux, tu n'es pas obligé. Je ne t'ai rien demandé...

Elle se stoppa net. Comment avait-il su qu'elle cherchait des réponses ? Avait-il vu clair en son jeu ? Il lui tapota le dos de sa main pour qu'elle se retourne. Elle lui fit alors face. Jédusor sentit son cœur battre, pour la première fois il ressentit ce sentiment qui était inverse à la haine. Pour la première fois Tom sentit en lui une sorte de douceur apaisé son cœur. Pour la première fois, il se sentait vivre. Une chaleur inquiétante se répandit dans son être alors que la brune en face de lui posait son délicat regard dans le sien, si froid et si distant.

C'est quoi ça!? S'écrie-t-il à l'intérieur de lui-même.

Le simple regard noisette de la jeune fille le rendait bizarre. Pourquoi lui faisait-elle cet effet ? Pourquoi elle ? Il décolla sa main de son épaule pour venir serrer les poings dans son dos. Il ne voulait pas ressentir ça dans sa vie, il ne voulait pas être détruit comme c'était détruit ses parents. Il avait vécu dans la noirceur et la haine depuis tout petit, et il était presque mage-noir. Pourquoi c'est à cet instant qu'elle a débarqué ? Pourquoi son parfum l'envoutait-il ainsi ? Il était prêt à devenir le plus grand mage de tous les temps, et ce simple sentiment réussissait à lui faire perdre le total contrôle. Sa douleur en lui vivait et était enfermée au plus profond, pourquoi cherchait-elle tant à sortir ?

Je ne peux pas...

- Tout va bien ? Demanda la fille qui se trouvait face à lui en découvrant son étrange comportement.

- Laisse tomber.

Il lui tourna le dos et sortit de la chambre la laissant seul dans une pièce sombre et froide, comme son cœur. Pourtant il eut l'impression que la simple présence de cette sorcière réussissait à réchauffer son cœur, comme si elle détenait une clé capable d'ouvrir le coffre-fort qui détenait toutes ses peines. Si ce coffre venait à s'ouvrir cela signifierait qu'il déballerait toute la douleur qui se développait en lui depuis des années. Or, il ne souhaitait pas cela. Non, il était fort et devait combattre cela, comme il le faisait depuis des années. Lorsqu'il rentra dans sa chambre, il claqua la porte tellement fort que cela attira l'attention de la jeune fille. Alors qu'il fermait le verrou, cette dernière s'approcha lentement de la porte en chuchotant d'une voie qu'il aimait :

- Jédusor ?

Cependant, il ne pouvait s'ouvrir et continuait à rester froid. Il ne répondit pas, mais comme il s'y attendait la fille ne baissa pas les bras et il l'entendit frapper la porte.

- Tout va bien ?

- Je vais toujours bien, dit-il en tentant de se convaincre lui-même. Laisse-moi seul, veux-tu ?

Il savait que la fille ne le croirait pas, et il savait pertinemment qu'il n'allait pas. L'arrivée de cette mystérieuse sorcière talentueuse avait bouleversé sa vie au point que, pour la première fois, il sentit son cœur battre aussi vite. C'est alors qu'accroupi contre son lit, Jédusor sentit une amertume inconnue grandir en lui. Cette amertume était la douleur qui tentait de sortir de lui-même. Il aurait aimé hurler ses peines, mais au lieu de cela une larme coula sur sa joue parfaite. Ce fut encore une fois la première fois qu'il pleurait. Ce sentiment d'impuissance face à sa douleur qui le fit sangloter de tout son être le rendit furieux. Il ne voulait pas être faible, il ne pouvait être comme ses parents. Il ne voulait pas ressembler à son abominable père, et ne voulait pas souffrir comme sa mère au point d'en mourir. Il pleura, comme il n'avait jamais pleuré. Il pleura ses douleurs, il pleura sa peine gardée trop longtemps dans son cœur de béton qui était en train de bruler au plus profond de lui. Il sentit des gouttes froides couler le long de sa peau rougit par la peine et le déchirement. De l'autre côté de la porte, Hermione Jean Granger avait toujours le cœur qui battait fort. Le silence que le garçon laissait entre eux la brisa. Rien ne s'entendait en dehors de la chambre, mais la jeune fille imagina le garçon sur son lit en train de serrer ses points et sa mâchoire. Il devait sans doute être énervé pour avoir claqué la porte aussi forte. Toujours sans réponse, elle quitta le seuil de la porte en disant tout bas à son ennemi pour qui son cœur battait :

- Un jour si tu veux parler, je serais là Jédusor. C'est pour ça que je suis là, c'est parce que je sais que ça ne va pas.

Sur ses mots, sans le savoir elle laissa un garçon brisé derrière une porte froide.

Pourquoi veut-elle m'aider alors qu'elle ne me connait pas ?

Ces mots résonnèrent à l'intérieur de lui de longues minutes.

Comment peut-elle le connaitre autant, sans ne vraiment le connaitre ?

Et pour la première fois depuis des années, Tom se sentait vivant.

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