CHAPITRE 2
Mercredi 13 octobre 1943, salle commune de Gryffondor.
Le silence total. Hermione ouvrit lentement les yeux : autour d'elle tout était noir, pas un seul brin de lumière ne pouvait l'éclairer sur le lieu où elle se trouvait désormais. Son cœur battait rapidement alors que sa tête lui donnait encore une lourde sensation de tournis.
Suis-je morte ? Se demanda-t-elle agitée.
Elle tendit le bras droit devant elle. Sa main heurta un objet qui tomba dans un fracas sourd sur le sol. Elle se figea, ne faisant plus aucun bruit tandis qu'une vague de frissons la parcourait.
Elle soupira, soulagée d'être toujours vivante. Elle venait de survivre au plus dangereux : un voyage dans le temps de plusieurs années en arrière. Une première pour le monde magique, qui, jusqu'à présent, n'avait jamais connu de tel retour dans le temps. Mais Hermione était certaine d'une chose en touchant son retourneur de temps cassé : Elle était désormais bloquée en mille neuf cent quarante-trois, soit cinquante-trois ans avant là où elle se trouvait quelques secondes auparavant. Son cœur la pinça. Elle était loin de tout ce qu'elle avait pu connaître. Toujours en silence, Hermione sortit sa baguette et chuchota :
- Lumos.
Un jet de lumière intense jaillit de l'objet et vint éclairer les lieux. Elle observa un instant ce qui l'entourait ; elle se trouvait toujours dans la salle commune de Gryffondor, qu'elle pouvait reconnaître facilement grâce aux tapisseries rouges et or et autres décorations. Rien n'avait changé, pourtant, tout n'était plus pareil : elle se trouvait au même endroit, sans l'être vraiment. Son regard se posa instinctivement sur le canapé, au centre de la pièce, où elle avait vu ses amis pour la dernière fois. Son cœur se serra douloureusement tandis que l'amertume lui montait encore à la gorge.
Elle ramassa le vase qu'elle venait de faire tomber et le posa sur le guéridon, puis quitta la pièce. Elle n'avait pas vraiment pensé au fait qu'elle arriverait, en tant qu'inconnue, au sein d'un château qui lui était familier ; que faire maintenant ?
Ella arpenta lentement les couloirs sombres de l'école, tendant sa baguette droite devant elle pour se diriger. C'était effrayant et rassurant à la fois de voir à quel point les lieux n'avaient pas changés. Avaient-ils toujours été comme ça ? Les tableaux, les escaliers, le sol et les murs étaient identiques cinquante-trois ans plus tard.
- Éteignez-moi cette lumière, voyons, dit une voix d'homme.
Hermione sursauta. A sa droite, un vieillard quelle reconnut parfaitement venait de se réveiller dans un des tableaux. Il plissa les yeux, examinant scrupuleusement la jeune fille.
- Qui êtes-vous et que faites-vous debout à cette heure-là ? Il est totalement interdit de se promener dans les couloirs du château la nuit, c'est écrit dans le règlement.
- Excusez-moi monsieur, répondit Hermione tout bas.
Elle baissa légèrement sa baguette pour ne plus aveugler le vieil homme.
- Votre visage ne me dit rien, finit-il par avouer.
- Je suis discrète, vous n'avez pas dû me remarquer, monsieur.
Il fronça légèrement les sourcils, le regard dur. Il portait une longue cape noire et un bonnet bleu. Ses yeux, sombres, étaient d'une noirceur inquiétante. Son visage quant à lui était marqué de rides et de tâches.
- Retournez dormir, jeune fille. C'est imprudent et surtout interdit d'errer comme vous êtes en train de le faire.
- Bien-sûr, bonne nuit monsieur.
Hermione remonta silencieusement les marches, veillant à ne pas attirer l'attention d'autres personnes.
Poudlard était silencieuse, endormie ; la brune la visitait, la contemplait, essayant de se faire des marques dans ce nouvel endroit qu'elle connaissait pourtant si bien. Si ses amis pouvaient voir ça, ils seraient épatés de voir à quel point le château avait changé. Elle soupira.
- Qui êtes-vous et que faites-vous ici ?
Hermione se retourna, surprise, et se retrouva face à un homme d'une soixantaine d'année. Sa barbe parfaitement taillée était d'une blancheur épatante, et s'accordait parfaitement avec sa longue chevelure ; ce style lui rappela directement le professeur Dumbledore.
- Bonsoir, monsieur. Je suis Hermione Granger et...
- Il est imprudent de se promener dans le château à cet heure-là Hermione, ajouta une voix familière.
Dans l'ombre, un homme à la chevelure châtain s'avança. Elle fronça les sourcils.
- Professeur Dumbledore.
Hermione écarquilla les yeux, observant les deux hommes se saluer. Dumbledore ? Avait-elle bien entendu les mots du vieil homme ?
- Bonsoir monsieur Dippet. Je connais cette jeune fille, je voulais vous informer de sa venue mais malheureusement ma journée a été très chargée.
La brune haussa les sourcils. Comment se pouvait-il que Dumbledore, alors âgé de cinquante-trois ans de moins, la connaisse ? Tout était beaucoup trop flou pour elle, et rapidement, ses pensées se mélangèrent.
- Je vous présente Hermione Granger, une jeune fille brillante qui fait partie de ma famille lointaine. Elle a m'a été envoyée par ses parents, j'ai insisté pour qu'elle soit scolarisé à Poudlard ; elle est la meilleure élève que je n'ai jamais connue, monsieur Dippet. J'ai été très pris par la correction d'examens aujourd'hui, je n'ai pas pu vous prévenir de sa venue.
- Et vous n'avez bien-sûr pas eu le temps non plus de lui faire part du règlement intérieur, je suppose ? Demanda froidement Dippet.
Le directeur posa son regard sur la jeune fille, la détaillant de la tête au pied.
- Je viens d'arriver, monsieur, toutes mes excuses.
Il arqua ses épais sourcils gris :
- Il est suspect, vous ne trouvez pas, de débarquer en plein milieu de la nuit ?
Hermione grimaça.
- Elle est sous ma responsabilité, je m'excuse si son arrivée vous surprend et vous irrite, monsieur Dippet. Laissez-moi l'accompagner jusqu'à mon bureau, pour que je puisse lui expliquer les règles, ainsi que son emploi du temps et autres détails qui pourraient lui être utiles.
Il accepta d'un signe de tête, observant toujours la jeune fille avec insistance.
- En quelle année es-tu ?
- En sixième, monsieur.
- Bien. Nous ferons le test du choixpeau demain matin. Soyez en forme.
Le directeur fit demi-tour, se retournant quelques fois pour les reluquer, de loin. Hermione était stressée à l'idée de repasser sous le choixpeau.
- Tu finiras à Gryffondor, dit Dumbledore comme lisant dans ses pensées.
Elle lui adressa un sourire timide. C'était troublant, de se retrouver là, avec lui. L'homme était charmant, vêtu d'un costume gris clair. Sa barbe était courte, et aussi brune que ses cheveux légèrement bouclés.
- Suis-moi, mieux vaut que nous parlions loin des oreilles indiscrètes.
Il avait prononcé ces mots en regardant tout autour de lui, scrutant l'obscurité à la recherche d'une menace inconnue, ce qui suffit à faire frissonner la jeune fille. Elle n'ajouta rien et se contenta de le suivre, traversant les lieux derrière-lui. Ils arrivèrent dans la salle de cours de métamorphoses, qu'Hermione connaissait fort bien. La disposition des tables était différente de celle qu'elle avait pu connaître : les élèves étaient assis face à face, et les meubles formaient la lettre « U ». Ils ne s'arrêtèrent pas, et continuèrent leur chemin à travers la pièce jusqu'à atteindre des petits escaliers. Là, ils pénétrèrent dans le bureau du professeur, donnant directement dans son appartement.
La salle était beaucoup moins grande et imposante que le bureau du professeur Dippet, qu'il occuperait d'ici quelques années. Les petites fenêtres donnaient sur la forêt interdite à peine visible.
L'homme traîna une chaise bruyamment, et lui fit signe de s'asseoir. Elle s'exécuta silencieusement. Il s'installa en face d'elle, croisant ses doigts sous son menton pour soutenir son visage. Il la fixa un moment avant de reprendre la parole :
- C'est très dangereux ce que tu as fait, Hermione. Tu en as conscience, tu es la sorcière la plus brillante que je connaisse. Simplement, ne t'es-tu pas dis que tu mettais ta vie en péril ? La mort ne représente-t-elle rien pour toi ? N'as-tu pas pensé aux problèmes que tu aurais pu rencontrer ? Être brillante ne fait pas de toi une sorcière invincible, et je trouve ton comportement intolérable. Imagine une seule seconde si tu n'étais jamais arrivée à destination, à quoi cela aurait-il servi ? À rien. C'est très courageux de ta part, de venir ici, notamment pour la mission que tu t'es fixée, mais je trouve cela aussi courageux qu'imbécile.
Elle ne bougea pas, totalement figée par les paroles du professeur. Le regard de l'homme était dur, sévère. Elle pouvait ressentir sa colère à travers les flammes que lui lançaient ses yeux.
- Et puis, ne t'es-tu pas demandé comment tu allais t'intégrer ? Quel mensonge allais-tu dire au directeur ? Je trouve que tu as négligé énormément de détails, dans ta quête, et que tu t'es précipitée dans une époque que tu ne connais pas.
Hermione était surprise que Dumbledore la tutoie, elle qui avait l'habitude d'être désignée sous le surnom « Miss Granger ». Elle secoua la tête en haussant les épaules.
- Tu vois, tu ne trouves rien à dire. Tu aurais fait ça devant monsieur Dippet ? Hausser les épaules en attendant qu'il t'accepte à Poudlard ?
- Non, professeur Dumbledore.
Il passa nerveusement la main dans ses cheveux.
- Comment est-ce possible ? Comment me connaissez-vous ? Comment vous rappelez-vous de moi ?
- La magie n'a plus de secret, pour un vieil homme comme moi.
Elle fronça les sourcils ; ces mots paraissaient tout droit sortis de la bouche de Dumbledore, mais pas de celui qui se trouvait en face d'elle, non, de celui qui se trouvait en mille neuf cents quatre-vingt-seize.
- Je vous remercie, pour votre aide.
- Une dernière chose. Je trouve cela très bien que tu viennes arrêter Tom Jédusor, mais tu es consciente que tu vas changer tout le cours de l'histoire ? Même si tu ne réussis pas ta mission, ta simple présence ici change énormément de choses. S'il venait à devenir l'homme qu'il est destiné à être, un soldat important manquerait à la guerre. Et pourtant, tu es ici pour arrêter cette guerre.
- Je vais tout faire pour réussir, professeur.
Il dessina un léger sourire tandis que son regard semblait s'apaiser légèrement. Il se laissa reposer sur le dossier de son fauteuil, croisant les bras contre son torse.
- As-tu encore ton retourneur de temps ?
Elle le sortit du col de sol pull, le détacha et le lui tendit. Il observa un moment l'objet, le faisant tourner dans ses mains.
- Cela te dérange si je le garde ?
- J'imagine qu'il ne me sera plus d'une très grande utilité maintenant.
Il sourit, hochant la tête.
- Comment te sens-tu ?
Elle haussa les épaules :
- Ça va, enfin, je crois.
- Tu te sens bien ?
- Un peu fatiguée, répondit-elle. J'ai encore la tête qui tourne.
Il fit mine de comprendre :
- Tu devrais te reposer, ta journée va être fatigante demain.
Elle sourit.
- Tu n'as qu'à dormir sur le fauteuil juste-là, dit-il en désignant le petit canapé dans l'angle de la pièce. Laisse ta valise ici.
- Merci professeur.
- Nous aurons une conversation plus longue demain, il faut que nous nous organisions. À demain.
Il quitta la pièce sous le regard épuisé d'Hermione. Elle ne tarda pas à sombrer dans un sommeil profond.
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