Chapitre 1

La cour royale, l'encre des prédateurs où les vices sont habituels et les meurtres distractions. Seul un fou pourrait se sentir à l'aise dans cette ambiance bien lugubre et Esmé n'était pas folle, ou du moins pas encore.

Faire partie de la Cour Royale à 21 ans en tant que femme de basse condition, sans l'aide d'un amant ou d'un mari, était prodigieux. On aurait pu dire que cela était révolutionnaire. Mais il était courant de savoir que la Cour n'aimait pas le changement. Alors, lorsque arriva les trois nouveaux arrivants, quiconque savait ce que ça allait engendrer. La terreur. Car quoi de mieux que la terreur pour faire fuir le bétail. Et Esmé et les deux garçons qui l'accompagnaient, étaient bien du bétail, de la vermine, des petites choses insignifiantes pour cette cour. C'étaient des paysans sans valeur qui ne méritaient pas cet honneur de venir vivre à la cour. Voilà ce qui se disait dans les couloirs du palais. Mais plus ces paysans marchaient en direction du trône et plus leur pouvoir grandissait. Le pouvoir des titres, car ils ne seraient plus de simples paysans mais des Lord et Lady a en devenir et le pouvoir de la visibilité, car alors qu'ils se dirigeaient vers le Roi, la Cours Royale se retournait à leur vue et chuchotait à leur passage, ils n'étaient donc plus si insignifiants que ça.

- Mes chers nouveaux Lord et Lady ! s'exclama le Roi à la venue des trois marginaux. J'espère que le palais vous plait, car voici votre nouvelle demeure !

Le palais était garni de grandes colonnes en pierre avec des dorures sur les plateformes, de gigantesques fenêtres ornées de carreaux d'or et de perle et d'arche au-dessus des fenêtres. De chaque côté de ces dernières, des statues représentant de jolies femmes à moitié nue brandissaient des chandeliers. Si Esmé avait été éduquée comme une courtisane, elle aurait su que ces chanceliers n'étaient pas en verre mais en cristal. De plus, du marbre blanc recouvrait le sol ce qui donnait des reflets magnifiques. Esmé ne savait plus où regarder tant la pièce était à couper le souffle. Tout représentait les mots Royal, Impérieux, Grandeur. Mais le grand escalier où était le trône du roi était d'un autre calibre, de la même couleur que le sol, avec toujours ces dorures, elle montrait le chemin du monarque, du trône. Car si l'œil se focalisait sur le grand escalier blanc , il conduisait aussi immédiatement sur sa hauteur où le magnifique trône composé de statue de femmes moulait le Roi avec perfection. On aurait pu le confondre avec un Dieu. Sans compter la somptueuse demeure qui embellissait le Roi, quiconque l'ayant déjà rencontré ne pouvait dire qu'il n'était point beau à damner. Il était assis sur son grand trône en pierre et était entouré par les statues et malgré sa posture il semblait dominer les lieux. Tellement que Esmé n'avait pas vu les personnes présentes sur les balcons positionnés de chaque côté de l'escalier. Des splendides balcons en pierre beige suspendu à l'aide de colonnes du même matériaux. Esmé savait que ces personnes présentes n'étaient pas n'importe qui, c'était les Courtisans, des hommes qui détenaient plus de pouvoir que jamais Esmé n'aurait pu imaginer. Elle se sentait prise au piège, elle était un rat pris au piège par des chats.

- Mon Roi, mille remerciements pour votre générosité à notre égard.

C'était Luc, le frère aîné de Esmé qui avait parlé, celui-ci savait que le moindre faux pas pouvait leur être fatal et qu'il fallait donc, par conséquent, bien peser ces mots.

- Voyons, tout ceux-ci est naturel, sans votre défunt père, le futur Lord de Mistary serait mort et la ligné de cette maison avec. Votre arrivée à la Cour Royal est un présent de ma part pour remercier votre famille de son sacrifice.

Esmé retient sa respiration, ce tragique accident était arrivé 1 mois plus tôt et elle n'arrivait pas à réaliser que son père était définitivement parti. Elle s'en rappellera probablement toute sa vie, c'était une soirée pluvieuse, on avait toqué frénétiquement à la porte d'entrée de leur petite maison pour y révéler un grand homme habillé élégamment. C'est ce dernier qui avait été désigné pour révéler à la famille la mort du père. Une mort pleine de bravoure car au dire de cet homme, le père s'était jeté sous les roues d'une calèche pour sauver un jeune enfant qui allait se faire écraser. Malheureusement ce geste chevaleresque avait causé la mort de ce dernier. Cependant étant donné que cet enfant sauvé n'était pas la descendance de n'importe qui, par gratitude de ce geste, le Roi offrit une place à la Cour Royale aux deux enfants et au neveu de ce sauveur. Voilà pourquoi, aujourd'hui, se tenait devant le Roi et la Cour Royale, Luc, le fils ainé, Esmé, la fille cadette et Jean, le neveu.

Les trois arrivés se prosternèrent devant le Roi, du mieux qu'ils puissent faire.

- Suivez donc les domestiques, ils vous montreront vos quartiers. Déclara le Roi d'un geste de la main.

Une demi second après ces paroles, une flopée de serviteurs arriva par des petites portes cachées sous l'escalier et amenèrent Luc, Esmé et Jean dans un labyrinthe de couloir.

Bien trop troublée par ce lieux irréaliste, Esmé n'avait pas prononcé un mot depuis son arrivée à la cour, contrairement aux garçons.

- Mon Dieu ! As-tu vu toutes ces moulures en or sur les murs ? Toutes ces richesses sans surveillance ? Et toutes ce-

- Tais-toi Jean. Luc s'était brusquement arrêté et s'était retourné, observant Jean avec les sourcils froncés. « On n'est pas ici pour rigoler ou jouer là. » Il baissa alors la voix : « Si on te surprend voler quelconque objet ce ne sera pas juste le fouet ici »

Jean se redressa et continua son chemin sans oublier de lancer un dernier regard à Jean. Un regard qui voulait dire : Je t'aurais prévenu.

Arrivés devant deux grandes portes accolées, les domestiques s'arrêtèrent.

- Voici vos quartiers. La porte de droite est pour Lord Armi

« Donc pour Jean » pensa Esmé. Mais avant qu'elle se demande pourquoi ils n'y avaient que deux portes et donc deux quartiers, la femme de chambre reprit.

- Et voici ceux de Lord et Lady

- Merci, si vous nous le permettez on aimerait pouvoir bénéficier d'un peu de tranquillité dans nos quartiers, ma chère sœur a trouvé le voyage fort long et aimerait se reposer.

Après une légère révérence, les domestiques partirent.

- Allons dans nos appartements. Et avant que tu le demandes, non Jean, toi tu vas dans tes appartements.

Luc avait fixé son cousin d'un regard rempli d'avertissements. En seule réponse, Jean souris tout en levant les mains vers le ciel.

- Voyons chère cousin, il n'est pas nécessaire de me regarder de cette façon, je connais les limites.

Tout en reculant de quelques pas en arrière, il adressa cependant un clin d'œil à Esmé et rentra dans ses quartiers.

Esmé entendit le souffle remplis de frustration de son frère et le suivi dans leurs quartiers

- Donc si je comprends bien, ce palais est immense mais pas assez pour avoir un quartier pour moi ?

C'était les premiers mots d'Esmé et malgré qu'elle eût voulu faire une blague pour détendre l'atmosphère cette phrase avait sonné creux. Luc le savait, elle n'était pas du tout à l'aise à l'idée de vivre ici, alors il l'a pris dans ses bras. Esmé déposa sa tète sur son torse et ferma les yeux.

- Je t'ai dit que cet endroit serait un cauchemar, et je le pense toujours. On peut encore partir d'ici et au passage laisser Jean.

Luc laissa un son moqueur sortir de sa bouche.

- Je ne rigole pas. Insista Esmé. « Cette endroit aura notre peau, je le sais, je le sens »

Luc attrapa le menton de sa sœur pour diriger son regard vers le sien.

- Je sais ce que tu pense Esmé, mais c'est notre meilleur alternative, cet endroit. Et puis tu sais bien que je serais toujours là pour toi et quoi qu'il arrive je te protégerais

Esmé plissa les yeux et s'écarta de son frère tout en murmurant : « C'est bien ça qui m'inquiète »

- En tout cas on peut dire que nos quartiers sont beaux.

C'était le cas de le dire, la porte d'entrée donnait sur une grande pièce, bien plus grande que leur ancienne maison. Elle était couverte de tapis avec au centre un grand canapé en croissant de lune. Les murs étaient recouverts de grandes fenêtres ornées de lignes de fer tassant des courbes. Toute la pièce était couverte de détails jusqu'au plafond où l'on pouvait admirer de belles peintures discrètes. Oui c'était magnifique et Esmé le savait. Mais elle savait aussi que les belles choses pouvaient piquer. Alors qu'elle leva les yeux pour admirer en détaille les peintures elle eut le souffle coupé. Une grande cage y était représentée et des roses poussaient tout autour tout en se mêlant à la cage. Cela lui parut magnifique jusqu'à qu'elle se focalise sur l'oiseau sortant de la cage. Tout d'abord elle crut que le tableau représentait la liberté de l'oiseau qui sort de sa cage. Mais non, plus Esmé regardait avec attention, et plus une sensation de mal-être s'engouffrait en elle. L'oiseau était taché de rouge, non pas par les pétales des roses mais bien de sang. Ce dernier était emmêlé dans les branches couvert d'épines et n'arrivait pas à sortir. Esmé avait bien cru avoir vu une larme couler de l'œil de l'oiseau si elle ne savait pas déjà que c'était une simple peinture.

- Il faut être bien cruelle pour mettre ce genre de peinture ici.

- Probablement est-ce à la vogue.

Esmé n'était que plus dégouté.

- Si voir un animal souffrir est à la mode tu conviendras que je ressente une certaine angoisse à rester ici.

- Arrête avec tes superstitions Esmé. Ton cerveau est juste simplement confus dû à ce soudain changement.

- Si tu le dis...

Esmé se dirigea ensuite vers la porte à droite de l'entrée. Elle y trouva une chambre somptueuse avec un lit au centre avec des rideaux cachant les têtes d'oreiller, des roses rampant sur toutes les colonnes présentes dans la pièce et les miroirs et les fenêtres surplombaient la pièce.

C'est juste sublime.

- Je crois que j'ai trouvé ma chambre. Avait-elle crié.

Luc arriva dans l'encadrure de la porte et sourit à Esmé

- Il est certain que cette chambre n'est pas la mienne.

Esmé sourit pour la première fois depuis son arrivée dans le palais. Et alors qu'elle sentit le regard de son frère de plus en plus insistant elle fut obligé d'en rajouter tout en levant les yeux au ciel :

- J'avoue qu'avoir le luxe d'avoir ce genre de chambre est très plaisant.

Mais toujours sous le regard lourd de sens de son frère elle marmonna :

- Bon d'accord t'as gagné, l'endroit est magnifique et oui ça doit être super de vivre dans ce genre d'endroit.

Alors Luc s'approcha Esmé et lui tira les joues de ses doigts.

- Tu vois, ce n'était pas si compliqué. Avait-il dit avec son sourire taquin.

Elle lui tira la langue tout en le poussant en dehors de sa chambre.

- Comme tu l'as si bien dit, ta chère sœur est fatiguée du trajet et doit se reposer.

Et c'est comme cela qu'elle le congédia.

Elle s'allongea dans le lit. Mon dieu comment les draps étaient si doux. Voilà ces premières pensées. Elle avait l'impression de nager dans des nuages et c'était si agréable. Elle laissa échapper un râle de bonheur. Oui, avoir un lit comme celui-ci était un petit paradis et oui elle aimait ce confort de vie. Peut-être devait-elle juste lâcher prise. La mort de son père l'avait secouée, alors un peu de répit et de confort ne lui feraient pas de mal.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top