Chapitre 3 : Le retour aux sources friquées
Les pins enneigés s'enchaînèrent quand la voiture s'engouffra dans les montagnes Alpines.
J'étais installée durant une heure sur l'un des deux derniers sièges du SUV familial, juste derrière Loann qui avait sa tête posée sur l'épaule de sa mère. Isis n'arrêtait pas de tourner la tête toutes les minutes pour me demander si j'allais bien, tout en me proposant continuellement des petites gourmandises sucrées que je refusais.
En parallèle, son abominable fils rigolait dans son polo marine d'une grande marque en lui disant de ne pas nourrir « le ballon que j'étais », au risque d'une explosion imprévue.
Pourquoi est-ce que ma mère me faisait subir ça ?
Elle savait qu'il avait un comportement dégueulasse depuis qu'il était petit à cause de son père, mais elle minimisait ce harcèlement...
Emmitouflée dans l'épais manteau de ma dite grand-mère, je récupérai du bout des doigts les miettes d'un brownie chocolaté que tante Isis m'avait ordonné de manger ; puisque je cite :
« ça se voyait à ton sourire crispé que la compote de l'hôpital ne t'avait pas régalé ».
Certes, j'avais faim. Cependant, entendre à nouveau les rires soufflés de Loann à chaque croc fait, me donnait envie de tout recracher.
Je léchai mes doigts gras et gobai les morceaux dispersés sur la fourrure avant de m'essuyer sur celle-ci, quand le son de l'application photo attira mon attention dans la voiture.
Puis un rire assumé qui s'en suivit.
Je compris tout de suite que j'étais la cible de l'objectif frontal, alors, je fermai les yeux en imaginant être dans ma chambre, jusqu'à m'en dormir.
Le froid me chatouillait le bout du nez en même temps qu'un pincement s'effectua sur le dos de ma main. Toute la famille de ma mère venait de sortir.
Loann me réveilla en me crachant au visage « debout, la grosse » avant de forcer un sourire.
Il claqua la portière quand je m'apprêtai à sortir après lui quand le siège fut baissé.
Sans surprise et une fois sous le porche, la porte d'entrée se referma. Le plafonnier s'éteignit et en apportant ma main sur le fer gelé pour pousser le lourd bois, je constatai qu'il m'avait bloqué.
Loann venait de verrouiller l'entrée.
Je lâchai une insulte qui, une fois lancée, laissa sur son passage une fumée blanche.
Je tirai sur le manteau beige et recouvris ma main pour appuyer longuement sur la sonnette avant d'entendre la porte se débarrer.
La tête toujours baissée pour éviter le regard rieur de mon harceleur, j'avançai en traînant les bottes en fourrures que ma grand-mère m'avait achetées, avant de venir me rendre visite avec sa famille.
Mais mon corps heurta un torse sentant la braise.
— Dieu merci, t'es vivante ! s'exclama Arman avant de me serrer contre lui.
Je souris tendrement à la voix qui venait de prononcer ces mots avant de répondre émotive, à son câlin.
Mon cousin nous entraîna dans le hall chauffé avant de m'embrasser les joues.
— Non, Yu... commença-t-il en voyant mon expression se crisper de tristesse. Je vais le tuer, ce petit con ! hurla-t-il la tête tournée vers une autre pièce, les bras de nouveau accrochés autour de mon cou.
Sa paume frotta l'arrière de mon crâne en m'entendant renifler à flot, étouffée contre son ensemble vers sapin.
Quelle couleur originale sur un roux..., pensai-je en essayant de rire de la situation, en vain.
— Pourquoi est-ce qu'il continu ? lui demandai-je après m'être reculée de son épaule, en séchant mes larmes.
Sa mâchoire se contracta et il me prit par la main pour aller dans le salon.
Il savait que son frère ne changerait pas et il ne pouvait pas me mentir.
J'aurais cependant espéré entendre d'une voix familière dire que mes problèmes s'en iront.
Mais Arman n'était pas de ce genre.
— Non ! lançai-je en me stoppant au milieu de la cuisine tout en le retenant. Je ne veux pas le voir !
— Il est dans sa chambre, confirma une voix plus grave que celle de mon hôte.
Je tournai sur moi pour chercher mon locuteur bien que je fusse sûre qu'il s'agissait d'un des aînés.
Mais aucune trace.
Mon cousin se défit de mon emprise et souffla avant d'ouvrir une portière cachée entre deux hauts meubles boisés blancs.
— On a un salon, Elias...
Mon autre cousin sortit de sa cachette en rigolant doucement et, alors que je m'appuyai contre l'îlot central, je vis un pouf rosé caché derrière des packs de lait.
— J'aime être dans le noir.
— T'as une chambre pour ça...
Elias approfondit son rire avant de prendre par la nuque son petit frère et de lui donner une tape dans le dos.
— Le morveux fait trop de bruit, finit-il par dire avant de me lancer un clin d'œil. Content que tu sois saine et sauve, Yu !
Et il repartit vers le hall, les mains croisées dans le dos. Arman quant à lui, râla en ouvrant le frigo et en le refermant une seconde plus tard. Il agrippa une bouteille de lait entre ses deux doigts, donna un coup dans la portière et fit un tour sur lui en récupérant deux tasses dans une étagère, qu'il remplit de lait.
J'étais restée silencieuse et perplexe jusqu'à ce qu'il dépose un chocolat chaud devant moi.
— Ça va te réchauffer.
Mais je me pinçai les lèvres en refusant d'en boire une goutte.
Et si Loann me voyait faire ?
Qu'est-ce qu'il dirait ?
En m'observant sans voix, Arman disparut de mon champ de vision et me tendit des dosettes d'édulcorant.
— Non, ça va... Je n'ai vraiment pas...
— C'est du chocolat bio, Yu. Il n'y a presque pas de sucre. Sinon, maman t'a acheté ça au cas où tu reviendrais, m'assura-t-il en secouant l'objet en plastique bruyant dans sa main.
Alors je m'approchai totalement complexée de la tasse fumante.
Il poussa une banquette du même coloris que la porte secrète de dessous un meuble contre le mur puis, il m'invita à m'asseoir.
Je laissai mes lèvres se déposer sur la porcelaine froide et sentie ma langue chauffée sous le liquide. J'avalai difficilement en faisant une grimace et il rigola, me reproposant la boîte si j'en avais envie.
Mais je refusai.
Le chocolat avait un goût fort, mais, tout ce dont je voulais, c'était un peu de chaleur. Une fois vidée, j'adressai d'un coup de tête la porte-mystère à mon cousin.
— Oh, ça ?
Il se leva en demandant de prendre ma tasse et déposa la vaisselle dans l'évier puis ouvrit la cachette.
— Garde-manger. Va savoir pourquoi il se cache ici...
Je souris et alors qu'il rinça les tasses, une troisième voix me surprit depuis que j'étais rentrée ici.
— Je te cherche depuis vingt minutes, Yu ! Viens près du feu !
— Non, maman. Je n'ai pas envie d'être avec vous...
Ma mère se vexa.
Les lèvres pincées, elle insista en demandant à Arman de me forcer. Ce dernier leva les mains en l'air avant de se poser contre l'îlot central en attendant que ma mère abandonne l'idée.
— Tu détestes vraiment notre famille, hein ?
— Ne t'inquiète pas, t'es mon préféré ! souris-je quand il mit ses mains sur mes épaules en les frictionnant.
— Ma meilleure amie sous mon toit pour une durée indéterminée... J'adore le concept ! rigola-t-il en me voyant reprendre de la chaleur et de la couleur sur mon visage.
— Mais aussi dans la même maison que celui qui fait de ma vie, un enfer... chuchotai-je en soufflant.
Arman s'en rendit compte et me gronda de ne pas faire attention à lui.
Maintenant, et tant que je serais ici, tout le monde serait de mon côté et il ne pourrait plus agir sans avoir de conséquence.
En attendant, son comportement dans la voiture sous les yeux de sa mère, n'avait pas été stoppé pour autant...
— Yu, s'accroupit-il de quelques centimètres pour me regarder droit dans les yeux. S'il te fait quelque chose, je lui casserai la gueule. T'as compris ?
J'acquis, les lèvres pincées, si peu sûres de son affirmation, bien que je ne doutasse pas qu'il le frappera.
Mais je n'en espérais pas tant de la part de Loann.
Il ne se laissera pas faire et qui n'hésitera pas à m'humilier.
Après quelques secondes à se regarder dans le blanc des yeux, je rompis le contact en sortant discrètement de la cuisine et observai de loin, le bois craquer et les rires féminins de différentes tonalités.
Le rouquin me poussa doucement avec une main dans le dos pour rejoindre les femmes de la famille disposées autour du foyer.
Toutes les trois me regardèrent, tendrement, et m'invitèrent à m'asseoir avec un plaid. En m'enroulant dans la fourrure, Arman s'éclipsa sous mon regard et me salua d'un signe de tête.
Durant les heures qui passaient, nous entendîmes depuis de bas, des voix gronder et des portes frapper inlassablement.
Isis n'y faisait pas attention, alors je l'imitai.
Le balancier émit les onze coups. J'écoutai à moitié la énième conversation entre ma tante et ma mère et ne faisaient que se prendre par la main en rigolant à sanglot.
Un bâillement déforma mon visage et l'attention revient sur moi.
— Il se fait tard, ma chérie, commença ma mère. Mamie t'a préparé une chambre.
Les yeux semis-clos, j'essayai de porter mon attention sur la voix de cette dernière qui assura qu'elle était disponible depuis quelques mois et qu'elle attendait ma venue à nouveau.
Comment lui dire que je préférai dormir au lycée plutôt qu'ici ?
Malheureusement, dû à notre situation toujours pas clarifiée avec ma mère, je n'avais pas d'autres choix. Une nouvelle grimace m'étira le visage chaud. Je peinai à rester concentré sur les questions sans réponse qu'elles attendaient.
J'étais si bien dans cette couverture, au bord du feu...
— Est-ce que, commençai-je avant d'être coupé à nouveau par la fatigue de m'indiquait mon corps. Est-ce que je peux rester dormir ici, mamie ?
Ma vision commença à devenir floue et les dernières paroles de la soirée que j'entendis étaient :
— C'est la première fois qu'elle m'appelle comme ça...
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Je pense qu'on voit le genre qu'est Loann en fin de compte... Et si vous aviez en fait tort ? Je n'en dis pas plus... On sent que Yu est fatiguée à cause de l'accident. Elle se laisserait presque aller aux sentiments à l'encontre de ce côté de la famille qu'elle déteste tant.
D'ailleurs, on en parle d'Arman ? Dites-moi ce que vous pensez de lui ! J'avoue que je l'aime bien... Mais Elias... M.D.R.
ELIAS ? Team Arman ou Elias ? Et encore, vous n'avez pas vu le dernier des frères... Juste un mot qui le définit : Rrrrrrrrrrr.
Je vous retrouve pour le prochain chapitre ! En attendez, n'hésitez pas à suivre...
⚠️ PAS. DE. FANTASMES. SUR. LES. PERSONNAGES.
L'avancée des chapitres et des histoires est sur...
Instagram : allynnalf
03/01/23
(je m'y fais toujours pas hein...)
(corrigée le 20/06/23)
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