CHAPITRE V

Cinq ne semble pas si inquiet que ça. A vrai dire, je ne le suis pas non plus, les armes ne m'ont jamais fait peur. Mais ce qui m'étonne...c'est que j'ai l'impression qu'il s'attendait à ce que ces types débarquent.

- C'était rapide. Je pensais qu'on me retrouverait pas avant un moment.

Donc j'avais raison. Mais pourquoi il serait recherché ? Dans quel pétrin il s'est encore fourré ? L'un des hommes qui pointe son arme sur Cinq, prend alors la parole.

- Si vous êtes d'accord. On va rester professionnels et tout se passera bien. Veuillez vous lever calmement et nous suivre, ils veulent vous parler.
- Mais moi j'ai rien à leur dire.
- Dans ce cas peut-être que la miss sera plus coopérative.

Je me retourne alors lentement pour lui faire face. Ce qui le pousse, en fait, ce qui les poussent tous à tourner leurs armes sur moi.

- Appelez-moi miss, encore une fois, et je vous fais bouffer vos munitions une par une.
- La Directrice a demandé qu'on vous ramène tous les deux.

La Directrice ? Et merde. Ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu ce nom. Et en même temps, c'est bien trop tôt pour me rappeler tout ça.

- Pourquoi elle ? s'étonne aussitôt Cinq.

Il croit que c'est le plus important là maintenant ? Sérieusement ?

- Euh...parce que « Spoiler Alert » t'es pas le centre de l'attention ?
- Qu'est-ce que La Commission te voudrait ?
- Qu'est-ce que La Commission te voudrait à toi ?
- Bon écoutez ! reprend le gros dur. Il y a rien qui nous oblige à faire ça. Vous croyez que j'ai envie de tuer des gosses ? Et d'avoir ça sur la conscience ?

Il croit être le premier à me sortir ce refrain ? Le pauvre... Je me retourne pour reprendre ma tasse de café en soupirant.

- Bah là pour le coup y a pas de risques.
- Bientôt vous en aurez plus, finit Cinq.

Et très vite il attrape un couteau posé devant nous, pour se téléporter derrière ce type et planter l'arme de fortune dans son cou. Les balles se mettent à fuser dans tous les sens. Touchant une des lumières au plafond, ainsi qu'un autre soldat qui tombe par terre. Je m'entoure d'une couche d'air qui repousse chaque balle tirée sur moi. Me permettant de finir mon café calmement. Tandis que Cinq réapparaît sur une table, dans une position allongée sur le côté qui me fait sourire.

- Hey les baltringues !

Ils se tournent tous vers lui pour se mettre à tirer. Mais il est déjà parti. Je vide enfin ma tasse, et me lève en faisant craquer mes doigts et mon cou, pour m'adresser à mon ami qui continue de me protéger.

- Bon alors ? Tu veux t'occuper desquels ?

Et aussitôt, deux hommes s'envolent dans les airs pour aller se plaquer contre le mur. Réponse claire. Je vois Cinq réapparaître pour se mettre à les tuer un par un. Je fonce donc sur l'un d'eux en attrapant son arme, utilise son corps, comme un perchoir en grimpant sur ses épaules afin de pouvoir tirer sur son collègue derrière lui, puis une prise de krav maga suffit pour que je le fasse tomber sur le sol, et puisse briser sa nuque d'un claquement de doigts. Les deux qui avaient été en envoyés sur le mur commencent à peine à se réveiller, quand je m'avance vers eux en frappant dans mes mains, les faisant se cogner l'un contre l'autre, écrasant leurs deux crânes dans le choc. En me retournant, j'aperçois Cinq penché sur un des hommes, qu'il vient de tuer, mais ce qu'il ne voit pas c'est le survivant qui s'apprêtait à tirer en plein dans sa tête. Je fais donc voler le couteau toujours planté dans le cou du premier, pour qu'il aille se loger en plein dans son crâne. Cinq se redresse enfin, en jetant un coup d'œil à celui qui dorénavant ne pourra plus lui tirer dessus, puis se tourne vers moi.

- Merci.

Je hausse les épaules sans rien ajouter. Je n'aime pas tuer. Même si c'est pour "de bonnes raisons". Je regarde Cinq aller attraper un détecteur de tracker GPS près de l'un des types. Il le pose ensuite sur le comptoir, en attrapant un nouveau couteau, qu'il utilise pour se faire une entaille dans le bras. Et je crois sentir une nausée me gagner quand il se met à fouiller dans sa blessure...pour en sentir une petite puce. Ça me rappelle de mauvais souvenirs.

- Est-ce qu'on peut sortir d'ici avant que la police ne débarque maintenant ? proposé-je en fixant l'objet avec dégoût.

Il hoche aussitôt la tête en descendant de sa chaise pour me suivre jusqu'à la sortie. On remet tous les deux nos cravates en place, comme si c'était une habitude qu'on avait prise avec ces uniformes, avant d'entrer dans la voiture. Et là...je peux enfin me lâcher.

- Bordel Cinq tu bosses pour La Commission ?!
- Plus maintenant. Comment tu les connais ?

Je me laisse tomber sur mon siège. Epuisée de cette journée qui n'a pas l'air de vouloir se terminer. Je ne peux pas lui raconter toute l'histoire. Mais je peux lui parler de ma rencontre avec cette sale vipère.

- Je suppose qu'ils ont essayé de me recruter...avant d'essayer avec toi.

15 ANS AUPARAVANT

- Cinq sera bientôt rentré. Je déteste quand il va chercher de la nourriture tout seul mais tu sais comment il est, il aime être celui qui gère la situation.

Allongée sous notre tente, je vois un courant d'air faire voler quelques feuilles par terre, j'essaie de trouver un moyen de me distraire en attendant le retour de Cinq. Et heureusement, je peux discuter. Enfin...

- Je sais que t'es là, mais j'aime vraiment pas être seule.

J'attrape les jumelles en soupirant, et sors de la tente, pour me mettre à scruter les environs avec. Rien de bien nouveau.

- Des ruines. Des ruines. Encore des ruines.

Je fais le tour de moi-même en soupirant.

- Et devinez mesdames et messieurs, ce que je vais apercevoir à ma gauche...encore des rui...

Mais je m'arrête net en voyant dans mes jumelles...une femme. Toute vêtue de noir, aux cheveux aussi blancs que la neige, et au maquillage parfait, qui me fait signe. Je baisse mes jumelles, perdue. Je suis en train d'halluciner ? Elle tient une mallette dans sa main. Qu'est-ce que...

- Bonjour Numéro Huit !

Elle commence à faire un pas vers moi alors je brandis mes mains pour l'effrayer.

- N'approchez pas ! Un claquement de doigts et vous êtes morte.
- Je sais oui ! N'est-ce pas là un don merveilleux ?

Je ne comprends pas d'où elle vient. On est supposés être seuls ici. Et elle n'a franchement pas le même look « survivant » que nous. Je la regarde s'approcher en observant notre campement.

- C'est très...cosy.
- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous faîtes là ?
- En voilà de bonnes questions.

Elle s'installe sur un des rochers avec élégance, en me souriant.

- Je suis La Directrice. Je travaille pour une organisation qui s'appelle La Commission. Notre rôle est d'assurer la préservation du continuum espace-temps en effectuant manipulation et élimination.
- Donc...vous protéger le cours du temps en tuant ceux qui le menacent ?

Elle semble amusée par ma déduction qui me semble pourtant logique. Je ne suis pas stupide.

- Je savais bien qu'il y avait un potentiel énorme en vous.
- Qu'est-ce que ç'a à voir avec moi tout ça ?
- Ce n'est pas évident ? Je viens vous offrir un emploi. Vos instincts et méthodes de survie vous ont rendu très célèbre au siège. Ça et votre capacité à manipuler un élément aussi aléatoire que l'air. Vous n'imaginez pas les grandes choses que vous pourriez accomplir à nos côtés.

Je sens bien que la désignation « élément aléatoire », ne plaît pas vraiment au concerné. Mais si ce qu'elle dit est vrai, et si je comprends bien tout...

- Vous êtes en train de me dire que Cinq et moi on pourrait partir d'ici ?
- Non non vous ne m'avez pas bien comprise. La proposition ne concerne que vous, pas Numéro Cinq.

C'est une plaisanterie ?! Elle est plutôt culotée de venir me faire une proposition dans laquelle Cinq n'est pas compris. S'ils m'avaient vraiment observée, ils auraient dû se douter que ça ne m'intéresserait pas.

- Dans ce cas j'ai pas besoin d'en entendre plus. Allez vous faire voir vous et votre Commission.
- Numéro Huit..
- Je suis pas intéressée. Il est absolument hors de question que je laisse Cinq ici. Alors vous pouvez rentrer chez vous madame La Directrice.

Elle se lève en passant ses mains sur sa robe avec désolation.

- Etes-vous bien certaine de votre choix ? Vous pourriez retrouver votre famille.
- C'est Cinq ma famille. Maintenant dégagez avant que mon élément aléatoire vous botte le cul.
- Eh bien c'est regrettable. Mais c'est votre choix après tout. Si un jour vous changiez toutefois d'avis, nous saurons où vous trouver.

Et sur ces mots, elle enfile des lunettes de soleil, avant de disparaître sous mes yeux. Il ne reste plus aucune trace d'elle. Je me demande même si elle était vraiment là ou si c'était juste le fruit de mon imagination. Mais mon esprit oublie aussitôt ce qu'il vient de se passer quand je vois Cinq apparaître au loin, en me faisant de grands signes. Je lui fais des signes à mon tour en sautant sur place d'excitation. Je n'ai besoin que de lui.

- Donc t'as travaillé pour eux, le temps de trouver un moyen de rentrer et d'empêcher l'apocalypse ? Ça te ressemble bien de faire un truc aussi dingue.
- J'avais pas le choix.
- Je sais.

J'aimerais pouvoir me confier à lui. Mais si je lui en dis plus...non je peux pas faire ça.

- J'étais pas en train de te juger Cinq. Je comprends ta décision.

Toute cette histoire devient de plus en plus compliquée. En plus de l'apocalypse, on va maintenant devoir faire face à cette pétasse. J'aurais dû la tuer la dernière fois que je l'ai vue. Mais j'ai été assez stupide pour croire qu'elle me laisserait tranquille.

- On s'en sortira pas seuls, déclaré-je en regardant les rues défiler de l'autre côté de ma portière.
- A qui on pourrait demander de l'aide ? T'as bien vu qu'ils ont tous essayé d'empêcher l'apocalypse, et que ça n'a rien donné.

Oui j'ai bien vu. En fait je revois constamment leurs corps, inanimés, parmi les débris. Je les revois tous morts. De toute façon j'ai aucune envie de rentrer à la « maison ».

- Peut-être qu'on devrait en parler à Vanya, propose alors Cinq.
- Pourquoi elle ?
- Parce qu'elle est normale. C'est la seule en qui on peut avoir confiance.

Il a pas vraiment tort. Et puis j'ai toujours préféré me confier à Vanya en premier. Puisque...Diego est d'une maladresse phénoménale, que Klaus n'est jamais assez clean pour avoir une discussion sérieuse très longtemps, qu'Allison est toujours très occupée par ses films et sa famille, et...eh bien je ne me suis jamais beaucoup confiée à Luther en générale. De peur qu'il aille répéter tous mes petits secrets à notre père.

- Pourquoi pas ? Au point où on en est.

Puis je me rappelle un détail important. Un détail...et merde...il est déjà 20h30.

- Tu peux accélérer s'il te plaît ?
- Pourquoi ?
- Parce que je...je dois appeler quelqu'un.

Je vois à son expression qu'il aimerait un peu plus m'interroger, et qu'il n'ose pas. Il se contente d'appuyer sur l'accélérateur. Mais je sais que je lui dois des explications...merde merde merde ! Alors quand il se gare devant l'immeuble de Vanya, je retiens son bras avant qu'il puisse sortir.

- Cinq, tout à l'heure j'étais pas au téléphone avec un homme ou...

Comment je peux lui dire ça ? Comment mes frères et sœurs le feraient ? Vanya se mettrait à bégayer. Luther aussi possiblement. Mais Klaus, Allison et Diego se lanceraient sans hésiter. Chacun pour des raisons différentes.

- En fait j'ai une petite fille.

Il s'immobilise aussitôt en se rasseyant complètement sur son siège, pour me fixer avec choc.

- Et je lui raconte toujours une histoire avant qu'elle s'endorme c'est pour ça que...

Vas-y Huit. Lance-toi. Une bonne fois pour toute.

- C'est arrivé très vite tu sais je...quand je suis rentrée j'ai...je pensais...
- T'as pas à te justifier.

Mais merde Cinq ! Pourquoi faut-il toujours que tu coupes la parole aux gens quand ils s'apprêtent à te dire quelque chose d'important ?! Il me sourit avec bienveillance en haussant les épaules.

- Peut-être qu'un jour je pourrais la rencontrer ?

Bon sang...évidemment que j'aimerais que tu la rencontres. Evidemment que tu devrais la rencontrer. Puisque...

- Vanya ne devrait plus tarder à arriver.

Et il sort de la voiture sur ces mots. Sans rien ajouter de plus. Je...je le déteste ! Pourquoi il n'écoute jamais les gens quand ils parlent ?! Je sors à mon tour, sentant le poids sur mes épaules s'alourdir. Maintenant il est au courant qu'elle existe. Mais il ne sait pas le plus important. Quand j'arrive devant l'immeuble et que je me rends compte qu'il n'est plus là, je devine qu'il s'est déjà téléporté dans son appartement. Je pousse donc un léger grognement avant de me mettre à flotter jusqu'à son étage, pour ouvrir sa fenêtre, et entrer. Trouvant Cinq assis dans le fauteuil, dans le noir.

- Me dis pas que tu vas...

Mais au même moment, la porte s'ouvre et il allume la lampe à côté de lui, faisant sursauter Vanya.

- Oh la vache !
- Lui faire ce coup-là, finis-je exaspérée.

Je soupire en me dirigeant vers le téléphone fixe.

- Tu devrais verrouiller tes fenêtres, lui met en garde Cinq toujours aussi calmement.
- C'est ce que j'arrête pas de lui dire.
- J'habite au deuxième étage.

Et c'est ce qu'elle me répond à chaque fois.

- Les violeurs ça peut grimper, reprend Cinq sur un ton si sérieux que c'en est presque drôle.
- Et les sœurs pressées peuvent voler. Je t'emprunte ton téléphone un instant.

Si je me permets de faire comme chez moi, c'est parce que j'ai été chez moi ici, pendant un moment. Je sais qu'elle ne m'en voudra pas. Comme elle est libre de faire ce qu'elle veut quand elle est chez moi, on a dépassé le stade de demander la permission sans arrêt. Surtout...parce que ça nous rappellerait trop l'Académie. J'attrape le téléphone, et compose le numéro avant de coller l'appareil à mon oreille. Et j'entends une réponse après seulement quelques secondes.

- Huit ?

Molly. Notre voisine qui s'occupe d'elle pendant mon absence.

- Bonsoir Molly.
- Tiens ta voix est toujours bizarre.

Oui...c'est vrai qu'il y a une différence entre la voix d'une adulte dans la trentaine, et celle d'une adolescente de 13 ans. Je fais semblant de tousser un peu. Je l'ai eu au téléphone tout à l'heure elle aussi, et je lui ai fait croire que j'avais attrapé un coup de froid.

- C'est vrai. J'ai pris du sirop ça devrait aller mieux demain. Ecoute je sais que j'avais dit que je rentrerais ce soir mais...
- Ne t'en fais pas. Je l'ai mise au lit, j'ai bien compris que t'avais dû avoir un empêchement.

Elle est parfaite. Je sais pas comment je ferais sans elle. Ou si je la remercie assez pour tout ce qu'elle fait pour moi.

- Elle dort déjà alors ?
- Et puis quoi encore ? Elle me fait tout un cinéma depuis une bonne demi-heure.

Ça y est je la reconnais bien là. Je me mets à sourire.

- Tu peux me la passer ?
- Bien sûr.

Et la voix de mon petit ange se fait très vite entendre.

- Maman ?! Où tu es ?!
- Mon cœur je suis désolée. Je suis vraiment désolée j'ai eu un problème de dernière minute.

Je me tourne vers Cinq et Vanya qui me regardent en souriant. Et je fais signe à ma sœur que je vais me rendre dans sa chambre pour avoir un peu d'intimité. Quand je m'enferme enfin dans la pièce d'à côté, je vais m'asseoir sur le lit en souriant.

- Alors Molly m'a dit que tu n'étais pas sage. C'est vrai ça ?
- Elle veut pas que je m'entraîne avec elle !

Encore ça...

- Parce que tu n'es pas supposée le faire quand je ne suis pas là.
- Mais maman !
- Il n'y a pas de mais, je t'ai déjà dit que c'était trop dangereux.
- Mais je sais que je peux...
- Ça suffit Grace ! J'ai dit non !

Je serre instantanément le téléphone entre mes doigts en réalisant que je viens de me comporter...comme mon père. Mais s'il y a bien une chose que je dois lui accorder, c'est que quand il nous empêchait de jouer avec nos pouvoirs, ce n'était pas par simple plaisir. Quand on devient parents, on réalise certaines choses qu'on trouvait absurdes autrefois. Je ferme mes yeux, en soupirant, et en me laissant tomber en arrière sur le lit. Ce n'est pas parce que je le comprends, que je veux être comme lui.

- Désolée chérie. Je devrais pas crier comme ça. Je vais pas pouvoir rentrer ce soir mais...je peux te raconter une histoire si tu veux.

J'entends un moment d'hésitation de sa part. Je sais qu'elle voudrait que je sois là, et je voudrais être avec elle, mais...Cinq a besoin de moi pour arrêter l'apocalypse. Et je veux que ma fille ait un avenir maintenant que j'ai une chance de lui en donner un.

- Je veux que tu me racontes une histoire sur la Umbrella Academy ! Et sur papa !

Bien sûr. C'est toujours ce qu'elle me réclame. Je souris en essayant de me rappeler d'un souvenir en particulier. Je lui en ai déjà raconté tellement.

- D'accord. Tu es bien installée c'est bon ?

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A partir de demain, fini le temps libre et les nuits blanches pour écrire ! Ça me désespère mais comme j'ai pas mal de chapitres d'avance sur cette histoire ça devrait aller !
J'espère en tout cas que celui-ci vous a plu, si c'est le cas, n'hésitez pas à commenter et à voter (même les lecteurs fantômes on ne vous oublie pas) !!!

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