Chapitre 21
A peine a-t-elle mit le pied dans le hall de l'hôpital que Suki rencontre Sakura, prenant un bol d'air à l'entrée de la grande bâtisse. Sakura en apercevant Suki, s'approche d'elle, un sourire rayonnant sur son visage, alors qu'elle ne parvient même plus à se concentrer pour retenir sa tristesse. Celle ci la prend rapidement dans ses bras, contente de la voir de nouveau. Suki ne s'attarde pas, sentant le besoin de le voir, bien trop grandissant. Elle déambule alors dans les couloirs, sa nouvelle amie l'accompagnant.
- Genma est venu tout à l'heure.
Suki tend la tête vers elle comme seule réponse, ne trouvant pas chose à dire la dessus. Elle remarque les joues de Sakura, devenir aussi roses que ses cheveux. Est-ce l'évocation de son frère qui l'a rend si timide d'un seul coup ? Elle se pose rapidement la question mais passe à autre chose quand elles s'avancent dans le couloir de la chambre de Kakashi. La jeune shinobi aux cheveux roses l'arrêtent, une main sur son avant bras.
- C'est vraiment bien que tu sois revenue le voir, sourit Sakura.
- Je ne sais si c'est bien mais j'en a besoin, avoue Suki timidement.
Celle-ci est peinée de lire cette tristesse sur ses traits tirés, on peut voir qu'elle a dormi que très peu et qu'elle n'a pas su se reposer comme il le fallait. Elle lui tapote gentiment l'épaule, montrant qu'elle est présente pour la soutenir.
Une fois devant la porte de la chambre, le corps de Suki semble paralysé. Avec difficulté, elle lève la main pour appuyer sur la poignée, mais elle reste immobile, le membre en l'air, à fixer le cliche en métal. Est-ce une si bonne idée ? Va-t-elle s'en remettre ? Ses paupières se ferment face à toutes ses interrogations, essayant de trouver une solution, le sortir de cette situation qui n'a ni queue, ni tête. Sa main tremble sous la pression du vide qui se dérobe sous son corps. Se sent-elle capable de tenir une fois encore le coup ? Le soutenir est une chose, subir en est une autre et Suki en est parfaitement consciente et n'arrive pas à l'éloigner de sa vie, même pour quelques temps. Sakura, observant la scène, reste un peu en retrait. Elle fronce les sourcils se demandant bien ce qui lui traverse l'esprit. Pourtant, elle en a une petite idée, elle même serait dévastée si son propre senseï ne la reconnaîtrait pas. Et de plus si c'est l'homme qu'elle aime... Elle n'y survivrait pas. Elle trouve en Suki, un potentiel énorme, une force que très peu de personnes possèdent. Elle veut pouvoir l'aider, la soutenir, cette jeune femme qui a tant besoin de soutien. Elle s'approche alors d'elle, posant la paume de sa main sur le dos de celle de Suki, la forçant à toucher l'objet qui le sépare de l'être aimé. Elle appuie sur la poignée, ouvrant ainsi la porte à contre cœur. L'ouverture du seuil, dévoile Kakashi en plein effort, allongé sur le sol, effectuant des pompes à une allure modérée. Suki est choquée de le voir en si grande forme et une joie intense lui remplit le cœur. Il est en vie, il est en pleine forme. Suki passe le pas de la porte et la petite rose, ferme aussitôt la porte. Suki la regarde avec inquiétude et un peu de supplication dans le regard, voulant qu'elle reste à ses côtés. Mais Sakura, sait qu'il faut leur laisser le temps et qu'elle ne doit pas interférer dans ce genre de conversation qui est bien trop intime pour être écoutée. Elle lui sourit alors, essayant de lui transmettre tout le courage dont elle pourrait faire preuve et l'abandonne avec cet homme, qui hante son existence.
Le comportement de Suki est très timide, surtout quand il daigne enfin se lever, sachant qu'il a de la visite. Il s'éponge rapidement le front et reconnaît cette jeune femme qui était venue le voir le jour de son réveil.
- Bonjour.
La voix de Kakashi est rauque, comme à son habitude, mais ce qui diffère est l'air détaché dont il fait preuve. Le comportement si étranger de celui-ci, fait trembler l'échine de Suki, qui a l'impression d'être une inconnue face à son regard. Kakashi, ne ressent aucunes gênes, la fixant, la détaillant, essayant de se rappeler qui pouvait-elle être avant. Son regard de biche, un peu humide, lui donne un côté innocent qu'il ne retrouve pas chez les autres femmes. Sa peau si pâle et qui paraît si parfaite, lui donne envie de la caresser à s'en brûler les doigts mais ce qui l'attire un peu plus, sont ses lèvres. Elles sont magnifiquement bien dessinées et il a l'impression qu'elles sont un goût fruités et doux, mélangé à la menthe, qui serait bien plus piquant. Il n'y a pas à dire, Kakashi trouve cette jeune femme magnifique. Il sourit sous son masque mais se reprend rapidement, quand un trou noir vient alors perturber sa vision. Il baisse le visage, se frottant les tempes quand cette jolie jeune femme, ose lui adresser la parole.
- Bonjour Kakashi, tu as l'air en meilleure forme, sourit Suki.
- Oui je vais enfin pouvoir sortir d'ici.
Rien que deux phrases et le cœur de Suki bat la chamade. Elle fait pour se reprendre, s'éclaircissant la voix, mais le regard insistant de son amour de toujours la rend muette. Elle triture ses doigts, signe de stresse imminent. Un silence pesant vient emplir la pièce et une tension presque palpable émane de ces deux protagonistes. Ils se connaissaient parfaitement, il y a encore une semaine de cela et malgré tout, ils sont devenus de parfaits étrangers, pour l'une, mais surtout pour l'autre. Kakashi agacé de cette situation dont il n'arrive pas à se sortir, décide de s'assoir sur le bord du lit et d'un geste de la main, montre le fauteuil afin qu'elle s'y installe. Suki refuse cette invitation attentionnée, se sentant bien plus à l'aise en position de supériorité. C'est au tour de Kakashi de prendre les devants pour briser la glace, qui les gèle tout deux sur place.
- Excuses moi, mais... Tu t'appelles comment ?
Cette question percute violemment la tête de Suki, qui croit perdre l'équilibre. Elle reste quelques secondes à réfléchir, à se rappeler cette question.. Ils n'étaient que des enfants la première fois qu'il lui a posé cette question si banale. Elle retient un sanglot, laissant la boule de tristesse l'étrangler. Elle avale difficilement sa salive, ne voulant rien lui montrer de sa tristesse et surtout de sa déception. Elle n'a donc pas cauchemardé, il a vraiment oublié.
- Tu ne te souviens vraiment pas ? Demande-t-elle avec espoir.
- Tu crois que je te demanderai si j'en avais une idée ? S'énerve légèrement Kakashi, agacé.
- Je m'appelle Suki Shiranui, je suis la petite sœur de ton ami d'enfance. Soupire-t-elle.
A cette réponse, Kakashi devient blême et semble réfléchir, cherchant dans ses souvenirs les plus lointain, mais c'est le néant. Il ne retrouve aucun souvenirs la concernant, juste le visage de cette femme... Il secoue légèrement la tête de gauche à droite, faisant fuir cette vision et il se remet à regarder cette femme, qui lui semble descendu du ciel.
- Je ne me souviens pas, dit-il sèchement. Je sais que le jour de mon réveil, tu es venue...
- Et Genma ? Tu te souviens de lui au moins ?
- Il est venu tout à l'heure, mais son visage ne m'évoquait rien.
Suki ne ressent plus de stresse, son envie de comprendre prend le dessus comme à chaque fois. Elle fait alors les cents pas devant Kakashi, qui observe chacun de ses mouvements. Il croise les bras sur son thorax, trouvant le temps de sa réflexion bien trop longue à son goût. Et pour le moment, il veut être tranquille, continuer à oublier, pendant que son cerveau se remet doucement.
- Quel est ton dernier souvenir ? Demande Suki en s'arrêtant de marcher.
- Konan. Dit-il sans réfléchir.
- Qu... Quoi ? Bégaye Suki en souriant comme si c'était une mauvaise blague.
- Mon dernier souvenir est Konan, insiste-t-il.
- Et l'Akatsuki t'évoque quelque chose ?
- Non, je ne connais pas.
Elle n'arrive plus à retenir les larmes, lui remontant alors jusqu'aux yeux. Elle ferme fortement les yeux, ce qui provoque une inondation sur ses joues. Elle les chasse rapidement, souriant à Kakashi, qui ne comprend pas sa réaction, qui lui paraît exagérée. A l'intérieur de son être, Suki sent sa haine pour Konan s'enflammer, comme si on avait jeté de l'huile sur le feu ardant de sa colère. Kakashi comprend rapidement, qu'une lien lie Suki à lui, mais lequel ? D'un côté, il aimerait lui poser la question, comprendre sa réaction face au prénom de cette femme qui lui revient sans cesse en mémoire, mais à contrario, il préfère rester dans le déni et continuer ainsi. Quand il observe Suki, une boule se forme dans la poitrine, mais pour quelle raison ? Sentant la tension monter d'un cran, il se lève du matelas.
- Je suis désolé si je te fais de la peine.
Cette phrase paraît si fausse que Suki se met à rire fortement, ce qui a tendance à vexer Kakashi qui se rembrunit.
- Pourquoi tu ris ?
- Tu ne peux pas être désolé, souffle Suki.
- Bien sûr que si !
- Je te suis étrangère, sanglote-t-elle en riant, alors ne fait pas celui qui est touché par mes larmes.
- Tu crois que c'est facile pour moi de voir des personnes peinées de mon amnésie ?!
Kakashi hurle cette question, à s'en casser la voix, prouvant alors l'émotion que cela lui procure. De la colère, de la tristesse, de la désorientation. Tout cela, est un cocktail explosif dans son crâne, qui paraît vouloir exploser à tout moment. Sa façon de réagir est tellement loin de l'homme qu'elle a aimé toutes ses années.. Elle se recule, ne contrôlant plus la situation et sa colère. Kakashi baisse les bras et devient plus doux dans ses gestes et surtout dans le timbre de sa voix.
- J'aimerai te reconnaître car en plus de ça, je sens qu'une chose nous lie !!! Et d'un autre côté, je ne ressens pas le besoin de savoir quelle était cette relation. Elle nous détruisait pas vrai ?
Comment répondre à cela ? Elle même ne connaît pas la réponse exacte. Elle se contente alors d'omettre cette interrogation, car oui elle l'aime à se détruire mais lui, l'aimait-elle à ce point ?
- Si tu ne le souhaite pas, je ne te le dirai pas, murmure-t-elle presque pour elle même.
- Tu es venue pour ça non ?
- Je suis venue te voir parce que j'en avais envie, me rassurer sur ton état et te rappeler que...
- Non, je ne veux pas savoir ! La coupe-t-il. Pas maintenant...
- Bien, dans ce cas je vais te laisser...
- Reviens demain, ordonne-t-il presque.
- Non ! Si tu as besoin de réponses à certaines de tes questions, c'est à toi de me trouver, j'en ai marre de courir après toi.
- Me courir après ? Demande-t-il perplexe.
- Au revoir Kakashi, prends soin de toi.
Bien qu'il lui est balancé tout cela à la figure, elle lui sourit, contente de le voir en si grande forme. Elle lui tourne le dos, et avant de sortir, elle prend son livre. Ce fameux bouquin qui la tant touché, qui a permit une fois à Kakashi de se reprendre et de redevenir cet homme si extraordinaire dont elle est tombée amoureuse. Elle le sort de sa sacoche arrière, ne sortant jamais sans lui. Elle le dépose sur la table de chevet, posant une main si tendre sur la couverture abîmé par le temps et l'usure. Elle regarde Kakashi au dessus de son épaule, alors qu'il la détaille et elle sort rapidement de la pièce, qui devient étouffante.
Quand elle claque la porte, elle s'appuie sur celle-ci, collant ses mains sur sa poitrine, essayant de calmer les battements de son cœur. Sa respiration se fait haletante et douloureuse. Les sanglots la submergent d'un seul coup, coupant son souffle, laissant un cris léger sortir de sa gorge. Sa plainte est intense, elle glisse doucement sur le bois de la porte, se laissant glisser sur le sol, sentant son énergie la quitter. Les pleures, les spams tout cela la dévorent doucement. L'angoisse et la rage se disputent une place importante dans son esprit, provoquant des tremblements subtiles. « Konan, Konan, Konan... », ce prénom hurle en éco dans son esprit, tapant fortement ses tympans. Suki serre la mâchoire le plus possible, voulant contrôler cette envie de vengeance, cette envie de la voir périr de ses propres mains. Mais la faiblesse de Suki, reste Kakashi, il reste sa plus grande force comme sa plus grande fragilité. Elle se lève d'un bon et se met à courir le plus rapidement possible, bousculant un tas de personnes mais ne se préoccupant que de ce qui la tracasse...
Devant la secrétaire de l'hokage, l'instinct de Suki se réveille. Elle ne veut en aucun cas lui donner accès au bureau de leur chef. D'un geste brusque et remplit de haine, Suki vient claquer sa main sur son bureau la faisant sursauter. Les flammes de haine flamboyant dans ses pupilles émeraudes, font vite changer d'avis l'assistante de Tsunade, qui court rapidement à son bureau. Suki n'attend pas l'accord et la suit de très près. Quand elle lui ouvre la porte, elle la remercie et passe devant cette femme presque tremblante de peur. Tsunade ne paraît pas se préoccuper de l'arrivée subite de cette shinobi si imprévisible ces derniers temps. Elle finit de signer quelques contrats et lève enfin son regard sévère sur elle, qui est loin de pouvoir se calmer, bien trop déterminée.
- Pourquoi viens tu traumatisé ma nouvelle assistante ? Demande Tsunade sur un ton qui se veut hilare.
- J'accepte votre proposition.
- Merveilleux ! S'exclame l'hokage en levant les bras.
- A une seule condition.
- Je t'écoute, dit-elle en devant bien plus sérieuse.
- Je voudrais traquer l'Akatsuki et vous ramener Konan
- Suki...
- Vous avez besoin de mon expérience en espionnage pour les avoir et vous le savez, sinon, jamais vous ne m'aurez demandé de revenir dans vos rangs, crache Suki sans prétention.
- Mais la dernière fois...
- La dernière fois, il détenait mon point faible, la coupe-t-elle. Aujourd'hui, je n'en possède plus.
Tsunade se laisse tomber dans son siège, se tournant vers l'énorme fenêtre, lui permettant d'apercevoir tout le village. Devrait-elle réellement faire cela ? Est-ce une si bonne idée finalement ?
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