Invitation et vérité

Je suis dans mon lit quand j'ouvre enfin les yeux. Les rideaux fermés laisse place à une obscurité presque effrayante et à cause de cela, je ne remarque pas le vampire qui est adossé vers un coin du fond de la pièce. Je remarque quelques minutes plus tard que mon uniforme a été troqué par une chemise de nuit grise claire et je vois que mon portable est posé sur la table de chevet ainsi que la fameuse clé, que je n'ai pas touché depuis la fois où Ayato me l'a confié.

Je sursaute en le voyant approcher et je l'accueille aussitôt avec mon air habituel quand on se croise, c'est ça dire, un regard mauvais et un ton glacial.

- Tu pourrais au moins me demander mon avis avant de crier sur tout les toits que tu m'as choisie comme " fiancée".

Je n'y peux rien, le dernier mot est sorti de ma bouche avec une pointe de dégout. Il fait comme s'il n'avait pas entendu, ce qui m'irrite sérieusement.

- Tu m'écoutes, oui?? Je ne sais pas ce qu'il te prend mais ça m'énerve!! Eclatais-je face à son air je m'en foutiste.

Avant que je ne puisse ajouter quelque chose, il prend la clé et la fait sauter dans sa main tout en me fixant impassiblement. Décidément, ce gars a le don de me donner des frisons à en glacer le sang rien que par son regard.

- Habille-toi.

Son ton me surprend légèrement mais je reprend rapidement mes esprits et les souvenirs de la salle de bain viennent me tenir compagnie. Il tarde pas à faire connaissance avec ma réaction quelque peu brutale.

- Pas avec toi dans cette pièce!

Mes joues virent aux rouges quand je perçois ce petit bruit qui indique clairement qu'il pouffe de rire et me lève pour le pousser dans le dos vu que Monsieur n'est pas capable d'accepter la requête d'une humaine.

- Merci de me faire le plaisir de rester en dehors de cette pièce, appelée plus communément ma chambre, pour que je puisse me changer sans qu'un pervers vienne me déranger !

Je referme la porte sèchement derrière lui et est choquée de mon propre comportement. Pourquoi ce gars doit me faire un tel effet? Alors que j'enfile  un pantacourt et un débardeur, mon regard se pose sur les multiples bandages m'entourant les bras, le jambes et les nombreux pansements situés sur la plupart de mon ventre, mes hanches et ma poitrine. Je les enlève un par un, poussant un soupir de soulagement en voyant que ça a cicatrisé. Je finis de m'habiller, me coiffe puis sors.

- Je suis prête, qu'est ce que tu me veux? Fis-je au vampire qui attend patiemment, adossé au mur d'en face.

Il me prend la main et me traine derrière lui. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine quand je sens sa paume froide dans la mienne. Bizarrement, à ce moment, je ne trouve aucune réplique cinglante à lui faire.

- On va dans cet endroit là, n'est ce pas? Tentais-je de demander, ayant perçus le changement d'atmosphère.

- J'ai la permission de Reiji.

Pourquoi ais-je l'impression qu'il y a du mépris quand il prononce le prénom de son frère?

- Si tu dois rester ici, alors autant que tu sache ce qui est arrivé à Yui...

Je ne sais pas pourquoi mais pour moi, cette phrase est lourde de sous - entendus. Bref, je n'ai pas vraiment envie de déchiffre le message codé qu'il m'envoie en ce moment. Plus on approche de l'endroit maudit, plus une inquiétude effrayante grandit en moi. Courage! Il me raconte l'histoire, je prend peur comme une gamine, je me barre et on en parle plus.

La porte cadenassée se tient devant nous, il me donne la clé et m'incite à déverrouiller la plaque de bois. Je prend l'objet dans la paume et arrive même à ressentir la peine et l'aura sombre dont il est imprégné. J'introduis la clé dedans et retiens mon souffle en entendant le déclic qui annonce le déverrouillage. Les chaines tombent sur le sol avec un bruit d'enfer, manquant de me rendre sourde. Le vieux bois m'accueille dans un sinistre grincement dès que je le pousse du doigt. Je ne peux m'empêcher d'admirant l'immense pièce dans laquelle je viens de pénétrer. Je supplie intérieurement l'esprit de Yui de me pardonner de rentrer dans sa chambre comme ça. Ben quoi? Je suis tellement mal à l'aise que ça me surprendrais même pas de voir apparaître le fantôme de la jeune fille juste devant moi. Je fais volte face en entendant le claquement de la porte et expire un bon coup en voyant que c'et simplement Ayato qui l'a fermée derrière lui. Je suis aussitôt attirée par le tiroir où est posé le pendentif en forme de croix mais le vampire ne me laisse pas le temps d'en approcher qu'il me fais signe de prendre place sur l'énorme lit à baldaquin. J'obéis et me décale discrètement quand il se donne pour mission de me coller. Il reste silencieux  dans une sorte de transe avant de prendre la parole.

Deux ans plus tôt

Yui était arrivée au manoir depuis une mois, envoyée par l'église en tant que mariée sacrificielle. Les premiers jours ont été durs pour elle et l'anémie était souvent la cause de ses fatigues. Comme les garçons, elles était inscrite à la même académie qu'eux. Quelques semaines plus tard, c'était  là qu'elle s'était découvert des sentiments pour Ayato et réciproquement. Depuis, ils se rapprochaient de plus en plus. Les autres avaient bien compris que quelque chose qu'ils ne pouvaient pas comprendre ce passait entre eux. Pendant tout ce temps, elle lui apprenait ce qu'était l'amour maternel et celui à l'état pur. Elle le lui avait appris et il lui rendait bien. C'était bizarre de ce dire qu'ils s'aimaient alors que les premiers jours, il pensait que ce n'était qu'une stupide humaine, naïve, arrogante et faible mais cette humaine là a changé sa vie sans qu'il s'en rende compte jusqu'à ce qu'il ne puisse plus s'en passer.

Puis vint ce jour, ce jour où ils reçurent cette invitation, ce jour où elle, Komori Yui, à été invitée à participer au Vandead Canival par le grand homme politique et réputé dans le monde entier, Sakamaki Tougo. La fille avait été surprise puis honorée de pouvoir aller à ce festival. Les jours suivant ont été consacrés essentiellement à la préparation de ce grand événement. Le jeune vampire avait acheté un cadeau de taille à sa bien aimée et avait prévu de lui déclarer sa flamme, devant la famille réunie, lors du grand bal qui aurait lieu à la fin de la soirée.

Le jour tant attendu était arrivé, le couple avait passé la soirée ensemble, passant d'attractions en attractions puis de stands de nourriture à des boutiques de friandises. Puis, le moment du final arriva, ils s'étaient dirigés vers le magnifique château qui s'imposait en plein milieu du parc. Ils s'étaient séparés pour aller se changer, pris en charge par plusieurs domestiques. Il s'était même imaginé la réaction de celle ci en voyant la superbe robe qu'il avait acheté rien que pour elle et comment elle serait dedans. Pour une fois, la réalité dépassait le rêve. Il ne l'avait jamais vu aussi joyeuse, émerveillée et surtout aussi belle. Quand à lui, il s'était vêtu d'un costume digne d'un prince charmant. Les deux s'étaient détaillés en se voyant puis la fête battit son plein. Elle avait fait la rencontre du père des garçons. Elle avait été impressionnée d'être présentée à cet homme de haute société et en discuta pendant tout le repas. Le moment du slow tant attendu arriva et tout les couples présent se mirent à danser. Puis, sur ordre du père Sakamaki, les invités se retirèrent discrètement, laissant  la place aux deux tourtereaux, tous les regards dirigés dans leurs direction.Malheureusement, ce moment de bonheur prit fin rapidement, trop rapidement.

Tougo, qui observait la scène attentivement fit signe à son fils cadet de venir, celui ci s'était empressé de rejoindre son père. L'homme politique lui avait chuchoté à l'oreille:

- L'éveil ne s'est pas fait, elle ne m'est plus d'aucune utilité, tu sais ce qu'il te reste à faire.

- Mais, Père, Ayato ne vous pardonnera jamais si vous faites ça! Avait répliqué Reiji.

- Ayato ne TE pardonnera jamais si TU fais ça mais tu n'as pas le choix. Obéis, mon fils.

Le garçon aux lunette se résigna puis, invoquant un pouvoir vampirique, fit apparaître un couteau en argent à ses côtés, voletant sagement dans les airs. Du coin de l'œil, il vit les regards rempli de joie des nombreux vampires invités, comprenant directement que l'intrus allait être éliminé devant leurs yeux. Il fit abstraction de tout cela, se déplaça dans l'ombre pour ne pas être repérer, visa sa cible puis sans aucune émotion, lança l'ordre à l'arme tranchante de tuer.

La jeune humaine vit le coup trop tard et le vampire aux yeux de chat aussi, la lame prit place dans la poitrine de Yui, au niveau du cœur et elle s'étala par terre, du liquide, rougissant le parquet et formant une fleur écarlate sur la robe blanche. Contre toute attente, elle avait souri mais ne pouvant pas supporter ça, Ayato s'était empressé de l'embrasser pour lui communiquer tout ce qu'il ressentait pour elle. Il ne remarquait même pas tous ces regards sur eux de même que ceux de ces frères qui ne bougèrent pas d'un pouce. Il resta avec sa copine jusqu'à la fin, refusant de l'abandonner puis se résigna à enterrer son corps quand elle rendit son dernier souffle.

Présent

J'ai la vague sensation de sentir les larmes couler sur mes joues, trop choquée par cette histoire. Il me fait revenir à moi en claquant des doigts sous mon nez. J'essuie rapidement mes yeux.

- Je suis désolé pour toi...

- Je t'ai raconté ça car.......je ne veux pas que ce drame ne se reproduise avec toi. Me dit-il sur un ton calme et en me tendant une lettre aux bordures dorées et cachetée par un sceaux arborant l'emblème de la famille.

Je prend l'enveloppe, tremblant légèrement. Je lui jette un bref coup d'œil, pensant avoir compris. Une boule se forme directement dans ma gorge dès qu'il me confirme mon doute: C'est la fameuse invitation pour le Vandead Carnival.

Mes réflexes prennent le dessus sans que j'arrive à me contrôler, je l'empoigne par le col et l'embrasse. Je pense que je voulais juste ressentir rien qu'une fois ses lèvres sur les miennes. Je pense variment que c'est ça. Je me retire lentement, le lâche et ne tarde pas à me rendre compte de ce que je viens de faire en voyant sa tête ahurie.

- Je......J'ai........Excuse moi

Je ne prend pas la peine de m'expliquer, me lève et sors de la pièce en quatrième vitesse, le cœur battant à tout rompre et les joues prenant la teinte des tomates.

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