CHAPITRE XXXIX

- C'est qui ces mecs ?! hurle Diego.
- Ils sont peut-être venus pour l'anniversaire du petit Kenny !
- Ouais Klaus exactement ! Et leur cadeau c'est nos têtes en déco sur le gâteau ! On doit dégager d'ici tout de suite !

Après plusieurs secondes, Diego se lève pour lancer un couteau qui je suis certaine touche sa cible. Et cette dernière a dû tomber sur quelque chose puisque les lumières s'éteignent très vite pour laisser place aux jeux de lumières, et de la musique se met en route. Je dois intervenir, mais j'attends le bon moment. Mes pouvoirs déconnent trop j'ai besoin de bien calculer mon coup. Diego continue de lancer des couteaux, Luther des boules de bowling, Klaus...le gâteau d'anniversaire du pauvre Kenny...

- Ils bloquent la sortie !

Concentre-toi Huit. T'as travaillé avec eux. Et c'est pas pour rien que La Directrice voulait t'éloigner. Tu peux le faire. Je ferme mes yeux en me concentrant.

- Alors c'est quoi le plan Luther ?!

Maintenant ! Je me lève vite en bloquant les balles qui se dirigeaient déjà sur moi.

- Ça suffit !

Tout s'arrête aussitôt. Même la musique. Ils gardent leurs armes rivées sur moi, mais ne tirent plus.

- Huit qu'est-ce que tu fais ? m'interroge Luther toujours caché.

Je l'ignore en m'approchant des soldats déguisés, les mains levées. Sourire aux lèvres. S'il y a bien une chose que j'ai apprise lors de mes missions, c'est que sourire alors qu'on a une arme pointée sur soi, c'est bien plus effrayant que de tenir l'arme entre ses mains.

- Ouais je sais j'étais pas supposée être là. Mais vous avez dû entendre parler de moi. Je suis plutôt tête en l'air parfois.

Je continue d'avancer un instant, avant de m'arrêter à mi-chemin, et de baisser les bras en riant.

- Alors vous avez entendu quelle histoire sur moi là-bas ? Peut-être celle en Egypte au 15e siècle. Une grande réussite si vous voulez mon avis. Ou alors...celle à Berlin en 1945. Généralement on évite de s'en prendre aux cibles directement mais...faire croire au monde entier qu'Hitler avait lui-même tiré cette balle n'a pas été si difficile en y mettant un peu d'efforts.

Mon regard se pose sur toutes les boules de gommes éparpillées un peu partout après que le distributeur ait explosé. J'en attrape une en souriant de plus belle et l'observe un instant.

- Vous voulez voir comment j'ai fait ?

Et sans plus attendre, je lance la boule que je tenais entre mes doigts pour qu'elle transperce le masque à gaz de l'un d'entre eux et aille se loger dans son crâne. Et avant même qu'ils puissent réagir, je soulève toutes les autres sur le sol, et avec un vent à la puissance digne des plus grandes tornades, je les lance toutes sur nos attaquants qui finissent tous par tomber raides morts par terre. Essoufflée, j'allais perdre l'équilibre quand je sens des bras me rattraper. Je lève la tête pour croiser le regard de Diego. Qui rapidement se met à observer les corps des assassins professionnels que je viens d'abattre d'un seul coup.

- T'as vraiment tué Hitler ? me demande-t-il ébahi.
- Et je m'apprête à sauver le monde. Parfois je me demande pourquoi j'ai pas de médaille.

Je me redresse en sentant le sang couler le long de mon nez. D'ailleurs...ce sang, est-ce qu'il serait dû à Vanya ? Peut-être que mon corps ressent la présence de Vanya près de moi, et me réclame ce lien qui nous a été arraché. Raison pour laquelle ça m'arrivait si souvent étant enfant, mais jamais lorsque j'étais dans l'apocalypse ou à La Commission. Mais je n'ai pas le temps de m'en soucier. D'autres bruits se font entendre à l'extérieur. J'essuie rapidement le sang avant de me tourner vers mes frères et ma sœur.

- Je nous ai juste fait gagner un peu de temps, il y en a d'autres qui arrivent. On peut pas passer par la sortie.

Allison donne alors plusieurs coups à Klaus en pointant du doigt les pistes. Et il ne nous faut pas longtemps pour comprendre. Super...

- Les activités familiales c'est vraiment pas fait pour nous hein ?

Très vite on se met à courir dans leur direction, et au moment où on saute à l'intérieur, j'entends de nouvelles balles être tirées. On a eu chaud. Maintenant on doit se grouiller d'aller au théâtre ! Le petit numéro que j'ai dû jouer nous a fait perdre du temps.

********************

Je savais qu'un jour je viendrais ici pour écouter Vanya jouer du violon. Je ne pensais simplement pas que ce serait dans de telles conditions. Quand on arrive devant les escaliers, Allison se met devant Luther pour lui bloquer le passage en lui montrant son carnet.

« Je dois y aller seule ».

- Je te laisserai pas faire ça Allison ! On peut plus la raisonner !

Ma sœur le pousse avec agacement, mais je vais les séparer.

- Elle ira pas seule. Vous trois vous restez ici.
- Vous entendez la musique ?! s'impatiente Diego. Ça a commencé !
- Vous croyez sincèrement qu'elle va vous écouter ? Après tout ce qu'il s'est passé ?
- Ce qu'il s'est passé Luther, m'énervé-je de nouveau, c'est que tu as trahi sa confiance, que tu l'as enfermée, et que tu l'as traitée comme un monstre quand elle avait simplement besoin du soutien de son putain de frère ! Alors maintenant que je te demande de nous laisser y aller seules, tu vas gentiment la fermer et faire ce que je te dis !

Il nous regarde rapidement en cherchant un moyen de nous arrêter, mais finit par capituler.

- D'accord.

Allison et moi échangeons un même regard avant de reprendre notre route toutes les deux. Et quand on entre enfin dans la grande salle...je crois être subjuguée en voyant Vanya. Elle est magnifique. Elle joue du violon comme personne. Je savais qu'un jour elle réussirait à le faire, je suis si fière d'elle. J'en ai les larmes aux yeux. Et encore plus lorsqu'en se tournant pour regarder le public, son regard croise les nôtres, faisant apparaître un sourire sur ses lèvres, et les miennes. Jamais je ne pourrais lui faire de mal. C'est ma sœur je l'aime. Mais...mais je n'en reviens pas quand je vois Luther et Diego surgir de chaque côté de la scène pour se jeter sur elle. Vanya se lève alors, donnant un coup d'archet que je sens fouetter l'air, provoquant une vague qui propulse tout sur son passage à plusieurs mètres. Les deux imbéciles tombent dans le public, tandis que ce dernier commence à se lever paniqué pour s'enfuir. Et le regard que nous lance Vanya me brise le cœur. Qu'est-ce qu'ils ont fait ?!
L'orchestre qui voulait s'enfuir, se fait stopper net par une nouvelle vague d'énergie de Vanya qui les oblige à se rasseoir pour continuer de jouer. Ma sœur reprend son concert mais cette fois les notes qu'elle produit me font l'effet de plusieurs petites aiguilles qui s'enfonceraient dans mon crâne. Je pousse des gémissements en tombant à genoux. Ça fait tellement mal ! Allison se penche vers moi inquiète de mon état.

- Je vais bien. Je...

Bon sang...

- C'est son violon. Son violon...l'aide à canaliser ses pouvoirs.

On voit au loin nos frères se cacher derrière des sièges, je fais donc signe à Allison d'aller les rejoindre. Ils doivent trouver un moyen de l'arrêter. Je vais me glisser à mon tour entre des sièges, en me tenant la tête, quand des coups de feu se font de nouveau entendre. Et merde ils ont été plus rapides que prévu. Et je peux rien faire !

- Vous avez pas bientôt fini de glander ?!

Cinq ! Je tourne la tête pour le voir se pencher à son tour et se mettre à couvert. Son regard se pose sur moi, et très vite il apparaît près de moi, encore plus inquiet qu'Allison.

- Huit qu'est-ce qu'il t'arrive ? Ton nez tu saignes...
- Pour une fois que tu tiens ta promesse...

Un mal de tête horrible me fait hurler de douleur et serrer ma tête encore plus fort entre mes mains.

- Huit !
- C'est Vanya ! Son...son pouvoir appelle le mien !

Je me ressaisis assez longtemps pour voir une expression parcourir son visage. Une expression que je crains énormément.

- Cinq non !
- Elle est en train de te faire du mal !
- Elle sait pas ce qu'elle fait !

Une nouvelle douleur...durant laquelle mon attention se détourne de Cinq qui disparaît.

- Cinq !

Je sais ce qu'il veut faire. Je sais qu'il veut la tuer pour moi. Pour me sauver. Mais je peux pas...je peux pas le laisser faire ça...
Et après quelques secondes de douleur je parviens à me concentrer assez pour voir Klaus se tenir debout au milieu du théâtre, en faisant apparaître...Ben. Ben qui se déchaîne sur nos assaillants. Les attrapant un par un avec ses tentacules. Je savais qu'il était capable de faire de grandes choses. Et je savais que je reverrai Ben. J'ai tellement mal ! Je pourrai pas tenir plus longtemps. Soit je la laisse me tuer comme ça, soit j'obéis à son appel, et je fais ce que je n'ai absolument aucune envie de faire. Je t'en prie Vanya...

- On l'attaque en même temps de tous les côtés.

C'est la voix de Luther...

- Il y en a un qui pourrait l'atteindre. C'est notre seule chance.

Cinq non !

- Faîtes pas ça...

Mais j'arrive même plus à crier. Le bâtiment tout entier tremble, prêt à s'écrouler d'un instant à l'autre. Je me redresse difficilement, luttant contre la douleur, pour voir Vanya toute vêtue de blanc, continuer de jouer, lorsque tous les quatre se mettent à lui foncer dessus.

- Non !

Mais c'est trop tard. Un nouveau coup d'archet les propulse tous loin d'elle, les gardant attachés à elle par des sortes de tentacules d'énergie qui semblent aspirer leurs forces vitales. Elle a arrêté de jouer, mais ça fait toujours mal. Et en plus maintenant je vois mes frères, je vois Cinq...souffrir. Suspendus dans les airs. Elle leur fait du mal, et plus personne ne peut l'arrêter maintenant. Une larme coule le long de ma joue lorsque je regarde une dernière fois ceux qui auront fait tout ce qui était en leur pouvoir, avant de fermer mes yeux et de me concentrer.

Je m'abandonne à mes pouvoirs.

Soudain je n'entends plus aucun bruit. Plus de musique, plus de cris. J'ouvre les yeux pour me rendre compte que je ne suis plus non plus dans le théâtre. Je suis dans l'arrière-cour de l'Académie. Que je croyais totalement détruite. Je me sens plus grande. Et c'est parce que je le suis, un simple coup d'œil à mes mains, à mes jambes, à ma poitrine, suffisent pour que je me rende compte que je suis redevenue la Huit adulte que j'étais. Je mentirais si je disais que ça ne me fait pas plaisir. Même si je porte toujours cet uniforme affreux. Et lorsque je me retourne pour regarder autour de moi, et essayer de comprendre, je l'aperçois. Vanya. Elle est assise sur un banc en train de lire des partitions. Mais ce n'est pas la même version d'elle. Celle que je vois n'a que 13 ans, c'est une enfant. Je marche vers elle, sans bien comprendre ce qui est en train de m'arriver.

- Vanya ?

Elle se tourne vers moi, sans grande surprise de me voir.

- Je me doutais que tu viendrais.
- Qu'est-ce que...où est-ce qu'on est ?

Elle regarde autour d'elle à son tour, ne se souciant pas vraiment de la situation.

- Je sais pas vraiment. Mais c'est calme ici.

C'est vrai oui. Je vais m'asseoir à côté d'elle, en la regardant attentivement. Vêtue du même uniforme que moi, avec son serre-tête habituel qui empêche ses mèches rebelles de tomber devant ses yeux. Elle garde les yeux rivés sur sa partition.

- C'est vraiment toi ?
- Qui veux-tu que ce soit ?
- Pourquoi tu as cette apparence ?
- Et toi ?

C'est vrai que c'est bizarre.

- Je suppose qu'ici on ressemble à notre âme, finit-elle par me répondre.

Ce qui veut dire que mon âme est bien celle de la Huit que je connais, mais que celle de Vanya, appartient encore à l'enfant qu'elle était. Ça me fait de la peine pour elle. Je pose ma main sur la sienne avec tristesse.

- Vanya tu dois arrêter ce que tu fais avant qu'il n'y ait des milliards de morts.
- Je pensais qu'ils m'aideraient.
- Oui je sais.
- Je pensais que tu m'aiderais.
- J'avais peur.
- De moi ?
- De nous deux.

Mes larmes coulent. Je n'aime pas la voir dans cet état. Elle souffre, et c'est ma faute.

- Je ne voulais pas te faire de mal.

Enfin elle lève les yeux vers moi. Ils sont remplis de rage.

- Ils t'en ont fait à toi aussi. Ils t'ont enfermée comme moi. Tu devrais les haïr.
- Et pourtant je les aime. Tout comme je t'aime.
- Dans ce cas pourquoi tu m'as abandonnée ?!

Elle se lève subitement en hurlant cette phrase, faisant trembler les murs autour de nous. C'est pas bon ça...

- Je te l'ai dit...
- Non. Pourquoi t'es partie avec Cinq ? Tu m'as laissée seule dans cette maison horrible ! Seule avec papa et tous les autres !

Elle ne m'en veut pas pour ce que j'ai fait dernièrement. Elle m'en veut pour ma disparition. Mais c'était il y a 21 ans.

- Je ne pensais pas que ça se passerait comme ça. J'étais qu'une gamine j'ai pas réfléchi...
- Moi aussi j'étais qu'une gamine. Et je vous avais demandé de pas le faire.

Elle nous avait fait signe de ne pas bouger. D'obéir à ce que disait papa. Mais quand Cinq est parti, je n'ai pas assez pensé à ce que je laissais derrière moi. Je me lève à mon tour pour reprendre sa main.

- Vanya je suis désolée. Si je pouvais revenir en arrière...
- Tu peux pas.

Et après avoir lâché ces trois mots sur un ton sec, elle retire sa main de la mienne furieuse.

- Mais tu peux te rattraper aujourd'hui. Tu peux m'aider.

Non...

- C'est notre famille...
- Ce sont des traîtres. Ils mourront pour ce qu'ils ont osé faire.

Waouh. Alors c'est comme ça...
Je comprends maintenant. Je comprends enfin qu'il est réellement trop tard.
J'arrête de pleurer, pour prendre à mon tour un ton autoritaire.

- Je ne te laisserai pas faire ça.
- Dans ce cas tu mourras avec eux.
- Vanya ne m'oblige pas à te combattre.
- Trop tard. C'est déjà en train de se produire. Tu le sens toi aussi.

Oui...j'en suis navré.
Et je referme mes yeux lorsque je sens le sol se dérober sous mes pieds.
Quand je les ouvre, je suis de nouveau dans le théâtre, de retour dans mon corps d'adolescente, mais à présent je flotte dans les airs. Je peux voir mes mèches de cheveux blanches flotter elles aussi, et mon uniforme se couvrir entièrement de noir. Vanya est en face de moi sur la scène, mais maintenant elle me regarde moi. Je dois l'arrêter. Je suis née pour cet instant. Oui maintenant je sais ce que je dois faire.

Je dois tuer le violon blanc.

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Voilà ! Nouveau chapitre, mais aussi avant dernier sur la saison 1 ! J'étais pressée de la terminer, mais maintenant que c'est fait je suis un peu nostalgique. J'espère que ça vous a plu en tout cas et que la suite vous plaira tout autant !

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