CHAPITRE I

Je passe le grand portail de ce manoir gigantesque, sentant des milliers de frissons me parcourir le corps. Cet endroit est encore plus lugubre que dans mes souvenirs. Et les derniers souvenirs que j'ai d'ici sont...apocalyptiques. Je ne sais même pas pourquoi je suis venue. Je détestais cet homme. Mais je suppose que je me dois d'être là pour mes frères et mes sœurs. Pour Pogo. Pour maman. Je pousse la porte d'entrer qui grince légèrement quand je fais un premier pas à l'intérieur. Comment l'odeur peut ne pas avoir changé ? Depuis le temps...ça sent toujours le jasmin ici.

- Ça fait combien de temps que Cinq a disparu ?

Mon cœur fait un bon dans ma poitrine. Pas parce que je reconnais la voix de ma sœur, Vanya. Mais parce que...je ne pensais pas entendre ce nom aussi rapidement. J'aurais dû m'y attendre pourtant.

- Cela fait précisément 16 ans, 4 mois, et 14 jours. Votre père tenait à ce que je tienne le compte.

Pogo. Ça m'avait manqué d'entendre sa voix si apaisante. Mais je me dois de le rectifier quand je m'approche pour entrer dans le salon.

- 16 ans, 4 mois, 14 jours, 5 heures, et 23 minutes. Très exactement.

Mais pas exactement pour moi. Ils se retournent tous les deux pour poser des regards désolés sur moi, auxquels je réponds par un simple sourire.

- Pourquoi ces têtes d'enterrement ? Ah oui. C'est un enterrement.

Ils échangent alors un même regard que je ne parviens pas vraiment à identifier, après quoi ma sœur s'approche de moi pour me prendre dans ses bras avec tendresse. Je lui rends son étreinte volontiers en riant légèrement.

- Je dois te rappeler qu'on s'est vues la semaine dernière Vanya ?
- Je suis quand même heureuse de te voir.

Elle me lâche en souriant à son tour. C'est vrai que ça me fait toujours plaisir de pouvoir la voir. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle à mes côtés.

- Numéro Huit, déclare alors Pogo derrière elle. Je ne m'attendais pas à votre venue.

Vanya se décale pour me laisser me diriger vers lui et le prendre lui aussi dans mes bras. Ça faisait si longtemps que je ne l'avais pas fait. La dernière fois que je l'ai vu j'étais furieuse, mais aujourd'hui je réalise que je ne devrais pas continuer de lui en vouloir.

- Je suis là pour ma famille. Pas pour papa.
- Eh bien je suis heureux de vous revoir. En si bonne santé qui plus est.

Il doit faire allusion à la force que j'ai mise dans cette étreinte que je stoppe immédiatement en riant, gênée.

- Désolée. Moi aussi je suis contente de te revoir Pogo.

Mon regard se dirige ensuite vers le portrait accroché au mur qu'ils étaient en train de regarder avant mon arrivée. Je dois me retenir de laisser tomber mon sourire quand je le vois. Si jeune. Si...lui.

- Un tableau à son effigie. Et une statue à celle de Ben. C'est comme s'il ne savait remarquer notre présence qu'une fois partis.

La preuve, c'est que le portrait de moi qu'il avait fait faire, et qu'il avait apparemment installé à côté de celui de Cinq, a été enlevé. Depuis un bon moment je suppose. Bien avant que je puisse le voir de mes propres yeux.

- Je vous ai jamais oublié moi, reprend Vanya en venant se mettre à côté de moi. Je t'ai déjà dit que...je laissais la lumière allumée pour vous ?

Je lui lance un regard interrogateur. Curieuse de connaître cette histoire. Ça me fait mal d'entendre parler de lui. Mais j'aime que les gens le fassent. Ça veut dire que personne ne l'oublie.

- J'avais peur qu'à votre retour à la maison, il soit super tard et que, vu qu'il ferait noir, vous pourriez pas nous retrouver. Donc vous repartiriez. Du coup tous les soirs, je vous faisais des sandwichs, et je laissais tout allumé.

- Oui je me rappelle vos sandwichs, reprend Pogo sur un ton à la fois sage et amusé. J'ai marché dans de la confiture et du beurre de cacahuète plus d'une fois à l'époque.

Je me mets à sourire en entendant cette histoire, que Cinq aurait adoré. Il aimait être le centre de l'attention. Alors je faisais toujours en sorte de lui montrer...qu'il était le centre de la mienne. Il aurait quand même préféré avoir quelques marshmallows dans son sandwich.

- Votre père n'a jamais cessé de croire que numéro Cinq se trouvait quelque part. Il a toujours gardé espoir.

Je sens une montée de colère m'envahir. Lui ? Garder espoir ? Laissez-moi rire. Je...je le déteste tellement.

- Les autres sont déjà là ?

Je préfère changer de sujet. Et quitter cette pièce le plus vite possible avant que cette discussion ne dégénère.

- J'ai vu Allison. Et Diego.

Et bien évidemment, puisque papa est mort, Luther le favori doit être en train de s'assurer qu'il s'agit bien d'une mort naturelle. Et Klaus...doit déjà être en train de réclamer son héritage dans son bureau.

- Je vais voir si j'arrive à les trouver. Vanya ?
- Je vais rester ici avec Pogo.
- D'accord. A tout à l'heure alors.

Je lui adresse un dernier sourire, ainsi qu'un clin d'œil avant de me retourner pour me diriger vers les escaliers. Je suis tellement heureuse d'avoir gardé de bons rapports avec elle. Les autres ont toujours cherché à l'exclure, parce qu'elle était ordinaire. Mais pas Cinq et moi. Ç'aurait été ridicule qu'en revenant ici je fasse cette erreur. Même si...à ce moment-là aucune lumière allumée, ni aucun sandwich au beurre de cacahuète n'aurait pu me réconforter. Je monte les escaliers, me rappelant des entraînements incessants que nous faisait subir le vieux, avant d'atteindre finalement...le bureau. Dans lequel j'entends une voix, que je reconnais immédiatement.

- Heureusement que c'était pas notre vrai père. Ça nous a évité d'hériter de ses gros yeux noirs.

Cette phrase est alors suivie d'un rire féminin que je suis également si heureuse d'entendre. J'entre donc, en voyant devant moi mon frère Klaus, assis dans le fauteuil de notre cher paternel. Ainsi que ma sœur Allison, qui se tient debout à côté de lui toute souriante.

- Numéro Quatre ! crié-je en imitant la voix du paternel. Sortez immédiatement de ce fauteuil !

Ils remarquent alors ma présence dans un léger sursaut qui me fait rire.

- Huit ! s'écrie Allison en courant vers moi pour me prendre dans ses bras.

On se serre l'une contre l'autre comme si on ne s'était pas vues depuis une éternité. Et on est très vite encerclées par deux grands bras qui viennent nous rejoindre. Klaus.

- Regardez-moi ça, s'exclame ce dernier. Si ça c'est pas un magnifique portrait de famille. On pourrait presque croire qu'aucun de nous n'a subi de traumatisme sévère étant gosses.
- Comment c'était la désintoxe Klaus ?

Il nous lâche enfin à l'entente de cette phrase, me permettant de lui lancer un regard accusateur.

- Je ne vois pas de quoi tu parles sœurette.

Vraiment ? Parce que moi je vois. Il était sûrement trop défoncé pour se souvenir que c'est moi qui l'ai déposé là-bas. Et dire que je pensais que ça l'aiderait cette fois. Encore. On voit tout de suite que non.

- Qu'est-ce que je disais déjà ? reprend ce dernier en retournant vers le bureau. Ah oui, les gros yeux noirs.

Il s'installe de nouveau sur le « trône », en posant ses pieds sur le bureau, et en ouvrant grand ses yeux grâce à ses doigts.

- Numéro Huit...
- Sors de ce fauteuil.

Même si cette voix-là je ne l'ai pas entendue depuis bien longtemps, il me suffit de reconnaître cette attitude de fils à papa pour comprendre que notre frère vient d'entrer dans la pièce. Je me retourne, pour découvrir...un Luther beaucoup plus costaud que dans mes souvenirs. Il est tellement grand et...gonflé. Sans grand étonnement, Klaus est bien sûr le premier à faire la remarque.

- La vache ! Luther ! Ah on peut dire que t'en as pris du poids au fil des années...
- Klaus...
- Non t'inquiète pas. Pas la peine de me faire la morale. J'allais partir. Du coup si vous...si vous voulez, vous pouvez...parler. Entre vous.

Il tente de sortir, mais Luther le bloque rapidement d'un seul bras. Je me tourne vers Allison en tentant de cacher mon ennui, pour prendre sa main en lui souriant.

- On parlera plus tard. D'accord ?
- Oui bien sûr.

J'aimerais surtout lui demander des nouvelles, même si je suis allée lui rendre visite le mois dernier, et que je sais qu'avec le divorce et le fait que son ex-mari ait obtenu la garde de ma nièce...ça ne va pas fort. On se sourit une dernière fois, avant que je ne lâche sa main pour sortir, alors que Klaus commençait à se plaindre en vidant ses poches. Je m'arrête pourtant une fois dans le couloir, en attendant qu'il sorte. Et l'observe retirer une boîte de son pantalon avec fierté, avant de remarquer ma présence. Je lève les yeux au ciel en reprenant ma route. Il comprend alors que je ne le dénoncerai pas, puisque nous ne sommes plus des enfants, et que je n'essaierai pas non plus de récupérer l'objet, puisque je ne suis pas d'humeur à me battre avec lui et ses addictions. Je le fais depuis tellement longtemps.

- Je te revaudrai ça sœurette !
- Pas la peine...

Après quelques secondes, j'atteins enfin ma chambre. Mais...au lieu d'entrer à l'intérieur, pour redécouvrir des souvenirs que j'avais enfouis au plus profond de moi, je me mets à fixer la porte qui est juste en face. Celle de la chambre de Cinq. Je m'y faufilais si souvent en cachette. On se plaignait de Luther et de son attitude de premier de la classe. On notait la bonne cuisine de notre mère. On se demandait combien de temps ça prendrait à Diego de lancer un de ses couteaux sur « Numéro Un ». Ce serait la première fois, depuis notre départ, que je remettrais les pieds dedans. Et je ne sais pas pourquoi, même si je n'ai aucune envie de le faire, je finis par poser ma main sur la poignée, pour enfin entrer. Je fais quelques pas, dans cette chambre qui me semble si minuscule aujourd'hui. Le plafond est clairement plus bas. J'observe le lit, dans lequel on faisait des batailles d'oreillers quelques fois en cachette. Faisant semblant d'être des enfants normaux. Puis je vais m'asseoir à son bureau. La vieille bétonneuse miniature en plastique qu'il avait reçu le jour de notre anniversaire est toujours posée dessus. Je la prends dans mes mains. Me rappelant de la manière dont il aimait jouer avec. Mais ce simple souvenir...parvient à faire monter les larmes à mes yeux. Je les sens couler doucement sur mes joues, et n'essaie même plus de me retenir quand je sers le jouet contre moi en fermant mes paupières. Comme à chaque fois que je pense à lui, mon cœur se brise un peu plus. C'est donc ce que je dois ressentir chaque seconde de ma vie. Il me manque tellement. Est-ce que je lui manque aussi ? Est-ce qu'il se demande où je suis ? Est-ce qu'il me cherche ? J'aimerais tellement qu'il me trouve.

- Huit ?

Je sursaute en ouvrant les yeux, pour découvrir Diego, debout dans le couloir devant moi. Je repose aussitôt le jouet en essuyant mes joues humides.

- Salut Diego.
- T'as besoin...de quelque chose ?

Il n'a jamais su gérer ce genre de situation. Il n'a jamais su réconforter les autres. Mais j'ai toujours trouvé ça adorable. Sous ses airs de gros durs, j'ai toujours été la seule à voir...qu'au fond il était simplement trop maladroit pour être aussi attentionné que les autres. Et il m'en est encore reconnaissant aujourd'hui.

- Non merci. Comment ça va toi ? Les rues sont agitées ces temps-ci ?
- Elles le sont toujours. Tu devrais revenir faire un tour avec moi un soir, à deux on a été plus rapides.
- Je croyais que le grand Diego Hargreeves était déjà bien assez fort tout seul.
- J'ai pas dit plus forts, j'ai dit plus rapides.

Un petit rictus s'échappe de mes lèvres, alors que je me lève de ma chaise pour aller l'entourer de mes bras. Surpris, il décide de ne pas répondre à ce câlin auquel il n'échappera pas pour autant.

- J'aimerais que t'arrêtes de mettre ta vie en danger comme ça.
- J'arrêterais si je le faisais que pour moi.

Je me sépare de lui pour poser mes mains sur ses joues et l'observer un peu plus attentivement. Il a l'air un peu pâle. Fatigué. On dirait qu'il manque de sommeil mais ça ne m'étonne pas quand on sait qu'il passe ses nuits à « combattre le crime ».

- Est-ce que tu te nourris bien au moins ? Je t'ai dit la dernière fois que les boîtes de conserves et les plats surgelés n'étaient pas...
- Arrête tu parles comme maman.

Il attrape mes mains pour les retirer de son visage.

- Je me débrouille comme un grand. Ça te suffit ?
- T'es insupportable Diego.
- Ouais on me le dit assez souvent.

Je lui souris à nouveau en jetant un dernier coup d'œil à la chambre que je préfère à présent quitter. C'était une mauvaise idée de venir ici.

- On va quand même demander à maman de te préparer quelque chose.
- Plus tard. Luther veut qu'on se réunisse dans le salon.

C'est pas vrai...

- Pourquoi ?
- Il veut nous parler de papa.
- Oui évidemment.

J'apprécie Luther. Il ne faut pas...croire tout ce que je dis sur lui. Je sais que j'ai souvent tendance à être exaspérée par son comportement, mais c'est mon frère. J'ai un jour réalisé que j'aurais pu vivre seule. Entourée de personnes qui n'arriveraient jamais à me comprendre. Mais j'ai eu la chance de grandir avec sept personnes incroyables. Peut-être que Vanya n'avait pas de pouvoirs, mais elle me comprenait aussi bien que les six autres. Je me demande juste...ce que Luther va encore trouver à nous reprocher cette fois.

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Bon alors voilà pour le premier chapitre de ma nouvelle fanfiction Umbrella Academy ! La première de plusieurs chapitres que je n'écris pas sur Dylan O'Brien ou Stiles alors soyez indulgents ! Comme énormément de personnes je suis tombée sous le charme de Numéro Cinq (surtout depuis la saison 2 que j'attendais depuis si longtemps et qui ne m'a absolument pas déçue !). Alors je n'ai pas pu m'en empêcher, je devais me lancer dans une histoire qui j'espère vous plaira parce qu'entre les calculs, les dates et...bref je ne vais pas vous ennuyer avec ça ^^ N'hésitez pas à me donner votre avis en commentaire et à voter surtout !

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