Ultraviolence
Atmosphère presque solennelle dans le parking. Tiède, glauque, mais glorieuse. Jungkook se prépare au combat, face à Hoseok. De la folie furieuse. Ça a comme un parfum de démence, mêlé à la fragrance métallique du sang. Namjoon dit gravement :
- Enlevez vos chaussures.
Jungkook délace lentement ses baskets, puis les jette dans l'allée. Celles de Hoseok sont déjà loin dans le canal. Ils reculent, se tendent, fléchissent légèrement les genoux. Adossés au béton, Ariane, Yoongi et Taehyung sont déjà attentifs.
- Vous connaissez les règles. Quand l'un de vous deux lève la main, l'autre arrête immédiatement.
Le regard de Namjoon s'égare du côté d'Ariane. Elle lève les yeux au ciel. Jungkook acquiesce et Hoseok lui sourit légèrement, l'air moqueur. Jungkook le lui rend, pas plus effrayé pour autant. Son cœur est déjà rapide, mais c'est la faim qui le dévore. Il sert le poing, le pouce au-dessus des autres doigts. Ils l'ont tous remarqué.
Namjoon s'écarte. Ça commence.
Jungkook n'attend pas, n'hésite plus. C'est une nuit sans lune. Il frappe Hoseok par le bas, dans l'estomac. Souffle haché. Hoseok réplique d'un crochet dans la joue. La douleur est mordante. Mais Jungkook ne recule pas. Toute sa rage dans ses poings, les dents serrés, muscles tendus. Il entend Taehyung lui répéter :
- Ne laisse pas tes instincts te dominer, réfléchis.
Aujourd'hui, Taehyung ne dit rien. Il n'est presque plus là. Yoongi est accoudé au béton, à sa gauche. Il lui tend la bouteille de whisky et évite son regard. Leurs cœurs sont éternellement lents. Leurs mains se frôlent. Un instant de trop. Namjoon soupire. Ariane ferme les yeux. On pourrait s'engluer dans l'atmosphère asphyxiée.
Le cœur de Jungkook bat si fort, il expire par la bouche. Le sourire de Hoseok est insupportable. Jungkook esquive ses coups, garde les coudes levés, ne baisse pas sa garde. Mais il s'épuise, il ne peut plus attaquer. Alors il ouvre la main, paume en avant, frappe Hoseok entre la mâchoire et l'oreille.
Hoseok, sonné, recule d'un pas. Namjoon plisse les yeux, le gamin n'est pas complètement stupide. Il profite de son répit pour attaquer Hoseok au menton. Ce dernier lève les coudes, protège son visage. Jungkook se baisse et frappe son bas-ventre. Hoseok recule encore. Puis, comme s'il n'y croyait pas lui-même, il lève lentement la main.
Les cris de joie tardent à arriver. Taehyung en premier, prend Jungkook par l'épaule et lui lance dans un sourire étrange :
- Bienvenue au club.
Hoseok lui serre la main, grimace un peu, et Namjoon et Yoongi se moquent tranquillement de lui. Ariane reste en retrait, tente un sourire. Il sonne faux. Elle n'y peut rien.
Jungkook se fait entourer de tapes sur l'épaule, de rires et de sourires bancals. Il tente de répondre, son souffle est un peu trop court encore. Un rire nerveux lui échappe. Il a une brutale conscience de ses pieds nus, sur l'asphalte, de la douleur qui mord un peu partout. Mais il n'hésite pas. Comme c'est étrange. Ses phalanges.
I can hear sirens, sirens
He hit me and it felt like a kiss
Les néons du parking clignotent encore, jaunes. Des pas résonnent dans les allées. Une voix acerbe interrompt leurs effusions.
- Qu'est-ce que vous croyez faire, exactement ?
Yoongi s'avance avec un sourire en coin.
- Tiens, Park Jimin, ça fait longtemps.
- T'approche pas.
Yoongi écarte les bras, paumes en avant, dans une attitude pacifique. Simulée.
- Dis-nous, Park Jimin, qu'est-ce que tu veux ?
- Jungkook ne t'appartient pas.
Et Jungkook sent ses poings se serrer malgré lui. Il n'appartient à personne. Son sang court trop vite, son esprit est trop agile. Son instinct lui souffle de s'enfuir à toute vitesse. Mais, encore un peu, il ne s'en fait pas l'esclave. Il est libre, Jungkook. Et Namjoon s'avance à son tour.
- Personne n'a prétendu le contraire. Jungkook est là de son propre gré.
- Vous foutez pas de moi, vous voulez juste faire de la provocation.
Plus doucement.
- Jin et moi avons signé la trêve, Jimin. Il n'a jamais été fait mention de Jungkook. Jamais. Et Jin n'est pas là ce soir. Maintenant, casse-toi. Sauf si tu veux, je sais pas, être provocateur.
- Tu le regretteras.
- Je n'en doute pas.
Et à Jungkook, Jimin lance :
- T'es pas obligé de faire ça. Tu sais pas ce qu'ils font, tu sais pas qui ils sont.
Jungkook croise les bras.
- Et toi, Jimin, qu'est-ce que tu fais ?
Un soupir.
- J'essaie de te protéger.
Les autres regardent de loin, aux aguets. Et Jungkook avance sans peur aucune vers Jimin, le pas décidé malgré la tension qui enfle, qui enfle. C'est l'hiver, et l'air est suffoqué. Il ne s'arrête qu'à deux pas à peine, plus grand que Jimin, il le regarde de haut, l'air de dire vas-y, ose un peu pour voir.
Jimin reste là, immobile, à le scruter.
Taehyung avance alors, les dépasse, disparaît dans les escaliers. Ariane et Namjoon le suivent, Hoseok, Yoongi. Ne reste que Jungkook, qui ne cille pas. À deux pas, à peine. Il souffle, doucereusement. Une menace. Il ne se savait pas si cruel.
- Je n'ai pas besoin de toi.
I can hear violins, violins
Give me all that ultraviolence
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