Souvenirs

PDV externe

Une salle de bal.

Une jeune fille blonde vêtue d'une magnifique robe blanche.

Le son d'une musique douce.

La joie.

Le bonheur.

La famille Sakamaki au complet.

Des sourires.

Tous ses regards braqués sur ce couple.

Puis ce sourire cruel, sournois.

Une lueur vive.

La surprise avant la douleur.

Un regard vers ce sourire persistant, provocateur.

Le couteau souillé de son sang, fiché dans sa propre poitrine.

Et alors, ce moment tant attendu, ce baiser; aussi doux que la texture d'un nuage et se fanant petit à petit.

Finalement, la mort l'accueille brusquement dans ses bras.....

Le jeune vampire ouvre soudainement les yeux et se redresse avec difficulté, cette dernière image tournant encore en boucle dans sa tête. Sa mâchoire se contracte à s'en casser les dents et ses poings se serrent à en saigner. Il l'a laissé mourir sans pouvoir faire quoi que ce soit, pourtant il aurait dû se méfier de cet homme, prévoir qu'il leur jouerait ce sale tour. Pourtant il n'a pas vu le coup venir et cette fille, si précieuse à ses yeux, cette humaine qui l'a changé, cette humaine qui l'ennuyait à mort à force de s'inquiéter pour lui, cette humaine qui lui a fait découvrir ce que c'est d'aimer une personne, en a payé le prix. Tout ça car cet amour réciproque ne faisait pas parti du " plan", tout ça car le jouet de ce monstre était défectueux alors il l'a mis hors-jeu, tout simplement, mais en ne lui demandant même pas son avis. Il se lève, toujours crispé. Ce sourire narquois ne cessera donc jamais de hanter son esprit? Ses frères ont assisté à cette tragédie mais n'ont pas réagi, faisant juste office de spectateur et inanimés comme de simple pantins ou de simple corps, vide de toute âme. Soudainement, il craque, sa voix emplie de haine résonnant dans les couloirs silencieux de la demeure:

- Je jure que tu le payeras un jour, Vieux Débris!!!!!

La colère monte en lui, cette rage qui sommeille au fond de son cœur depuis ce jour, les souvenirs le torture sans cesse mentalement sous cette carapace aussi dure que du béton qu'est son entêtement et sa fierté. Combien de fois il a rêvé de voir la poitrine transpercée de cette créature immonde qu'est cet homme qui a eu l'audace de prendre la vie de sa bien aimée sans sa permission. Ne pouvant en supporter davantage, il se dirige en direction de l'imposante porte d'entrée, qu'il fait claquer en la poussant un peu trop fort au passage, et va prendre l'air dehors.

PDV interne 

Allongée sur mon lit et portant toujours l'uniforme, étant exténuée par les cours et surtout choquée de cette découverte. Je n'arrive pas à y croire. Alix Bivace est dans mon lycée et.....il m'a oublié. Je ferme les yeux.

" Tu es la fille bizarre que j'ai vu en rentrant à la maison!"

" Je t'aime bien, tu es sympa"

" Okagi-san, tu viens jouer?" Je me souviens très bien de ce jour là et ce que je lui ai répondu:     " Appelle moi par mon prénom! Je m'appelle Naoka! Na-o-ka! Compris, Alix?"

"  Quand  on se reverra, je te promet que je te reconnaitrais et toi, tu feras aussi pareil , d'accord? " 

A  ce moment, on s'était serré la main comme les adultes pour celer notre accord. Je n'ai pas oublier cette promesse alors que lui......on dirait bien que si.

Je connais Alix depuis ma tendre enfance. On s'est rencontré pour la première fois par hasard, lui, rentrant à la maison et moi, pratiquant des activités très inhabituelles. J'avais 9 ans, à cette époque, et lui, en avait 10. On est devenu inséparable, il n'y avait pas un jour sans lui ou moi aille rende visite à l'autre et on s'est fait cette promesse lorsque j'ai dû déménagé deux ans plus tard. Il a gardé le sourire alors que je fondais littéralement en larmes et il m'a consolé comme le ferait un frère ainé. Puis on a conclu ce marché en guise de souvenir pour ne pas perdre espoir. Je pensais à lui tout le temps, me demandant ce qu'il faisait, s'il pensait à moi et me surprenait à éprouver un sentiment de tristesse ou même de jalousie en me demandant s'il avait trouvé une petite amie puis au fil du temps, il s'est effacé de ma tête mais ses paroles, elle, sont restées, certes, peut être au fin fond de ma mémoire mais bien ancrées. Etrangement, ma poitrine s'est compressée quand je l'ai vu et il m'a blessé en prononçant cette phrase. Pourtant, j'ai essayé de parler de nouveau avec lui après cet incident mais à chaque occasion, cette ordure d'Allya survenait de nul part et me lançait un regard qui en disait long. J'ouvre mes paupières, une larme s'échappe puis roule sur ma joue. Je m'empresse aussitôt de l'essuyer avec ma manche et sors de la chambre après avoir enfilé une tenue plus détendue.

Je marche, plongée dans une sorte de transe, et heurte un des vampire, qui vient en sens inverse, de plein fouet. Je me retrouve sur les fesses et remarque j'ai foncé dans Subaru. Il m'aide à me relever puis je m'excuse rapidement avant de reprendre mon chemin.

- Naoka..

Je m'arrête, surprise de l'entendre prononcer mon prénom pour la première fois. Je me retourne mais lui, me tourne le dos.

- Je ........J'ai quelque chose à te dire...

Il croit vraiment que j'ai la tête à écouter ce qu'il a à me dire? Je lutte pour ne pas fondre en larmes en ce moment même alors qu'il abrège car je pense que je ne tiendrais pas longtemps. Je cligne des yeux pour faire éliminer l'eau qui floute ma vision puis me poste devant lui. Je constate aussitôt qu'il détourne son regard du mien et que ses joues sont devenues rouges. Se pourrait-il qu'il.....

- Est ce que tu aimes quelqu'un? Lâche-t-il d'un ton qui me fait sursauter.

Le visage d'Alix s'imprime de suite dans ma tête. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Mes yeux s'humidifient puis les larmes dévalent mes joues sans que je puisse les arrêter.

- O.....Oui.......J'aime quelqu'un.....

Il relève la tête en entendant ma voix chevrotante et son visage prend un air surpris en me voyant dans cet état. Il s'apprête à dire quelque chose mais je lui coupe la parole:

- ......Mais cette personne n'est même pas capable de tenir une promesse et n'a même pas fait l'effort de se souvenir de moi!!!!

Je le plante là et détale à toute allure, n'ayant qu'une envie: Partir d'ici et vite.

PDV externe 

L'albinos reste quelques minutes cloué au sol, tétanisé par les parole de la jeune fille. Cette jeune fille pour qui, il s'est attaché malgré lui.

- C'est bon? Tu es content? Elle ne t'aime pas.

Il fait brusquement demi tour et fait face à son frère aux yeux de chat.

- Si ça te fait autant souffrir alors je me demande pourquoi tu ne t'es pas encore planté une arme en argent dans le cœur et aller rejoindre Yui dans l'au delà!

Sur ce, il se volatilise en laissant en plan le vampire aux cheveux rouges et se défoule bientôt  sur les meubles de sa chambre.

- Je n'arriverais jamais à lui dire....

PDV interne

Je cours sans savoir où aller, les larmes m'obstruant la vue et me prenant dans les ronces et les branches. Je fatigue mais mes jambes refusent de s'arrêter, comme si elles savaient exactement le chemin que je dois prendre. Je m'en suis rendue compte seulement maintenant, quand mon cœur s'est mis à me faire mal quand j'ai pensé une nouvelle fois à lui, quand mes larmes n'ont pas eu besoin de mon approbation pour dévaler les montagnes sinueuses que sont mes joues, quand mon rythme cardiaque s'est accéléré brusquement quand je l'ai vu dans ce couloir et cette douleur insurmontable quand cette petite pimbêche d'Allya est venu le draguer devant mon nez. Il ne me manque pas seulement. J'en suis sure maintenant, je t'aime Alix.

Je m'arrête à bout de souffle, complètement perdue et éberluée en voyant l'immense bâtisse qui est face à moi. Ma tristesse me quitte le temps que je me demande à qui peut bien appartenir cette magnifique maison. Contrairement au manoir des vampires Sakamaki, celle ci est composée de briques rouges mais est aussi grande et a également une cour extérieure très belle. N'ayant aucune envie de rentrer chez mes hôtes, je fais un pas en avant puis un deuxième et me voilà maintenant à l'intérieur de ce territoire  inconnu. Je traverse le jardin non sans crainte puis me poste à la porte et hésite. Et si je dérange les propriétaires? Et si je ne suis pas la bienvenue? Une pluie fine commence soudainement à tomber et je ne trouve rien de meilleur pour me déstresser que de faire les cent pas dehors, quitte à en être mouillée de la tête au pieds.

Je me décide finalement à toquer à la porte, gelée mais un brin plus calme et lucide. Cependant, alors que je m'apprête à frapper le bois de la porte, celle ci s'ouvre, me faisant sursauter de surprise et j'aperçois bientôt un garçon blond. Il est aussi étonné que moi.

- Ruki! Il y a une fille à la porte!

 Ruki? Mais c'est le garçon de terminale avec lequel je discute pendant les pauses!  C'est lui, le propriétaire? Je suis tout de suite confuse, ne sachant pas comment me comporter.

- J'aurais bien aimé faire connaissance mais je dois aller travailler, a plus.

Je regarde le jeune homme, acquiesce puis le suit du regard jusqu'à ne plus le voir.

- Naoka?

Je me retourne un chouia violemment, ne m'attendant pas à entendre sa voix. Il me sourit gentiment puis m'invite à entrer. Je me retrouve assise sur un canapé moelleux, une couverture sur les épaules et une tasse de thé fumante sur la table basse juste en face de moi.  On discute un peu de tout et de rien puis vient le moment de la question que j'essaye d'éviter depuis le début.

- Quelque chose ne va pas, n'est ce pas?

Je ne retiens pas mes sanglots, ça ne sert pas à grand chose. Ruki me laisse pleurer, une lueur de compassion dans les yeux. Puis, sans prévenir, je le sens m'étreindre contre lui.

- Laisse toi aller, évacue jusqu'à ce que tu te calmes. Me dit-il simplement.

Je suis ses sages paroles en me blottissant contre lui et laisse de grosses gouttes d'eau défiler sur ma peau  qui finissent par s'écraser sur sa veste et qui finit bientôt trempée.


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