7.

 La réconciliation s'est faite beaucoup plus facilement que je ne l'avais cru. Une distance s'est tout de même crée entre Isuzu, Keiji, et moi, mais ça ne m'étonne pas plus que ça. Ma relation avec Yuki a aussi un peu changé, mais je m'y suis vite habituée. Surtout que la façon dont il s'est ouvert à moi, au nouvel an, m'a beaucoup touché. Il m'a ouvert son cœur, comme j'aurais voulu qu'il le fasse bien avant.

Même au lycée, tout est redevenu pareil. C'est comme si ces deux mois que nous avons passé loin les uns-des autres avaient disparut. Et ce, sans laisser la moindre trace. Bon, il faut tout de même noter que les sentiments pour Isuzu ont totalement disparut, et que la voir avec Keiji ne me dérange plus du tout. Je suis même folle de joie pour eux, à vrai dire. Même si quelque part, dans mon cerveau, une tout petite voix me dit encore de temps en temps que la vie est quand même bien injuste. Mais je la fais taire rapidement, et tout s'arrange. Et à la rentrée, après le nouvel an, nous étions tous de nouveau amis.


Ce matin, en arrivant, au lieu de trouver Yuki devant le portail, comme à son habitude, je le croise au détour d'un couloir avant d'aller en cours, alors qu'il sort de la bibliothèque.

-Saya ! Je voulais justement te voir ! J'en ai déjà parlé à Isuzu et Keiji, alors il manquait plus que toi à prévenir. J'ai gagné des places de concerts dans un match que j'ai gagné pendant les vacances, et j'ai eu 4 places... Ça t'intéresse ? demande-t-il, le sourire aux lèvres.

-Oui, pourquoi pas ! Les autres sont d'accord ?

-Ouaip, complètement ! Et puis, j'ai appris d'Isuzu que c'était ton groupe préféré, alors...

-Attend, attend c'est des places pour Angel's Band !? dis-je, à moitié surexcitée.

-Et bien... oui, et le concert se passe à Tokyo! dit-il, sûr de l'effet de ce nom sur moi.

-J'ai toujours rêvé d'aller à Tokyo !! Oh non, c'est beaucoup trop bien !!

-Haha, je sais bien ! On ira dormir chez ma sœur, qui habite là bas ! Par contre j'ai bien peur qu'on doive s'entasser dans son petit deux pièces...

-C'est pas grave, ça vaudra le coup ! Merci Yuki, je suis trop contente ! dis-je tout sourire, réellement heureuse.

Et c'est folle de joie que je commence cette journée de cours, qui s'annonçait pourtant mortellement ennuyeuse.


La journée me semble tout de même durer un temps infini, tant un millier de questions tournent dans ma tête. On se voit tous ce soir pour en parler, mais je ne tiens pas en place. Je me demande quels vêtements je vais prendre... Est-ce qu'il fera beau ? On visitera Tokyo, ou absolument pas ?... ça va être mon premier voyage dans la capitale, et autant dire que je suis excitée à l'idée d'enfin y aller. En plus, on y va sans nos parents ! J'ai vraiment hâte...

D'autant plus que qui dit Tokyo, dit style incroyable, boutiques et restaurants en folie ! Je sens que mon porte-monnaie et mes économie vont en prendre un sacré coup...


Lorsque enfin la sonnerie annonçant la fin des cours, résonne dans la salle de classe, j'ai l'impression d'être libérée. Yuki et moi sortons rapidement, presque en premiers. Aujourd'hui, il n'y aura pas de questions sur les cours, ni de discussion avec nos camarades. On est beaucoup trop pressés de parler de ce fameux voyage. D'ailleurs, je suis étonnée de découvrir que Yuki est dans le même état que moi. Il est beaucoup trop mignon.

En sortant, j'envoie un message à Keiji, lui disant qu'on se retrouve chez moi, étant donné qu'il va à son club de sciences ce soir. C'est certainement pas la maison la plus calme, mais c'est celle où on a l'habitude d'aller, puisqu'elle est relativement proche du lycée.


Isuzu nous attend à l'entrée, adossée au mur d'enceinte. C'est enfin l'uniforme d'hiver qu'elle porte, sur lequel elle a enfilé une parka bordeaux et une écharpe noire. Elle s'est abritée sous les branchages d'un cerisier loin d'être en fleur, alors qu'une neige fine commence à tomber.

- On ferait mieux de se dépêcher ! dit-elle en nous voyant arriver.

-Ouais, on risque un peu de geler sur le chemin ! j'ajoute en lui souriant.

-Vous voulez pas qu'on prenne le raccourcit, pour aller chez toi, Saya ?

-Non, on va se perdre ! Tu te souviens pas l'hiver dernier ? Avec toute la neige on avait pas trouvé sa maison ! réplique Isuzu, en rigolant à moitié.

-Alleeeeer, j'ai carrément froid moi ! J'ai dû prêter mon pull à une CERTAINE personne, et depuis je me les gèles ! dit Yuki en me regardant d'un œil presque mauvais.

-Comme j'ai pas envie de lui rendre, je vote pour ! dis-je en riant.

-Deux contre un, je me vois dans l'obligation de vous suivre... Mais je vous aime pas ! dit Isuzu, en commençant à marcher vers le raccourcit.


Sans que cela ne nous étonne, Isuzu se met à bouder, et ce durant plus de la moitié du trajet. Je me retourne de temps en temps vers elle, et pouffe discrètement, tandis que Yuki ne se cache même pas pour se moquer d'elle. J'ai l'impression de revivre de vieux souvenirs, quand on était encore enfants. Et ça me met du baume au cœur.

La neige commence à tomber drue, alors que nous marchons toujours vers chez moi. Elle tient parfaitement au sol, à croire qu'il fait vraiment froid. Le bruit de nos pas sur la neige est le seul son qu'on entend, infime mais pourtant assourdissant. Je me suis un peu écartée de Yuki et Isuzu, et tout me semble incroyablement calme. Et, soudainement, l'expression « le calme avant la tempête » me vient à l'esprit. Une idée de génie éclaire mes pensées. Je me baisse rapidement, toujours sans bruit, et forme deux boules de neiges plus ou moins rondes.

À cause du froid, mes doigts me font mal, mais je surmonte la douleur du mieux que je peux, n'ayant pas envie de les lâcher. Une fois prêtes, je me rapproche rapidement de mes cibles, qui ne voient absolument pas mon objectif, et lance mes missiles glacés. Isuzu est touchée en première, poussant un couinement en recevant la boule de neige sur son crâne, faisant rire Yuki à gorge d'éployer quand il se retourne. Du moins, jusqu'à ce que je lui lance ma seconde boule de neige en pleine tête.

Alors, il s'arrête net. Lorsqu'il relève la tête, je sais qu'il n'y a plus qu'une chose à faire : courir le plus rapidement possible jusqu'à chez moi !


Notre bataille ne prend fin que quand on entre finalement dans la maison, essoufflés, trempés et gelés. On se déchausse rapidement dans l'entrée, toujours en rigolant plus ou moins.

-Je suis rentré ! crions-nous simultanément en entrant.

C'est Akina qui vient nous accueillir, tout sourire, emmitouflée dans un plaid qu'elle a dû trouver dans le salon.

-Bienvenue à la maison, grande-sœur !! Tu t'es réconcilié avec grand-frère Yuki et les autres ?! Il faut que j'aille le dire à maman ! dit-elle, avant de faire demi-tour en courant, toute excitée par la nouvelle.

-Ta sœur est vraiment trop mignonne, Saya ! me dit Isuzu.

-Et te ressemble vraiment trop... renchérit Yuki.

-Je trouve pas tellement... A par peut être les yeux... Et encore... dit Isuzu en me détaillant.

-Mais si, je te jure ! C'est exactement elle quand elle était petite ! Tu vas voir Saya a une photo d'elle petite dans sa chambre, et c'est vraiment les mêmes ! rajoute Yuki, renforçant de l'étrangeté à cette conversation.

Je lève les yeux au ciel, et les laisse débattre sur ce sujet pendant qu'on enfile nos chaussons. On monte ensuite rapidement dans ma chambre, non sans avoir salué ma mère et Mioko, mon père étant encore au boulot. Ça me gêne un peu d'être avec Yuki dans cette chambre, avec ce qu'il s'y est passé la dernière fois. Lui n'a pas l'air perturbé plus que ça, et s'assoit sur mon lit tranquillement. Ça me rassure, quelque part. Ce n'est par contre pas le cas d'Isuzu, qui n'a pas l'air à l'aise, ainsi entourée des deux personnes à qui elle a brisé le cœur. C'est tellement évident, que j'ai même un peu de peine pour elle.


Keiji fini par arriver, environ 20 minutes après nous, et monte directement dans ma chambre. Et au vu de ce qu'il dit en entrant, il a sûrement été accueilli par ma sœur, lui aussi.

-Akina te ressemble de plus en plus Saya !

-Ah non, tu vas pas t'y mettre, toi aussi ! C'est normal qu'elle me ressemble, c'est ma sœur je vous rappelle ! dis-je à moitié en rigolant, à moitié réellement ennuyé par ce sujet.

-On a pas regardé la photo, Yuki ! réplique Isuzu, ne prenant pas le moins du monde en compte ma réplique.

-Quelle photo ?

Sur cette question de Keiji, Yuki se lève et attrape la photo de ma mère et moi sur mon bureau. Sans même me demander. Je rêve, il fait vraiment comme chez lui !

-Regarde Isuzu, j'avais raison ! dit-il.

Il montre bien haut la photo pour que tout le monde la voit, et mes trois amis se mettent à l'observer. Ils m'épuisent vraiment. Ma mère est jeune sur cette photo, elle doit avoir 25 ans, tandis que j'en ai 6. Mes parents m'ont eu extrêmement tôt, mais ma mère n'a jamais eu l'intention d'avorter. Elle était encore mannequin, à l'époque à laquelle la photo a été prise, et elle est vraiment belle. Je les laisse parler sur cette photo un moment, attendant que le sujet les fatigue. j'ai vraiment envie de parler du voyage, personnellement.

Mais à mon plus grand bonheur, ils se lassent rapidement, et on entame les préparatifs du voyage. C'est compliqué de se mettre d'accord, on veut presque tous voir des choses différentes. On finit tant bien que mal à trouver un terrain d'entente, et on va tous devoir faire des concessions. Il ne reste plus qu'à demander à nos parent, puis d'acheter les billets, et ce serait OK. Le concert est la semaine prochaine, maintenant, y a plus qu'à attendre. 

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