chapitre trois, la promesse du dragon





if i can't have love,
i want power.














LE VISAGE DE LYSSA PASSA par de nombreuses expressions en un si maigre instant et se termina par un froncement de sourcil des plus prononcés.

- Pardonnez-moi, mon prince, mais je n'ai aucune volonté d'affronter les vents de cette saison et ce même en votre compagnie, assura-t-elle, essayant de reprendre un comportement des plus adéquats.

L'automne déclinait à vue d'œil sur le continent et chaque nuit devenait plus froide et obscure que la précédente. De ce fait, la jeune Strong avait toujours eu le pressentiment que les dieux se jouaient d'eux en accordant à la météo l'attitude des hommes foulant cette terre. L'hiver approchait comme la guerre le faisait, déposant tous deux un voile glacial sur les cœurs et les yeux clos des plus faibles.

Pourtant à son excuse légitime, Aemond ne répondit qu'un sourire léger, simplement par politesse et lui formula :

- Je pourrais vous prêter une cape mais il vous faudra des gants à votre taille.

Lyssa resta figée un moment, comprenant qu'il ne voulait entendre raison. Elle soupira alors, croisant ses mains sur le devant de sa robe et plongea ses yeux sur lui et essayant de ne pas se laisser perdurer par son cache-œil.

- Il est bien trop tard pour une balade et il serait inconvenant pour moi de me promener ici et là avec un homme dont on ne sait pas qu'il est mon fiancé.

Il ricana cette fois-ci, probablement amusé par la lutte qu'elle s'efforçait de tenir contre lui et qu'il avait la ferme intention de remporter.

- J'aurais songé à plus d'audace de votre part compte tenu de celle dont vous avez fait preuve dans la journée, minauda-t-il en faisant un pas vers elle.

Lyssa ne recula pas, affrontant pourtant la volonté de son corps de s'éloigner le plus de lui. Elle restait concentrer sur cet œil rieur qui la fixait. Concentrée à ne pas rendre ses mains moites à force de les serrer l'une contre l'autre.

- Allons faire plus ample connaissance, Strong.

Il passa sa main à côté d'elle pour atteindre le milieu de son dos, tout en la faisant avancer, il s'était déplacé pour se tenir à ses côtés. Et toujours en robe, enserrait dans sa panique et dans son corset, Lyssa avançait dans l'inconnu et au grès de la main brûlante d'Aemond dans son dos.

Bien qu'elle ne souhaitât pas faire de lui son ennemi mais sa rampe vers sa vengeance, le prince avait depuis longtemps nourri sa haine contre sa famille. Rhaenyra avait bâti la peur qui l'enserrait chaque jour sans même y penser, ou s'en inquiéter. Puisqu'à contrario de Larys, Lyssa s'était laissée plongée loin des différents camps qui se forgeaient. Et sans parti à défendre, elle n'était qu'une Strong.

La jeune femme essaya de porter son regard sur son futur mari mais l'obscurité camouflait ses traits et l'ironie faisait qu'elle se trouvait du côté de sa balafre.

Toutes ses dernières années d'errance dans ses débats politiques semblaient se payer maintenant.

Aemond et Lyssa traversaient couloirs sur couloirs sans jamais s'arrêter, et dans cet environnement où elle avait toujours vécu, elle ne connaissait rien. Elle se sentait une étrangère, poussée jusqu'à son exécution.

Bien vite, elle réalisa que rien ne ressemblait à l'architecture du donjon rouge, et qu'ils avaient par conséquent franchit nombres de passages inconnus pour en sortit discrètement, tout en restant sous terre. Mais alors, où étaient-ils ?

- Où allons-nous, osa-t-elle demandé après un moment.

Il ne lui répondit pas directement et Lyssa finit par comprendre qu'il ne le ferait tout simplement pas alors elle se stoppa. Manquant de se laisser entraîner par la force qu'exerçait sa main dans son dos, la jeune Strong se maintenu aussi droite que possible.

- Je n'irais pas plus loin sans savoir où vous m'emmenez.

Il s'était arrêté un peu plus loin qu'elle et lui tournait donc le dos, cela ne l'empêcha pas de percevoir son soupir. Il murmura des bribes de mots incompréhensibles et finit par se tourner vers elle.

- Je m'assure de ton allégeance.

Il ne la laissa pas rétorquer la moindre chose et franchit une porte, commença à monter les escaliers auquel elle menait sans l'attendre. L'obscurité l'entourait et la seule source de lumière semblait être la finalité du chemin emprunté par Aemond. Lyssa plongea ses yeux derrière elle, ne distinguant ni mur, elle pourrait difficilement retrouver son chemin.

Elle déglutit et prit à son tour l'initiative de gravir ses marches. La source de lumière s'avérait être la nuit elle-même, et la lune qui brillait faiblement derrière les nuages, puisqu'ils avaient traversé les catacombes de Port-Réal pour atteindre une des plaines au pied des montagnes qui bordaient la ville.

Mais la lune, placardant leur monde d'une lueur faible ou l'horizon de la forêt, ne furent pas ce qu'elle observa cette nuit-là. Confrontant le froid dans sa robe faite pour l'intérieur, une peur terrible la saisit et réchauffa un à un chacun de ses muscles. Tout son corps semblait lui dire de fuir.

Puisque Lyssa avait vu des dragons au cours de sa vie, et il lui était souvent arrivé de l'apercevoir. Vhagar, le dragon de Visenya. Mais, à cet instant, elle semblait voir l'Étranger lui tendre la main, se moquant de son ambition, de ses croyances de vengeance.

Le dragon dormait et dès lors, la terreur qui saisissait Lyssa n'avait pas d'égal. Dans l'écart de ses écailles, il lui semblait qu'elle pouvait voir le feu qui sommeillait en elle. La brune sentait ses poils s'hérisser, son ventre se tordait violemment et elle se croyait fondre de l'intérieur pour éviter de connaître les projets d'Aemond.

Une véritable peur, fondée et intraitable se nichait dans sa gorge et elle se retenait de régurgiter tout son repas. Mais cet effroi ne fut pas seul à s'emparer d'elle. Lyssa fut de la même manière très vite conquise par cette créature si ancienne qui dormait encore en leur monde. Perturbée par le fait que son corps si bref et faible cohabite la puissance ancestrale que représentait Vhagar.

Il était une chose de côtoyer et de voir des dragons mais jamais elle n'avait aperçu d'aussi près le dragon de son futur mari.

La sortant de sa torpeur, Aemond s'approcha d'elle et se plaça entre elle et la dragonne. Comme stimulée par le mouvement de son dragonnier, Vhagar bougea et se fut comme voir se déplacer un continent même. Le jeune Targaryen lui faisait face mais tout ce qu'elle pouvait voir était ses deux pupilles qui ne la quittaient plus.

- Je ne pourrais pas prendre de femme qui ne puisse s'approcher de mon dragon, pour te lier au sang du dragon, tu devras au moins elle tolérait par elle.

Elle ne dit rien, mais ne put s'empêcher de pointer du doigt la croyance réelle du jeune homme à se croire un dieu. Elle ne laissa aucun sourire se placer sur ses lèvres, bien heureusement la peur la contraignait à une mine faussement calme.

- Elle n'a pas l'air de vouloir te dévorer, j'imagine que tu peux être chanceuse, indiqua-t-il après un moment, pourquoi nous n'irions pas faire un tour ?

Lyssa posa finalement son regard sur son fiancé après tout ce temps, et bien qu'il se pense si divin que cela, après avoir passé tant de minutes à observer son dragon, Aemond n'en paraissait que plus enfantin.

- Je ne monterais pas sur votre dragon. Prenez cela comme une insulte si cela vous chante.

Le ton de la jeune Strong s'était avéré plus dur qu'elle ne le souhaitait mais le concerné ne semblait pas lui en tenir rigueur. D'un hochement de tête, il lui concéda cela et se détourna d'elle pour reprendre le chemin inverse. Elle se retint de lui dire que tout ce temps de marche lui avait paru bien inutile pour une simple entrevue silencieuse avec son dragon.

Après l'emprunt de ce long chemin obscur, Lyssa vit enfin le couloir de ses appartements, dépassa alors le prince Targaryen pour s'y réfugier au plus vite. Mais cela ne l'empêcha de s'y engouffrer avec elle.

Il s'avança dans sa chambre comme si cela lui semblait normal. Et Lyssa se tenait droite près de la sortie, sachant qu'il n'y avait rien en son pouvoir qui puisse le forcer à sortir. Après un temps, à avoir observer les livres ornant sa table, il déclara :

- Je n'ai aucune envie de me marier avec vous, avec une Strong qui plus est.

Lyssa laissa échapper un rire qu'elle voulut enterrer avec elle lorsqu'elle s'en rendit compte. Cela ne manqua pas non plus au prince qui l'invita à lui livrer sa pensée. Elle inspira, s'assura que la porte de sa chambre était bien fermée. L'honnêteté qu'elle s'apprêtait à avoir auprès du Targaryen était un pari risqué mais qui pouvait fonctionner pour l'appâter, mais non pour s'attirer les sympathies de tout ce château.

- Croyez-vous que je veuille me marier ? M'allonger chaque soir que vous le voudrez, attendre que vous ayez fini de vous vider en moi. Attendre un enfant, attendre, si le malheur me donne une fille, qu'elle grandisse à son tour et la voir se précipiter dans tout cela sans rien pouvoir faire.

Il s'apprêtait à rétorquer, la mâchoire visiblement serrée mais elle le devança :

- Mon frère m'avait promis de ne pas me marier mais nous y voilà donc tâchons d'être un peu plus productif que simplement répété que l'on ne s'aime pas. Donc, autre chose ?

Pour la première fois depuis leur peu d'interactions, Aemond se retrouva muet, bousculé par une réalité de ce monde dont il n'avait pas conscience jusque-là. Lyssa aurait voulu lui avouer qu'il avait bien plus à considérer que le fer sur cette terre, même pour un prince mais cela pouvait attendre.

- J'espère au moins que tu sais à qui ton allégeance doit aller, essaya-t-il, sûrement pour se redonner de l'aplomb alors qu'il lui tourna le dos pour découvrir un peu plus ses appartements.

Cela devenait presque une scène tragique, la manière dont il se parait en homme, mais sans son épée, où il peinait même à se tenir droit.

- Je n'ai d'allégeance qu'en ce qui me permet de survivre donc, nous verrons par nous-même.

À ce moment-là de profil, elle put voir son œil s'écarquiller, une fois de plus surpris par son audace. Cette surprise se teinta d'un agacement et à nouveau face à elle, s'approchant même.

- La déchéance et l'impertinence coulent dans ton sang, c'est évident mais tâche de ne pas en déverser dans le nom des Targaryen.

Cette joute verbale n'avait pas de sens, elle sourit face à ce qu'Aemond semblait considérer comme une insulte des plus importantes.

- Par pitié, Aemond, ne soyez pas un enfant-

- Je suis ton prince, tache de ne pas oublier cela non plus.

- Oh, elle sourit, par pitié votre majesté, épargné moi cette haine stupide envers mon nom ou envers mon défunt frère, vous vous couvrez de ridicule et si vous avisez à mal me traiter devant le peuple : cela renforcera le poids légitime de la princesse face à la brutalité de l'un de ses frères, et l'ivrognerie de l'autre.

Elle sut qu'elle avait dépassé les bornes face à l'expression subite de colère qui envahit le visage de son fiancé. Il s'avança vers elle brusquement mais elle tâcha de ne pas se laisser impression. Cette confrontation était cruciale, elle devait s'affirmer ou elle craignait ne plus pouvoir le faire. Il saisit violemment son bras.

- Strong, je te conseille de tenir ta langue maintenant.

- J'établis des faits, et si sa majesté veut m'entendre dire d'autre chose, peut être devrait-elle cesser de me violenter, de m'effrayer ou de m'insulter.

Figé, Aemond marqua un temps d'arrêt puis hocha la tête. Par résignation, mais elle pouvait toujours discerner la colère sur ses traits.

- Vous êtes encore jeune, vous avez encore beaucoup de chose à apprendre...

- Nous n'avons que quatre ans d'écart.

- Et vous passez votre temps à vous entraîner pour une guerre par les armes et la violence tandis que j'entends ce qui se dit dans le château.

Aemond ne relâcha pas son bras mais la pression s'y fit moins importante. Il la laissa poursuivre en haussant les sourcils.

- J'entends et je vois les remarques sur l'homme que vous souhaiteriez voir monter sur le trône ou sur celui qui règne encore. Votre autorité s'affaiblit et il vous faudra plus que le fer pour vous donner les alliés nécessaires.

- Il n'y aura pas de guerre, lady Strong, ta volonté de nuire aux Targaryen semble ne plus parvenir à se cacher.

Elle sourit, sincèrement à sa remarque, étonnée elle-même et ajouta alors :

- Je n'ai pas volonté de guerre mais cette succession fera couler le sang, d'une manière ou d'une autre.

Ses doigts toujours enserrés doucement autour de son bras, Lyssa remarqua la proximité entre eux et réalisa qu'il s'agissait de la première fois qu'elle était aussi proche d'un homme qui n'était pas de son sang. Et la première fois depuis qu'Harwin l'avait pris dans ses bras avant de courir à sa mort.

Par le froncement de sourcil du jeune prince, Lyssa réalisa que son expression s'était perdue dans le vide et elle dans un passé inaccessible. Elle battit quelques fois des paupières pour remettre ses idées en place. Chasser l'image de son frère et la laisser à l'Étranger.

- Vous êtes seuls ici à Port Réal et ce depuis trop longtemps. Votre mère est seule également, contrôlée tantôt par votre grand-père, tantôt par mon frère. Aegon n'a rien d'un roi, et ne veut même pas l'être.

- Où veux-tu en venir ? la coupa-t-il, visiblement préoccupé, comme si cette course à la succession se produisait maintenant.

Elle prit une longue respiration et déclara :

- Je peux vous aider à faire les bons choix, pour vous, pour Aegon, elle déglutit douloureusement ses paroles qui la faisaient donc tourner le dos à Rhaenyra et à ses fils, pour toujours. Je suis jeune, mais je suis présente à la cour depuis mon plus jeune âge et j'ai observé chaque alliance et chaque complot. Nous pourrions alors faire de ce mariage non voulu une alliance plus tolérable.

- Dans une unique volonté de survivre de ce fait ? répéta-t-il ce qu'elle avait avancé plus tôt.

Contre toute attente, Lyssa sourit à nouveau, il n'était pas si enfantin et ignorant finalement.

- Mis à part votre famille, chaque agissement est fait dans une instance de survie, mon prince.

Il hocha la tête et finit par lentement relâcher son bras. Après de brèves salutations, Aemond quitta ses appartements, la laissant enfin seule. Elle se changea alors seule, ses servantes étant parties depuis bien longtemps et rejoignit enfin son lit.

Lyssa avait menti il y a peu, ses agissements n'étaient pas seulement motivés par sa volonté de survivre, la jeune Strong se placerait du côté qui lui assurerait qu'elle pourrait vivre, qu'elle allait s'élever et enfin briser toutes les chaînes qui l'avaient un jour retenue.


bonjour, comme je l'ai déjà dit sur une autre histoire, je m'excuse infiniment de mon retard à cause de la fac et de ma santé ! j'espère pouvoir me rattraper pendant les vacances !

avez-vous tout de même malgré l'attente aimé ce chapitre ? qu'avez-vous pensé des interactions entre Aemond et Lyssa et de l'alliance qui semble se tisser entre eux ?

merci d'avoir lu, à la prochaine !

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