chapitre cinq, a day of misfortune
if this is to end in fire,
then we will all burn
together.
Dix-septième jour de la deuxième lune de l'an 129.
L'EFFERVESCENCE D'UNE JOURNÉE
comme celle-ci se percevait dans toute la capitale : le mariage d'un prince, avec une Strong qui plus est. La veille, une procession avait eu lieu pour amener l'approbation des dieux à cette union. Lyssa attendait d'être amenée à l'autel, ne pouvant s'empêcher de se demande ce que les dieux pouvaient bien réellement penser de tout cela.
Elle ne pouvait rien apercevoir de la salle de réception dans laquelle la future mariée devait s'avancer, de grands drapés blancs recouvraient l'entrée et ne seraient relever que sous les ordres de celui qui l'amènerait à l'hôtel.
De sa robe blanche parsemé de bleu, de rouge et de vert, Lyssa s'était parfaitement parée du blason de la maison Strong, ne permettant à personne d'imaginer qu'elle s'apprêtait à épouser un Targaryen, mais plutôt un banneret de sa famille.
Mais rien ne se passerait comme, plus jeune, elle l'avait prévu alors pouvait-elle un peu plus se penser sauve de cette union, protégée du blason de son père ?
Larys aurait dû être celui qui la conduirait à l'hôtel, mais son état ne lui permettant pas, on lui avait indiqué que cela serait le fait d'Otto, main du roi. Elle fixe le sol, et se prend encore à songer idiotement à une autre réalité où tous auraient fait des choix différents : où son père l'aurait conduit à l'hôtel et où Harwin se serait tenue près d'elle en ce jour tragique.
Lyssa tentait par tous les moyens de retirer les images lointaines de sa famille de son esprit, mais cela semblait impossible. On lui avait répété ces dernières semaines que ce jour serait spéciale et à cet instant, sa seule particularité était la rage qu'elle n'arrivait pas à enfuir en elle. La mariée essayait alors, et de toutes ses forces, de ne pas le laisser transparaître sur son visage mais en vain.
On lui avait arraché sa famille, faisant de son cœur un cimetière et tout cela du fait de ceux qu'elle s'apprêtait à accueillir comme les siens. Comme sa nouvelle famille. Ce crime engendré par la volonté de pouvoir de Larys prenait source chez cette dynastie. Le sang des Strong se projetait sur eux tous, Rhaenyra y compris.
Depuis la conquête, les Targaryen n'avaient cessé de s'élever, du conquérant à Viserys, ils s'étaient servis ici et là, restant toujours impunis. Elle avait vu tant de dragons, se penchant sur l'abdomen de leurs sujets, prenant un peu, jetant le reste. Elle avait vu, ses mêmes sujets s'ouvrant la peau et déversant eux-mêmes leurs organes pour plaire à leur seigneur. Juste pour un peu d'attention. Cela ne changeait rien, le dragon ne pouvait être rassasié. À présent, lasse des autres, il se tournait vers ses semblables, prêt à goûter sa chair jumelle à la sienne.
Cette litanie n'était pas la destinée du continent, cela ne pouvait pas l'être. Leur règne avait eu un commencement, il aurait tout autant une fin. Lyssa allait la provoquer, ou tout simplement, les poussait à le faire par eux-mêmes.
Otto finit par venir à elle, sans même lui adresser un mot. Ce mariage n'étant pas sa manœuvre, il ne la considérait alors pas un seul instant comme du moindre intérêt. Cela ne la dérangea pas, il est plus facile de détruire quelqu'un qui ne nous estime pas capable de le faire. Dans ce silence solennel, ils commencèrent à avancer vers l'hôtel et très vite, elle fut soumise au regard de tous. Lyssa préférait simplement poser ses yeux sur Aemond, c'était après tout ce que tout le monde souhaitait voir à un mariage. Deux personnes qui ne peuvent détacher leur regard de l'autre. Elle se servit de cela, et d'Aemond pour fuir les murmures à son passage.
Celui-ci détaillait sa robe alors qu'elle avançait, ce qui la poussa à faire de même. Le prince avait daigné troquer son habituelle tenue de combat. Il revêtait la couleur de sa mère sans grande surprise dans un long veston qui parsemait de fils d'or, se refermait à l'aide de boutons tout le long de son buste. Le bas s'associait au reste avec une élégance qu'elle lui avait rarement vu.
La cérémonie d'union commença par une prière et un nouvel appel aux dieux à bénir cette union et Lyssa se doutait qu'elle finirait de la même manière. Tout autour d'elle était d'une religiosité sans pareil, y compris son fiancé. Aemond ne pouvait être dérangé, alors agenouillé devant l'hôtel, ou plutôt devant les dieux. Les yeux clos et les mains jointes, elle ne pouvait deviner ce qu'il demandait à ceux qui n'écoutaient jamais. Peut-être de le sortir de cette misère. Elle l'observa encore un peu, se disant qu'il devrait demander que son nom soit changé, lui épargnant la déchéance inévitable de sa famille.
Elle voudrait qu'il demande cela.
Lyssa devait également prier. Pendant quelques secondes, elle ne fit que fermer les yeux, se plongeant dans une obscurité dérangeante et une exposition au danger qu'elle ne supporta pas.
La jeune fille ne demanda qu'une seule chose, la seule prière qui comptait depuis toutes ses années.
Peu importe les faits à venir, mes actions, mes tords et ma justice, lorsque mon corps sera une coquille vide, faites que mon âme s'en aille vers lui, et que je retrouve mon grand frère, dans une éternité enfin paisible.
Le monde autour d'elle pensait sûrement à ce que ses souhaits soient de lui éviter ce mariage, ou d'autres crédules, de le rendre plus heureux encore. Lyssa n'était pas idiote, rien n'y même les dieux pouvaient la soustraire à cette union, comme celle de toutes les femmes de cette assemblée.
Il n'eut de baiser entre eux, pour son plus grand bonheur, et dans la continuité de la piété de cette cérémonie.
Le reste fut une fête assez simple où conseillé ou plus précisément ordonné par Alicent, les deux jeunes gens devaient restés ensemble tout le long. Dans le but de consolider aux yeux des autres, une union réelle et sincère.
Assise seule avec Aemond, les lords avaient défilés pour leur souhaiter bonne fortune. Son mari semblait encore plus ennuyé de cela qu'elle.
Mari. C'était une pensée et un mot étrange dans son esprit. Elle se força à l'assimiler.
- J'imagine que cette situation ne te ravie pas, finit-elle par avouer, une fois la tournée d'inconnue finie.
Il ne dit rien pendant un temps, et Lyssa fut tenter de croire qu'il ne lui répondrait pas mais il prit finalement la parole, ignorant tout de même ses dires :
- Tu es plutôt belle.
Le choc fut sa première réaction, qu'elle essaya tant bien que mal de camoufler. Elle souhaita ensuite se rassurer par l'idée qu'il lui avouait cela dans la continuité des paroles de sa mère, que tout le monde doive les croire unis. Mais personne ne les entourait à cet instant.
Elle lui lança un regard, qu'il ignora évidemment. Aemond, sans grande surprise, n'appréciait pas avoir à garder un contact visuel avec quelqu'un.
- Tu es plutôt, insistant sur le mot comme il l'avait fait plus tôt, beau également.
Elle le vit sourire derrière le verre qu'il porta à ses lèvres, et sourit à son tour.
Sous l'instigation de sa mère, Aemond proposa à Lyssa d'ouvrir la prochaine danse pour leurs invités. Cette idée ne les enchantait tout deux que très peu. Mais ils se dirigèrent sur la piste de dance, elle gardant un sourire ravi sur son visage.
Alors qu'ils tournaient ensemble, l'un autour de l'autre, tantôt se touchant, s'effleurant puis s'éloignant, dans une sordide répétition de tout cela, Aemond, à un moment de proximité, lui avoua que si la danse était un combat, elle serait définitivement une adversaire redoutable.
Elle sourit, sincèrement, à cette parole. Ils continuèrent à danser, maintenant rejoints par le reste de leurs invités et ce fut à cet instant que Lyssa réalisa une chose étrange. Elle se savait guidée par une quête de vengeance et de justice, de bataille contre tous ces dragons, sangs-sues de ce château, mais lorsqu'elle regardait Aemond, Lyssa ne pouvait voir en lui une véritable menace.
Elle ne voulait le faire, alors si la danse pouvait être un combat, Lyssa préférerait n'avoir qu'à danser avec son mari.
Pourquoi ? Elle ne pouvait dire, mais dans ce monde où elle s'était retrouvée seule depuis si longtemps, il lui semblait avoir besoin quelqu'un sur lequel se reposait. Mais elle savait que le nom d'Aemond, cette dynastie sanglante, les empêcherait cette proximité. Il ne pourrait jamais étudier la philosophie comme il le voudrait tandis qu'elle ne pourrait jamais obtenir le pouvoir de décider de sa propre vie.
Après quelques autres danses auxquelles les mariés ne prirent pas part, la soirée se termina, et vint le moment de consumer leurs unions. Lyssa savait qu'elle aurait à quitter ses appartements pour ceux du prince une fois mariés mais cet environnement inconnu lui provoqua une nausée assez surprenante.
Elle était seule dans la pièce, Aemond se changeant dans celle adjacente. Ce fut à la princesse Helaena de se charger de la préparer et donc de retirer sa robe. Lyssa profita de leur solitude pour sauver de son malaise la jeune femme qui ne paraissait pas capable de la toucher. Son mal être la toucha particulièrement.
- Vous n'avez pas à le faire, votre majesté, lui assura-t-elle, je m'en sortirais très bien seule.
Par un simple sourire et son éloignement de quelques pas, Helaena lui signifia très bien la pression qu'elle venait de retirer de ses épaules. Lyssa retira donc sa robe, maintenant uniquement vêtue de ses vêtements de nuit. Après quelques temps, la princesse prit parole, se surprenant elle-même.
- Vous n'avez qu'à fermer les yeux et pensez que vous êtes ailleurs, il aura certainement fini assez vite.
À cet instant, Lyssa tournait le dos à la jeune femme, cela lui permit de laisser voir sur son visage la tragédie que lui évoquait ses dires. Elle savait que la volonté d'Helaena n'était que d'aider, et qu'elle ne réalisait que très peu tout ce qu'elle laissait évoquer avec ses paroles.
Elle n'attendit pas de réponses et s'apprêta alors à quitter la pièce, mais Lyssa fit un geste vers elle, sans la toucher directement pour éviter qu'elle ne se brusque.
- Vous pouvez lui refuser votre lit à présent, il ne vous est en rien supérieur et ne peut donc vous imposer cela, avoua la tout jeune mariée, espérant que nul ne les entendait.
- Vous ne connaissez pas Aegon, elle ria, nerveusement, brisant le cœur de Lyssa.
Elle confirma seulement d'un hochement de tête, tout en lui assurant ensuite que puisque son devoir de femme était de lui fournir des héritiers, cela étant fait, elle n'était plus tenue à rien.
- Éloignez-vous de lui, dit finalement Lyssa.
Helaena releva les yeux vers elle à cet instant et la fermeté de son regard égalait sa douceur habituelle.
- Il s'agit de mon frère.
Ce fut la dernière chose qu'elle lui dit avant de quitter la pièce. Lyssa fut frapper par le lien qui pouvait unir une si innocente personne avec le monstre qu'était Aegon. Mais la princesse avait raison, il s'agissait de son frère et pour des raisons qui échappaient à la Strong, Helaena ne pouvait s'abstenir de l'aimer d'une certaine manière malgré les horreurs. Puisque la jeune fille était loin d'être un chiot perdu entre les dragons, elle en était un, plus doux, plus appréciable. Cette dynastie était sa famille.
Tous ces liens familiaux étaient étranges, et avoir comme seul ennemi et seul allié ceux de son sang étaient dangereux.
Après quelques minutes seule, Aemond pénétra à son tour la pièce, lui aussi avait donc abandonné sa tenue de cérémonie. Cette proximité créée par le simple manque de couche sur leur corps était étrange. Car se voir comme cela, se fut comme être prêt à se voir à jamais comme cela : nu à l'autre.
Contre toute attente, lorsqu'Aemond ouvrit la porte destinée à laisser entrer ce qui devait les observer dans leur premier rapport, il ne laissa personne passer. Diminuant, de secondes en seconde, la nausée de Lyssa.
- Il s'agit de ma femme, nul n'a besoin de la voir comme cela si ce n'est moi, ordonna-t-il.
Elle fut cette fois-ci heureuse que ce jeune garçon joue à être un homme si cela pouvait l'empêcher d'être observée dans sa plus grande intimité.
Un maestre bafouilla, s'exprimant certainement pour tous les autres :
- Il s'agit de la tradition, votre majesté, il nous faut attester de sa pudeur.
Lyssa ne manqua le sourire qui s'étendit sur le visage de son mari qui n'avait rien d'un signe de joie, mais d'une marque de condescendance vis-à-vis de l'homme devant lui. Il s'approcha alors un peu plus, opérant une menace réelle.
- Je peux m'en assurer moi-même et ma parole fera gage de preuve suffisante pour vous autres.
- Mais-
D'un geste de la main, il coupa la parole à l'homme, soumis.
- Ou portez-vous peut être des accusations précises sur ma femme que vous voudriez partager ici ? La voix d'Aemond tonnait, c'était étrange de le voir prendre sa défense.
- Non, non, bien sûr, s'exclama le maestre, d'un seul coup encore moins sûr de lui.
Après cela, ils furent tout congédiés ailleurs, et ce ne fut qu'Aemond et elle.
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bon, ça fait un an que j'ai posté mais on va tous faire genre que c'est pas le cas! le prochain chapitre est déjà fini donc il arrive très bientôt !
j'espère que vous avez aimé ce chapitre !!
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