chapitre deux, aemond one-eye
you were born a leader,
no throne or crown is needed.
Douzième jour de la première lune de l'an 129
- Je pense que tu devrais lui rendre visite, lui annonça simplement Larys après avoir pénétré ses appartements.
Lyssa était plongée dans les écrits traitant de la fin de l'empire de Valyria et l'entente si désagréable de la voix de son frère détruisit la bulle d'histoire dans laquelle elle s'était enfermée.
- Pour quelle raison, marmonna-t-elle, les yeux toujours rivés sur ces lignes qu'elle avait déjà tant parcourues, nos fiançailles n'ont pas été rendu publiques, nous n'avons aucunement besoin d'apparaître ensemble.
- C'est là que tu as tords.
Le ton espiègle de son frère l'obligea à détacher son attention de son ouvrage pour le lui accorder. Un de ses sourcils s'était redressé en attendant qu'il poursuive et lui dévoile son esprit si clairvoyant qu'elle ne possédait pas.
- Tout n'est que manœuvre et les plus infimes bout à bout devienne un poids à faire jouer.
- Mais encore ? Que cela a-t-il à voir avec ce pressement de rejoindre mon futur mari à la vue de tous.
Larys s'assit finalement à la chaise en face d'elle et, d'un soupir à peine déguisé, poursuivit :
- Les gens sont aisément manipulables, plus encore ce qui ne voit en leur première vision d'une chose qu'une unique lecture. De ce fait, en t'exposant à plusieurs reprises avec Aemond avant l'annonce de ton mariage, le peuple et peut être certains seigneurs croiront en une belle histoire d'amour, conventionnelle, pieuse et respectable.
Les insultes directes envers Rhaenyra et les rumeurs de bâtardise n'échappèrent évidemment pas à Lyssa qui se crispa à cette entente. Et elle le fit d'autant plus lorsqu'elle comprit qu'elle aurait à jouer ce rôle plusieurs fois même avant son mariage, à feindre un bonheur qu'elle n'avait pas observé en elle depuis des années.
- Les conflits de succession approchent, il nous faut nous placer dans l'ombre, mais montrer le meilleur visage de nous-même au monde.
Larys inclina la tête vers elle et elle fit ce qu'il voulait. Lyssa hocha lentement la tête, consentant à lui rendre visite. Après tout, elle ne pouvait pas véritablement haïr un être à qui elle n'avait jamais adressé la parole. Aemond était un homme cruel mais en ce monde qui l'était tout autant, était-ce à blâmer totalement ?
- Le prince s'entraîne dans la cour à cette heure-ci et nombreux viennent l'observer, ce serait le moment opportun de te montrer, lui indiqua finalement le maître des chuchoteurs, tel un ordre non formulé.
Lyssa obtempéra en refermant à contre cœur son livre. En se redressant, elle vit Larys étudier la robe qu'elle avait revêtit et hochait à son tour la tête. Celle-ci était d'un vert profond, plutôt simple pour une journée qui ne nécessitait pas qu'elle sorte selon ses propres projets. Les coutures de la pièce étaient dorées et des fils d'ors partaient de part en part sur son buste pour créer l'illusion d'un corset. Ses épaules étaient entièrement découvertes et ses manches ne prenaient place qu'à leur fin, retombant quant à elle sur le dos de ses mains.
La jeune Strong appréciait l'harmonie que son corps semblait avoir dans cette robe. Le brun de ses cheveux en ressortait nettement et sa peau ambre n'en était pas moins sublimée.
Mais le pigment vert n'avait jamais autant lacéré cette peau, pour y pénétrer le plus possible.
Frère et sœur quittèrent au même instant les appartements de Lyssa et se séparèrent à mi-chemin. La jeune femme avait bel et bien compris que Larys se rendait rendre visite à la reine pour lui confier sa coopération. Mais que pouvait-elle bien faire d'autres en réalité ? Même si ce mariage la liait à la famille royale, elle n'était pas une Targaryen, ni la reine comme Alicent l'était. Elle était la fille Strong mariée au deuxième fils de Viserys I.
Avec cette union, elle ne gagnait en protection que si elle s'agenouillait et leur baisait les pieds à longueur de journée. Au cas contraire, un dragon perdrait peut-être mystérieusement le contrôle et la tuerait ou une chute malheureuse la condamnerait. Elle était prisonnière, à genoux.
Lyssa aurait préféré que son chemin vers les cours d'entraînement du prince soit plus long mais elle se voyait déjà descendre les escaliers qui y menaient. Elle entendait désormais le bruit du fer qui s'entrechoquait, et les exclamations en ressortant.
Elle ignorait pourquoi son cœur battait de cette manière, ni la raison de la moiteur désagréable de ses mains. Elle n'avait pas à avoir peur, simplement à faire semblant. Et pourtant, la brune ne pouvait rien y faire, car quand elle fut enfin à l'extérieur, le soleil qui frappa sa peur fut la plus désagréable des sensations.
Elle savait bien qu'elle avançait vers celui-ci, vers la lumière de ce monde. Bientôt sa peau s'illuminerait contre son gré de cette attention particulière.
Lyssa s'avançait à travers les personnes, beaucoup la connaissait de vue et quant aux hommes, la savait, ou du moins la pensait maintenant, libre d'engagement.
Elle finit par atteindre le premier rang des spectateurs qui formaient une ronde de délimitation autour de Criston Cole, le maître instructeur des princes et lui même, Aemond.
Son futur mari.
Les deux s'affrontaient à l'épée, Lyssa ne connaissait pas grand chose à l'art du combat pour ne pas dire qu'il lui était complètement inconnu. Alors, elle observait simplement les coups que se portaient l'un et l'autre.
Elle observait en silence comme étant la chose dans laquelle elle excellait le plus.
Aemond devait bien dépasser son instructeur d'une tête et donc de plus encore pour elle. Il se déplaçait rapidement et ne semblait jamais laisser prévoir son prochain coup, ou était-ce elle qui ignorait comment le remarquer ?
Elle percevait les gloussements de certaines dames qui espéraient se faire remarquer du prince ou simplement admirer son instructeur. Mentirait-elle en disant qu'elle ne pouvait les comprendre ? Aemond avait tout des traits parfaitement Targaryen, il était grand, montrait ses talents exceptionnels au combat à longueur de journée et surtout était prince. Mais pour elle, sa plus fidèle description ne résidait pas dans ses traits physiques mais dans toute cette aura qu'il dégageait.
Aemond était un prédateur, à la fois dans la manière dont ses yeux ne quittaient jamais sa cible et contrecarrait chacune de ses actions; mais également dans son allure. Puisque bien qu'il ne soit pas aussi massif que l'était pourtant Cole, il imposait une stature par sa simple manière d'être. Cela était le plus intriguant chez toi. Il était littéralement par sa prestance ce qu'il n'était pas en réalité.
Elle revint à la réalité quand elle perçut la voix de Cole :
- Vous vous améliorez de jour en jour, et vous me battez de plus en plus vite, mon prince !
À cela, Aemond ne répondit qu'un haussement d'épaule distrait. Les compliments n'avaient d'importance autre que le fait ou la flatterie qui pouvaient se cacher derrière. Et le prince Targaryen savait bien sa supériorité croissante sur les chevaliers accomplis qui l'entouraient, pourtant seulement âgé de dix-neuf ans.
Sir Criston Cole rengaina son épée quand Aemond ne fit que se détourner de lui, son arme toujours en main et faisant maintenant face à des pantins à forme humaine plantés dans la terre, renforcée de sacs de paille. Sans interlude dans son entraînement, le prince reprit une série de coup contre son adversaire maintenant immobile. Il lui parut alors que Cole ou ce substitut de forme humaine n'avaient pas de différence pour lui. Il n'importait que le fait qu'il surpassait les choses qui lui faisaient face.
Pour les autres spectateurs, le principal de la démonstration avait pris fin alors tous commencèrent à se disperser et la disparition lente de la foule permit à Lyssa de mieux respirer.
Elle fit alors quelques pas près de l'endroit où s'exerçait son futur mari, en gardant une distance de sécurité. Bien que tous s'éloignent par désintérêt, Lyssa trouvait dans la manière dont Aemond affrontait l'objet inanimé une certaine particularité. La jeune femme voyait le combattant mouvait autour de lui comme s'il bougeait comme lui, adaptant petit à petit ses mouvements aux différentes étapes d'un véritable combat.
De ce fait, la fin se fit dans le transpercement violent du sac de paille comme la mise à mort d'un ennemi. Lyssa arrêta de triturer ses mains à ce moment-là, releva la tête assez haut et s'exclama :
- Je ne crois pas que ce pantin avait besoin de cela pour être vaincu, mon prince !
Elle vit alors lentement le concerné se tournait et à nouveau, prenant tout son temps, baissait la tête vers elle.
- Strong, semble-t-il prononcer à voix basse, étirant un sourire moqueur son visage.
Pouvait-elle réellement se sentir indigner de ce traitement de sa famille ? Pas lorsqu'il ne pouvait la regarder que d'un seul œil de la faute de son neveu et cela pour avoir dit la vérité. C'était la première fois que Lyssa laissait une pensée telle lui traversait l'esprit mais elle n'avait de choix de se détourner de tout ce qu'elle avait classé comme le bon côté et les méchants. Désormais, c'était elle, seulement elle, et les chemins qu'elle emprunterait ne suivront plus docilement ceux déjà tracés mais bien ceux qu'elle décidera.
- Il n'y a aucun ennemi à sous-estimer, Lyssa.
La lenteur sur les consommes de son prénom perturba la jeune femme. Il était étrange d'être si familier avec quelqu'un dont on ignorait tout et auquel on devait feindre un amour inconditionnel.
- Pour ma part, je ne crois même pas valoir autant que lui, pointant le pantin de paille, dans un combat à l'épée.
- Peut être que des talents à la dague se cachent en vous alors...
Lyssa pinça ses lèvres, elle essaya à cet instant de demeurer le plus calme et respectueuse qu'elle pouvait, mais son sourire ne fut pas réellement convaincant. Bien que cet évènement eût été un traumatisme réel pour le jeune homme, comment, après neuf ans, ne pouvait-il avoir que cela à la bouche ?
- Un problème ? demanda-t-il alors, ce même air mutin collé au visage.
- Non.
Lyssa avait répondu bien plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu, ce qui entraîna un haussement de sourcil de la part du jeune homme. À nouveau, elle lutta pour suivre les directives de son frère, il suffisait à cet instant que quelques personnes les voient pour que la magie du ragot fasse effet. Mais nul ne circulait autour d'eux.
Elle n'apporta alors aucun effort supplémentaire à cette conversation et s'apprêta à partir. Tournant rapidement le dos au prince, elle ne s'attendit pas à ce qu'il ne la retienne mais sa main s'enroula aisément autour de son bras, bloquant tout mouvement.
Ce fut alors à elle d'hausser les sourcils mais cette fois-ci sujette à une réelle surprise, il lui murmura alors :
- Ce n'est pas une manière de quitter votre prince, il marqua une pause en s'attardant sur sa robe et son pigment vert, et futur époux.
- Je ne viens pas pour vous délivrer ma sympathie ou mon attachement, uniquement pour qu'on nous aperçoit ensemble, cela étant fait, je ne vois pas ce qui me retient ici.
Elle n'avait connu cette assurance en elle depuis bien longtemps, pas depuis que l'Étranger était venu prendre Harwin et l'avait laissé seule. Pas depuis que l'influence et le pouvoir des Strong ne se limitaient qu'aux chuchotements discrets de Larys et à la bâtardise de ses neveux. Tout cela avait jeté la puissance caractérielle de Lyssa bien trop loin pour qu'elle n'y croit encore.
- Moi. J'ai décidé que tu resterais encore un peu m'observer, à cela, il se tourna face au pantin, penses-tu que mes chers neveux est appris à se battre depuis les années ou auront-ils à être à nouveau trois sur moi ?
Aemond se tenait à plus d'un mètre d'elle, et un grand sourire pourfendait son visage, seule elle pouvait en voir l'horreur camouflée. Alors, lorsqu'elle entendit un hoquet de surprise d'une femme les observant, elle attrapa cette occasion car maintenant elle était sûre qu'ils aient été vu.
- Mon prince, dit-elle en y incorporant une révérence.
Après cela, elle regagna aussi vite qu'elle pût sans paraître fuyante l'intérieur du château où Aemond ne la suivrait probablement pas. Celui-ci continua son entraînement, pensif de la manière dont il briserait cet esprit Strong qui l'habitait pour en faire la faire paraître en parfaite Targaryen. Comme sa sœur aurait pu l'être.
Lyssa, elle, s'enferma rapidement dans ses appartements et elle ne laissa quiconque rentrer si ce n'est pour se nourrir au dîner. Plongée dans ses lectures et dans ses pensées, elle n'arrêtait de se torturer sur ce qu'elle devait faire. La jeune Strong avait l'impression d'avoir le monde sur les épaules quand elle ne supportait que son propre avenir.
Pourtant, après une longue lecture, elle referma son ouvrage et s'autorisa un long soupir. Elle avait eu tort en agissant de la sorte avec Aemond car sa détestation à son égard n'avait de poids dans ce qui se tramait ces temps-ci au sein de la monarchie et desservait toute sa possibilité de s'élever. Car ce deuxième fils qu'elle méprisait n'avait de couronne à espérer si ce n'est une faite d'os des ennemis de ses batailles. Il recherchait en la guerre son propre royaume à gouverner.
Lyssa n'était pourtant pas si éloignée de lui dans cette idée, car bien qu'aucun trône ne fût lié à sa famille et que toute puissance avait quitté leur nom. Elle s'était elle-même mise en quête de son royaume et il ne serait pas différent de celui que tous voulaient. Le dragon avait trois têtes, disait-on, alors elle s'immiscerait entre chacune d'elle pour les enchaîner aux fils de sa manipulation. Elle se servirait du dragon pour voler contre lui-même et le faire brûler par son propre feu.
Alors qu'elle se dirigeait vers son lit pour enfin abandonner cette robe qui lui enserrait le corps, de puissants coups retentirent à sa porte. Elle crut aux gardes venant la prévenir d'urgence d'une chose mais sa voix retentit :
- Ouvre-moi, Lyssa.
Lentement, elle tourna la clef dans sa serrure et entrouvrit légèrement son entrée en s'en reculant dans le même instant. Aemond revêtait toute une tenue de cuir noire ainsi qu'une cape plus épaisse par-dessus. Elle n'ignora pas à quoi cela était associé : une tenue de vol.
Il tendit la main vers elle :
- Ma fiancée voudrait-elle m'accorder une balade nocturne ?
•
bonsoir à tous ! on se retrouve pour le deuxième chapitre d'ultraviolence, j'espère qu'il vous a plu! pour l'instant je réussis à être régulière, j'espère que cela restera comme ça!
alors, avez-vous aimé ce chapitre? que pensez-vous de Lyssa et surtout de ses premières interactions avec Aemond ?
Plus d'action sera présente dans le prochain chapitre!!
merci d'avoir lu, à la prochaine!
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