12.
On fini rapidement de manger, faisons la vaisselle, puis montons nos affaires pour travailler dans la chambre de Yuki. On se remet à travailler, cette fois-ci autour de la table basse dans sa chambre, un peu plus au calme. Yuki nous propose d'aller se laver chacun notre tour, et on accepte avec joie. Keiji est le premier à y aller, puis viens mon tour. Cette fois-ci, je n'oublie pas de prendre mon pyjama avec moi, et vais dans la salle de bain.
Je me démaquille avant d'aller me doucher rapidement. Je me sèche ensuite, puis enfile mon pyjama, et j'ai opté cette fois-ci pour un leggins et un débardeur. Au moins, je ne sentirais pas le regard de Yuki sur moi. Bien qu'après réflexion, je ne pense pas que ça change quoi que ce soit. Je soupire, et rejoint la chambre en chassant mes pensées idiotes.
Mes trois amis sont aussi concentré qu'avant mon départ, et ça m'épuise totalement. Isuzu va me remplacer sous la douche, et je me remet à travailler, sans grande motivation. Je me demande vraiment comment ils font pour arriver à travailler aussi longtemps.
Vers 22 heures, alors que même Yuki a finit de se doucher, on est encore en train de travailler. Enfin, disons qu'ils sont encore en train de travailler. Personnellement, j'ai abandonné depuis un petit moment déjà, et je me suis mise à jouer à Animal Crossing sur mon portable. Kuro est venu me tenir compagnie, et ronronne sur mes genoux. Je le caresse de temps en temps, craquant totalement devant sa bouille adorable. Qu'est-ce que j'aime ce chat !
Au bout d'un moment, Yuki semble se rappeler de mon existence, et me demande si j'ai sommeil. Et je pense que simplement en regardant mon visage il a sa réponse. J'acquiesce tout de même, et Isuzu semble se réveiller, disant qu'elle aussi est crevée. Ils décident donc de faire comme moi, et d'arrêter de bosser, pour mon plus grand plaisir.
Il s'agit donc maintenant de choisir qui dort avec qui. De façon logique, comme à Tokyo, Keiji et moi proposons de se répartir en deux chambres, soit une pour les fille, et une pour les garçons. Yuki semble d'accord, avant que cette diablesse d'Isuzu rajoute son grain de sel.
-Dis Yuki, si ça te dérange pas, je peux dormir avec Keiji?
-Euh, Isuzu, t'es sûre? demande Keiji, d'un air extrêmement gêné.
-Attend, attend, c'est mieux de faire une chambre fille et une chambre garçon, non?
-En même temps c'est vrai qu'un couple à besoin d'intimité. dit Yuki, acquiescé par Isuzu.
-Ouais, mais c'est un peu gênant comme situation. dit Keiji.
Malgré tout, j'ai l'étrange impression qu'il a l'air d'accord avec Yuki. Cette affaire sent mauvais pour moi.
-Bah, profitez-en ! Enfin je suis pas en train de vous dire de baiser dans ma chambre d'amis, hein, soyons bien clair. Mais ça vous ferait pas de mal un petit tête à tête... dit Yuki, l'air soudain sûr de lui.
-Ok. Va pour cette répartition des chambre, alors. finit par lancer Keiji.
-Quoi?! Mais... dis-je, vite coupée par tout le monde qui se lève.
Me laissant seule avec mon désaccord, ils vont tous les trois dans la chambre d'amis pour préparer les futons. Je reste bouche bée une seconde, et même Kuro finit par m'abandonner, sortant de la chambre sans un mot. Super, merci Isuzu pour ton soutient ! Je soupire et cache mon visage dans mes mains. J'ai très peur de ce qu'il va se passer à partir de maintenant. Ces derniers temps, Yuki semble beaucoup plus entreprenant qu'avant Tokyo. À chaque fois qu'on est juste tous les deux, il se met à me taquiner, et cherche le contact. C'est pour ça que j'avais pas trop envie de venir travailler ici, à vrai dire. Mon instinct ne m'a pas mentit.
Je soupire de nouveau et regarde le plafond, sentant mon cœur s'affoler. Je suis épuisée par tout ça. Et j'ai carrément peur de ce qu'il va se passer. S'il m'embrasse, ou me touche, je sais que je pourrais pas lui résister. Pourtant, j'ai pas envie de devenir la fille avec laquelle il ne fait que coucher. Mais en même temps, j'ai pas non plus envie d'être sa copine, par peur de le perdre. C'est vraiment le bordel.
J'insulte par la pensé Isuzu de tout les noms, sûre qu'elle a prévu tout ça depuis le moment où Yuki nous a invité. Quand on parle du loup, la voilà qui entre dans la chambre, suivie de Yuki, et je lui lance un regard assassin. Elle me glisse a l'oreille un « désolée! », tout sauf sincère, alors qu'elle reprend sa peluche, que j'ai toujours dans les mains. Elle nous souhaite bonne nuit, avant de sortir, me laissant seule avec Yuki.
Un silence gênant emplit la chambre, alors que Yuki prépare mon futon pour dormir. Je me suis calmement installé sur son lit en attendant, les jambes repliées contre ma poitrine, et le dos contre le mur. Je lui ai proposé mon aide, mais il a refusé. N'en pouvant plus de ce silence assourdissant, je finis par allumer la télé. Je cherche quelque chose à regarder, pour finalement tomber sur un manga que j'aime beaucoup, Le Garçon d'à côté.
-Ah non pas un shojo à l'eau de rose ! dit-il en regardant ce que j'ai mit.
-J'aime bien, moi ! Et celui là est vraiment marrant.
-Ouais enfin, marrant est un bien grand mot ! Entre les yaois et les shojos, de toute façon les deux sont nuls. dit-il, critiquant délibérément mes genres de manga préférés.
Je lève les yeux au ciel devant sa puérilité, et en profite pour me moquer de lui. Je suis toujours prête pour ça.
-Ah oui, je vois que t'es un connaisseur ! Je suis sûre que c'est bien mieux les ecchi et les hentai, hein, monsieur le pervers !
-Eh, les ecchi, c'est bien ! Par contre les hentai, c'est pas trop mon truc, les tentacules, tout ça... dit-il en rigolant.
-Aaah c'est horrible ! dis-je en riant. Mais les ecchi aussi c'est pour les pervers, de toute façon, donc j'imagine que ça te correspond aussi!.
-Tu dis ça, mais tu regardes et lit des yaoi, donc niveau perversion, tu te calmes ! dit-il en riant lui aussi.
-Mouais. Je suis pas sûre.
Le silence se fait de nouveau, tandis que Yuki s'affaire toujours à faire le lit. Mais je trouve ça trop beau pour être vrai. C'est pas si facile que ça, de faire taire Yuki.
-Bon, change en tout cas ! demande-t-il encore une fois.
-Mais j'aime moi ! J'enlève quand t'as finit ! dis-je, très sérieuse.
-Ça tombe bien, j'ai fini ! annonce-t-il en se relevant, et en s'asseyant à mes pieds.
-On attend juste la fin de l'épisode, steeuplait ! le supplié-je.
-Ouais et après ce sera un autre, je te connais. Donne cette télécommande !
Je le regarde, interdite. J'ai comme une impression de déjà-vu, et ça ne me dit rien qui vaille. Mon cerveau se met à réfléchir à toute vitesse, et alors que je décide de lui passer la télécommande, Yuki est plus rapide que moi. Il se tourne vers moi, et attrape ma cheville gauche avant de tirer dessus. Je m'y attend pas, et un couinement m'échappe.
En une fraction de seconde je me retrouve en dessous de lui, les mollets dépassant du lit, et lui étrangement placé entre mes cuisses. Qu'est-ce que je disais, un gros air de déjà-vu. Beaucoup trop gros.
-Tu devrais apprendre des tes erreurs Saya, c'est toujours moi qui gagne. dit-il de sa voix suave.
Je déglutis, et mon pouls s'emballe. Ça va mal finir pour moi. J'en suis sûre quand il se baisse vers moi, approchant son visage du mien.
-J'apprends de mes erreurs. J'allais te donner la télécommande, alors laisse-moi !
Il se tait, et plonge ses yeux dans les miens. J'ai l'impression qu'il sonde mon âme, et je détourne très rapidement les yeux. J'ai peur de ce qui m'attend si je ne réagis pas. Il faut que je dise un truc. Mais ma voix semble bloquée dans ma gorge. Impossible de dire quoi que ce soit.
-J'en ai marre de tout ça, Saya. finit-il par dire, très sérieusement.
-Comment ça? demandé-je mon cœur ratant un battement, les sourcils froncés.
-Notre jeu là, j'en ai marre.
J'ai l'impression que mon cœur est remonté dans ma gorge. Tout ça n'est qu'un jeu pour lui ? Oh, merde. Merde, merde, merde, merde.
-Quel jeu ?
-Haha, c'est aussi possible que je sois le seul à voir ça comme un jeu. Mais j'en ai marre. me répond-il, toujours sur le même ton.
-Mais, de quoi tu parles ?
-De nos sentiments Saya. J'en ai marre que ce soit la seule chose dont on ne parle pas!
-Nos sentiments? chuchoté-je.
-Oui, nos sentiments. Je suis pas débile, j'ai bien remarqué que t'étais plus comme avant avec moi. Et j'espère que tu as remarqué que c'est pareil pour moi.
Il passe son pouce sur ma pommette, et ce simple contact me donne des frissons dans tout le corps. Il est vraiment en train de me dire ce que je crois ? C'est pas une blague ? À partir de ce moment, j'oublie tout le reste. Mes peurs débiles, mes angoisses et ma gêne.
-T'as les même sentiments que moi?... murmuré-je, les yeux écarquillés de surprise.
-Haha, la tête que tu fais Saya! se moque-il, avant de continuer plus doucement. Bien sûr que j'ai les mêmes sentiments que toi. Je t'aime Sayako.
Mon esprit se vide. Je ne sais plus comment penser. Comment respirer.
-Mais, je...
-Quoi "je"? Dis juste que toi aussi, abrutie ! dit-il en riant doucement.
-Je t'aime. dis-je dans un souffle.
-Je sais. répond-il, avec le sourire le plus beau et le plus éblouissant que j'ai jamais vu.
Il se relève doucement, me permettant enfin de m'asseoir. Je me rend compte que j'ai toujours la télécommande dans les mains, et éteint rapidement la télé. J'évite soigneusement de regarder Yuki, alors que je suis certaine qu'il me fixe intensément. Je fais semblant de bailler, comme pour lui faire savoir que je suis fatiguée, et descends m'asseoir sur le futon. Je recommence à avoir peur. Et si on gâchait tout ? Et si on se séparait, et qu'on finissait par ne plus jamais se voir ? Je peux pas faire ça.
-Tu crois faire quoi là ? Je suis carrément dans l'ambiance, et ça c'est de ta faute ! Prends tes responsabilités maintenant.
-Quoi?! Mais j'ai sommeil, et il est tard. Et on commence à peine à sortir ensemble! répliqué-je.
-Hum, c'est vrai que le fait de sortir ensemble à toujours été très important dans notre relation. Je veux dire, c'est pas comme si on avait couché ensemble sans être en couple, et sans sentiments... dit-il le sourire aux lèvres.
Et comme pour me défier, il fait rapidement passer son T-shirt au dessus de sa tête, avant de le balancer un peu plus loin. Le vue de son corps accélère mon rythme cardiaque, et je sens le rouge me monter aux joues. Mes yeux s'aventurent contre mon gré sur son torse finement musclé, et une vague de chaleur les accompagnent. Bordel.
-Qu'est-ce que tu fais ?
-T'inquiètes pas, la deuxième fois ça fait moins mal.
-Je pensais pas à ça, pervers. dis-je en reculant.
-Moi, si !
Sur ces mots, il me rejoint en deux pas, et m'attrape. Je couine de nouveau, et me sens soulevée dans les airs. Il me dépose sans problème sur son lit, tandis que mon esprit ne suit plus du tout ce qu'il se passe. Et mon cœur encore moins. Je le sens battre à la chamade, et être aussi paumé que moi. J'ai envie qu'on le fasse. Je n'ai pas envie qu'on le fasse. J'en meurt d'envie. J'ai peur. Peur de mes sentiments, et des siens. Peur de ce nous qui se profil à l'horizon.
Yukihito n'a par contre pas l'air stressé le moins du monde, fidèle à lui-même. Mais il sent ma détresse, comme il la sent toujours. Il attrape doucement mon visage, et l'entoure délicatement de ses deux mains.
-Tu veux vraiment pas ?
Je sens dans ses yeux sa détresse, autant qu'il doit parfaitement voir la mienne.
-J'ai peur... soufflé-je.
Son regard parcours chaque parcelle de mon visage, avant que sa bouche ne prenne sa place. Il embrasse mon front, mes tempes, mes joues, mes paupières... Chacun de ses baisers ressemblent à la caresse d'un pétale de fleur sur ma peau. Fugitif, et extrêmement doux. Les yeux fermés, apprécie chacune des sensations qu'il me procure. Il s'arrête finalement, et je rouvre les yeux.
-Moi aussi, j'ai peur. J'ai l'impression que c'est la première fois que je ressens ça. murmure-t-il.
Ses iris observent une nouvelle fois mon visage, avant de finalement se poser sur mes lèvres, coupant mon souffle dans ma gorge. Puis, doucement, Yuki avance son visage vers le mien, et m'embrasse, presque pudiquement. Ce n'est pas comme la dernière fois. J'ai l'impression que mon cœur explose dans ma poitrine, en un millier de papillons, qui vont se balader dans tout mon corps. Quand il se détache de nouveau de moi, et lâche mon visage, qu'il tenait toujours entre ses mains, j'ai pris ma décision.
Je lui souris, et attrape son bras, pour doucement tirer dessus. Et quand enfin son visage est tout près du mien, je l'embrasse, sans aucun complexe. À quoi bon avoir peur ? On verra bien où le futur nous mènera. Ça sert à rien d'avoir peur maintenant.
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