Le bar des trois balais était toujours aussi chaleureux. De partout, des petites tables et meubles en bois étaient recouverts de biscuits, bières au beurre et toutes autres sortes de gourmandises que proposait le pub. Les quatre jeunes étaient assis à une table ronde, où était déposé un petit plateau de verre. Quatre bières y étaient posées, entourées de biscuits au beurre. Le silence ne se brisa que lorsque Louise prit la parole :

- Bon, c'est assez pesant ce silence...

Son regard se dirigea automatiquement vers Thomas, les yeux rivés sur les biscuits qu'il empiffrait depuis maintenant plusieurs minutes. Il ne leva pas la tête pour autant. Trouvant ce geste particulièrement mal poli, Bryson lui secoua le bras amicalement en ajoutant :

- Allez sourit un peu !

Thomas fit mine de grimacer, faisant preuve de peu de volonté. Hermione commençait réellement à être agacée. Prenant son courage à deux mains, elle dit alors en s'adressent directement au garçon :

- Bon c'est quoi le souci, Thomas ?

Il parut surpris de voir que la fille lui adressait la parole.

- Bryson, allons faire un tour... Chuchota Louise à son oreille.

Il fit un signe de tête. Les deux jeunes sortirent alors du bar, leurs bières à la main. Juste après cela, Hermione, reconnaissante envers ses amis, reprit la parole. Répétant une seconde fois sa question, elle fixa Thomas Green de son regard perçant.

- Quel est le souci ?

- Rien, répondit-il sèchement.

D'un souffle, elle réussit à capter l'attention du garçon. Son regard avait cependant changé ; il paraissait plus doux, plus gentil.

Derrière la vitre, Tom Jédusor remarqua très vite la présence d'Hermione. Le petit détail qui ne lui échappa pas fut qu'elle était seule avec le Gryffondor. Bien entendu, il entendait leur discussion. À l'intérieur du petit bar, la totalité des tables avaient leurs regards dirigés sur la table des deux jeunes. Des cris retentissaient, produisant un lourd silence dans la petite allée de Pré-au-lard. Le Serpentard se dirigea vite derrière le mur d'une impasse lorsqu'il comprit que les deux Gryffondor allaient sortir.

- Thomas !!

Il lui tournait le dos, marchant d'un pas décidé.

- Arrêtes-toi un peu !

Personne ne parlait, cette tranquillité qui régnait sur le village paraissait même inquiétante. Tous les coups d'œil étaient dirigés vers les deux adolescents qui se querellaient. La rouge et or continuait à poursuivre le garçon, tandis que ce dernier méditait calmement en l'ignorant. Ce comportement commençait réellement à énerver Hermione, elle qui restait plutôt calme.

- Thomas !!

- Quoi ?!

Soudain, le silence se rompu : Thomas se retourna pour tenir tête à la fille qui était pourtant son amie. De sa grande taille et son sourire, il prenait de haut la fille de taille plus petite. Une manière incorrecte d'arranger leur situation.

- Peux-tu m'expliquer pourquoi tu agis comme ça ?

Le garçon préféra ricaner plutôt que de répondre à la question qu'Hermione lui posait depuis plusieurs minutes. Jédusor, qui observait de prêt la scène serra les dents.

Répond à ses questions Green, et arrêtes de lui prendre la tête comme ça.

Il se demanda alors de nouveau pourquoi il pensait ainsi, pourquoi il restait ici. Pourquoi la fille le préoccupait-il autant ?

- Jédusor, ça te dit quelque chose ce nom non ?

Tom se raidit lorsqu'il entendit son nom résonner dans la gorge de Thomas Green, le Gryffondor.

- Qu'est-ce que tu as contre lui ?

Le Serpentard se pencha un peu plus afin d'observer les expressions dessinées sur les visages des deux Gryffondor. Ils s'étaient dirigés vers une petite impasse afin de moins attirer l'attention, idée raisonnable selon Hermione qui n'aimait pas particulièrement attirer les regards.

- Qu'est-ce qu'il y a entre lui et toi ?

- Mais rien du tout !!

Thomas parut hausser les sourcils, sans doute les fronçait-il.

- C'est lui le souci selon toi ?

- En quelque sorte.

Tom sentit la haine lui monter. Le garçon qu'il avait toujours détesté, détesté comme toutes les autres personnes qu'il connaissait, parlait actuellement de lui d'une manière qui lui déplaisait fortement.

- Il ne t'a rien fait.

Hermione semblait cependant prendre sa défense.

- Tu le défends ? Décidément...

- Je ne défends personne !

Après quelques minutes de silence, Thomas reprit la parole :

- Que s'est-il passé pendant une semaine ?

Hermione parut premièrement gênée, puis elle réussit à répondre à la question de son interlocuteur d'une manière parfaitement crédible :

- Il ne s'est rien passé bon-sang ! C'est ce que je m'obstine à dire à tous ceux qui me posent la même question que toi !!

Tom acquit un sourire noir. Effectivement, il ne s'était presque rien passé ; seulement qu'elle avait réussis à faire marteler son cœur contre sa fébrile poitrine. Ces pensées le troublèrent.

Et si son seul but était de m'affaiblir...

Il regarda la jeune fille. Était-elle un imposteur ? Cela justifierait son arrivée subite à l'école de sorcellerie.

Elle est arrivée si mystérieusement... Peut-être qu'elle connaît mes plans...

Il serra les poings. Tant de questions lui bouleversait l'esprit : était-il en train de s'attacher à l'ennemi ?

Bien-sûr que non, pourquoi serais-je attaché à cette fille ?

Une question attira son attention :

- Tu l'aimes ?

- Non ! S'écria Hermione au bord de la crise de nerfs.

Visiblement, Tom s'était perdu dans ses pensées, au point qu'il avait loupé un long passage de la querelle. L'atmosphère était tendue, presque électrique.

- Tu mens, je vois comment tu le regardes.

Hermione lâcha un rire nerveux :

- Bien comme tu voudras. Et puis même si je l'aimais, je ne vois pas en quoi cela pourrait t'atteindre.

- Il t'a complètement endoctrinée... Ma pauvre... Écoute comment tu parles. T'es vraiment comme lui.

Tom respira doucement, tentant de garder son calme.

- Pourquoi tu t'obstines à penser qu'il est mauvais ? Tu ne prends même pas la peine de le connaître.

- J'pensais que t'avais compris.

Hermione rattrapa le garçon qui commençait à lui tourner le dos :

- J'ai compris.

- Alors pourquoi tu l'as suivi ?

Pourquoi...

Cette question résonna dans la tête de la rouge et or. Elle-même n'avait aucune réponse à cette question. Mais c'était sa mission, elle devait s'occuper de Tom Jédusor, mais personne ne pourrait comprendre cette histoire bien trop complexe.

- Parce que j'en avais envie.

- J'avais raison...

- Arrêtes !

- Tu sais quoi Granger ? Tu vas sombrer avec lui, et là tu te rendras compte que tout le monde a raison.

Hermione sentit la haine lui monter. Ces gens jugeaient alors qu'il ne connaissait rien de Tom.

- Tu ne le connais pas...

- Ah ! Peut-être que tu le connais mieux que nous tous ? Non, tu sais mieux que moi qu'il te fera sombrer, que tu vas moisir avec lui si tu continues.

Hermione avait atteint son taux maximum de haine, elle tourna les talons. Thomas comprit alors qu'il était allé trop loin dans ses propos. Tom, quant à lui, peinait à ravaler l'amertume qui bouchait sa gorge.

- Hermione... Attends, dit Thomas.

Elle continua à marcher, rapidement :

- Hermione !

- Thomas, je pensais que tu serais plus intelligent que ça.

Il ne tenta pas de la rattraper, sans doute avait-il qu'il était désormais trop tard. Hermione passa devant la cachette de Tom, elle croisa son regard. Des larmes coulaient sur ses douces joues, ses yeux félins percèrent le cœur de Tom en plein centre. Il sentit son cœur se fendre sous la peine qu'éprouvait la Gryffondor. Elle ne s'arrêta pas, et continua son chemin. Tom ne la suivit pas, songeant qu'elle avait besoin d'être seule. Thomas rejoint Bryson et Louise, leur expliquant sa situation. Hermione entra dans une petite impasse, et s'assit sur un banc.

Je suis venue pour cette mission... Et uniquement pour cela

Alors qu'elle tentait de se rassurer, des larmes coulaient sur ses joues rougies. Son cœur battait.

Tom...

Elle repensa alors à cette semaine passée au côté du garçon, il fallait que sa mission avance. Peut-être qu'il avait déjà sombré. Puis son cœur se remit à battre en pensant au visage déchiré du garçon lors de l'incident qui s'était déroulé chez-lui. Elle allait y arriver. Elle allait sauver Tom es griffes du mal.