CHAPITRE 20

Tom remercia son ami mi-homme mi- cheval avant de lui tourner le dos. Derrière lui, le bruit des sabots de l'homme s'éloignèrent pour laisser le Serpentard seul, dans un silence éclatant. Il avait fini par s'habituer au calme, bien qu'il s'apprêtât à chambouler le monde sorcier. Marchand dans le froid hivernal, il faisait craquer les branches et feuillages qui se trouvaient sur son chemin. Il n'était pas loin de sa demeure : Il traversa le long chemin où se trouvait un alignement parfait de sapins noirs. Ce jour-là, des nuages sombres cachaient le soleil, créant une atmosphère inquiétante. Tom n'avait pourtant pas l'air touché par cette ambiance. Sans doute était-il habitué à ça aussi. Il passa le portail qu'il ouvra en chuchotant une phrase en Fourchelangue. Il ne lui fallut que quelques minutes pour atteindre les marches de sa maison. Il les monta, puis pénétra la demeure. L'intérieur n'avait pas changé depuis qu'il était venu accompagné de la Gryffondor. Les assiettes étaient restées sur le comptoir, les lits avaient les mêmes plissures. Une sorte de coup pour Tom qui se remit à penser à cette fille si mystérieuse.

Sors-la de ta tête ! S'écria-t-il intérieurement.

Bien entendu, il continua à revoir son visage défiler dans son esprit. Son parfum, sa douceur, mais aussi son regard noir, son air déçu. Cette fille était à part, il le savait. Il se souvint alors une énième fois du regard qu'elle lui avait porté, de leurs visages qui n'étaient qu'à quelque centimètre alors qu'il venait de pleurer, de s'effondrer pour la deuxième fois de sa vie.

Pourquoi elle ?

Son cœur se remit à battre à en lui arracher la poitrine. Ce sentiment qui l'animait lui était inconnu, mais il ne savait comment le qualifier. Pourquoi elle qu'il détestait comme le reste des gens réussissaient à l'envoûter ainsi ? Son cœur lui chuchotait pourtant qu'elle était différente.

- Maître ?

Sorti de ses pensées, Tom sursauta et se retourna rapidement pour faire face à Dinky. Le petit elfe sourit, un sourire qui signifiait sans doute qu'elle était heureuse de revoir son maître. Il appréciait beaucoup l'elfe. La seule créature et le seul être vivant à avoir été là pour lui dès le début.

- Bonjour Dinky, lui dit-il en souriant faiblement.

Depuis longtemps, les sourire du Serpentard se montrèrent de plus en plus rares. Tellement rarissimes que cela représentait presque un incroyable effort pour lui. Son visage était presque douloureux.

- Que faites-vous là maître ?

- Je viens simplement chercher un objet Dinky... Je repars demain soir.

La joie de la petite créature s'effaça aussitôt. Tom lui tapota l'épaule en grimaçant de nouveau, ce qui représentait plus ou moins un sourire. Dinky s'efforça à son tour d'afficher un grand sourire qui illumina son visage aux traits doux.

- Que venez-vous chercher ?

Tom se retourna avant de répondre d'un ton plutôt sec :

- Cela n'est pas important.

- Madame Granger n'est pas là ?

Tom sentit son cœur battre de nouveau :

- Non, chuchota-t-il.

- Vous êtes encore venu grâce à l'ami cheval ?

Tom faillit rire, un rire presque nerveux.

- Oui Dinky, et il s'appelle Fortis, pas « l'ami cheval ».

Le petit elfe ricana, une joie qui faillit presque atteindre le Serpentard. Le vert et argent resta cependant de marbre.

- Pourquoi ne transplanez-vous pas maître ? Cela serait plus simple ?

- Je sais Dinky, mais j'ai pris l'habitude de faire ce trajet. Il me permet de mieux réfléchir. Puis, je ne suis pas majeur, cela ne ferait qu'attirer l'attention.

Dinky sourit. Tom déposa son sac sur son lit puis s'assit. Il entremêla ses doigts avant de continuer à penser à cette fille. Dinky redescendit préparer un plat à son maître.

Hermione marchait dans le couloir alors qu'il était près de dix-neuf heures. Dehors la nuit commençait à tomber, habitude hivernale. La jeune fille s'apprêtait à dîner. Ensuite, elle irait chez Tom Jédusor, essayer de trouver le garçon qui était pour elle en fuite. Elle userait de la magie, chose dangereuse puisqu'elle n'était pas encore majeure. Elle espérait trouver Tom directement en arrivant. Elle s'enfonça dans la grande salle.

Lorsque Tom rouvrit les yeux il était un peu plus de dix heures du soir. La lumière de sa chambre était allumée alors que l'extérieur était sombre. D'un coup de baguette il referma le rideau, de sorte à ce que personne ne puisse le voir. Il savait qu'user de la magie en dehors de l'école pouvait s'avérer dangereux, mais il se montrait totalement indifférent face à cette loi. Bien entendu, tant qu'il était dans le monde magique il pouvait faire ce qu'il voulait. Y compris de la magie noire.

- Maître le dîner est prêt.

- Merci Dinky, j'arrive.

Tom remit ses vêtements droits, de sorte à paraître un peu plus présentable. Sans doute était-ce simplement histoire de ne pas avoir affaire aux remarques de Dinky sur ses vêtements. Bien qu'il apprécie la créature, les remarques qu'elle lui faisait sur le soin qu'il portait à ses vêtements ou son matériel l'agaçaient fortement. Une fois prêt, il se décida enfin à retrouver son elfe dans la petite cuisine de marbre sombre. Dinky se trouvait assise à la table, deux assiettes à la main.

- Merci, lui dit-il en prenant l'assiette des mains de son amie.

Il avait pris l'habitude de manger avec elle. Dans les familles de sorciers, l'elfe mangeait rarement avec son maître. Le vert et argent trouvait cela plutôt ridicule et après quelques mois d'insistance avait réussi à la faire dîner avec lui.

- Bon appétit maître.

Il lui sourit :

- Bon appétit, Dinky.

Le lien qui l'unissait à la petite créature était indescriptible. Elle avait joué un grand rôle dans son enfance, pourtant bien sombre. Alors que le Serpentard dégustait ce que lui avait cuisiné son amie avec amour et tendresse, il entendit comme des bruits de feuillages devant son portail magique. Évidemment une alarme magique s'activa : Un inconnu avait tenté de pénétrer dans l'enceinte de sa demeure. La maison, étant protégée par un charme qui était impénétrable. Même le plus grand des mages ne pourrait briser ses liens, à moins qu'il ne parle le Fourchelangue. Une langue plutôt rare chez les sorciers, et quelques fois taboue. Les sorciers redoutaient souvent les personnes parlant le Fourchelangue, comme-si cela était un mauvais signe. Être doté de se talent était un don hors-pair et surtout délicat. Avant que Tom ne réagisse, Dinky claqua du doigt et disparu. Elle allait vérifier qui était la personne qui souhaitait rentrer dans la maison Jédusor. Les visites se montraient rares depuis longtemps maintenant. Lui faisant confiance, le vert et argent continua à manger son dîner. La porte d'entrée s'ouvrit calmement. Un courant d'air frais empli la maison d'une odeur de pluie.

- Maître, un invité vous demande.

Il ne répondit pas et se leva simplement. S'avançant, il trouva sur le seuil de la porte une jeune fille. Hermione Granger.

- Qu'est-ce que tu veux Granger ?

La sorcière était légèrement mouillée. Dehors, un gros orage provoquait de grosse pluie. Il soupira tandis que la fille tremblait.

N'ai pas pitié d'elle.

Il n'écouta pas son esprit et suivit ce qui lui demandait son cœur. Il ouvrit la porte et répondit :

- Rentre à Poudlard, tu n'as rien à faire ici.

Dinky s'éloigna, disparaissant dans la cuisine marbrée.

- Jédusor, laisse-moi rentrer s'il te plaît. Il faut qu'on parle.

- Non, retourne à Poudlard. Nous n'avons plus rien à nous dire.

Sur ces mots, il lui ferma la porte au nez dans l'espoir qu'elle l'écouterait. Hermione têtue s'assit sur les marches froides et mouillées de la maison Jédusor. Dehors, un calme de mort régnait. Soudain un grondement retentit suite à un éclair. La rouge et or tressaillit sur l'instant, prise de surprise par un orage déchaîné. La pluie la trempait jusqu'aux os. Ses vêtements, son sac et sa baguette étaient trempés. Elle avait froid ; Tremblotant sous l'effet de l'averse violente, elle se recroquevilla sur elle-même tentant de vaincre la froideur hivernale. Tom Jédusor soupira en voyant que la fille se trouvait toujours sur son palier plus de trente minutes après qu'il l'ait délaissée. Il ne lui ouvrit pas la porte pour autant.

Elle finira par partir, elle ne va pas mourir de froid

Cependant, plus les heures passaient, plus le jeune Jédusor perdait espoir de voir la jeune fille s'éloigner. C'est lorsqu'il comprit qu'elle ne le laisserait pas qu'il se décida à ouvrir. Dans cette nuit mouvementée par un orage, il laissa la Gryffondor pénétrer dans sa maison une seconde fois. Lorsqu'il ouvrit la porte, il trouva une Hermione pétrifiée par le froid. Ses membres étaient pâles, presque bleu. Elle était à moitié endormie, peut-être était-elle en train de mourir ? Jédusor préféra opter pour la première hypothèse. Il attrapa la fille, et comme la première fois la pris dans ses bras. Il constata alors qu'il l'avait laissée dans un froid hivernal presque mortel et qu'elle se trouvait trempée par la violente pluie qui ne cessait de tomber depuis maintenant des heures. Un petit remord lui tordit le cœur alors qu'il grimpait les escaliers, portant le corps gelé et endormi de la Gryffondor. Il arriva dans la chambre où elle avait auparavant séjourné : Dinky s'y trouvait.

- Vous vous êtes enfin décidé à la laisser rentrer, Maître ?

- Oui... Marmonna-t-il entre deux soupires.

Dinky paru ravie d'entendre cela :

- C'est qu'elle est têtue cette jeune demoiselle, elle doit vraiment être là pour une chose importante. Elle ne serait pas restée aussi longtemps sous la pluie. Ou peut-être qu'elle vous apprécie simplement.

La petite créature regarda son maître alors que ce dernier ignorait ses dernières paroles. Mais Tom avait très bien entendu, et ce que lui dit l'elfe fit presque battre son cœur. Serait-ce vrai ?

Non, elle ne tient pas à moi

Pourtant il se préoccupait d'elle :

- Peux-tu lui donner des vêtements secs ? Si elle n'est pas réveillée, habille-là.

- Nous n'avons pas de vet...

- Donne lui mes vêtements, elle me les rendra demain matin quand elle partira. C'est juste histoire d'une nuit, la coupa-t-il.

Dinky ne protesta pas et regarda son maître s'éloigner.

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