Chapitre 4 - Mamie Eirin Kirishima

" Les oncles, les tantes et les cousins, c'est bien. Les parents, c'est à ne pas négliger. Mais une grand-mère les vaut tous ! „
~ Fanny Fern

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Au fil de notre marche, Mina s'extasie sur le soleil qui se couche au loin tandis que le ciel se teinte de rouge, de rose et d'orange avec une pointe de bleu marine qui ne tardera pas à prendre le pas sur les autres couleurs. Les rayons du soleil frappent les toits des maisons et les immeubles du centre, envoyant de la lumière aux quatre coins de la ville.

Pris d'une pulsion, je me retourne pour apercevoir les montagnes au loin : les sommets sont recouverts par la brume du soir. Je sors mon téléphone et prends en photo les montagnes avant de me retourner pour prendre le soleil couchant en photo également.

Mon amie se précipite vers moi, poussant Katsuki qui recule en grognant, probablement mécontent de ne plus pouvoir être pour moi pour qu'on se dise tout ce qu'on souhaite dans un long silence. En riant légèrement, je montre les photos à Pinky qui piaille pour que je lui envoie aussi vite que possible, me faisant sourire.

- Bien sûr, petit diable rose, je te les envoie quand on sera chez ma grand-mère, pendant qu'on mangera les crêpes au chocolat, au sucre ou à la cassonade.

- Youpi !! fait-elle en partant en courant, apercevant la maison de Mamie au loin.

Le blond se remet à mes côtés en râlant encore un peu, je lui donne un léger coup d'épaule pour qu'il tourne la tête vers moi. Ce qu'il fait après quelques secondes avant de sourire légèrement puis de partir en courant pour rejoindre Mina.

- Grouille ! J'ai pas envie qu'elle bouffe tout, j'ai la dalle, moi !! crie-t-il.

- J'arrive, bande de morfales ! dis-je en courant pour les rejoindre.

- Mais tu les aimes ces morfales ! ajoute Mina quand j'arrive à leur hauteur.

- J'ai dit ça, moi ?

Si tu savais, Mina, si tu savais...

Elle trépigne d'impatience tandis que je pars sonner, Katsuki étant redevenu silencieux.

La porte rouge s'ouvre et ma grand-mère apparait sur le seuil de sa maison qui a gardé quelques allures de maison traditionnelle japonaise. Elle me sourit et je lui rends son sourire avant qu'elle ne fasse de même avec mes deux amis à l'arrière : la première lui rend son sourire en en faisant un aussi grand que possible ; le deuxième tourne légèrement la tête sur le côté, probablement gêné de s'incruster, ce qui me fait rire doucement. Il me lance un regard mi-furieux, mi-amusé, ce qui agrandit mon sourire qui doit probablement me manger le visage.

- Entrez, donc ! Ne restez pas sur le pas de la porte comme ça ! dit Mamie Eirin en s'effaçant pour nous permettre d'entrer.

Mina se précipite en première à l'intérieur et se dépêche d'enlever ses chaussures pour partir dans la cuisine. Katsuki et moi la suivons un peu plus lentement, Mamie derrière nous. D'ailleurs, je me tourne vers elle en laissant Katsuki se diriger jusqu'à la cuisine grâce aux cris de joie de mon amie aux cheveux roses.

- Mamie, tu n'as besoin de rien ? Maman m'avait demandé de te poser la question.

- Je n'ai besoin de rien si on regarde mes besoins de base, commence-t-elle, mais je veux bien que Mei me rachète des toiles, je n'en ai plus car j'ai utilisé la dernière hier.

- C'est vrai ? J'ai hâte de voir ta nouvelle peinture alors ! réponds-je en souriant jusqu'aux oreilles.

- Vrai ! Mais file manger un morceau avant que tes deux amis n'engloutissent toutes mes crêpes !

Je ne me le fais pas dire deux fois et me carapate dans la cuisine où j'aperçois un Katsuki couvert de confiture autour de la bouche et une Mina avec pas mal de grains de sucre sur les lèvres. Ils me font penser à deux enfants de cinq ans et non à deux adolescents de dix-sept et seize ans. Puis j'aperçois qu'il ne reste plus que trois crêpes dans l'assiette posée entre les deux morfales qui me servent d'amis. Je me dépêche de l'attraper et de filer à l'autre bout de la cuisine dont les murs se couvrent d'orange et de rose au fur et à mesure que le soleil se couche au-dehors.

- Eh ! font-ils à l'unisson, frustrés de ne plus pouvoir manger.

- Vous êtes pas tous seuls ! Moi aussi, j'ai faim !

Pendant qu'ils rouspètent, je mange mes trois crêpes l'une après l'autre : une avec du sucre, une avec du chocolat et la dernière nature pour éviter l'overdose de sucre dans le sang. Ma grand-mère vient nous essuyer nos bouches avec un mouchoir, riant doucement face à nos airs indignés parce qu'elle se comporte comme si nous avions réellement cinq ans.

- Mamie, c'est bon, arrête ! fais-je en râlant un peu pour la forme.

- Allez, dit-elle sans se préoccuper de mes protestations, venez que je vous montre ma nouvelle œuvre d'art.

Poussés par la curiosité, nous la suivons à la queuleuleu, comme des poussins ou des canetons qui suivraient leur maman, et arrivons dans son atelier dont elle allume la lampe car il commence à faire très sombre.

Au milieu de la pièce, un immense chevalet retient la plus grande toile que ma grand-mère ait pu peindre. Mina ouvre la bouche de surprise et Katsuki semble s'être figé. Moi, je m'approche du tableau qui me représente.

Mon portrait a les yeux fermés et les mains jointes devant lui, comme pour faire une prière ; des roses avec leurs tiges épineuses s'enroulent autour de son cou et de ses mains pour aller se perdre dans ses cheveux rouges. Et tout autour, les teintes vont du rouge clair à du rouge foncé, presque noir.

Je me tourne vers ma grand-mère qui me fait un sourire rassurant.

- Pourquoi ? dis-je. Pourquoi moi ?

- Et pourquoi pas ? rétorque-t-elle en souriant toujours.

Je penche légèrement la tête sur le côté avant de me remettre à observer mon portrait dont il semble émaner à la fois de l'apaisement et de l'angoisse. Un noeud se forme dans ma gorge et dans mon ventre. Elle m'a représenté de la façon dont elle me voyait, de la façon dont je me voyais. C'est effrayant.

- Je te l'offre, fait-elle dans mon dos.

- Je... Je n'en veux pas tout de suite... murmurai-je.

- Je n'ai pas dit que ce serait aujourd'hui, Eijiro, ça peut être dans dix ans, comme dans six mois. Mais il est à toi.

- Et tu lui as donné un nom à ce tableau, Mamie ?

- Oui. Espoir en construction. Voila son nom.

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