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Lisa

Quelques jours plus tard

Certaines journées durent réellement plus longtemps que d'autres. Je sors à peine d'une réunion. La réunion d'aujourd'hui, c'était pour la sélection finale des modèles qui sortiront bientôt et je suis fière qu'ils aient gardé tous mes modèles. Je me suis donné à fond, j'y ai mis du cœur dans ce projet.

– Le fait qu'ils ont approuvé tes modèles ne signifie pas forcément que tu es douée. Sachant que tu sors avec le patron, ils veulent sûrement rester dans ses bonnes grâces.

– Mlle Rousseau, on dirait que vos parents ne vous ont pas donné assez d'amour durant votre enfance.

– Et vous ? Ah oui, vous n'en aviez pas.

– Et pourtant, on aurait dit le contraire. La vérité, c'est que vous êtes frustré que mon petit ami ne vous ait laissé aucune chance alors que vous essayez de l'attirer dans votre lit depuis si longtemps.

– Savez-vous qu'il y a différentes façons d'attirer l'attention ?

– Vous semblez être une experte en la matière, mais je vous remercie, car je n'ai pas besoin de vos conseils.

Mon portable vibre sur la table, je le prends pour ouvrir son message. Jane marmonne dans mon dos sûrement des insultes, mais je ne fais pas attention. J'arrive dans son bureau, il lève la tête de son ordi et me fait signe de le rejoindre.

– Ça va ?

- Hum

— Je suis fier de toi, Mon cœur. Tu as fait du bon boulot, tes modèles sont parfaits.

- Merci...

Mon cœur palpite si fort quand il me regarde comme ça. J'ai l'impression qu'il ne voit que moi.

– On y va ? Les filles sont impatientes.

J'ai convaincu Logan d'emmener Emy et Gaby à la fête foraine ce soir. C'est une première pour elles et Emy est toute excitée depuis qu'on leur a annoncé. Contrairement à ce que je pensais, Gaby est plutôt enthousiaste. Elle qui déteste la foule ou même se mêle aux gens. Gaby ne supporte pas qu'un étranger la touche...

Vu que j'ai terminé un peu plus tôt aujourd'hui, je décide de rentrer à la maison passer du temps avec ma Lolita. Après avoir passé près d'un quart d'heure au téléphone avec Will, je rejoins Lolita dans son atelier.

– Tu peux me passer les ciseaux qui sont juste derrière toi ?

- Bien sûr

Sur le mur, il y a plusieurs modèles que j'ai dessinés. Lolita les a tous gardés, depuis mes premiers croquis. Je les observe en souriant. À l'époque, je voulais vraiment me surpasser.

– Tu m'aides avec ces épingles ?

Ma grand-mère est très heureuse de ce qu'elle fait et moi, je suis très fière d'elle. Je ne sais pas à qui appartient cette robe, mais je sais que je l'ai dessinée il y a plusieurs mois de cela.

– Mamie, à qui appartient cette robe ?

– La fille de Margot.

– Gina ?

– À ce qu'il paraît, elle a vu la robe que tu portais à une soirée et elle m'a demandé de lui en faire une pour son bal au lycée.

Voyez-vous cela. Cette gamine est hyper mal élevée. Je me rappelle de la dernière fois qu'elle est venue chez nous avec sa mère : elle n'est restée que sur son portable et quand sa mère lui a demandé de le déposer, elle a fait une de ces crises et sa réponse était très déplacée.

Je finis d'attacher cette épingle avant de sortir mon portable dans ma poche arrière. J'ai un message de Jonah. Après ma conversation avec Logan, je l'ai vu le lendemain. Je lui ai clairement fait comprendre à quel point j'ai été énervé en apprenant la vérité sur sa véritable identité et que j'ai trouvé répugnante sa façon de m'approcher pour atteindre Logan. À mon grand étonnement, il s'est excusé et m'a demandé que l'on reprenne tout de zéro. Je ne suis pas bête, bien sûr, que je lui ai dit que ça ne m'intéresse pas, mais il a continué à insister en m'envoyant des messages.

– Ma chérie, tu sors ?

— Je serai vite de retour, ma Lolita.

Je monte sur ma moto pour conduire jusqu'à l'adresse du restaurant qu'il m'a envoyée. Furieusement, je m'approche de lui alors que Jonah me sourit comme si le fait de me voir lui faisait réellement plaisir.

- Salut...

— Putain, qu'est-ce que tu n'as pas compris en fait ?

– Tu veux boire quelque chose ? Tu as déjà dîné ? [...] Vas-y, assieds-toi.

— Je ne suis pas venue pour boire ou pour dîner avec toi, Jonah.

— Je sais, tu es là pour me demander d'arrêter de t'envoyer des messages, mais je t'arrête tout de suite parce que j'ai vraiment envie que nous soyons amis, Lisa.

Je me retourne pour partir.

— C'est à cause de lui, hein ? Tu m'en veux à moi, alors que lui, tu lui as pardonné.

– Qu'est-ce que tu cherches en m'envoyant tous ces messages ?

— Lisa, dis-moi, ça ne te dérange réellement pas que ton petit ami ait été un voyou ? Un gangster ? Un connard...

– Oui, il l'a été. Alors que toi, tu l'es encore...

— Il t'a raconté un tas de connerie et toi, tu ne me laisses même pas te donner ma version des faits.

— Pourquoi devrais-je écouter ta version à toi, vu que cela s'est passé bien des années avant qu'il ne me connaisse ?

– Ce n'est pas juste...

- Non mais je rêve...

- Lisa...

— Tu ne le sais peut-être pas encore, Jonah, mais moi, je sais cogner les mecs, précisément ceux qui te ressemblent.

Il me fait signe que tout le monde nous regarde, étant donné que je n'ai pas envie de me retrouver en première page demain. Je m'assois en face de lui. C'est peut-être, c'est ce qu'il veut en fait, que mon image apparaisse sur toutes les chaînes pour nuire à Logan.

– Pourquoi est-ce que tu veux me parler d'une histoire qui ne me concerne pas ?

— Crois-moi, ça te concerne, Lisa. Tout ce qui touche Logan, que ce soit à propos de son passé, de ce qui se passe présentement ou bien alors ce qui arrivera, te touchera d'une façon ou d'une autre...

Tout à coup, nous entendons plein de sonneries de notifications autour de nous. Les gens sortent leur portable, puis se mettent à nous dévisager, ou devrais-je dire, à me dévisager moi.

– Regarde, c'est elle. Dit une fille.

— Oh mon Dieu, mais c'est horrible. Ajoute une femme.

– Non, mais quel genre de personne fait un truc pareil...

– La preuve que la majorité des jeunes filles de nos jours ne sont attirées que par l'argent.

Je sors mon portable à mon tour pour voir ce qui se passe. J'ai plusieurs notifications sur Twitter. Mon portable glisse entre mes mains pour atterrir sur le sol.

– Quoi ? Qu'est-ce que tu as ?

- Je... Je...

— Lisa

Jonah ramasse mon téléphone, ses yeux s'agrandissent en lisant ce qui est affiché sur l'écran.

- Comment... Qui...

– Lisa, il faut que tu te calmes, d'accord ?

— C'est toi qui as fait ça ?

– Quoi ? Mais non. Je te jure que je n'y suis pour rien.

C'est à propos de mon accord avec Logan. Il y a une photo de moi sur laquelle on a écrit « Qui est réellement Elisabeth Jade McAllen ? » C'est une personne horrible qui, au lieu de sauver la vie d'une gamine innocente, a choisi de vendre son sang pour de l'argent. Et comme ça ne lui a pas suffi, elle a séduit le père de la petite pour en avoir plus. J'arrête de lire, car je ne veux pas voir le reste. Personne n'était censé le savoir ? Qui a fait ça ? Pourquoi ? Comment ? J'ai un million de questions dans ma tête et mon téléphone ne cesse de sonner, alors je l'éteins.

Il y a un mec qui lève son portable pour me filmer, alors que la fille qui l'accompagne n'arrête pas de me prendre en photo. Jonah se dirige vers leur table, il attrape leur portable l'un après l'autre, puis les balance par terre.

— Hé, mais qu'est-ce que vous faites ?

– Vous êtes cinglé ? demande la fille.

– Vous devriez avoir honte de ce genre d'attitude alors que vous ne connaissez même pas la vérité. Crie-t-il.

Je suis tétanisée. Jonah m'aide à me lever, puis nous quittons le restaurant.

— Allons-y, Lisa.

- Je suis...

– Je te ramène.

Je ne peux pas rentrer dans cet état, Lolita ne doit surtout pas me voir comme ça, elle s'inquiéterait trop. Je lui demande de me conduire chez William.
Nous arrivons une demi-heure plus tard.

– Tu veux que je t'accompagne ?

— Non, ça va, Will rentrera tout à l'heure... Merci. Lui dis-je timidement.

La vérité, c'est que je ne veux pas pleurer devant lui. Voilà pourquoi, dès que j'entends sa voiture démarrer, adossée contre le canapé, je laisse sortir mes sanglots. Deux minutes plus tard, j'entends la porte s'ouvrir. Mon meilleur ami s'empresse de me prendre dans ses bras. Will ne me pose aucune question, il se contente juste de me serrer contre lui en me caressant le dos. Il est sûrement déjà au courant.

Une fois qu'il n'entend plus mes sanglots, mon ami se détache doucement de moi pour prendre mon visage entre ses mains. C'est là que je remarque qu'il a la lèvre inférieure fendue.

- Will...

- Ce n'est rien...

— Avec qui tu t'es battu ? ... À cause de moi, hein...

— Lisa, regarde-moi, ce n'est vraiment rien, je te promets...

Will essuie les larmes sur mes joues. Je suis si reconnaissant de l'avoir dans ma vie. Celui qui lui a fait ça ne perd rien pour attendre. Je soupçonne déjà son cousin ou encore un membre de son équipe. Je vais me le faire.

– N'y pense même pas.

– Quoi ? Je n'ai rien dit.

— Je te connais, Lisa, tu es sûrement en train d'imaginer dix mille façons d'estropier Eli...

— Je savais que c'était ce con. Pourquoi tu ne t'es pas défendu, toi ? Ça m'énerve que tu laisses toujours ce connard s'en sortir...

– Je suis sûr de lui avoir pété le nez.

La surprise se lit sûrement sur mon visage. Eli adore le taquiner, toujours en train de chercher la bagarre. Il est jaloux du fait que ce soit Will le capitaine de l'équipe. J'espère que Will lui a bien défoncé la gueule.

- Bien joué mon Will... Cela dit, tu aurais dû lui péter les deux bras à la place.

- Lisa...

Nous sommes coupés par la sonnerie de son portable. Il me montre l'écran et je vois le nom de Logan affiché. Tout à coup, j'ai peur. Will décroche et met le haut-parleur.

Conversation téléphonique

- Allô

— Bonsoir William, J'espère que tu vas bien. J'essaie de joindre Lisa, mais son portable est éteint.

— Elle est avec moi, je t'envoie l'adresse.

Quand il revient près de moi, je lui assène une tape derrière la tête, ce qui le fait couiner.

– Mais pourquoi ?

– Tu lui as dit de venir. T'as vu mon visage ? Il est tout bouffi.

– Et alors ? Il t'a déjà vu en plus moche...

- Aïe. Mais Lisa arrête de me frapper.

Je m'apprête à lui en donner une autre tape, mais il s'éloigne rapidement.