IX
Samedi 28 mai 2022, 13h45
Je me réveille en sursaut. Je suis en sueur au point que mes draps sont trempés. Je frotte mon visage avec mes deux mains et saisis mon téléphone, encore haletante.
Depuis environ une semaine, je fais le même cauchemar. Il hante mes nuits. Il m'empêche de dormir plus de cinq heures. Il m'est impossible de me rendormir après. Bon heureusement pour moi, je me suis couchée deux heures plus tard hier (ou ce matin puisqu'il était minuit). La matinée va être moins longue étant cinq heures et demie.
Je regarde les photos d'Ian et moi stockées dans ma galerie et à six heures pétantes, je me lève pour aller déjeuner car mon ventre cri famine. Je sors le cacao et le lait, le jus d'orange, des gâteaux Petit Dej' puis un bol et enfin, un verre. Je verse les liquides dans leurs récipients cristaux puis m'installe sur mon tabouret.
Mon grand-père est menuisier et nous a donc fait des tabourets fur mesure avec les motifs de nos choix et la taille qu'il faut.
J'ai passé une super soirée. J'ai été la première à être rentrée étant donné que je fatiguais vraiment et que j'avais qu'une idée en tête à la fin de la soirée : être au chaud sous ma couette et dormir.
Je n'ai pas l'habitude des fêtes et ma grossesse n'arrange pas les choses. Je suis donc au lit, dans mon pyjama à checker vite fait les réseaux sociaux. Une idée me vint.
Et si je me créais un compte Instagram pour avoir l'aide de mamans et plus tard, quand j'aurais pris mes repaires avec mon bébé et Ian, donner à mon tour des conseils et astuces à des futurs parents ?
Je passe cinq minutes à la conception de ce profil et j'aime plutôt bien le contenu que j'y ai mis et le rendu.
Je publie déjà la première publication avec différents hashtags qui décrivent la photo.
Photo
Je petit déjeune tout en regardant des vidéos de jeunes mamans qui expliquent leurs parcours. Certaines ont galéré et d'autres ont eu du mal mais comme toutes les mamans. Cela me rassure et je me dis qu'au moins, je ne suis pas seule.
J'envoie des messages de courage ou de félicitations à certaines d'entre elles sur Instagram et repose mon téléphone pour aller me préparer.
Je me suis habillée d'un simple jogging noir pour être à l'aise et je retourne dans ma chambre et m'assois sur la chaise de mon bureau pour effectuer mes devoirs.
A huit heures trente, je pars dans la cuisine pour faire une pause et grignoter des gâteaux. Je m'installe sur le canapé et allume la télévision. Je lance Netflix et cherche une série ou un film qui pourrait me plaire.
Au bout de trente minutes, j'entends des pas dans les escaliers. Je me redresse et pivote légèrement la tête. Je découvre maman, un grand sourire sur ses lèvres. Elle s'approche de moi et dépose un léger baiser sur ma tempe.
— Bien dormi ? me demande-t-elle après m'avoir saluée.
— Super et toi ? mentis-je.
Elle hoche la tête et se dirige dans la cuisine.
— Tu veux manger quelque chose ? me demande-t-elle.
— Non c'est bon merci. J'ai déjà déjeuné et je viens de manger quelques gâteaux.
— Ok ! Vas-y, remets ta série, je prépare le miens et je m'assoirai à côté de toi.
J'hoche de nouveau la tête et appuie sur le bouton lecture de la télécommande.
Il est quatorze heures trente et mon téléphone sonne.
« - T'es assez en forme pour une virée shopping entre meufs ? »
Je ris face au message de ma meilleure amie et relève ma tête dans la direction de ma maman.
— Maman, c'est possible que je sorte en ville avec Rosalie s'il te plait ?
— Oui, bien sûr ! me répondit-elle. Tu rentres vers dix-huit heures, finit-elle.
— Ok ! -je m'élance dans ses bras- Merci maman, t'es la meilleure !
Je vais dans ma chambre et cherche de quoi mieux m'habiller qu'un simple jogging. Je profite de ne plus être vêtue d'un haut pour prendre les trois photos de l'évolution de mon ventre pour moi, mais surtout pour Ian. Je capture une de profil, une de dos et une de face. Je sors un t-shirt over-size blanc que je glisse sous un pantalon beige. C'est simple mais classe, j'aime bien.
Je ferme la porte d'entrée après avoir fait un léger baiser sur la joue droite de mon petit frère.
« — Allô ? dis-je après avoir entendu un clic après plusieurs sonneries.
— Oui, Lu' ?
— Je suis partie, j'arrive dans environ vingt minutes.
— Eh mais attends, je suis au parc de jeux là. Je t'attends.
— Ah, bah j'arrive alors, lui répondis-je en rigolant.
— A tout !
— Bises. »
Arrivée au parc, je vois ma meilleure amie assise sur un banc face au toboggan. Je lui fais signe en prononçant son nom.
Je m'assois après lui avoir fait la bise et nous observons le beau paysage qui s'offre à nous tout en parlant.
— Je m'imagine bien emmener ton enfant ici quand tu voudras réviser. Il ou elle m'appellera tatie et je ne pourrai rien lui refuser, me confie Rosalie légèrement émue.
— Tu sais que si je dois réviser, toi aussi tu le devras ? lui dis-je en rigolant.
— Ouais mais on fera la garde à tour de rôle avec Ian et ta maman. Comme ça, tu pourras réviser, moi aussi et Ian pourra aller travailler. Si on s'en occupe un peu les quatre à tour de rôle, chacun pourra faire ce dont il a envie.
— C'est vrai, répondis-je en haussant les épaules. Cela étant, nous sommes dix car il y a mes quatre grands-parents et les parents d'Ian. On verra bien comment on s'organisera au moment venu !
— Yep ! En tout cas, j'ai hâte de voir ce petit être aux yeux de son père et cheveux de sa mère, me dit-elle en me faisant une légère tape sur l'épaule pour cacher ses yeux humides que je n'ai pas loupés.
Je rigole en agitant ma tête de gauche à droite et pause ma main sur mon ventre.
— T'as vu ça ma merveille ? Tu as déjà des tas de fans !
Nous nous levons en rigolant et partons en direction de l'arrêt de bus.
Nous sommes dans un café et commandons nos boissons. Je prends un jus de pomme et Rosalie un Coca Cola.
— Tu penses venir en cours lundi ? me demande mon amie.
— Ouais, ça commence à aller mieux. Je suis moins fatiguée et ça fait trois jours que je n'ai pas eu un seul signe de nausées. Bon on ne va pas trop parler vite mais voilà. Normalement oui.
— Trop bien ! s'enthousiasme Ros'.
— Je suis désolée de t'avoir abandonnée pendant ces trois semaines... lui dis-je tristement.
— Eh, ne dis pas ça ! Tu as un fœtus dans ton ventre et tu fabriques un bébé ! Bien sûr que tu prends toutes les précautions et prends soin de vous, me répondit-elle sérieusement.
Je pause ma main sur la sienne et la regarde dans les yeux.
— Merci d'être là pour moi Ros'. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter une amie comme toi.
— Arrête, ne dis pas ça tu vas me faire chialer !
Je rigole et elle prend sa serviette et s'essuie légèrement les larmes qui allaient s'écouler sur ses joues pour éviter à son mascara de couler.
— Bon, en parlant de ventre. T'as un rendez-vous pour ta première échographie ? me demande-t-elle pour changer de sujet et éviter de pleurer plus.
— Oui ! Enfaite j'ai déjà les trois dates, lui répondis-je tout sourire.
— Les trois ? T'es pas sensée en avoir deux puisque tu accouches au cours du troisième trimestre ?
— Bah enfaite ma gynécologue m'a dit que puisque je suis une très jeune maman, ils préfèrent vérifier au cours du 9e mois si tout va bien en simple consultation. Du coup ils en profiteront pour regarder le col et feront une échographie.
— Ah ok ! C'est trop bien parce que la première on ne voit rien alors que le 9e mois le bébé est tout près à sortir donc ce sera top ! On le verra super bien dans ce cas !
— J'en demanderai deux à chaque fois pour moi et pour en envoyer une par courrier à Ian.
— Ils seront d'accord tu crois ?
— Oui, j'ai déjà demandé.
— Ça ne leur pose pas de problème qu'il soit en prison et que c'était ton prof ?
— Ils n'ont pas le choix d'accepter ma demande parce que c'est son père, répondis-je en haussant les épaules.
— Trop bien !
La serveuse revient avec nos boissons et les pause sur la table en prononçant des paroles de politesse.
Nous la remercions et recommençons à parler de tout et de rien avant d'aller dans plusieurs magasins d'habits. Nous atterrissons comme par hasard dans un qui vend seulement des vêtements de bébés.
Je me fais bousculer dans un des rayons de l'immeuble et le mec ne s'excuse même pas.
— Oh, regardez où vous mettez les pieds ! lui hurlai-je plus qu'énervée de l'inattention des gens.
— Calme-toi ma jolie. Ce n'est pas parce que tu n'as plus ton Sugar Daddy avec toi que tu peux tout te permettre !
Alors là, je suis bouche-bée. Plus rien ne sort de mes lèvres. Je n'arrive pas à prononcer un seul mot alors que des dizaines d'insultes d'oiseaux s'enchainent dans ma tête. Je reste stoïque en le regardant s'éloigner.
Rosalie ayant apparemment entendu la scène arrive et au moment où l'homme rigole en se foutant clairement de moi, elle lui donne une tape sur l'épaule.
— Eh vous ! Vous dégagez maintenant !
— Tu t'y mets toi aussi ? Tu as couché avec ce pervers ?
— En attendant c'est vous le pervers ! Vous avez clairement votre main sur mes fesses et votre regard sur mes seins alors dégagez ou j'appelle la sécurité !
— Quelles Drama Queens celles-là ! s'exclame-t-il en s'éloignant pour être sûr qu'on l'entend.
Je souffle d'exaspération et me remets au shopping. Rosalie pause sa main sur mon épaule et me murmure à l'oreille :
— Ce ne sont que des cons ceux qui agissent ainsi, ok ? Ils ne connaissent pas ce que c'est d'avoir trouvé son âme sœur et de ne pas avoir eu de bol avec la hiérarchie, essaie-t-elle de me rassurer en voyant ma mine confite. Ils ne savent pas ce que c'est d'avoir ce lien invisible avec quelqu'un et sentir que cette personne nous regarde sans l'avoir vue arriver. Ces neufs mois vont sûrement être compliqués avec leurs regards insistants et leurs commentaires plus que désagréables mais vous allez leur prouver que votre couple est spécial au retour d'Ian. Ok ? Tu es forte, tu vas y arriver Louloute.
Je me tourne et la prends dans mes bras en ne cessant de la remercier de ses mots rassurants et de sa présence plus qu'exceptionnelle.
Nous avons poursuivi nos achats dans différentes boutiques et avons fini par rentrer. J'ai senti un peu plus les regards sur moi par rapport à d'habitude dut à ce qu'il s'est passé avec l'homme je pense. C'est tellement dur de faire comme si de rien n'était alors que ça fait un mal de chien d'être regardée comme un bout de viande offerte à tous.
Nous goûtons les délicieuses crêpes sucrées que ma mère nous a préparées.
— Chérie, j'ai quelque chose à t'annoncer, me dit-elle sérieusement.
— Euh, ok, lui répondis-je ayant peur de ce dont elle parle.
— Regarde, me dit-elle avec un sourire en coin en me tendant son téléphone.
En voyant un site qui dit tout sur les bergers australiens sous mes yeux, je regarde ma mère les sourcils froncés étant dans l'incompréhension.
— C'est ce que je crois ?
— Et c'est quoi ce que tu crois ?
— T'as dit oui pour le berger ?
— Va dans mes messages maintenant, me dit-elle.
— Et là ? lui demandai-je après avoir ouvert l'application.
— Maintenant, ouvre le quatrième message et lis-le.
C'est ce que je fis et je n'en reviens pas.
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