Chapitre 11 - Adieu...

" Entre la vie et la mort, il n'y a qu'un pas. Entre la tristesse et le bonheur, il y a une route infinie. „
~ Michel Linh

——————————————————

Je caresse doucement la main de ma grand-mère, les yeux rivés sur son visage et sur le petit sourire qu'elle a aux lèvres, comme si elle n'avait rien. Comme si elle était en paix.

Puis c'est le chaos.

Le moniteur se met à biper avec force, je tourne aussitôt la tête - comme mes parents -, et mon sang se glace dans mes veines avant que des infirmières et le médecin Takebayashi n'entrent dans la chambre en nous demandant de sortir. Ma mère m'arrache presque de force à mamie tandis que les larmes coulent le long de mon visage.

Dans le couloir, je me précipite vers mon père et ma mère qui me serrent fort contre eux, leurs bras autour de mes épaules, dans mon dos, voulant m'entourer, voire me protéger du monde extérieur. Plantés dans le couloir, nous ressemblons à trois naufragés qui attendent d'être secourus dans la pénombre de la nuit.

- Elle va s'en sortir, hein..? dis-je dans un murmure. Mamie va s'en sortir, hein ?!

- Oh, mon chéri... répond ma mère en pleurant avant de cacher son visage dans le cou de mon père.

Ce dernier la serre contre lui, me lâchant un instant pour consoler sa femme. A cette vue, je sens mon cœur se serrer et... imploser à l'intérieur de ma cage thoracique. J'ai mal. J'ai mal. J'ai mal, putain !!

Help...

La porte de la chambre de grand-mère s'ouvre enfin, les infirmière se dépêchent de quitter les lieux pour nous laisser seuls avec le médecin. Le Dr Takebayashi baisse la tête en frottant les verres de ses lunettes avant de les remettre sur son nez et de nous regarder avec un air navré. Mon sang se glace à nouveau dans mes veines lorsque je comprends ce qu'il ne dit pas : mamie est morte cette nuit.

- Je suis vraiment désolé, messieurs et madame Kirishima, mais... nous n'avons pas su la sauver, lâche-t-il péniblement avant de s'incliner et de s'en aller à son tour.

Dès qu'il a disparu de notre champ de vision, ma mère s'écroule dans les bras de mon père tandis que je cours dans les couloirs de l'hôpital pour sortir de ce lieu qui m'étouffe tout à coup. Je manque de renverser quelques personnes et finis par rentrer dans une jeune femme qui me fusille un instant du regard avant de parler.

- Eijiro ?

Les larmes brouillent ma vue, je me dépêche de les essuyer avant de regarder la fille qui se tient devant moi : Okami. Évidemment, qui d'autre ?

- Oka... Ma-mamie est morte...

Aussitôt, elle me serre contre elle, m'obligeant à me pencher en avant pour que je puisse cacher mon visage dans son cou afin de pleurer tranquillement. Ses épaules tressautent sous les pleurs, je m'accroche à elle.

- Viens... murmure-t-elle. Allons ailleurs...

Je fais un simple petit signe de tête pendant qu'elle me prend doucement la main pour qu'on sorte enfin de l'hôpital. Sa main est chaude dans la mienne, toute petite et toute douce aussi, je resserre un peu plus ma prise sur cette dernière.

Dans ma poche, mon portable n'arrête pas de vibrer, probablement mes parents qui essayent de me joindre. Je décide de ne pas décrocher. Je n'ai pas envie de parler à nouveau, alors j'écoute tous les bruits autour de moi : Okami qui renifle à cause des pleurs ; les pleurs des bébés ; les sons des machines ; les allées et venues des médecins, patients et infirmiers.

Et puis, il y a la pluie au dehors, qui toque contre les vitres.

Mon amie ouvre son parapluie pour qu'on soit à l'abri avant que nous nous engagions sous la pluie, au dehors. Je respire l'odeur du béton mouillé. Un début de sourire s'esquisse sur mes lèvres.

Puisque je ne parle pas, j'écoute. Et Okami parle encore et encore, voulant sûrement combler le silence pesant qui nous entoure, qui nous colle aux basques.

- Tu sais, si j'étais à l'hôpital, c'était pour mon cœur. Je dois faire attention vu qu'il est très fragile... Le Dr Tachibana m'a dit qu'il fallait que j'y aille doucement vu que je reviens de mon échange scolaire, il aurait bien aimé me garder en observation suite à mon voyage en avion, mais j'ai fortement insisté pour pouvoir aller en cours.

Elle fait une petite pause, passe sa langue sur ses lèvres avant d'esquisser un sourire, puis se remet à parler :
- C'est pour Momo que je souhaite aller en cours. Je l'aime bien, la Yaoyorozu, et puis elle me plait beaucoup. Voire énormément. Elle m'a embrassée, hier, sur le pas de ma porte, pour me dire "Je t'aime", "Tu me plais" et "Bonne nuit". C'est elle qui me l'a dit. Alors je l'ai embrassée en retour pour lui assurer que ses sentiments étaient réciproques et pour lui souhaiter aussi une bonne nuit. J'ai bien fait, tu crois ?

Ses yeux bleus se posent sur moi, m'incitant silencieusement à répondre pour la rassurer sur sa relation avec Momo qui vient de débuter. Il faut dire que la dernière relation de ma petite excentrique s'était mal déroulée et très mal terminée... Ce qui a fait que sa confiance en elle-même vacille souvent lorsqu'il est question de ses sentiments ou de ses actions.

- Tu as bien fait, réponds-je, parlant ainsi pour la première fois depuis la nouvelle de la mort de ma grand-mère.

Son sourire s'agrandit et elle me donne un coup de coude.

- T'en fais pas, je suis sûre que ça marchera avec ton Katsuki !

Elle rit doucement avant de replier son parapluie et de l'accrocher à son avant-bras pour le porter, constatant qu'il ne pleut plus. Elle s'arrête de marcher et se retourne pour me faire face, remettant une mèche de cheveux noirs et bleutés derrière son oreille avant de repousser ses lunettes avec son index car ces dernières glissaient légèrement.

- Eijiro... Je serai là si tu as besoin de parler de ta grand-mère, que ce soit pour l'insulter, lui en vouloir, nier sa mort, te rappeler vos bons souvenirs, pleurer devant sa tombe, et toute autre chose que tu pourrais faire par tristesse. Je sais de quoi je parle, j'ai perdu mon petit frère à cause du cancer, comme tu le sais. Alors, s'il te plait, ne fais rien de stupide et décroche ton portable pour répondre à tes parents. Tu auras besoin d'eux, plus que jamais.

Sa tirade terminée, Okami me sourit en penchant légèrement la tête sur le côté avant de me saluer d'un petit signe de la main et d'un bisou sur la joue, puis elle se retourne et disparait derrière les ombres des arbres du parc.

Et moi ? Moi, je sors mon portable de ma poche et décroche enfin, coupant mes parents avant qu'ils ne me sermonnent.

- Je suis dans le parc. J'étais avec Okami.

Puis je raccroche. Sans savoir ce que je compte faire maintenant.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top