Chapitre 19

Neal commanda une bière, gagna l'extrémité opposée du zinc avec un pâle sourire. Il avait dit un truc idiot, mais cela avait suffi pour faire rire une bande de très jeunes femmes. Il en avait ressenti une sorte de fierté, qui lui avait mis du baume au cœur, l'incitant à espérer que son plan marcherait. Il n'avait plus eu de contact avec de charmantes donzelles depuis tant d'années, qu'il craignait de ne pas savoir s'y prendre. Aussi avait-il tout prévu.

Le jeune homme demanda un verre de rhum, s'éloigna vers une table du fond protégée de la lumière d'où il pouvait tranquillement observer l'ensemble de la salle, notamment le groupe de midinettes. C'était la première fois, depuis la disparition d'Emma quatre ans auparavant, qu'il remettait les pieds dans un bar pour une raison autre que se bourrer la gueule.

Il n'avait pas vraiment eu le choix : quelques mois plus tôt, il avait commis une erreur de débutant, — arrêter un innocent sans avoir vérifié son alibi, ou plutôt son absence d'alibi —. Son capitaine l'avait ensuite convoqué, lui demandant de s'expliquer sur ses retards continuels et sur son manque d'investissement lors de ses enquêtes, ajoutant qu'il le couvrait depuis bien trop longtemps maintenant.

Le policier avait menti : s'il y avait bien une chose qui ne lui avait jamais fait défaut, c'était son extraordinaire don pour le mensonge. Il avait confessé, les larmes aux yeux, — c'était réellement un excellent comédien —, que sa femme avait été très malade, qu'elle allait mieux aujourd'hui, et que tout allait rentrer dans l'ordre. Son chef lui avait dit qu'il comprenait mais qu'il fallait dorénavant que son meilleur élément se reprît en main.

Ce fut le coup de fouet dont il avait besoin. Jamais, jusqu'à présent, il n'avait mécontenté son chef. Il devait cesser de se morfondre, faire preuve de volonté, redevenir l'homme qu'il était, retrouver son épouse. Il fit de réels efforts car il ne pouvait pas se permettre de perdre son boulot.

Il appréciait, en effet, d'être un héros. Il lui était même vital d'être ce héros, ce héros qui trouvait toujours les coupables. Ceux-ci, bien souvent, étaient innocents, il ne l'ignorait pas. Il suffisait qu'ils ne puissent prouver leur alibi. C'était fou, d'ailleurs, le nombre de gens qui passaient leurs soirées seuls chez eux. Leur innocence lui importait peu : il fallait bien faire monter les chiffres. Cela plaisait à sa hiérarchie, dont il tenait à avoir l'estime.

Mais ces derniers temps, il avait terriblement besoin d'argent. C'était le second motif pour lequel il ne pouvait être licencié. L'abandon et la trahison de son épouse lui coûtaient cher en pressing, en restaurant, en hôtellerie : sa maison était devenue une véritable porcherie car ce n'était pas son rôle d'effectuer les tâches ménagères. Il continuait d'y vivre, bien sûr, d'autant que c'était le seul endroit où il pouvait tranquillement boire et tenter de se souvenir de sa conjointe. De plus en plus souvent cependant, il dormait à l'hôtel, juste pour se blottir dans des draps propres qui lui rappelaient ceux dans lesquels il faisait l'amour à sa femme. Penser à elle le rendait tout à la fois ivre de rage, de colère et de tristesse. Il ne la laisserait pas, de surcroît, détruire sa carrière.

Il avait décidé qu'il devait ce soir se trouver une amante. Depuis l'incompréhensible disparition d'Emma, il n'avait plus fait l'amour, lui qui avait l'habitude de baiser presque tous les jours, parfois même plusieurs fois par jour. Il avait tenté à maintes reprises de faire la chose, cherchant des prostituées blondes comme substituts, si ce n'était qu'il n'arrivait plus à bander, même lorsqu'il essayait de se masturber dans sa salle de bain, lieu où il avait tant aimé prendre passionnément le petit cul de son adorée. Mais ce soir, ce serait différent, il en était certain. Tout comme il était certain que cela lui permettrait de retrouver un semblant d'équilibre et d'énergie, une énergie dont il avait besoin s'il voulait retrouver son épouse.

Il avait fait provision de petites pilules bleues avant de se rendre dans un bar fréquenté, il le savait, par des jeunes du Fisher College. Il avait glissé son alliance dans sa poche, avant d'y entrer. Il se demanda pourquoi il n'y avait pas pensé auparavant. Il savait depuis longtemps qu'il était attiré par les jeunes femmes, ce n'était pas pour rien qu'il avait épousé Emma. Mais les étudiantes l'impressionnaient avec leurs grands mots, aussi n'avait-il jamais osé.

Ce soir, pourtant, ce serait différent. Il n'avait nulle intention de parler : il voulait juste baiser. Il s'était fait beau, avait teint ses cheveux dans un châtain très clair qui le rajeunissait, s'était rasé de près, autant le visage que le corps, avait mis des vêtements qu'il venait de récupérer au pressing. Il avait complété l'ensemble par une paire de lunettes aux sombres montures rectangulaires.

Il remercia son métier pour lui avoir appris l'art du déguisement : il serait dorénavant difficile de le reconnaître. Il avait déjà repéré sa proie, une blondasse aux yeux verts, pas aussi verts que ceux de son Emma, mais cela ferait l'affaire. Il avait pris son air le plus gentil, le plus charmant, le plus timide, cet air qu'il prenait lorsqu'il devait obtenir les aveux d'un suspect sans passé criminel, cet air où il paraissait si compréhensif, si plein de bonté.

La blonde croisa encore son regard. Il ne détourna pas les yeux. Cinq minutes plus tard, elle le rejoignit d'un pas nonchalant, tenant son verre à la main :

— « Vous me regardez depuis tout à l'heure. Auriez-vous envie de parler ?

— Je suis pas doué pour cela, répondit Neal. Mais je sais reconnaître ce qui est beau. »

La jeune femme sourit, s'assit à sa table :

— « Moi, c'est Andréa.

— Peter. »

Il n'ajouta rien, but une gorgée de rhum, continua de l'examiner avec un petit sourire, savourant le mensonge qu'il venait de faire. L'étudiante remua la tête pour ramener sa chevelure en arrière. Il la trouva un peu plus jolie qu'au début, bien qu'elle n'eût rien d'Emma.

« J'aimerais une soirée sans prise de tête, finit-il par confier.

— J'aimerais beaucoup m'amuser avec un beau gars comme vous.

— Suis-je un plan drague ?

— Seriez-vous choqué si je disais oui ?

— Non. Cherchez-vous un homme, un vrai ?

— Peut-être, fit-elle avec un air coquin.

— Il vous faudra être convaincante. Les vrais mecs sont particulièrement difficiles à contenter. Êtes-vous prête à aller jusqu'au bout ?

— Oui, répondit-elle en le regardant bien dans les yeux. »

Ils décidèrent de prendre une chambre d'hôtel, dans une chaîne qu'il connaissait, dont il se souvenait parce qu'il y avait peu de caméras de surveillance. Il paya celle-ci en liquide, ne souhaitant pas laisser de trace. Il la fit passer devant lui, afin de pouvoir avaler en toute discrétion deux petites pilules bleues. Il savait qu'il fallait attendre un peu avant que celles-ci n'agissent. Il avait pris l'habitude, lorsqu'Emma était encore présente, de les prendre en sortant du commissariat, afin d'être prêt pour sa femme dès son arrivée chez lui. Mais il avait un plan, savait comment il allait gagner du temps.

Il avait longuement réfléchi à ses problèmes d'impuissance. Il était un mec, un vrai : il n'y avait aucune raison pour qu'il se heurtât à ce petit souci. Son embarras ne pouvait être dû qu'à la traîtrise de son épouse, au traumatisme profond qu'elle lui avait infligé en disparaissant. Il avait ainsi réalisé qu'il y avait un « avant Emma », un « Emma » et un « après Emma ».

Il n'avait eu aucune difficulté « avant Emma ». Le seul truc qui l'intéressait, c'était de baiser le plus souvent possible. Il allait très souvent voir des prostituées, des femmes vulgaires, pas très belles, parce que c'était beaucoup plus facile, et qu'il n'avait nulle envie de se prendre la tête pour s'envoyer en l'air. Parfois, il se foulait un peu pour trouver une femme plus belle. Il ne cherchait pas à la revoir, elle ne cherchait pas à le revoir, il s'en foutait totalement, bien qu'il ressentît parfois un peu de peine en constatant qu'aucune des minettes qu'il s'était fatigué à draguer ne le recontactait.

Puis il y avait eu « Emma ». Jamais il n'avait éprouvé une telle sensation. Il l'avait immédiatement désirée, avait voulu la plaquer sur une table pour l'enculer d'un coup sec, avant de l'empaler profondément encore et encore jusqu'à la faire hurler de plaisir, puis de la retourner, de l'attacher et de la prendre sauvagement par devant. Puis de recommencer à nouveau, et de recommencer, et de recommencer. Jamais une femme ne lui avait fait cet effet-là.

Bien sûr, lors de leur nuit de noce, il l'avait honorée comme il le fallait. Il n'était pas un pédé. Découvrir qu'elle était vierge, la dépuceler avec passion, lui avait procuré un plaisir comme il n'avait jamais rêvé en éprouver, à lui, comme à elle. Mais lorsqu'ils avaient été dans la douche, lorsqu'il avait vu ses petites fesses, son pénis s'était instantanément mis au garde à vous et il n'avait pu résister. C'était la première fois qu'il pénétrait un cul. Jamais auparavant il n'avait osé faire une telle chose. Mais comme il s'agissait de son épouse, qu'elle lui appartenait, qu'elle était à sa totale disposition, il avait cédé à ses fantasmes. Il se souvenait de cette jouissance comme d'un des meilleurs moments de sa vie. Rien n'était plus extraordinaire que d'enculer sa propre femme. Il était marié après tout. Personne ne pourrait le traiter d'homo. De plus, ce qui se passait dans la chambre à coucher d'un homme et de son épouse ne regardait qu'eux.

Il avait mis longtemps à comprendre qu'Emma était la première femme qu'il avait véritablement désirée, les autres n'étant qu'un moyen hygiénique de se satisfaire. La première et la seule. C'était parce qu'il avait voulu pouvoir recommencer encore et encore qu'il avait pris les petites pilules bleues. Il refusait de devoir attendre d'être « à nouveau prêt » pour faire l'amour à sa conjointe. D'autant plus, qu'il avait dû patienter plus d'une année avant de la posséder charnellement. C'était donc bien de la faute d'Emma si maintenant il n'arrivait pas à baiser une autre nana. Une autre raison pour la punir, une autre raison pour allonger la longue liste de toutes les raisons qu'il aurait de la punir lorsqu'il la retrouverait.

Il avait longuement réfléchi à cela. Comment bander quand la seule femme qui le faisait bander avait disparu dans la nature depuis quatre ans ? Il avait fini par réaliser que les prostituées ne l'aideraient pas à résoudre son dilemme. Aussi avait-il imaginé de reproduire des circonstances identiques, en l'occurrence : trouver une petite nénette ressemblant vaguement à Emma. C'était maintenant chose faite. Restait à appliquer la suite de son plan.

Il regarda le petit cul de la jeune femme devant lui alors qu'ils entraient dans l'ascenseur. Une fois les portes fermées, il passa sa main sur les fesses tendres, les tâta avec une délicatesse dont il ne se serait pas cru capable, s'approcha doucement de son dos pour lui murmurer à l'oreille :

— « Prête à satisfaire un vrai mec ? »

Elle hocha la tête, poussant un léger soupir tandis qu'il continuait de palper sa croupe. Il n'aimait pas agir ainsi. Il n'aimait pas être lent, il n'aimait pas être tendre. Tout cela n'avait rien de viril et lui, c'était un vrai mec. Mais, à cause d'Emma, il n'avait pas le choix. Il devait attendre que les petites pilules fassent leur effet, ce qui impliquait de devoir prendre son temps. L'avantage, c'était qu'elle risquait moins de s'enfuir. Il espérait également que ce ne serait pas trop long, inquiet de ne pas sentir le moindre frétillement dans son pénis.

Il ne fallait pas qu'il s'angoissât. Il avait eu du mal également la première fois. Il avait payé une prostituée, assez cher pour qu'elle restât toute la nuit. Mais lorsqu'elle s'était déshabillée, il n'avait pas réussi à bander. Il avait dû avouer, à sa grande honte, que c'était sa première fois. Ce n'était pas avec la messe et le catéchisme obligatoires tous les jours qu'il avait pu s'initier aux joies de la sexualité. Mais la jeune pute qu'il avait choisie avait su créer son désir. Il avait décidé de considérer cette nuit avec cette fille, — comment s'appelait-elle déjà, ah oui, Andréa, il ne fallait pas qu'il se trompât —, comme son dépucelage, son dépucelage pour un après « après Emma ».

Il referma à clef la porte de la chambre derrière lui. Il se souvint inopinément d'allumer le second interrupteur car celui-ci commandait la lampe de la table de nuit. Il se retourna lentement pour la regarder dans la pénombre. S'il avait été prêt, il l'aurait certainement jetée sur le lit, aurait soulevé sa jupe pour arracher sa culotte afin de la prendre immédiatement, de s'enfoncer en elle d'un coup rapide et profond. Il fut étonné de l'entendre dire :

— « Comment doit-on satisfaire un vrai mec ? »

Il lui sourit. Parfait. Cette fille allait lui simplifier la vie.

— « Elle doit réussir à réveiller le désir du vrai mec, pendant que celui-ci fait tout pour lui résister. »

Elle le prit par la main, l'entraîna en direction du lit, en ouvrit les draps. Elle se retourna, lui jeta un regard taquin :

— « Si Monsieur veut bien se donner la peine. »

Monsieur se donna la peine, s'assit lentement sur le rebord du matelas. Elle se mit à genoux entre ses jambes, afin de dénouer ses lacets pour lui ôter ses chaussures. Le policier apprécia de la voir dans cette position soumise. Il refusa qu'elle le déshabillât, préférant enlever lui-même sa veste, sa chemise, ses lunettes. Sans la quitter des yeux, il sortit d'une poche quelques préservatifs qu'il jeta vers le haut du lit. Il détacha sa ceinture, qu'il retira et balança en direction des capotes. Il s'allongea sur le dos, ne gardant que son pantalon. Elle comprit ce qu'il attendait, commença un strip-tease langoureux. « Vingt minutes, pensa-t-il, vingt minutes et je pourrais bander ». Elle dut sentir qu'il s'ennuyait car elle termina rapidement. Sa nudité lui confirma qu'il l'avait bien choisie. Elle était mince, comme Emma, musclée, avec de tout petits seins. Il détestait les grosses poitrines.

Elle se mit à califourchon sur le ventre plat du détective. Il sentit le sexe de la femme légèrement humide. Au moins, il lui faisait de l'effet, à défaut qu'elle lui en fasse. Elle caressa son torse, se pencha pour lécher sa poitrine, s'attardant sur ses mamelons. Elle les embrassa d'abord les lèvres serrées, les frôlant à peine. Elle les effleura ensuite du bout de sa langue, puis à pleine bouche. Elle se mit alors à les mordiller. Il fut étonnamment surpris d'en éprouver une forme étrange de plaisir. Il regretta un instant de n'avoir jamais forcé Emma à lui faire de telles choses. Cela vaudrait la peine d'y réfléchir lorsqu'il récupérerait son épouse. Il posa une main autoritaire sur la chevelure dorée de l'étudiante pour l'inciter à continuer. Cette fille savait clairement s'y prendre. Elle le mordit plus fort. Il ne put retenir un petit gémissement. Il ne bandait toujours pas, mais il ne douta pas de finir par y arriver. Il le fallait de toutes manières.

Encore une fois, il sentit sur son ventre l'humidité de la femme augmenter. Il n'aimait pas spécifiquement cela. Il aurait préféré la prendre directement, n'ayant aucune envie de la toucher plus que nécessaire. Encore une fois, il maudit Emma. Il se trouvait, à cause d'elle, dans cette position où il dépendait d'une femelle pour prendre son pied. Habituellement, c'était lui le maître à bord, lui qui donnait du plaisir, lui qui prenait ce dont il avait besoin. D'un autre côté, les efforts de la blonde pour le combler étaient flatteurs. Elle était à son service, telle une esclave satisfaisant son souverain. L'idée lui plut. Il se sentit plus serein.

Lorsqu'elle eut exploré l'ensemble de son torse, elle voulut remonter pour l'embrasser, mais il lui fit signe que non. Elle comprit le message, entreprit de lui ôter son pantalon. Elle parut surprise de voir qu'il ne portait pas de slip, mais ne s'en formalisa pas. Elle descendait déjà vers sa bite toujours aussi molle, à la grande honte de Neal. Elle écarta les jambes du détective, glissant les mains sous les fesses de celui-ci. Elle gémit en saisissant le pénis mou dans sa bouche. Le jeune homme repensa à sa première fois : la jeune pute avait fait cela aussi. Il imagina Emma les poignets attachés aux rebords du lit par les menottes. Il se vit maintenir sa queue entre ses lèvres, afin d'obliger son épouse à lui faire une fellation, une chose qu'il n'avait jamais osé lui demander. Cela marcha : il sentit un léger frémissement dans son phallus.

Tout en lui suçant le gland, elle passait ses doigts sur ses testicules, les caressant, les soupesant dans sa paume, comme un trésor précieux. Il n'avait jamais laissé une femme lui faire de telles choses : cela le plaçait en position d'infériorité, ce dont il avait horreur. Il était impératif qu'il se mît à bander. Il se revit soumettant Emma, la manière dont il la prenait dans la douche, la manière dont il empalait son si charmant petit cul. Il se revit palpant les fesses de l'étudiante dans l'ascenseur. La fille léchait maintenant l'intégralité de sa queue. Hélas, malgré les frissons qu'il ressentait, celle-ci était toujours en berne. Il fallait vraiment que les petites pilules bleues fassent leur effet : il ne supporterait pas une humiliation supplémentaire.

Alors qu'elle saisissait dans sa bouche son pénis dans sa totalité, la fille glissa soudainement ses doigts mouillés sur l'anus de Neal, caressant la fente avec ferveur avant d'y enfoncer l'intégralité de son index. Le policier poussa un gémissement de surprise, tandis que son phallus se mit immédiatement en érection, une érection dont la force le submergea. L'étudiante le suça goulûment tout en faisant des allers-venues dans le cul du jeune homme. Il poussa un cri de plaisir, qu'il n'avait pu retenir. Qu'est-ce que cette salope était en train de lui faire ? Il l'attrapa par les cheveux d'une main, pour la dégager de sa queue, la remonta vers lui tout en la forçant à sortir de son anus avec son autre main. Il la retourna pour se trouver au-dessus d'elle. Elle le regarda avec insolence :

— « Ai-je trouvé le vrai mec ?

— Peut-être, dit-il, se souvenant du rôle qu'il devait jouer. Qu'est-ce qu'une gamine comme toi attend d'un vrai mec ? »

Elle perdit tout à coup toute sa superbe. « Ça y est, pensa-t-il, je vais connaître sa faiblesse et je pourrais en faire mon esclave. » Il lui fit son sourire le plus gentil, celui qu'il faisait dans les salles d'interrogatoire juste avant d'obtenir des aveux. Elle tomba dans son piège, comme tous les autres :

— « Je suis vierge. »

L'intégralité de sa nuit de noce avec Emma l'envahit. L'extrême plaisir qu'il avait ressenti en voyant le sang s'écouler. Son érection devint douloureuse, sans doute parce qu'il y avait bien longtemps qu'il n'en avait ressentie une. Cette fois, cependant, il n'aurait pas toutes les hésitations qu'il avait eues à l'époque.

— « On dirait que tu as trouvé ton maître. Es-tu prête à le satisfaire totalement ?

— Oui, dit-elle en déglutissant.

— Parfait. »

Il attrapa rapidement un préservatif, en ouvrit lentement le sachet sans quitter la blonde des yeux, glissa soigneusement la capote sur son sexe au garde-à-vous. Il plaça lentement ses mains sur les poignets de la fille, les remontant sur les côtés de sa tête, pour qu'elle ne puisse lui échapper. Il la pénétra entièrement de toutes ses forces, prenant à peine le temps de se positionner, tant l'ardeur de son désir l'engloutissait, heurtant l'hymen qu'il anéantit avec toute la violence dont il était capable, satisfait de voir son amante hurler de plaisir. Il utilisa toute sa puissance pour effectuer une quinzaine d'allers-retours, — il les compta dans sa tête —, percutant à chaque fois le fond de son vagin. Il se pencha vers son oreille, sentant au passage les larmes qu'elle avait versée, et murmura :

« Tu jouiras lorsque je jouirais. »

Le sexe toujours en érection, il sortit du vagin de la fille. Il plaça les bras de celle-ci au dessus de sa tête, les maintint d'une seule main tandis qu'il glissait l'autre vers le sexe de son amante, afin d'y chercher du sang. Lorsqu'il la remonta, il fut heureux de voir ses doigts tout ensanglantés. Il positionna son majeur contre la bouche de l'étudiante :

« Le prix de ton dépucelage. Lèche-le. »

Elle s'exécuta. Il ressentit une profonde satisfaction à voir son esclave si obéissante. Emma avait tendance à sans cesse se rebeller contre son autorité, l'obligeant continuellement à la punir. Cette, — comment s'appelait-elle déjà ? Ah oui, Andréa —, gonzesse avait l'air de mieux connaître son rôle.

« Pas mal, Andréa. Je vois que tu comprends ce que c'est qu'un vrai mec. Retourne-toi maintenant. »

Elle le regarda avec ce qu'il prit pour de la surprise.

« Un dépucelage se fait toujours en deux parties. Vu la manière dont tu as réveillé mes sens, j'étais certain que tu le savais. N'est-ce pas pour cela que tu voulais un vrai mec ? Un qui sache te soumettre entièrement ? »

Elle tenta de se dégager, mais il raffermit sa prise sur elle, s'appuyant contre son corps si fin. Il s'empara de sa ceinture, la glissa autour des poignets de la fille pour les lier fermement. Il la retourna en l'attrapant par la hanche, pressant fortement son avant-bras sur son dos pour qu'elle arrêtât de s'agiter. Il passa une main sur ses fesses, palpa à nouveau son petit cul, y mit quelques petites tapes sèches qui firent rougir la chair blanche de l'étudiante. Il sentit son désir et sa queue s'agrandir.

Il pencha la tête, regarda son pénis gonfler plus encore. Il ne savait pas que cela pouvait être possible. Il fallait reconnaître qu'il désirait tant Emma qu'il n'avait jamais pris la peine d'explorer son corps. Cela ne l'intéressait pas. Tout ce qu'il souhaitait, c'était satisfaire son désir pour elle. Mais avec cette jouvencelle, cette Andréa qui n'était pas son épouse, il pouvait prendre un peu de temps. Quelque chose lui disait que ça n'en serait que plus jouissif.

Il s'allongea sur les jambes de la fille pour l'immobiliser totalement. Il écarta le fessier, observa la petite fente toute étroite qu'il allait incessamment sous peu écarteler. Il sentit, à cette idée, le sang battre dans son phallus. Il continua d'examiner les petits plis rosés. Il n'avait jamais fait cela avec Emma, n'en avait jamais pris la peine. Non seulement parce qu'il n'avait pas osé, ayant quelque peu honte, mais également parce que le désir qu'il éprouvait pour son épouse était si intense, si frénétique, qu'il n'avait pas le temps de s'attarder à la regarder.

Tenant toujours les fesses desserrées, il remonta le long du dos de la femme, tout en vérifiant qu'il plaçait correctement son gland contre l'anus de l'étudiante.

« Tu vas t'ouvrir pour moi. Tu vas m'offrir ton petit cul. Tu vas me sentir te pénétrer intégralement et tu vas t'ouvrir encore plus pour me recevoir. Tu vas comprendre ce que cela signifie d'appartenir à un vrai mec et tu vas apprendre à le satisfaire. »

Il força d'un coup sec le petit trou serré. Il espéra que la taille épaisse de son gland la fît encore saigner, comme il avait aimé faire saigner Emma. La fille poussa un cri, de douleur peut-être, mais il s'en foutait.

« Ouvre-toi », murmura-t-il à son oreille. « Laisse-moi te faire jouir. »

L'étroitesse l'avait surpris, le faisant gémir de plaisir, mais il s'enfonça sans hésitation, avec lenteur cependant, tout au plaisir qu'il prenait. Il avait été si rapide avec son épouse, honteux d'avoir si souvent envie de la prendre par derrière. Là, il prenait son temps, savourant chaque poussée qu'il donnait.

« Ouvre-toi, répéta-t-il. Donne-toi entièrement. »

Il sentit les efforts qu'elle faisait pour le satisfaire alors qu'elle s'agitait avec des bramements lascifs. Il gémit de volupté lorsqu'il fut au fond de l'anus, s'appuyant complètement sur le corps de l'étudiante. Il se retira sans pour autant sortir du rectum si serré, se renfonça toujours aussi lentement. Recommença à plusieurs reprises. La lenteur, contrairement à ce qu'il avait pu imaginer, rendait chaque sensation plus intense.

Pousser pour déflorer cette étroitesse, la manière dont les parois enserraient sa queue si épaisse, la manière dont le sang battait dans son phallus, c'était un plaisir si différent de celui qu'il prenait avec Emma. Son épouse le rendait dingue, le faisant constamment perdre le contrôle, l'emmenant à jouir immédiatement. Avec cette fille, paradoxalement, même si ce n'était pas aussi jouissif, il prenait réellement son pied. Il n'avait plus honte : l'expérience acquise avec sa femme lui avait donné confiance en lui, lui permettant d'assumer pleinement ses fantasmes, fantasmes qu'il avait eu quatre ans pour peaufiner.

« Ça te plaît, n'est-ce pas, d'être prise par un vrai mec. Un mec qui te fait vraiment mouiller. »

Elle couina. Il glissa sa main vers son vagin. Elle était un peu mouillée, effectivement, à moins qu'il ne s'agisse du sang créé par sa défloration. Il réalisa qu'il ne s'était jamais posé la question de savoir si Emma mouillait. C'était sa femme. Elle ne pouvait qu'être satisfaite de ses services. Il décida qu'il était temps de lâcher la bride à ses démons. Il se renfonça violemment dans l'anus étroit, estimant qu'était venu le moment où ce petit trou si serré allait lui appartenir réellement.

Tout en pénétrant de plus en plus rapidement le petit cul, qui s'agitait pour être mieux défoncé, il enfonça trois doigts dans le vagin de la minette. Elle poussa un cri plus fort que les autres, qu'il qualifia sans hésitation de « cri de plaisir ». Elle geignit tout au long de ses pénétrations de plus en plus intensives. Il se retirait jusqu'au gland, s'engouffrait à nouveau le plus profondément possible dans son rectum, tout en enfonçant ses doigts dans sa vulve, doigts qui de trois étaient devenus quatre, jusqu'à ce qu'il y mit la main toute entière. Il y avait si longtemps qu'il n'avait pas eu d'érection et, grâce aux petites pilules bleues, il pouvait encore continuer longtemps. Il avait d'ailleurs l'impression que chaque poussée qu'il effectuait le faisait bander encore plus fort. Il accéléra ses mouvements, tendant d'écarteler plus encore l'anus, s'y empalant avec concupiscence.

Chaque coup le faisait gémir, lui arrachant même parfois des vociférations de bonheur extrême. Il savait qu'il n'allait pas jouir de suite car il avait bien l'intention de rattraper ses quatre années d'abstinence forcée. Il revint à des mouvements plus lents, faisant tourner sa queue pour tenter d'élargir le passage toujours aussi étroit. Cette gonzesse était trop bonne et il le lui murmura à plusieurs reprises, tout en mordillant sa nuque, dont il avait dégagé les cheveux.

Elle poussa tout à coup un immense râle, tandis que son anus se resserrait sur son phallus et que son vagin se refermait sur ses doigts, pendant que s'en écoulait du liquide. Elle n'était définitivement pas comme Emma, qui ne produisait jamais tous ces fluides qui l'empêchaient de jouir. Il aimait la sécheresse de son épouse, car c'était ce qui l'emmenait à la jouissance, sachant qu'elle ne jouissait que lorsque lui-même avait joui. Il trouva irrespectueux que l'étudiante jouisse avant lui. Il ne s'arrêta donc pas pour autant, continuant de s'enfoncer, forçant lentement mais fermement le rectum de son esclave.

Il sentit que la fille voulait encore le repousser, mais il ne la laissa pas faire. Elle était plus petite que lui, avait les mains attachées, ce ne fut pas bien difficile. Ôtant les doigts de sa vulve, il souleva son bassin pour la mettre à genoux tout en maintenant sa tête et ses épaules sur le lit. Il constata que la main qui était dans le vagin était couverte de sang, et non de cyprine comme il l'avait cru. Il fut heureux de savoir qu'elle n'avait pas encore joui. Il se concentra à nouveau sur sa bite. Il pouvait, dans cette position, la voir s'enfoncer entre les fesses de la fille, ce qui lui procura d'involontaires frissons de plaisir.

Alors qu'il observait sa queue monstrueusement grosse écarter la fente du petit cul, s'y empaler profondément, il dut reconnaître qu'il était particulièrement doué, sensation qui s'accrut lorsqu'il aperçut du sang s'écouler du rectum. Comme il était agréable de prendre une femme telle la chienne qu'elle était ! Son corps était si affolé qu'il poussait des feulements de jouissance à chaque fois qu'il écartelait les fesses où il s'enfonçait avec fougue.

Il eut l'impression que des heures s'étaient écoulées. Il avait beau prendre un plaisir infini à la pénétrer, bien plus qu'avec Emma devait-il reconnaître, il crut pourtant ne jamais pouvoir jouir. Il finit par comprendre que le seul moyen qu'il avait d'éjaculer était de penser à son épouse. Il ferma les yeux, visualisant les moments savoureux où il la prenait dans la douche, se souvenant des mots qu'elle lui disait, des nuits entières où il l'avait satisfaite. Lorsqu'enfin il jouit, il eut l'impression que son sperme ne cesserait de s'écouler de sa bite. Il regrettait un peu le préservatif car il eut préféré que sa semence s'écoulât du cul de la fille. Mais l'on n'était jamais trop prudent. Il la serra fort dans ses bras et lui dit :

« Tu as été parfaite. »

Il l'enserra encore plus fort. Même s'il lui était difficile de l'admettre, il avait pu jouir avec cette étudiante, ce qui ne lui était pas arrivé depuis quatre trop longues années. Il savait néanmoins qu'il n'avait été entièrement satisfaisait. S'il avait été, il se serait profondément endormi. Or, il n'avait pas sommeil, son corps continuant de bouillonner de désir. La fille, elle, paraissait épuisée, des traces de larmes sur son visage. Des larmes de plaisir, il en était certain. Répétant qu'elle avait été parfaite, sachant cependant qu'il mentait, il lui caressa tendrement les cheveux. Il les trouva bien plus rêches que ceux de sa conjointe adorée.

Elle ne ressemblait nullement à Emma. Son corps, sa silhouette, son odeur étaient différents. Tout était différent. Mais elle lui avait permis de jouir, aussi éprouvait-il une certaine reconnaissance. Il se demanda s'il devait la prendre encore une fois. Une partie de lui en avait envie, mais l'autre partie savait que ce serait tout aussi laborieux, car il ne s'agissait pas de son épouse. Il était conscient de ne pas être réellement satisfait. Pas encore. Il sentit son sexe frétiller, mais l'érection, bien qu'il fît glisser sa queue contre l'anus de l'étudiante, ne vint pas immédiatement. Il continua de se frotter à elle, imaginant qu'il s'agissait d'Emma, une Emma qu'il aurait attachée au montant du lit et qu'il aurait positionnée à genoux. L'image le fit gémir. Il fallut peu de temps pour qu'il bandât à nouveau.

Il se pressa délicatement contre le cul de son amante, la mettant sur le ventre pour mieux entrouvrir ses fesses. Celle-ci se mit à sangloter plus fort, répétant un mot qu'il ne comprit pas.

« C'est normal d'avoir mal la première fois. Tu vas t'habituer et tu auras moins mal au fil du temps », lui dit-il gentiment, tout en continuant de la plaquer fortement contre le matelas. Il attrapa une nouvelle capote.

Lorsqu'il prit à nouveau son petit cul, d'un coup profond qui l'emmena directement au bout de l'anus, elle s'évanouit de bonheur. La voir ainsi inerte, comme son épouse l'avait toujours été, lui permit de jouir rapidement. Ce n'était pas aussi bon qu'avec Emma, mais c'était cependant drôlement agréable. Il put recommencer à plusieurs reprises, remerciant en son fort intérieur les pilules bleues. Il n'hésita pas à la repositionner sur ses genoux, — il lui avait mis des coussins sous le ventre pour la maintenir dans la bonne position —, car, vraiment, voir sa queue gigantesque forcer les plis si serrés du petit trou de son rectum, les écarter pour ouvrir la minuscule fente afin de s'y engouffrer, c'était le summum du plaisir. Pour la première fois de toute son existence, il n'eut pas honte de ses propres clameurs lubriques, imaginant à chaque pénétration qu'il s'agissait de sa tendre épouse, s'enfonçant toujours aussi profondément, tantôt hâtivement, tantôt lentement, mais avec une passion constante.

Combien de fois l'encula-t-il ainsi ? Il n'aurait su répondre à cette question, mais sa frénésie était telle, qu'il ne pouvait s'arrêter. Il savait, bien sûr, que tout cela était de la faute d'Emma. Bien qu'il fût réellement jouissif de vivre enfin ses fantasmes par rapport aux pénétrations anales, — il osa penser le terme exact —, l'étudiante ne pouvait pas vraiment le satisfaire : ce n'était pas sa femme, après tout. Mais il bandait pour la première fois depuis quatre ans, aussi aurait-il eu tort de s'en priver. Finalement, après une énième jouissance, même s'il n'avait nulle envie de dormir, il sentit son désir quelque peu apaisé.

Après avoir délié sa ceinture, il prit la fille dans ses bras, avec une réelle délicatesse, sans oublier de prendre des préservatifs. Il l'emmena dans la salle de bain, la déposa sur le sol avant de régler l'eau. Il plaça ensuite l'ancienne pucelle dans la douche, afin de la rincer. Il la vit ouvrir les yeux. Ils n'avaient pas la couleur émeraude de ceux d'Emma. Ils étaient un petit peu trop clairs à son goût. La blonde essaya de se lever, aussi l'aida-t-il, bien qu'elle tentât de le repousser. Il revit sa tendre épouse avoir les mêmes réactions. Cela suffit à réveiller son désir.

Il la retourna pour la plaquer contre le carrelage du mur blanc, écarta chacune des fesses de la femme. Il l'encula vigoureusement, violemment, heurtant le fond de son anus du premier coup, sans prendre le temps de mettre un préservatif tant son envie était intense. Il fut heureux de l'entendre hurler de bonheur. Sa queue n'avait jamais été aussi dure et puissante. Jamais il ne s'était empalé avec autant de plaisir.

La bloquant contre la paroi, il admira son pénis tandis qu'il ressortait avant de l'écarteler entièrement à nouveau. Sa queue, incroyablement longue et épaisse, était décidément parfaite. Il accentua petit à petit ses va-et-vient, sentant le cul de plus en plus étroit, de plus en plus serré, ce qui rendit ses pénétrations fébriles et profondes, sa bite restant toujours aussi énorme.

Il fut pris d'une fureur intense : toute la rage qu'il ressentait à cause d'Emma s'exprima tandis qu'il enculait furieusement l'étudiante, recommençant sans cesse et sans cesse, incapable de s'arrêter tant son besoin d'Emma était puissant. Il jouit, longtemps après, en poussant un rugissement, enfin pleinement satisfait, tandis que sa semence mêlée de sang s'écoulait de l'anus de la fille, qu'il continua de transpercer, son sexe restant bien dur malgré le sperme qui en jaillissait et qui lui facilitait l'accès. Il la serra encore plus fort contre le mur carrelé, tentant de retrouver son souffle, sentant petit à petit son pénis ramollir.

Il la lava entièrement, ne lésinant pas sur le savon. Il n'oublia pas d'introduire ses doigts enduits d'une capote pleine de savon dans son vagin et son anus, afin de bien les nettoyer. Elle était à nouveau tombée en pâmoison, ce qui lui simplifia le travail. Il l'enveloppa d'un peignoir, la laissa affalée sur les dalles du sol. Il rinça précautionneusement la douche, essuya soigneusement ses empreintes sur le pommeau et les murs. Il récupéra la fille pour la déposer sur la moquette grisaille de la chambre, afin de ne pas la quitter des yeux. Il enleva les draps, l'alèse, retourna le matelas. Il attrapa l'étudiante, qu'il déposa sur le matelas retourné, lui attacha solidement les mains avec la ceinture de la sortie de bain.

Il s'habilla rapidement, remit ses fausses lunettes avant de récupérer les préservatifs, sans oublier ceux qu'il avait utilisés. Il retourna dans la salle de bain, s'observa un instant dans le miroir. Il se trouva plutôt beau. Le petit air triste qu'il avait eu tous ces derniers temps paraissait avoir disparu. Baiser faisait toujours des miracles.

Il saisit au fond de sa poche un petit tube de fond de teint qu'il avait pensé à emmener, s'en enduit le visage. Cela ne lui plaisait pas franchement d'avoir l'air d'un nègre. Même un nègre aussi beau que lui. Mais les nègres étaient toujours coupables de quelque chose, même si dorénavant il était plus convenable de les qualifier de « noir » ou de « black ». Il essuya minutieusement ses doigts sur son pantalon de velours, quitta la pièce.

Après avoir mis des gants de chirurgien, il fouilla les affaires de la blonde, certain d'y trouver un téléphone portable qu'il glissa dans la poche de sa veste. Il débrancha ensuite celui de l'hôtel, qu'il cacha dans un placard près de la douche. Sans avoir ôté ses gants, il sortit de la chambre qu'il ferma à clef.

Il se dirigea vers le bout du couloir, où se trouvait un distributeur de cadeaux en tous genres. Il utilisa un billet de cinquante dollars pour acheter tous les bouquets contenus par celui-ci. Il en utilisa un autre pour se procurer un sac de sport. Il retourna dans la chambre en ayant abandonné la monnaie. Satisfait de voir que la fille était toujours dans les vapes, il enleva le papier translucide enveloppant les fleurs et les disposa artistiquement autour du corps recroquevillé. Entourée de ce cercle fleuri, l'étudiante ressemblait à une publicité pour un parfum. La sortie de bain gâchait un peu l'ensemble, mais il craignait qu'elle n'ait froid, aussi préféra-t-il la laisser couverte par le peignoir. Il se sentit curieusement fier d'en avoir fait une vraie femme. Il hésita un instant, puis décida qu'il valait mieux qu'elle gardât les mains liées.

Il répartit toute la literie dans le havresac qu'il venait d'acquérir. Il avait pris le temps, à l'aide du couteau de militaire pliable qui ne quittait jamais sa poche de pantalon, de découper les draps en plusieurs morceaux fins. Il y ajouta les préservatifs usagés, ainsi que leurs emballages qu'il avait auparavant soigneusement mis de côté. Il n'oublia pas les films translucides dans lesquels étaient enveloppés les bouquets. Il prit dans sa veste le téléphone portable de la fille, le démonta pour en ôter les cartes mémoires. Il les rangea dans le sac de sport, qu'il ferma et endossa. Repassant dans sa tête l'ensemble des gestes qu'il avait effectué, il constata qu'il n'avait laissé aucune empreinte. Au moment de partir, il décida finalement de détacher la fille, qui n'était toujours pas sortie de son évanouissement. À moins qu'elle ne dormît, épuisée par les multiples jouissances qu'il lui avait procurées. Il sortit de la chambre qu'il verrouilla.

Il chercha ensuite le local des vigiles. Il n'eut aucune difficulté à deviner l'endroit où celui-ci se trouvait, car il dormait parfois dans cette chaîne d'hôtels dont les immeubles étaient tous conçus de manière identique. Il ne fut guère étonné de trouver la pièce déserte : les responsables estimaient que les caméras étaient un moyen de protection suffisant. C'était une chose qu'il avait apprise au cours d'une de ses enquêtes. Il récupérera les vidéos de surveillance, y compris les copies. Il s'échappa par la porte de derrière, là où il n'y avait aucun appareil d'espionnage.

Il lui fallut presque une demi-heure pour rejoindre sa voiture, qu'il avait garée dans un coin sombre. Il s'installa au volant, attrapa son arme de service et la flasque de rhum qu'il conservait dans la boîte à gants. Il avala plusieurs gorgées de cette dernière pour se réchauffer : marcher dans la nuit lui avait donné froid. Ses pensées s'embrouillèrent, mais pas suffisamment pour qu'il ne vit l'heure. Quatre heures du matin. Il avait baisé la fille pendant plus de six heures. Il caressa son sexe, en proie à un immense orgueil. Mais il n'avait pas le temps de se masturber. Il devait se dépêcher s'il voulait rentrer chez lui avant le lever du soleil.

Il démarra. Il savait qu'il roulait mal à cause de l'alcool qu'il avait bu, mais c'était un bon flic. Si on l'arrêtait, il ne serait pas emmené au poste, parce que les flics ne s'appréhendaient pas entre eux. Il lui suffirait juste de montrer sa plaque, n'aurait nul besoin de sortir sa carte d'identité, ce qui aurait été gênant vu qu'il avait toujours l'air d'un négro.

Il traversa le quartier des mendiants. Il s'arrêta à plusieurs reprises, s'approchant de leurs feux pour y brûler, petit à petit, le contenu du sac, qu'il abandonna, une fois vidé, près d'une clocharde, qui dormait avec ses deux enfants à même le sol. Elle en ferait certainement un bon usage. Déchirer les tissus s'était avéré une bonne idée : tout était parti en cendres à la vitesse éclair. Les seules choses qui avaient pris un peu de temps étaient les cartes mémoires, mais il s'y était attendu.

Il arriva chez lui au moment où l'aube apparaissait. Il eut besoin, une fois dans sa maison, d'un nouveau verre. Jamais il n'avait eu aussi honte de lui : il venait de tromper sa femme. Une fois encore, Emma l'entraînait vers le bas. C'était néanmoins sa faute après tout : abandonner son mari comme elle l'avait fait. Le laisser seul depuis plus de quatre ans. Il ne niait pas avoir vu quelques prostituées avant que son épouse ne disparût, notamment lorsque celle-ci avait ses menstruations, car même s'il aimait la faire un peu saigner, il refusait de lui faire l'amour lorsqu'elle était si impure. Mais l'on ne trompait pas sa conjointe avec des prostituées, n'est-ce pas ? Il était un homme, lui, un vrai : il était bien normal qu'il eût des besoins, bien normal qu'il les satisfasse. Et comme il n'arrivait plus à jouir auprès d'une péripatéticienne, il était normal qu'il prenne une maîtresse. Quoi qu'il n'eût pas l'intention de revoir cette, — comment s'appelait-elle déjà ? Ah oui, Andréa. Une garce. Comme toutes les femmes. Son épouse étant la première d'entre elles puisqu'elle l'avait obligé à cette tromperie.

Il s'allongea sur le canapé, après s'être nettoyé le visage, pour repenser à cette nuit. Aurait-il dû prendre des photos pour mieux se souvenir ? Non. Il ne faisait aucune illusion : l'unique raison pour laquelle il avait pu jouir si souvent était due au fait qu'il avait sans cesse pensé à Emma, sans cesse imaginé que c'était à elle qu'il faisait l'amour, et non à cette salope d'étudiante. Il avait d'ailleurs été très heureux de constater qu'il pouvait à présent se remémorer le visage et le corps de son adorée, visage et corps qu'il avait vainement tentés de retrouver dans sa mémoire durant ces quatre années. Apparemment, il venait de résoudre ce problème de mémoire, en plus de ses petits soucis d'érection. Il visualisa avec succès ses prouesses sexuelles. Rapidement, il se sentit bander.

Il se masturba tout en fantasmant sur l'excellent moment qu'il avait passé. Lorsqu'il jouit avec violence, il sut qu'il lui faudrait bientôt recommencer. Il renouait, après quatre ans d'abstinence, avec le plaisir, retrouvant l'énergie qui le caractérisait, redevenant le vrai mec qu'il était. Dorénavant, il en était certain, Emma ne pourrait plus lui échapper. Il s'était enfin remis de sa trahison. Restait juste à la récupérer et à la punir sévèrement pour toutes les souffrances qu'elle lui avait fait endurer. Dorénavant, il en était certain, il n'aurait plus aucune difficulté à bander. D'autant plus que son plan pour trouver une fille à baiser s'était révélé totalement parfait et qu'il lui suffirait de le réappliquer.

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