Chapitre 1 : Le feu aux trousses

Le repas était incroyablement riche en diversité. Mes parents aussi heureux que jamais, et moi, j'étais... ici. 

Isolée, mais reconnaissante d'avoir une famille unie et non recomposée, comme la moitié des gens de mon lycée. 

Mes yeux brillaient sur la photo que mon père venait de me montrer. 

Mon regard devenait brûlant avec cette couleur chaude s'émanant des guirlandes lumineuses suspendues au plafond. 

Des yeux brillants, mais pas de bonheur. Ils commençaient à devenir vitreux.

Seule une envie me traversa l'esprit : retourner sous ma couette pour terminer cette maudite fête de Noël, avec mon livre.


— Bonne nuit, Yu ! s'écria ma mère, dansante dans les bras de son mari qui rigolait chaleureusement.

C'est ça. Bonne nuit.


Je les saluai d'une main en l'air et sautai deux à deux les marches boisées qui grincèrent sous le poids de mon corps. 

Nous célébrions encore une fête sans eux. 

De toute manière, qu'étions-nous à leurs yeux ? 

Une famille simpliste et commandée par une mère qui avait réussi à vivre par leurs bonnes grâces de riches. 

Ils ne connaissaient rien de la convivialité. Et encore moins le concept de l'harmonie. Les épaules basses, je me laissai respirer. 

Je débarrassai les accessoires de cette coiffure traditionnelle qui accompagnait ma robe pour enfiler mon pyjama. 

L'agitation émanait de mon être. Mouvements rapides, presque agressifs. 

Et surtout... 

Pourquoi fêter Noël si nous n'étions même pas de cette religion ? 

Sérieusement ? 

Personne n'était présent ici, mis à part nous trois ! Alors, pourquoi faire semblant ? 

Quand la brosse descendit le long de ma dernière mèche à démêler, la notification quotidienne du groupe retentit contre mon oreiller. Mon cœur tambourina, claquant la paroi qui le protégeait.


Non ! Non, non, non ! Il n'avait pas osé !


Paniquée, je jetai l'objet sur ma commode avec un petit râle en voyant quelques cheveux entraînés par ma pression puis je m'étalai sur le matelas à la recherche de mon téléphone, enfoui sous cette tonne de couvertures. 

Bien sûr, quoi de mieux que d'hériter des gènes et non de la fortune de cette famille pour vivre dans cette époque ? 

J'étais sûre qu'eux avaient le chauffage à fond et pouvaient dormir avec un ensemble de luxe dans des draps en soie...


« Joyeux Noël de notre part ! Regardez comme elle est magnifique notre Yu ! »


Et voilà... C'était donc pour ça le déguisement traditionnel ? 

Pour cette photo ? 

Merci, papa, mais je pouvais m'en passer. La langue pressée contre mon palais, j'empêchai mes larmes de se verser. L'épuisement me pesait. Je m'apprêter à verrouiller mon téléphone quand la bulle de Loann apparut.


« Jolie tête, cousine :) »

Ouais, ouais. Pas comme ta tête de connard harceleur ! C'est bien gentil de faire le fayot devant la famille, mais au lycée, n'y a plus personne !


J'envoyai un émoji doigt d'honneur pour l'en remercier et entendit sur l'instant, mon père crier mon nom. Il ne pourrait rien faire, j'avais fermé ma chambre à clé, tout comme l'accès à cette partie notre lignée. 

Il ne sera jamais de ma famille, et ce ne sera jamais mon cousin.

Je tentais de m'endormir avec mon livre sur le menton, malgré le vibreur qui faisait des siennes et les bruits amusés de mes parents, jusqu'à tard le soir. Puis, le silence s'était installé. Comme mon corps qui avait creusé son cocon dans le matelas premier prix qui absorbait ma transpiration excessive. 

Ça devenait vraiment insupportable. 

Pourtant, la facture n'avait pas été payée et nous économisions la chaleur. Tandis, je me relaxais de plus en plus, j'essayai d'oublier ce détail, pour me créer le même scénario en continu : celui de Keegann.

J'étais en expédition au Zimbabwe avec une troupe de zoologistes pour aider des animaux massacrés pendant l'intrusion de braconniers locaux. La vue face aux rhinocéros était épouvantable, alors je m'étais isolée dans une bâtisse pour digérer cette scène. Je passai mes mains à répétition sur mon visage comme pour me réveiller puis, en tournant de l'œil, une silhouette floutée apparut à ma portée.


— Buvez ceci, ça va vous apaiser, lança un jeune homme aux cheveux tressés, en affichant un large sourire.


Je goûtai le breuvage sucré et rougeâtre avant de le regarder intriguée et nauséeuse.


— Oh, mince... J'aurai dû vous apporter de l'eau, excusez-moi ! Ne vous en faites pas, ce sont les baies du village. Il y a une forêt pas loin.


Me voyant sans rien dire, le jeune homme s'assit à mes côtés et me tendit une main.


— Je suis Keegann.

— Je suis Yu.


Nous nous regardâmes en souriant puis il reprit :


— Vous êtes la journaliste ? J'ai entendu de par les locaux que quelqu'un d'important viendrait ici pour exposer les faits de la région sur les massacres.


Je secouai la tête en affirmant, tout en terminant la boisson, quand il exprima sa joie à nouveau.


— Je peux vous en servir un autre si vous le souhaitez. Vous allez mieux ?

— Je... je


Je sentis une impressionnante chaleur monter en moi, comme si mon être bouillonnait de l'intérieur. Je regardai mes mains une nouvelle fois, avec ce verre en terre cuite qui bougeait de façon inexacte.


— Je...


Mes jambes me démangeaient, tout autant que son sourire accueillant et bienveillant qui ne me donnait juste qu'une envie : l'enlacer sans aucune raison valable. 

Mes paumes transpiraient, la moiteur me fit lâcher le gobelet et je mourrai de soif. C'était comme si quelque chose bloquait en travers de ma gorge. 

Et puis, en tentant de me lever, avec toujours en vue, la bouche étirée de Keegann, je marchai difficilement et me sentis portée. Est-ce que cette boisson était empoisonnée ? 

Pourquoi aurait-il fait une chose pareille ?


Il est si gentil...


Je commençai à m'asphyxier, à ressentir cette chaleur à l'extérieur et à l'intérieur de moi. Ma tête bouillonnait elle aussi. 

Était-ce ça, l'amour ?

Puis, une voix résonna à l'arrière de Keegann. 

Une voix française. 

Une voix presque paniquée.


— Mademoiselle, est-ce que vous m'entendez ? Mademoiselle !


Mon corps était si léger, beaucoup moins dense...


— Elle se réveille ! Je répète : elle se réveille !


Une pression vint emprisonner le bas de mon visage et un air si pur, si fleuri, m'enveloppa de plus en plus. J'avais chaud, très chaud...


— Le couloir est éteint !


Un air glacial avec de petites gouttes se déposa sur mon visage. J'avais l'impression d'être une patate au four enveloppée dans du papier aluminium.


— La maison est vide, vous pouvez les emmener !


J'étais encore portée, mais la surface était si dure et il y avait trop de bruit... 

Pourquoi est-ce que la maison était vide ? 

Que se passait-il ?

J'essayai d'ouvrir les yeux qui roulaient considérablement, quand une main moite me caressa me visage en pleurant :


— Je suis désolée, ma chérie... Je suis désolée...


J'inhalais toujours cet air anesthésiant depuis ma chambre, mais cette fois-ci, le froid agressait ma peau ocrée. 

La rongeait jusqu'à me glacer le sang. 

C'était un froid identique à la boisson que m'avait donnée Keegann pour me rafraîchir. Et puis, je contemplai son visage, tout en entendant ma mère verser des larmes à côté, mais camouflées par des voix inconnues. 

Tout devint progressivement inaudible et flou, sauf la figure de ce beau garçon au sourire aimant se photographiant dans mon esprit.

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J'ai finalement pris la décision de tenir un roman ! Je n'ai jamais écrit de note d'auteur, mais comme on dit, il y a un début à tout !

J'en ai marre d'être soft dans mes histoires. RESSUSCITER est en réécriture avec sa version dark pour le papier et je corrigerai juste les fautes sur Wattpad, mais attendez vous à du trash. Comme ici. Des mots crus, des actions sèches et sans pincette.


Voilà ce premier chapitre ! Il faut bien commencer avec un peu de chaleur en cet hiver, non ? On dirait bien que Yu a échappé à un repas festif... Pourtant, ça semble être froid niveau relationnel avec tout son entourage.


À quoi est-ce dû ?


On verra ça dans le prochain chapitre.


⚠️ TW

Je tiens à dire qu'en aucun cas cette histoire n'est à idolâtrer. Je traite de sujets sensibles qui peuvent heurter beaucoup de monde. Il ne faut pas glorifier certains personnages, même s'ils semblent vulnérables, sous prétexte qu'ils souffrent. La réalité est comme ça aussi !

L'avancée des chapitres et des histoires est sur...

Instagram allynnalf

31/12/22

(corrigée le 20/06/23)

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