3. Lisa & Logan
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Lisa
J'envoie un texto à Phil pour le prévenir que je ne pourrai pas récupérer Zeus ce soir. Il me répond que ça ne lui pose aucun problème, que Zeus reste encore au garage. Je ne m'inquiète pas, personne n'osera y toucher.
Ma grand-mère s'est endormie du coup, j'en profite pour aller prendre une douche à la maison et me changer. En me regardant dans le miroir, les larmes me montent aux yeux. Pourquoi je dois vivre tout ça ? Je suis forte, mais là, on parle de ma grand-mère et elle est mon tout. Comment puis-je ne pas être triste ?
J'aimerais tant que Will soit là en ce moment. J'ai besoin de son épaule reposante, car j'en peux plus de pleurer. J'ai mal à la tête à force de penser, mais je sais que je suis assez forte, je trouverai une solution...
De retour à l'hôpital, je vois que Darrell n'a pas arrêté de m'envoyer des textos me disant qu'il est désolé qu'il ne voulait pas me blesser, des excuses bidon. C'est juste un lâche qui n'a pas eu les couilles de me dire en face qu'il couche avec sa meilleure amie. En ce qui me concerne, je n'ai plus rien à leur dire, j'ai assez de problèmes à gérer. Qu'ils aillent se faire foutre tous les deux.
Mon ventre gargouille, me rappelant que je n'ai rien mangé de la journée, alors j'en profite pour aller me chercher un petit quelque chose au distributeur. Plusieurs secondes après avoir mis les pièces, je commence à m'impatienter, du coup, je me mets à taper rageusement sur ce fichu bouton.
— Rends-moi mon argent, saleté de machine, mais putain, rend-le-moi... C'est quoi cette machine de merde là ? [...] Aïe... Fait chier putain.
Ce n'était pas très malin finalement de donner des coups de pieds dans ce truc, et la douleur que je ressens en ce moment me le confirme.
– Ce n'est pas en jurant que vous aurez moins mal...
Non, mais de quoi je me mêle ? Je me retourne, prête à l'envoyer se faire chier, mais dès que je lève ma tête, je suis comme un peu abasourdi. Un homme avec une carrure d'ouf se tient devant moi, une main dans la poche de son pantalon. Moi et mon fidèle regard de celle qui déteste tout le monde semble l'amuser, vu qu'il se dirige vers le distributeur avec un grand sourire. Le coup qu'il donne à cette maudite machine est plus léger que le mien et pourtant, il arrive à faire tomber mon snicker qu'il ramasse comme si de rien n'était avant de se retourner pour partir.
— Hé, vous n'avez pas oublié quelque chose ?
– Non, je ne pense pas.
— Je vais vous le dire, moi, ce snicker que vous avez dans la main-là, il est à moi et vous allez gentiment me le rendre.
– C'est pourtant moi qui l'ai fait tomber !
— Avec mon argent
— Ah oui !
— Vous savez comment on appelle ça ?
– Vous allez me le dire de toutes les façons.
– Du vol. Voilà pourquoi on dit qu'il ne faut pas se fier aux apparences.
— Donc, je n'ai pas l'air d'un voleur, c'est un compliment ça, je me trompe ?
Vaguement, Monsieur ouvre le sachet pour croquer dedans, puis il s'en va. Rouge de colère, je m'apprête à lui balancer mes quatre vérités quand je reçois l'appel de mon meilleur ami disant qu'il est à l'hôpital. Je lui indique l'adresse de la chambre pour qu'il me rejoigne. Quand je vous dis que c'est le meilleur, il m'apporte même de quoi dîner.
– Qu'est-ce qui s'est passé ?
– J'ai rencontré un voleur devant le distributeur.
– Qu'est-ce qu'il t'a pris ce voleur ?
— Mon Snicker
Will se met à rire devant mon air dégoûté. J'hésite avant de lui donner un coup dans les côtes, et pourtant, ça ne l'arrête pas.
L'autre connard-là n'a qu'à bien se tenir. J'espère ne pas le recroiser, car je pourrai très bien lui en mettre une. Je m'en fiche qu'il soit plus grand et plus fort que moi a priori. Ça ne m'a jamais arrêté avant...
Logan
En réfléchissant à la réaction de cette jeune fille, je me suis mis à rire. Elle semblait très énervée que je sois partie avec sa barre de chocolat.
– Tu manges des snickers maintenant ? Des Snickers...
– Figure-toi que je viens tout juste de le piquer à une fille devant le distributeur.
- Ce n'est pas bien Lolo... Pas bien du tout.
– La propriétaire m'a fait la même remarque, Gaby...
- Emy va bien Ne t'en fais pas... Ne t'en fais pas. J'ai promis de veiller sur elle, hein. Je veillerai sur elle.
— Je sais que tu veilleras sur elle.
— Je suis sa tante alors, je veillerai sur elle.
Elle me laisse lui caresser la tête pendant cinq secondes avant de repousser ma main.
— Tris est à la maison, tu veux rentrer ?
– Il va se faire gronder... Je vais le gronder une fois à la maison... À la maison
— D'accord, ma Gaby, je vais demander à ce que l'on te ramène.
— Ne rentre pas trop tard, d'accord ? [...] D'accord,
Gabriela est tellement courageuse. La voir évoluer un peu plus chaque jour m'apporte une très grande joie. En ce moment, je suis triste et elle l'a remarqué. Son bracelet fait de smileys l'aide à interpréter les émotions. Il lui a été offert par notre frère Tristan et elle y tient énormément. Ma sœur est autiste, et même si elle ne sait pas vraiment comment exprimer ses émotions, Gaby est l'être humain le plus adorable que je connaisse.
J'appelle le chauffeur pour ramener ma sœur à la maison. Avant de partir, elle range la peluche d'Emy à côté d'elle. Emy est en train de dormir. Sa peau est très pâle et ça me déchire le cœur de la voir ainsi.
On vient d'apprendre qu'Emory est atteinte d'une forme rare d'anémie et qu'elle a besoin d'une transfusion sanguine. Malheureusement, je ne peux pas lui donner mon sang et personne de notre entourage n'en est capable, car son groupe sanguin est tout aussi rare que son anémie. L'argent ne fait pas tout.
Je reste quelques minutes auprès d'elle avant de retourner au bureau.
Conversation téléphonique
- Monsieur O'Neil...
– Dr Thomas, je vous écoute.
– Oui, c'est à propos d'Emy.
— Qu'est-ce qu'elle a, ma fille ?
– Je vous appelle pour vous dire qu'après trois jours d'attente, nous venons de trouver quelqu'un à l'hôpital qui a le même groupe sanguin qu'elle...
– Qui est-ce ? Je peux lui parler Je suis prêt à faire tout ce qui faut pour qu'il accepte de nous aider.
— C'est une jeune fille, et c'est là que cela devient difficile. Écoutez, je peux simplement vous mettre en contact avec elle, mais rien de plus.
– Merci beaucoup, docteur.
Je me lève de ma chaise derrière mon bureau pour me mettre face à la baie vitrée. Je souffle de soulagement après cette conversation. Je suis disposé à faire tout ce qu'il faut pour convaincre cette personne. Il faut qu'elle accepte de m'aider. J'appelle alors mon chauffeur pour me reconduire à l'hôpital.
Nous arrivons à l'hôpital, je me dirige directement dans le bureau du Dr Thomas. J'imagine que ce ne sera pas facile, mais en sortant, j'avais déjà une idée de ce que je devais faire si je voulais qu'elle accepte de m'aider.
Je souffle un bon coup avant de m'approcher dans sa direction. Elle lève les yeux de son écran de téléphone pour me regarder. D'accord, elle me fait clairement comprendre qu'elle n'est pas d'humeur. Ses yeux sont rouges et gonflés. Elle a dû beaucoup pleurer.
— Tenez, je vous le rends.
– Les riches ont une conscience finalement, bien que la vôtre soit tardive.
— Je l'ai cherché celle-là.
– J'ai failli mourir de faim à cause de vous.
— N'en faites pas tout un drame... Vous allez le prendre ou...
– Qu'est-ce que vous voulez ? Dit-elle en me l'arrachant brutalement.
— Je tiens à m'excuser pour tout à l'heure...
— Ça ne prend pas avec moi, alors dites-moi ce que vous voulez vraiment.
– Pouvons-nous discuter ailleurs ?
– Vous et moi ? De quoi pourrions-nous discuter ?
– Suivez-moi, je vous prie.
- Ah ! Vous croyez qu'il suffit de me rendre ce que vous m'avez dit en passant volé pour que je vous suive alors que je ne vous connais même pas ? Vous êtes drôle, vous.
— Écoutez, Mlle, je sais que nous ne connaissons pas, mais j'ai vraiment besoin de vous parler, alors accordez-moi juste quelques minutes après cela, vous serez libre de partir.
Étrangement, elle me suit sans rien dire, heureusement, de cette façon, je n'aurai pas à la forcer. Arthur nous conduit dans un café tout près de l'hôpital. J'aurais pu en discuter avec elle à l'hôpital, mais je me suis dit que ce sera plus confortable ici.
— Vous étiez obligé de m'emmener ici ?
– C'est plus près de l'hôpital...
– Et cher... Les riches sont tous des frimeurs.
Je ne fais pas de commentaire, sachant qu'elle pourrait s'énerver et s'en aller. Je suis habitué à un niveau de confort et j'ai les moyens pour, donc je ne m'en prive pas. Le serveur nous voit et il vient vers nous. Elle commande seulement un café. Je sors mon portable de la poche de ma veste, je vais dans ma galerie sur une photo d'Emory, puis je le fais glisser sur la table dans sa direction.
– Quoi ? Vous êtes un genre de pervers attiré par les enfants ? Oh non, ne dites rien, vous êtes...
— Non, je ne suis pas un pervers et non, ce n'est pas ce que vous croyez...
– Qui est-ce ?
- Emory O'Neil... Ma fille...
- Ah... Maintenant que vous le dites, c'est vrai qu'il y a une ressemblance.
— Je sais, je l'ai eu très jeune.
— Pourquoi me montrez-vous la photo de votre fille ?
– Elle souffre d'une forme rare d'anémie et il lui faut une transfusion sanguine.
– C'est vraiment moche ça. Mais vous êtes son père, vous pouvez certainement lui donner votre sang.
– Malheureusement, ce n'est pas aussi simple.
— Attendez ! Pourquoi est-ce que vous me racontez tout ça alors qu'on ne se connaît même pas ?
– Tu as raison. Ça peut paraître bizarre, mais...
— En effet, c'est très bizarre, alors, M. O'Neil, dites-moi ce que je fais là.
– Écoutez, mademoiselle McAllen...
— Vous connaissez mon nom en plus...
— Ne vous inquiétez pas, c'est le Dr Thomas qui m'a parlé de vous. Il m'a dit que vous êtes la seule personne dans tout le pays à avoir le même groupe sanguin que ma fille...
– Vous êtes sérieux là ? Vous voulez que je lui donne mon sang ?
- Oui, c'est cela...
— Non, mais ça, c'est le comble. Vous pensez être le seul à avoir des problèmes ?
- Mlle McAllen...
– Je suis désolée pour votre fille, mais figurez-vous que je ne peux pas vous aider...
– Ce ne sera pas gratuit. Je suis disposé à faire tout ce que vous voulez.
– Pouvez-vous être plus direct ?
– J'ai cru comprendre que nous pouvons nous entraider.
— Nous entraider ?
- Oui
– De quelle façon ?
– Je sais que votre grand-mère se trouve dans cet hôpital également et qu'elle est très malade.
— Je vais le poursuivre, ce Dr Thomas. Non, mais quel manque de professionnalisme...
— Écoutez-moi, s'il vous plaît. Je sais que le traitement de votre grand-mère est très coûteux.
– Ce n'est en rien votre problème...
— Tout comme je sais que vous n'avez pas les moyens de payer son traitement.
– Vous avez fait des recherches sur moi ?
- Oui
– Je pourrais vous dénoncer à la police...
— Ou bien vous acceptez mon offre...
— Non, mais quelle arrogance...
— Je vous propose une chose, je prends en charge tous les frais médicaux et vous, vous donnez la quantité d'hémoglobine qu'il faut pour sauver ma fille.
— Écoutez-moi bien, Monsieur O'Neil, je...
– Ne vous en faites pas, je suis un homme de parole.
— C'est que ce n'est pas aussi simple, mais je suppose que vous êtes l'un de ces riches avec une dizaine d'avocats à son service. Si je le fais, j'ai besoin d'être sûr que vous allez tenir parole.
– Ne vous en faites pas. Vous n'avez qu'à venir avec moi à l'hôpital pour passer les tests et je demanderai à mon avocat de préparer un contrat tout de suite.
– J'espère pour vous que vous n'allez pas essayer de m'entuber. Dit-elle avant de déposer un billet sur la table payant son café.
Première remarque, cette fille a un langage très particulier. Je n'aime pas les personnes qui jurent sans cesse et pour moi, une fille doit avoir un langage commode, mais pour le moment, ce n'est pas son langage qui m'intéresse. Elle m'accompagne comme convenu. On lui fait passer les tests nécessaires. Ensuite, elle remplit un questionnaire.
Le Dr Thomas m'annonce quelques minutes plus tard que tout va bien, que mademoiselle McAllen peut donner son sang à Emory sans danger. Honnêtement, c'est la meilleure nouvelle que j'apprends depuis plusieurs semaines. En quittant son bureau, je compose le numéro de l'un de mes avocats.
– Maître Garcia, j'ai besoin que vous préparez un contrat dans l'immédiat. Je vous envoie les informations.
Garcia est très compétent et il a toute ma confiance. Je le connais depuis que je suis tout petit, c'était l'avocat de ma mère.
Quelques heures plus tard, il vient à mon bureau pour me prévenir que tout est prêt. J'appelle toute suite mademoiselle McAllen pour lui dire de se préparer, car mon chauffeur vient la chercher. Elle franchit la porte de mon bureau une heure plus tard. Je laisse traîner mon regard sur son visage, elle est très jeune et c'est vrai qu'elle est très belle. Elle n'est pas maquillée et ses cheveux sont remontés en une tresse négligée.
Calme-toi, Logan, cette fille est là juste pour le contrat, rien de plus. Je détache avec difficulté mon regard d'elle. Lorsque maître Garcia m'apporte le contrat. Je m'assois sur une chaise à quelques mètres d'elle.
Le contrat me semble parfait, évidemment, elle prend son temps pour le lire.
- Hum...
Elle semble réfléchir et j'avoue que j'ai peur qu'elle change d'avis tout à coup. Je sais que je serai capable de la forcer à le faire et je prie pour ne pas en arriver là.
— Tout va bien, Mademoiselle McAllen ?
– Vous n'avez que ça comme condition ?
– C'est exact.
— Par contre, moi, je veux en ajouter quelques-unes.
– Nous vous écoutons.
– Ça doit rester confidentiel.
– Pas de problème.
Elle s'approche de moi, les mains sur la table comme si elle cherchait à me dominer. J'avoue que je trouve cela amusant, alors je reproduis son geste.
– Une fois la transfusion faite, chacun repartira de son côté. Je ne vous connais pas, vous ne me connaissez pas. Dit-on en même temps.
Je la vois foncer les sourcils toujours en me défiant du regard. Ce n'est que lorsque maître Garcia s'éclaircit la gorge que nous nous éloignons rapidement. Pourquoi voudrais-je la revoir ?
— Quoi d'autre ?
— Même si je doute fort que vous recroissez un jour, M. O'Neil, soyez rassuré que je n'oserai pas m'approcher de vous ni de votre fille.
– Ce sera tout ?
— Euh, oui.
— Veuillez signer ici, s'il vous plaît... Ici également. Indique maitre Garcia...
Vient ensuite mon tour de signer. Une fois notre accord finalisé, elle retourne à l'hôpital remplir sa part. Aussitôt la transfusion terminée, maître Garcia s'assure de faire un transfert avec le montant indiqué sur le compte de mademoiselle McAllen...
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