CHAPITRE XXIX
- Faites attention, nous prévient Allison quand on sort de la voiture. On sait pas de quoi Peabody est capable.
Je pense être capable de choses bien plus dangereuses que lui. Et Diego est du même avis.
- Il avait pas l'air très dangereux la première fois que je l'ai vu. Il avait l'air plutôt chétif.
- Ouais un peu comme beaucoup de tueur en série et autres bouchers dans le genre. Regarde tu les as vu eux.
Je ne sais pas si je devrais prendre ça comme une insulte qu'elle me compare à ce type et à des meurtriers. Même si techniquement elle n'a pas vraiment tort. Ted Bundy n'a qu'à bien se tenir avec moi, même si nos raisons de tuer sont légèrement différentes.
- Merci.
Cinq. Toujours aussi modeste. Et toujours aussi boiteux, ça ne va pas en s'arrangeant je ne sais plus quoi faire.
- Qu'est-ce qu'il veut à Vanya ce mec ?
Ça Diego c'est la question que tout le monde se pose. Mais j'imagine...je sais pas peut-être qu'il essaie de se servir d'elle pour nous atteindre nous. Parce qu'on a beau être tous complètement fracassés dans cette famille, Vanya reste quand même la plus fragile sentimentalement.
- J'en sais rien, répond Cinq en montant les escaliers. On lui demandera quand on l'aura buté.
- Attendez restez où vous êtes, déclare Diego en nous stoppant. Je vais défoncer la porte.
Je jette un coup d'œil autour de moi et remarque très vite qu'Allison n'est déjà plus là. Super esprit d'équipe. Et il ne faut pas plus longtemps à Cinq pour disparaître à son tour.
- Ce serait vraiment sympa si vous vouliez bien vous en tenir au plan.
Je ne peux pas m'empêcher de me sentir mal pour lui. On a tous besoin d'un moment de gloire. Je lui souris en lui faisant signe de passer devant.
- Dépêche-toi Batman au bras cassé on n'a pas toute la journée.
Il lève les yeux au ciel en se tournant vers la porte, mais je vois bien qu'au fond, ça lui fait plaisir que je reste là et que je le soutienne contrairement aux autres. Je le regarde s'éloigner légèrement, prendre son élan, et...sauter en plein dans la vitre de la porte qui se brise en mille morceaux. J'avance doucement en regardant par le trou pour apercevoir Diego sur le sol au milieu des débris. Bon. Maintenant qu'il a fini son cinéma, je me contente de tourner la poignée pour ouvrir la porte et entrer à mon tour pour rejoindre Cinq et Allison qui étaient déjà entrés.
- Subtile, fait remarquer ma sœur en observant l'homme à terre.
- Tu sais que c'était pas fermé à clé ? poursuit Cinq.
- Mais ma technique est tout aussi efficace, se plaint Diego en se relevant. Vous voyez, Huit au moins elle y a cru.
Uniquement pour ne pas lui retirer le plaisir de se comporter comme un superhéros masqué. Je ne compte même plus le nombre de fois où j'ai dû le faire d'ailleurs.
- Dispersez-vous. Et criez si vous avez des ennuis ou un truc du genre.
Et sur ces mots très inspirants, il part de son côté.
- Un vrai discours de leader, fait remarque Cinq.
- Digne des plus grands, continue Allison.
- Ça me rappellerait presque le bon vieux temps.
Quand la Umbrella Academy partait en mission sur le terrain. Mais à l'époque, Diego et Luther se seraient disputés pour défoncer cette porte. C'est vrai que même si je n'apprécie pas énormément mon frère, il fait partie de l'équipe que je le veuille ou non. Sans lui, ou Klaus, sans...Ben...ce n'est plus pareil. Allison commence à monter les escaliers.
- Je m'occupe de l'étage.
- Huit tu devrais y aller avec elle.
Je me tourne vers Cinq, d'abord surprise, puis très vite agacée. Il essaie de se débarrasser de moi pour que je ne reste pas avec lui. Si je ne le vois pas souffrir, je ne peux pas me faire du souci pas vrai ? Quel imbécile. Je lève les yeux au ciel, en me retenant de faire le moindre commentaire, et obéis en suivant Allison jusqu'à l'étage. On traverse un couloir en jetant un coup d'œil dans chaque pièce pour nous assurer qu'il n'y a personne. Ce malade pourrait nous bondir dessus à tout moment avec une hache ou...bon peut-être que j'exagère un peu. Ou pas...
- Qu'est-ce qu'il se passe entre Cinq et toi ?
Ça c'est une excellente question. Posée au très mauvais moment.
- Disons qu'on était un peu en froid ces derniers temps. Mais ça s'est arrangé quand on était à La Commission.
- Arrangé ?
J'arrive pas à croire que je vais devoir le dire...
- On s'est embrassés.
Allison s'arrête aussitôt pour me regarder en souriant avec cet air d'adolescente en recherche de potins qu'elle avait toujours sur le visage quand on était petites.
- Allison je t'arrête tout de suite. J'ai peut-être 13 ans physiquement mais mentalement je suis plus vieille que toi. Et tu es toi-même déjà bien trop âgée pour ce genre de choses.
Je reprends ma route en tentant malgré tout de cacher mon léger sourire.
- Et puis c'était pas la première fois depuis son retour qu'on s'embrassait.
- Quoi ?!
Je laisse s'échapper de ma bouche un léger rictus qui m'étonne moi-même. Apparemment aucune de nous n'a passé l'âge pour ce genre de conneries. On reprend notre route, quand Allison s'arrête à mi-chemin pour lever la tête vers...le grenier. S'il y a bien un endroit où un psychopathe pourrait cacher ses plans machiavéliques sans que personne ne se doute de rien, c'est bien là-haut. On ne tarde pas à monter, pour atterrir...devant un spectacle qui me glace le sang, et je suis plutôt ravie quand les garçons viennent nous rejoindre parce que ce truc me fiche la chair de poule. Une sorte d'autel de la haine dédié à la Umbrella Academy. Des photos de nous partout, mais nos yeux...
- Nos yeux ont été effacés, déclare Allison sur un ton qui m'indique qu'elle est aussi écœurée que moi.
- C'est bien ça fait pas du tout psychopathe.
C'est maintenant que monsieur le chef sérieux qui prend des décisions décide de faire de l'humour ?
- Il est complètement taré putain.
Ah bah le revoilà le Diego que je connais. Mais il a raison. Ce type a un sérieux problème et rien que de savoir Vanya avec lui...bon sang on doit la retrouver. Pourquoi je me suis pas rendue compte plus tôt qu'elle était en danger ? J'espère qu'il n'est pas trop tard pour...
Mais Cinq coupe court à mes pensées en s'écroulant soudain sur le sol. Qu'est-ce que...
- Cinq ?! crions Allison et moi à l'unisson.
Je cours le rejoindre pour m'agenouiller près de lui et voir son gilet couvert de sang. Je le savais ! Je le soulève aussitôt pour voir...que cet imbécile s'est pris une balle à La Commission et que depuis il fait mine d'aller bien alors qu'il était en train de se vider de son sang. Putain je vais le tuer si ce trou dans son bide ne l'achève pas d'abord !
- Pourquoi tu nous as rien dit ? s'indigne Diego.
- Il faut absolument continuer...je suis tellement...près du but.
Non mais il va pas s'évanouir en plus !
- Cinq ?
Je pose ma main sur sa joue pour essayer de le secouer un peu et de le faire reprendre connaissance, sentant mon sang froid s'évaporer petit à petit.
- Cinq !
- Huit on doit le ramener à l'Académie.
- Ta voiture roule à deux à l'heure Diego !
- Alors qu'est-ce que tu proposes ?
- Tout sauf le laisser mourir !
Pas encore une fois. Je ne le perdrai pas une nouvelle fois. Grace ne perdra pas le père qu'elle vient tout juste de rencontrer ! Je sais que je peux le faire. Je me relève déterminée, et me dirige vers la fenêtre pour l'ouvrir en grand.
- Qu'est-ce que tu fais ? m'interroge Allison inquiète.
- La même chose que le jour où notre enfoiré de père est venu kidnapper ma fille à l'hôpital.
Je sais bien qu'elle s'en souvient, elle a tenté en vain de m'en empêcher ce jour-là.
- Tu plaisantes ?
Je ne l'écoute déjà plus. Je soulève Cinq en posant son bras au-dessus de mon épaule. Je dois y arriver, j'ai pas le choix.
- Huit t'arriveras pas à vous porter tous les deux en même temps jusqu'à là-bas.
- J'y serai en à peu près trois minutes.
- Trois minutes c'est énorme ! Tu vas t'épuiser !
Je me tourne vers ma sœur au moment où j'atteins le rebord de la fenêtre avec Cinq.
- On se retrouve à l'Académie.
Et avant même que ma sœur ou mon frère puissent protester, je me penche en arrière et tombe avec Cinq dans le vide. Et merde...
Heureusement je sens que je me fais soulever très rapidement, et assez longtemps pour que je parvienne à reprendre un peu mes esprits, et à me concentrer. Je soulève un peu mieux Cinq pour qu'il ne tombe pas de nouveau, et provoque une bourrasque qui nous propulse tous les deux en avant. Chaque seconde est un calvaire. Chaque seconde me donne l'impression qu'une fois sur place c'est moi qui vais y rester, mais je dois tenir. Même en sentant le liquide visqueux couler de mon nez, même alors que mes jambes ne tiennent plus. Je tiens fermement Cinq contre moi, et fais tout mon possible pour ne pas le lâcher. Si j'avais pas ce foutu corps, je pourrais le faire beaucoup plus vite. Et j'aurais pas besoin d'autant d'énergie.
Au moment où je sentais que j'allais lâcher, j'aperçois au loin le bâtiment énorme que je cherchais désespérément à atteindre. Allez Huit. Encore un petit effort.
Je parviens à atterrir devant l'entrée, en trébuchant, et en me rattrapant de justesse à la poignée de la porte. C'est ce moment que choisit monsieur intrépide pour refaire surface.
- Huit...qu'est-ce que t'as fait...tu peux pas...
- Ferme la...Cinq tu...tu la ferme.
Je tourne la poignée, et entre cette fois en perdant l'équilibre pour de bon. Mais je me fais rattraper de justesse par...attendez...
- Maman ?
Je vois flou, mais je suis certaine de ne pas halluciner. C'est elle qui me retient en souriant d'un bras, et empêche Cinq de s'écrouler par terre, d'un autre.
- Tu as fait du bon travail mon ange. Je vais m'occuper de vous maintenant.
Mais sa voix est de plus en plus lointaine. Tout tourne autour de moi et...et...
SIX MOIS AUPARAVANT
- Maman ? Pourquoi oncle Diego et tante Vanya viennent jamais en même temps ?
- Parce qu'ils ne s'entendent pas très bien.
- Et pourquoi tante Allison et oncle Luther se parlent plus du tout ?
- Parce que...je sais pas, je suppose que c'est parce qu'ils ont grandi.
- Quand on grandit on se parle plus alors ?
- C'est pas ce que j'ai dit.
- On se parlera encore nous quand je serai grande ?
- Oui bien sûr, c'est même toi qui devras t'occuper de moi je te signale.
- Mais toi tu parles plus à ta maman. Et tu t'occupes pas d'elle.
- Oui mais...c'est différent.
- Pourquoi ?
- Parce que ta grand-mère habite toujours à l'Académie avec ton grand-père. Et c'est lui que je ne veux plus voir.
- Et un jour je pourrai parler à mon papa ?
- Je...Grace...
- Pourquoi je peux pas aller le chercher ?
- Parce que tu n'es pas prête. Et même si un jour tu parvenais à maîtriser le voyage dans le temps, je ne te laisserais jamais prendre ce risque.
- C'est comment là où il est ?
- C'est...supportable quand on est à deux. Mais je suppose atrocement long quand on est seul.
- Alors pourquoi tu le laisses là-bas ?
- Parce que je ne risquerai pas de vous perdre tous les deux une nouvelle fois. Et puis de toute façon j'ai confiance en lui, un jour où l'autre il finira par revenir. Regarde-toi, c'est de lui que tu tiens toute ta force et tu es la petite fille la plus incroyable que je connaisse.
- Toi aussi t'es trop forte maman. Je suis sûre que tu pourrais soulever toute la mer toute seule !
- Peut-être que j'essaierai un jour. Mais pour le moment, il faut dormir. D'accord ? Je t'aime ma chérie.
- Je t'aime aussi maman.
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Voilà voilà ! Désolée pour l'attente je n'étais absolument pas certaine de ce chapitre, j'hésitais à le poster parce que je ne le trouvais pas très bien écrit. Mais finalement je trouve que ça aurait pu être pire, et puis je suis trop occupée pour avoir le luxe d'hésiter ^^
J'espère qu'il vous aura quand même plu ! N'hésitez pas à commenter et à voter pour me le faire savoir !
Et je sais que je suis en retard de quelques jours, mais j'espère que vous avez tous passé un joyeux Noël !
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