CHAPITRE 46

On dit souvent que l'on emporte en mourant ce que l'on a donné. Ron leur avait donné l'amitié, la loyauté, il leur avait donné l'amour d'un frère. Tom lui avait donné l'amour, l'amour qu'elle n'avait jamais connu avant lui. Tom, lui avait donné la vie. Le sourire malicieux de Bryson hantait les rêves et les journées de la jeune fille, devenue silencieuse. La douleur qui les animait tant, elle et Harry, était celle d'avoir perdu tout ce que leur avaient offert ces êtres chers, de les avoir perdu eux.

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La pièce était silencieuse, les pleurs avaient cessés. Hermione murmurait, à bout de force, toutes sortes de sortilèges qui auraient pu le ramener, le guérir. Il n'était pas mort, elle en était sûre. Tom ne pouvait mourir. Après quelques minutes, peut-être même des heures, Harry se leva enfin, laissant Ron retomber sur le sol ou la mort avait laissé de nombreuses personnes, pour venir voir Hermione.

- Hermione... Hoqueta-t-il, c'est fini...

Elle ne l'écouta pas et laissa les blessures se refermer.

- Non... Non, il est encore vivant Harry j'en suis sûre !

Il soupira, contemplant le corps de Tom Jédusor à moitié mort. Peut-être l'était-il même déjà.

- Herm...

- Je te dis qu'il est vivant, le coupa-t-elle d'un ton brisé.

Il s'assit à côté d'elle ; le corps de Tom était intact, les blessures n'étaient pratiquement plus visibles. Il posa doucement sa main sur la fille qui hoquetait suite aux pleurs.

- Tu l'aimes, n'est-ce pas ?

- Lui aussi... Chuchota-t-elle. Je suis désolée Harry... Je n'avais pas prévu...

- Pourquoi ne pas nous l'avoir dit, Hermione ?

Elle se retourna :

- J'avais peur...

Il lança un bref regard à Bryson Maccooper. Qui aurait pu se douter que ce garçon était en réalité la menace qui aurait poussé Tom à bout ? Personne, ni même Tom.

- Harry, ce que je vais te demander de faire ne va pas te plaire, mais il faut que tu m'écoutes... Il faut que l'on emporte Tom et Ron loin d'ici...

- Mais où veux-tu aller ? Nous n'avons nul par ou aller...

Elle soupira :

- Je sais où aller...

Hermione avançait, portant toujours le corps endormi de Tom grâce à un sortilège de lévitation. Harry faisait de même avec le corps de son ami roux.

- Tu vas finir par me dire où l'on va ? C'est pas que j'ai peur mais comment te dire... C'est assez sombre par ici.

Elle ne répondit pas. La réponse se tenait droit devant eux. Le manoir Jédusor.

- Ne me dis pas que...

- Si, c'est chez lui... Chuchota-t-elle presque si bas qu'il ne parvint à déchiffrer que quelques minutes plus tard.

Harry resta immobile :

- Alors c'est là que tu étais, pendant toutes ces absences ?

- Que...

- Slughorn, répondit-il comme s'il savait la question qu'elle allait lui poser.

Elle fit simplement un bref signe de tête qui affirmait la question du garçon.

- Harry, tu peux dire quelque mot en Fourchelangue ?

Il ne demanda pas pourquoi et fit de suite ce que la fille lui demandait. Le portail s'ouvrit lentement dans un petit grincement. Harry suivit Hermione, scrutant les lieux avec attention.

- Qui est Dinky ? Dit-il alors que le portail se refermait dans leur dos.

- L'elfe de Tom.

Avant qu'il ne puisse poser sa question, elle ajouta :

- Bryson, c'est lui qui l'a tuée...

La peine et la douleur se lisaient dans le regard d'Hermione qui paraissait plus épuisée que jamais. Devant elle, le corps de son ami et de celui qu'elle aimait venait lui rappeler à quel point elle avait été facile à entourlouper pour Bryson, et surtout à quel point il avait pu la détruire en une fraction de secondes. Harry ne mit pas longtemps avant de remarquer que la jeune fille connaissait particulièrement bien les lieux. Ils montèrent des escaliers qu'Hermione connaissait bien avant qu'elle ne le conduise dans la chambre dans laquelle elle avait séjourné de nombreuses fois.

- On va rester là un certain temps...

- Hermione, il faut qu'on aille à Poudlard sinon nous serons accusés du meurtre de Bryson...

Elle soupira :

- Non, justement...

Il détourna le regard de Ron Weasley pour venir le déposer sur son amie :

- Quoi ? Ne me dis pas que...

- Pendant que tu m'attendais, du moins, que tu vérifiais que le passage était vide et que tu allais chercher ta cape d'invisibilité, j'ai tout fait pour lorsqu'on le retrouvera, Tom ne soit pas accusé et que l'on ait rien à voir avec cette histoire, chuchota-t-elle.

Harry sourit, mais cela ressemblait plutôt à une grimace.

- J'oublie toujours à quel point tu es brillante...

Elle sentit son cœur se tordre, sa poitrine se crisper :

- Pas cette fois-ci...

Une larme coula le long de sa douce joue. Le garçon s'approcha et passa sa main sur la joue de la fille, essuyant sur le passage cette goutte de tristesse :

- Ce n'est pas de ta faute, Hermione.

Elle releva ses yeux félins pour les planter dans ceux de son ami :

- J'ai été assez bête pour lui faire confiance.

Par « lui », elle entendait Bryson Maccooper.

- Personne ne se doutait qu'il était vraiment une menace tu sais... Alors c'est loin d'être de ta faute. De ce que j'ai compris, c'était un garçon très apprécié...

Elle changea de sujet :

- C'est ta chambre...

- Merci...

Alors qu'elle s'apprêtait à partir, il lui dit alors dans un léger souffle :

- Il faut l'enterrer.

Elle se stoppa net dans le cadran de la porte, et elle ne fit que chuchoter un petit « oui » remplit de tristesse avant de ne le laisser dans la pièce sombre. Elle continua à traverser la maison, silencieuse, portant toujours le corps de Tom Jédusor. Celui de Ron Weasley était déposé avec douceur contre la tombe de Dinky, attendant la sienne. Tom était allongé, pal, dans ses draps blancs. La chambre lumineuse pouvait presque être prise pour le paradis. Hermione le savait, il n'était pas mort, Tom Jédusor était en vie et allait se réveiller. Mais les blessures infligées avaient été si sanglantes qu'il était toujours dans un état faible.

Hermione le contemplait, cela faisait peut-être quelques minutes, ou même des heures. Elle en avait presque perdu la notion du temps. Ce n'est qu'après un long moment qu'elle osa s'approcher de lui. Le Serpentard était là, inconscient, pâle, froid. Elle s'approcha un peu plus ; il respirait toujours. Elle posa sa main sur sa poitrine froide ; son cœur battait toujours. Il n'était que dans un sommeil profond, que l'on pourrait appeler chez les moldus, « coma ».

- Tom, ça va aller... Chuchota-t-elle en passant sa main dans ses cheveux.

Elle n'avait jamais remarqué avant, mais la chevelure du garçon était d'une douceur comparable au pelage d'un chiot. Puis elle commença de nouveau à pleurer, jurant qu'elle ne le laisserait pas partir et qu'elle avait besoin de lui. Elle se redressa alors :

- Mais bien sur... Les moldus...

Elle descendit en trombe les escaliers, criant à Harry qu'elle n'en avait pas pour longtemps. Puis, elle transplana.

Lorsqu'elle revint du monde moldu pour regagner le manoir, ses bras étaient remplis de toutes sortes d'objets médicaux moldus. Elle courut jusqu'à la chambre ou dormait toujours Tom, enfouis dans son sommeil profond. Elle empoigna son bras, et, d'une aiguille, fit une transfusion. Il lui fallait du sang, des choses pour le nourrir, des choses pour le ramener à la vie. Elle brancha alors une poche de sang aux nombreux tuyaux reliés à Tom, puis, instantanément, le liquide rouge traversa un tube pour venir rentrer dans les veines de Tom. De l'autre, elle y brancha une poche de liquide transparent.

- Tom... S'il te plaît...

Mais, prise de faiblesse, elle s'endormit au pied de son lit.

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