Ce matin-là, il faisait quelque peu froid ; plutôt doux à vrai dire. Le manoir Jédusor était dégagé de toute la brume qui l'avait auparavant entouré et enterré dans la noirceur nocturne. Hermione Granger se réveillait lentement quand elle remarqua qu'elle était dans la chambre parentale. Comment cela était-il possible étant donné qu'elle s'était endormie devant la porte du Serpentard ? Alors qu'elle s'étirait lentement, plein de suppositions lui virent à l'esprit selon laquelle soit Dinky soit son ennemi l'avaient déposé dans le lit usé. Il n'y avait pas d'autres solutions possibles. Enfilant une chemise prêtée par son ennemi, elle se vêtit ensuite d'un de ses jeans et sortit rapidement de la chambre qui lui faisait visiblement toujours le même effet. Comme elle s'y attendait, la chambre de Tom était encore fermée.

J'espère que ce n'est pas grave...

Hermione tenta alors de reprendre ses esprits tandis qu'elle sentait son cœur battre en pensant à lui.

Reprends-toi !! C'est ton ennemi, Hermione Jean Granger, et cet amour t'est interdit !

Alors qu'elle gigotait seule dans l'étroit couloir en refoulant ce début de sentiment naissant qui valsait entre amitié et amour, la petite créature l'interrompue :

- Bonjour, Miss Granger.

La rouge et or se retourna prise de surprise en un petit bon :

- Oh bonjour Dinky.

Le petit être s'avança dans la pénombre toujours en souriant à son interlocutrice avant de lui adresser :

- Vous avez sûrement faim, si je ne me trompe.

- Oh... Oui en effet, mais ne vous dérangez pas je peux me préparer un petit quelque chose, répondit-elle aussitôt gênée par sa discussion avec l'elfe de maison.

L'individu qui se trouvait face à elle rigola alors :

- Vous pouvez me tutoyer, Miss Granger. Et cela ne dérange nullement, je viens justement de finir de préparer les petits déjeuners.

La Gryffondor sourit nerveusement à l'elfe avant de la suivre sans n'ajouter aucuns mots supplémentaires. Lorsque les deux personnes arrivèrent à la cuisine, l'être fit signe à la sorcière de s'asseoir ; elle s'exécuta sans ne protester nulle chose. Comme elle s'y attendait, Dinky lui servit un déjeuner sucré comme elle les aimait : Un petit gâteau au chocolat avec une tasse de café suivit d'un bol de céréales.

- Merci Dinky.

- Le plaisir est pour moi.

Un petit silence gênant s'installa dans la petite cuisine mais fut très vite interrompu par la créature qui prit la parole :

- Vous êtes de Gryffondor, si je ne me trompe pas ?

- Oui c'est bien cela, dit Hermione avant de manger une bouchée du gâteau qu'elle trouvait exceptionnellement bon.

- Comment avez-vous fait pour rencontrer Tom ?

Hermione leva les yeux de son assiette. Elle-même ne s'était jamais réellement posé la question.

- Heu... Lors du premier cours de l'année avec monsieur Slughorn... Il me semble...

- Je vois, il n'a pas été très gentil à premier abord je suppose.

La créature avait l'air de réfléchir et surtout dubitative.

- Il ne me paraît pas naturellement gentil, bien qu'il m'héberge... Dit-elle. Mais je pense qu'il cache en lui une bonne personne. Il ne s'est jamais montré menaçant non plus...

Elle se racla la gorge, gênée de dévoiler ses pensées à quelqu'un sur le garçon qu'elle commençait à apprécier malgré elle. L'elfe de maison sourit alors à l'entente de ces mots, pourquoi prenait-elle un tel enthousiasme à entendre ses paroles ? Un nouveau silence se fit de marbre. Alors qu'Hermione finissait son bol de céréales, la servante débarrassait peu à peu les couverts ainsi que la vaisselle. Usant de sa magie, les objets voltigeaient tout en moussant en en se rinçant. La jeune fille se leva et rangea la chaise derrière elle. Elle emporta alors la dernière vaisselle de porcelaine qui restait jusqu'à l'évier.

- Laissez-moi vous aider, dit Granger en tentant d'aider l'elfe.

- Vous êtes une sorcière remplie de bonté, Miss Granger, pas comme les autres.

Hermione se figea : ce n'était pas la première fois qu'on lui disait une chose de la sorte. Cela était tout de même gentil, mais cela la gênait, de plus que cela marquait le fait qu'elle soit une sorcière à part. Autant dans le sang que dans les connaissances scolaires.

- Laissez-moi faire, c'est mon travail. C'est gentil, merci quand même... Dit la créature en lui souriant.

- Appelles-moi si tu as besoin d'aide, je serais à l'étage.

L'individu souriait à Hermione alors qu'elle quittait la salle. Elle ne la quittait pas longtemps puisque Dinky l'interpella quelques secondes plus tard :

- Mademoiselle ?

Elle fit alors demi-tour pour rentrer une fois de plus dans le milieu où elle venait de déjeuner :

- Oui ?

- Il a besoin de vous, Miss Granger.

La rouge et or cru louper des battements de cœur.

- Qu...Quoi...?

Comment pouvait-elle aider quelqu'un qu'elle était censée combattre ?

- Il faut que je vous parle seul à seul, si mademoiselle le veut bien.

- Je vous écoute.

Elle regarda autour d'elle avant de dire à son interlocutrice :

- Sortons faire un petit tour.

Hermione suivit la petite créature jusqu'à l'entrée où elles s'assirent toutes deux sur les marches usées par le temps. Dehors, un léger vent balayait les feuilles orangées qui recouvraient le sol. La voix de la petite créature magique s'éleva alors, brisant le silence :

- Tom n'est pas quelqu'un de mauvais, du moins, il ne l'était pas. Il n'aurait jamais souhaité le mal de personnes.

- Je ne vois pas où vous voulez en venir Dinky.

Elle sourit fébrilement. Que pouvait-il bien se passer pour que le seigneur des ténèbres ait besoin de son aide ?

- Cela remonte à sa naissance, j'y ai évidemment assisté... Malheureusement le père n'était pas de la partie. Sa mère l'éleva seule durant sa première année d'existence... Son père a repris sa garde jusqu'à... Il n'a jamais vraiment été présent.

L'elfe se stoppa alors dans son discours.

- Il me l'a dit, je suis désolée pour lui... Je sais aussi que son père n'aimait pas vraiment sa mère et qu'elle lui a fait boire du philtre d'amour durant une longue durée... Mentit-elle alors que toutes ces connaissances venaient du passé.

Son regard se déposa dans les yeux de l'elfe. Elle lui sourit, presque triste de ce qu'elle savait au sujet de son ennemi. Cela l'affectait beaucoup à vrai dire. Bien qu'elle repousse la naissance d'amitié ou d'amour, elle était extrêmement sensible en son sujet.

- Il a été élevé sans sentiments, bien que j'aie essayé de lui donner les miens.

- Vous avez fait de votre mieux... Mais je ne vois pas où vous voulez en venir...

L'elfe regarda alors l'horizon, brisant le lien qui la liait à la sorcière. Elle se mordillait les doigts, signe de stress.

- Dinky ?

- Miss Granger, s'il vous a parlé de ses parents alors qu'il n'en a parlé à personne cela veut dire que vous n'êtes pas n'importe qui à ses yeux. Mais je vous assure que Tom garde des choses en lui qu'il n'a jamais révélées, ni même à moi.

Hermione sentit son cœur se serrer pour son ennemi. Il était loin d'être celui qu'elle aurait pensé auparavant. Tout le monde se trompait depuis le début ; Il était quelqu'un de fort. Mais il suffisait de l'aider à utiliser sa force du bon côté.

- Et quel genre de choses..?

- Oh, des choses douloureuses. Des choses très douloureuses, et Dinky est impuissante face à cette situation.

- Personne n'est impuissant, Dinky.

- Mademoiselle doit comprendre qu'il a besoin de son aide à elle. Il a besoin de vous.

Hermione se leva et commença à faire les cent pas. En effet, cela l'aidait à réfléchir dans les moments aussi délicats que ceux qui s'offraient à elle fraichement. Comment aider une personne blessée ? Elle-même ne savait pas.

- Je souhaitais aussi vous dire qu'il va très mal... C'est la première fois que monsieur pleure, c'est la première fois qu'il est dans cet état. S'est-il passé quelque chose hier ?

Hermione tressaillit.

- Il.... Il m'a dit qu'il me devait des réponses, puis... Oh par la barbe de merlin.

- Que ce passe-t-il ?

- Il m'a dit qu'il devait me parler de choses... Dinky ! Il voulait me parler de ses douleurs ! Et je l'ai laissé, je l'ai laissé seul alors qu'il pleurait et qu'il sombrait...

La rouge et or se mit à trembler. Elle était mal, très mal. Comment cela se faisait-il qu'elle se sente aussi mal pour une personne censée être son ennemi ?

- Alors c'était cela...

- Et... Va-t-il mieux...?

De son air désespéré, la petite créature fit un hochement de tête négatif.

- Monsieur c'est réveillé dans la nuit alors que vous étiez dans le couloir endormi, ses yeux étaient injectés de sang. C'était la première fois que Dinky voyait un Tom aussi désespéré, aussi détruit...

- Que vais-je faire... Comment aider une personne considérée comme ennemie... Marmonna Hermione.

Heureusement l'elfe n'entendit pas ce qu'elle dit et continua son discours :

- En tentant de s'ouvrir, il s'est rendu compte que cela était enfoui au plus profond de lui-même.

La jeune Gryffondore était de plus en plus mal. Son cœur avait du mal à battre et son souffle ne cessait d'accélérer. Elle fut obligée de se rasseoir tellement la pression la faisait tremblée.

Jédusor...

L'elfe se leva et commença à se rediriger vers le manoir alors qu'Hermione ajouta :

- Il est devenu tout pâle au moment où nous étions...

Elle s'arrêta soudain. Elle se remémora la scène : Leurs visages prêts, son bras sur son épaule. L'individu se retourna un regard luisant d'espoir :

- Quand quoi ?

- Au moment où il a posé sa main sur moi, du moins, sur mon épaule.

La rouge et or rougit bêtement.

- Je vois...

- J'ai tenté de le rattraper et de l'aider...

- Oui Dinky à entendu vos cris...

Baissant la tête, la sorcière se sentit gênée de plus belle. Avait-elle crié aussi fort que cela ? Sa détresse avait été d'une puissance énorme. Elle aurait voulu l'aider mais elle avait échoué.

- Il commence à réellement s'attacher à vous, dit la créature avant de sombrer dans la pénombre du manoir.

Sur ces mots, la sorcière tenta de se lever mais était clouée au sol.

Peut-être que moi aussi, je commence à m'attacher.

Elle chuchota alors ces quelques mots qui firent vibrer son cœur tel un tambourin :

- Il a besoin de moi... Mais pourquoi moi ?

- Parce que vous êtes la seule sorcière qui lui est égale, et plus encore : vous avez fait vivre quelque chose en lui que personne d'autre n'aurait pu éveiller.