- Il fait beau, ça vous dirait de sortir manger à Pré-au-lard ? Proposa Louise.

Bryson, Thomas, Louise et Hermione avançaient dans le château. L'après-midi était doux. L'automne était bien présent ; Les feuilles rousses commençaient à tomber, recouvrant le sol de leur douce couleur. Hermione aimait l'automne. C'était le début d'une longue période où elle pourrait s'enfoncer dans une couverture chaude ou s'asseoir près d'un feu pour lire ses bouquins et étudier.

- Pourquoi pas, ce serait l'occasion de faire découvrir à Hermione, dit Thomas.

Hermione répondit par un simple geste de tête, faisant mine d'être intéressée. Elle connaissait Pré-Au-Lard, elle adorait y aller aux côtés de Ron, Harry et parfois Ginny. Ce petit village était chaleureux ; les gens y étaient très accueillants, les décorations très belles et les magasins très divers.

- Une bonne veste, une écharpe, et le tour et joué, répliqua Bryson suivit d'un clin d'œil.

Hermione sourit, gênée. Cela faisait plus d'un mois qu'elle était arrivée à Poudlard. Elle avait peiné à s'intégrer, mais Louise l'avait accueillie à bras ouverts. Elle passait donc presque toutes ses journées aux côtés de la jeune fille, et de leurs deux amis. Mais elle n'oubliait pas pour autant ses amis ; les souvenirs faisaient souvent surface, provoquant quelques pincements au cœur.

- Puis, on mangera à l'intérieur, ajouta Louise en souriant. J'ai une folle envie de leur gratin là...

Elle avait dit cela des étoiles dans les yeux. Hermione sourit :

- Je passe à la bibliothèque ranger ces livres, puis je vous rejoindrai là-bas.

- La bibliothèque... Toujours... Tu vas te perdre si on ne t'accompagne pas !

- Laisse-la tranquille Bryson !

- J'ai un plan que Dumbledore m'a donné, je saurai me retrouver, dit-elle gentiment.

Hermione leur fit un petit signe de main puis monta les escaliers, alors que ses camarades quittaient tous trois le château. Elle entra dans la bibliothèque et parcourut les rayons à la recherche de nouvelles lectures. Tom, qui venait d'entrer, passa derrière-elle. Il la toisa un instant, avant de dire :

- Pas celui-ci, il est nul.

Elle haussa les sourcils :

- Bonjour.

Il la salua d'un signe de tête, toujours avec son air froid. Son visage était figé, n'affichait aucune expression, aucune émotion.

- Celui d'à côté à la rigueur, il pourrait te plaire.

- Comment tu peux savoir s'il me plaira, lui dit-elle, tu ne me connais pas.

Il parut amusé :

- Tu passes le plus clair de ton temps à lire, pas difficile de connaître tes goûts.

Puis, avant même qu'elle ne puisse répliquer, il sortit du rayon et s'enfonça dans la bibliothèque, la laissant seule le livre à la main. Il avait eu raison, ce livre paraissait mieux que le précédent. Elle le regarda s'effacer derrière une porte.

La réserve ? Qu'est-ce que tu fiches Jédusor ?

Elle s'avança dans la bibliothèque, veillant à ce que personne ne remarque ce qu'il était en train de se passer. C'était interdit. Devait-elle entrer ? Puis, qu'allait-elle faire ? Lui pointer sa baguette et dire à tout le monde que le grand Tom Jédusor avait pénétré dans la réserve qui est un lieu interdit ?

Ridicule, pensa-t-elle.

Elle fit demi-tour, la tête pleine de questions. Sa mission se montrait bien plus dure que ce qu'elle espérait. Quand il ressortit, leur regard se croisèrent seulement alors qu'elle était en train d'emprunter le livre qu'il lui avait conseillé. Il sourit vaguement avant de disparaître de nouveau, la main dans son sac comme protégeant quelque chose.

❧

Elle s'avança dans les allées de Pré-au-Lard, cherchant ses amis dans la petite foule. Décidément, tous les sorciers semblaient avoir eu la même idée qu'eux. Il fallait dire que le soleil éclatant d'automne était plaisant ; malgré le petit vent frais qui venait faire voler quelques mèches, Hermione sentait sa peau dorer. Elle regarda autour d'elle ; le village était toujours aussi beau. Jamais elle ne s'était rendu compte à quel point Pré-au-Lard était magnifique.

- Hermione ! Appela une petite voix dans son dos.

Elle se retourna. Les trois étaient assis sur un petit banc de pierre. Elle s'approcha d'eux.

- T'en a mis du temps ! S'exclama Bryson. J'ai faim moi.

- Bryson, laisse la tranquille...

- Oh c'est bon, si on ne peut pas rire...

Hermione haussa les épaules :

- Désolée, j'ai été longue. On va manger ?

Ils se levèrent et s'avancèrent vers un petit restaurant. Hermione le connaissait bien.

- Tu vas voir, c'est un délice.

- Je n'en doute pas, dit-elle en savourant l'odeur des plats qui venait chatouiller ses narines.

Ils commandèrent.

❧

Hermione sortit la dernière du petit pub, ayant parlé avec le professeur Slughorn. Elle avait dit à ses amis de ne pas l'attendre, qu'elle rentrerait seule. Seulement, elle n'avait pas prévu de croiser le Serpentard. Assis sur le banc, il lisait. Lorsqu'elle croisa son regard, son cœur se remit à battre à chamade. Elle tourna la tête, faisant mine de ne pas lui porter d'attention. Il se leva, et partit.

Où va-t-il ?

Hermione, discrètement, le suivit. Puis elle s'arrêta :

Qu'est-ce que je fais s'il s'absente encore ? Je ne peux pas quitter le château...

Puis après quelques minutes de réflexion, elle finit par le suivre à contre cœur :

C'est ma mission, si je suis là, c'est pour lui. Dumbledore comprendra. Puis, je suis en avance sur le programme.

- C'est moi que tu cherches ? Demanda une voix qui la fit sursauter.

Elle fit volte-face, se retrouvant face au brun qui adressait un air suspect. Elle ne répondit pas, le scrutant avec méfiance.

- Je prends ça pour un oui, dit-il finalement. Ne recommence pas, Granger.

- Où vas-tu ? Demanda-t-elle alors.

Il plongea son regard froid dans celui le sien.

- Et ne te mêle pas de mes affaires.

Il recommença sa marche. Elle ne le quitta pas d'une semelle. La nuit était tombée, et ils partaient en direction de la forêt interdite.

- C'est interdit de s'aventurer dans cette forêt.

- Comme il est interdit de quitter le château et de sécher les cours, mais merci de me prévenir.

Elle se mit à son niveau :

- Attend, tu vas encore t'absenter ?

- Je te manque à ce point ? Sourit-il amusé.

Hermione secoua la tête :

- Pas du tout, dit-elle en rougissant.

Quand il vit la fille rougir, il sourit de plus belle.

Touchée.

Ils pénétrèrent dans le bois sombre.

- Fait demi-tour, dit-elle.

Il se retourna et dit froidement :

- Écoute Granger, j'ignore pourquoi tu te mêles autant de ma vie et pourquoi tu es arrivée ici. Ni comment. Mais tu peux arrêter tout de suite, personne ne me fera changer de choix. Si je veux sécher, je sèche.

Elle resta muette.

- Mais bon, si ça t'enchante de faire le chemin dans la forêt avec moi, fait comme bon te semble. Moi, je ne m'arrête pas.

Puis il reprit sa marche. Elle resta plantée au pied de l'arbre, ne sachant que faire. Avait-il compris ses plants ?

- Où vas-tu ? Cria-t-elle.

- Chez moi, dit-il sans se retourner.

Elle se remit en marche. Il leva les sourcils en voyant la fille arriver à sa hauteur.

- Tu ne me lâcheras donc jamais ? Demanda-t-il. Je t'ai demandé de faire demi-tour.

Elle ne répondit pas. Rapidement, il la plaqua contre un arbre, la regardant froidement. Elle ne se débâtit pas :

- Tu ne me fais pas peur, Jédusor.

Son souffle avait été coupé, elle reprenait peu à peu sa respiration. Son regard s'adoucit, puis il finit par la lâcher.

- Merci, cracha-t-elle en se massant le crâne.

- Bon dépêche-toi, nous n'avons pas la nuit devant nous.

Elle écarquilla les yeux :

- Quoi encore ? Soupira-t-il agacé. Il faut savoir ce que tu veux Granger.

Elle haussa les épaules :

- Que tu reviennes au château.

- Les portes sont fermées à cette heure-là. Sois-tu viens, soit tu meurs de froid en attendant qu'ils t'ouvrent.

Puis il reprit sa marche, mais se stoppa quelques secondes plus tard :

- Quoi que, tu es de la famille des Dumbledore, ils te feront peut-être une faveur.

Elle s'approcha.

- Et toi donc, Jédusor, tu es le meilleur élève Poudlard.

- Je serai de retour demain.

Puis elle le laissa s'enfoncer dans les ténèbres.

❧

Hermione était devant la porte du château quand le professeur Dumbledore vint l'accueillir, l'air inquiet. Il portait alors un costume noir et une cravate argentée qui lui allaient à merveille. Il fallait dire qu'il avait une sacrée allure. Elle se demanda alors quand il avait décidé de lâcher ses magnifiques costumes pour mettre des robes.

- Quelque chose ne va pas ? Demanda-t-il perplexe.

- Si professeur, j'ai tenté de suivre... Vous savez qui, dit-elle en regardant les personnes derrière l'homme, mais j'ai renoncé.

Il fronça les sourcils :

- Où allait-il ?

- Chez lui, professeur.

Il réfléchit un moment avant de la laisser entrer :

- Bien... Entres. Il faut que nous ayons une discussion.

Ils traversèrent le château sous quelques regards indiscrets d'élèves qui se mirent aussitôt à chuchoter dans leurs dos. Ils empruntèrent des couloirs éteints avant d'atteindre le bureau dans lequel elle avait dormi la première nuit. Il referma soigneusement la porte derrière lui et alluma les bougies d'un mouvement de baguette, puis, faisant signe à Hermione de s'asseoir, il s'installa sur un petit fauteuil de cuir sombre. Il souleva le couvercle d'argent, dévoilant quelques biscuits :

- Des biscuits ?

- Non merci, répondit-elle poliment.

Il haussa les épaules et en prit un.

- Comment vas-tu ? Demanda-t-il.

- Bien professeur.

- Les cours te plaisent ?

Hermione fit oui de la tête. Quelqu'un toqua.

- Entrez ! Cria Dumbledore.

Le directeur Dippet pénétra dans le bureau, l'air furieux. C'était un petit sorcier aux rides marquées, frêle et chauve ; du moins presque. Quelques rares cheveux blancs et fins recouvraient un crâne clair. Éclairé à l'aide de sa baguette, il s'approcha, regardant tour à tour Hermione et le professeur.

- Albus, il faut que je vous parle, c'est à propos de Jédusor.

- Je vous écoute, répondit sagement Dumbledore en se redressant.

Albus Dumbledore avait toujours cet air sérieux affiché sur son visage. Hermione trouvait en lui une sorte de sécurité.

- Seul à seul, dit-il en jetant un coup d'œil dans la direction d'Hermione.

- A moins que cela soit vraiment confidentiel professeur Dippet, je doute fort que Miss Granger dérange.

- C'est extrêmement important, siffla-t-il en continuant à faire comme si elle n'était pas là.

Dumbledore lui fit signe de s'asseoir.

- Jédusor manque encore à l'appel ce soir. Le couvre-feu vient de passer, et aucune trace du garçon. Je sais que vous m'avez demandé de nombreuses fois de le garder, et bien qu'il soit notre meilleur élément, je me trouve dans l'obligation de le sanctionner. Et en vue de son comportement, la sanction serait très lourde Albus.

Le vieil homme s'assit, se tournant les pouces.

- Cela ne m'enchante pas, mais il doit cesser ce comportement.

Albus Dumbledore lui fit signe de se calmer avant de répondre :

- Je sais, son comportement n'est pas le bon en ce moment. Laissez-moi lui parler, voulez-vous ? Il recevra une sanction, mais je doute fort que l'exclusion soit la punition appropriée. Coupez-moi si je me trompe.

- Qu'avez-vous à proposer ? Demanda Dippet l'air perplexe. Il est préfet, et il ne montre pas le bon exemple !

Il secoua la tête :

- Attendons qu'il revienne, dit Dumbledore. Il recevra la punition qu'il mérité, avec Miss Granger, qui vient de rentrer.

Le vieil homme écarquilla les yeux.

- Les élèves n'ont en aucun cas le droit de quitter le château en dehors des horaires indiqués. Nos deux meilleurs éléments se trouvaient en dehors de l'établissement lors de l'appel, ils seront donc sanctionnés ensemble. Deux heures de retenue et de travaux d'intérêts généraux devraient suffire, qu'en dites-vous professeur ?

Hermione, encore sous le choc, haussa les sourcils tout en écoutant la conversation. Dumbledore venait de lui donner deux heures de colle avec Tom Jédusor ?

- Parfait. Mais veillez à ce que cela ne se reproduise pas.

Puis, d'un geste de main, il salua les deux personnes et quitta le bureau, claquant la porte derrière-lui.

- Mais professeur... Balbutia Hermione choquée.

- Tu dois recevoir le même traitement que les autres... Utilise cette heure de colle pour te rapprocher de Tom, il est grand temps que les choses avancent... Il éveille beaucoup de soupçons dans le corps enseignant en ce moment, et du côté des élèves aussi je présume... Deux heures devraient suffire pour une petite discussion.

Hermione resta silencieuse, les mains étroitement serrées l'une contre l'autre. Dumbledore lui souhaita une bonne nuit.