7. La déclaration enflamée
Le lendemain, à l'heure de notre rendez vous habituel, j'ai eu la mauvaise idée de demander ce qu'ils avaient envie de faire.
A ce moment là, Mark, Johnny et Ten se sont envoyés un regard complice.
Et tout s'est enchaîné très vite.
Nous nous sommes rendus à l'épicerie parce que les trois avaient déclarés avoir faim. Puis, quand on y est arrivés, ils ont chacun sorti un pistolet à eau et des masques et puis ils étaient partis. Je n'ai pas eu le temps de les retenir. Ils sont rentrés, ont hurlés des phrases au hasard telles que "Bonjour monsieur" et d'autres conneries. Le vieux pépé qui tient l'épicerie les a bien évidemment reconnu et les a chacun salué par leur prénom.
Vernon était resté dehors, mais avait également sorti son pistolet à eau, afin de faire le guet. Jieun et Yuhkei étaient mort de rire. Et moi j'étais trop fatiguée par leur connerie pour faire un seul pas. Ensuite -c'est la partie marrante de l'histoire- un touriste qui passait par là a appelé la police, croyant à un vrai braquage alors que les trois imbéciles tapent la discut' avec le pépé. Vernon a tenté de plaquer au sol le touriste, et j'ai tenté de négocier, mais sans résultat, la police était prévenue. Six est donc entré en trombe dans l'épicerie, a hurlé :"Y'a les hendeks !", et puis ils se sont tous barrés en courant. Sauf moi, qui regardait le touriste, choquée, la bouche grande ouverte. Celui ci me dévisageait, l'air de se demander ce que j'étais en train de foutre.
Mais, Yukhei qui était revenu sur ses pas, m'avait pris le poignet et avait commencé à me tirer dans les rues, alors que la sirène de police se rapprochait de l'épicerie. On courut longtemps. Très longtemps. Si longtemps qu'on sortit carrément du village.
Et voilà où j'en suis. Perdue, parce que ce con ne connaît pas beaucoup le village, sans doute avec les flics aux trousse, et ce en compagnie du Dieu.
Dès que je retrouve mon chemin, je tue les quatre. Sans autres formes de procès. Peu importe s'ils supplient. Je n'aurais aucune pitié. Aucune.
- Pourquoi t'as pas bougé ? Me demande l'autre, plié en deux à cause de l'essoufflement.
Je hausse des épaules.
- Bah on est perdu, et c'est de ta faute, m'agresse-t-il.
Je me tourne vers lui, déjà furieuse.
- Comment ça c'est de ma faute ?! C'est pas moi qu'ai couru comme une conne sans savoir où j'allais ! Aish, t'es insupportable !
- Oui mais si t'étais pas restée sur place sans rien faire, j'aurais pu suivre les autres tranquillement et ne pas devoir te traîner dans un lieu sûr !
- Mais je t'ai jamais demandé de m'aider ! Et puis ça t'a l'air sûr ce lieu là ?
J'englobe avec mes bras tout ce qu'il y a autour de nous. C'est à dire des champs à perte de vue, une vache et quelques arbres.
- C'est mieux que rien ! Réplique-t-il.
- Mais t'aurais pu juste nous faire tourner dans la première ruelle et rester caché là !
Il ouvre la bouche et la referme plusieurs fois.
- Ouais mais j'étais dans le feu de l'action, j'ai pas réfléchi, marmonne-t-il en détournant le regard.
Et voilà. Ça a beau être l'homme le plus beau qui ait foulé cette Terre, il est casse couille à souhait, il réagit comme un gamin et il se prend pour un BG suprême. Ce qu'il est mais c'est pas le point ici.
Passablement énervée parce que je suis coincée avec ce con dans le nul part, je shoote dans un caillou au hasard, en fourrant mes mains dans les poches de ma veste FILA.
Et voilà. Et voilà. C'est ça de trainer avec des BG. Ils prennent trop la confiance, font les fifous et avant que tu t'en rendes compte, t'es perdue dans des champs avec eux.
- Du coup, on a qu'à s'occuper, suggère-t-il d'une voix douce.
Je me crispe. Oh mon dieu je le déteste. De tout mon coeur.
- Ouais bonne idée ! Vas t'occuper à nous trouver un moyen de sortir de là, et fous moi la paix ! Hurlé-je.
Il hausse un sourcil, méprisant, et me tourne le dos.
J'extirpe mon téléphone de ma poche pour prévenir quelqu'un, n'importe qui, que je suis perdue et que je vais finir par me suicider.
Je compose donc le numéro de Jieun, la seule personne qui ne m'a pas causé de problème depuis mon arrivée. Heureusement, elle décroche à la première sonnerie.
- Ouais ? Fait-elle.
- Bah euh... On est perdu.
- T'es avec Xuxi ?! S'écrie-t-elle, Vous allez bien ? Pourquoi, vous vous êtes perdus ?
- Bah je sais pas moi, il m'a juste traîné là, et du coup pouf, perdus. Mais ouais on va bien pour l'instant.
Je jette un coup d'oeil à Yukhei, un peu plus loin, qui arrache violemment des épis de blé.
Chelou le mec.
- Xuxi ? Il t'a perdu ? Alors qu'il connaît la ville comme sa poche ? C'est qu'il devait être vraiment en panique alors.
Ah vraiment ? Il connaît la ville comme sa poche ? Alors qu'est ce que je fous DANS UN PUTAIN DE CHAMPS ?
- Et vous, tout va bien ? Lui demandé-je.
Je l'entend ricaner à l'autre bout du fil.
- Ils se sont fait choper par les policiers. Ils sont en garde à vue là. Les quatre en plus. Mais moi ouais je pète la forme.
Je ne peux m'empêcher d'exploser de rire. C'est bien fait pour eux.
- Tu veux que je vienne vous chercher ? Eight a laissé sa voiture et ses clés.
- Ouais pourq-
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que Yuhkei m'arrache le téléphone des mains et répond à ma place :
- Nan c'est bon, t'inquiète princesse, je sais comment rentrer.
Et puis il raccroche et glisse mon téléphone dans sa poche.
Mes yeux s'ouvrent en grand. C'est quoi son problème ?
- Mais pourquoi tu fais ça ? Demandé-je, effarée.
Il hausse des épaules en souriant.
Mes sourcils se froncent. Je vais lui taper dessus.
- Est ce que tu nous a perdu volontairement ? Parce que Five a dit que tu connaissais la ville comme ta poche. Et pourquoi tu lui as dit que tu gérais alors que ce n'est pas le cas ? Tu veux quoi exactement ? Lui demandé-je, plutôt calmement vu la tempête qui faisait rage à l'intérieur.
- Ah elle a dit ça, fait-il, l'air embêté.
- Ouais elle a dit ça ouais.
Je ne vais pas tarder à péter un cable. Surtout s'il continue à me donner des réponses vagues comme ça.
Il s'approche doucement de moi et se stoppe à seulement quelques centimètres. Quelques centimètres bien trop petits. Immédiatement, je perds mes moyens. Ses yeux sont toujours aussi profondément sexy, et je ne peux toujours pas m'en détourner. Il est si beau putain.
Qu'est ce que ça m'énerve. Et excite à la fois. Mais passons.
- C'est quoi ton problème ? Chuchoté-je.
Je sais pas pourquoi je chuchote.
Il sourit. Encore. Avec son sourire si parfait, qui dévoile juste assez de dents, bien en coin comme il faut. Ce sourire qui fait fondre toutes les culottes dans un rayon de 10 km.
- J'ai pas de problème moi.
- Alors qu'est ce que tu fous ? Pourquoi on est perdu ?
Il se permet de se rapprocher encore. Ah le fou. Ah le grand fou.
Ma respiration s'accélère. E-vi-de-mment. Parce que je suis incapable de réagir normalement face à un homme aussi beau que lui. Surtout quand on est séparés par pas grand chose.
- Je voulais nous perdre, m'explique-t-il le plus calmement du monde en passant une de mes mèches derrière mon oreille.
Oh putain. Oh putain. OH PUTAIN.
Je vais le tuer. C'est décidé. Déjà, parce qu'il n'a aucun droit, je dis bien AUCUN d'être aussi sexy et de faire autant d'effet à ma culotte. Et ensuite parce qu'il nous a donc perdu volontairement dans la campagne, et cela pour je ne sais quoi. Et pour finir parce que sa putain de bague s'est coincée dans mes cheveux quand il essayait de faire son kéké.
Et qu'il tire sur ma mèche depuis tout à l'heure pour la retirer.
- Aish mais t'es pas fut-fut toi ! L'engeulé-je en tentant de retirer sa bague sans m'arracher trop de cheveux.
- Mais j'ai pas fait exprèèèèèèèèèès.
Il tire encore et m'arrache des cheveux. Aouch.
Je lui tape sur la main pour qu'il arrête de tirer comme un con, et démêle doucement la bague de ma mèche. Au bout d'un moment, je réussis enfin. Amen.
Il m'envoie un petit regard désolé, et ça me fait enrager.
Encore oui. Y'a un problème ?
- Donc, tu nous a perdu pourquoi exactement ?
Il hausse les sourcils comme pour mettre du mystère. Je vais le gifler. Surtout qu'il a repris son sourire et son air de bad boy. Donc du coup ses plans foireux. Et moi, j'ai bien repris le fait d'être fortement attirée par lui. Aish.
- Je te le dis si tu fais un truc pour moi en échange, chantonne-t-il.
HAHAHAHAHAH. Connard. Je lui tourne le dos et me met à partir vers ce que je suppose être une route.
C'est bon, ça suffit ses conneries. J'en ai marre de le supporter, et ça fait que trois jours. J'en ai marre de sa sexytude permanente, de ses plan foireux, de ses blagues nulles, de ses "chéries". Il me colle à la peau comme une sangsue. Une sangsue qualitative en plus. Aish. Je n'en peux plus.
- Attends ! M'appelle-t-il.
Je ne lui envoie pas un seul regard. Nan mais oh. On est pas un dépose minute ici.
- Ok, je te dit pourquoi je nous ai perdus !
Je m'arrête brusquement. Ok, on est peut être un dépose minute, mais seulement en jour férié.
Je me tourne lentement vers lui, et il court à petites foulées vers moi. Prend ton temps mec, prend ton temps.
- Si je nous ai perdus, c'est parce que...
Evidemment, il s'est trop approché de moi. Et encore, quelques pauvres centimètres nous séparent. Encore, je ne sais plus quoi faire et comment réagir. Encore, il sourit.
- Parce que tu me fais un truc. De l'effet ou de la haine, je sais pas. Mais je sais que j'ai envie de t'embrasser. En permanence. En fait je crois que je t'aime, me murmure-t-il.
Je souffle bruyamment. Qu'est ce qu'il raconte des conneries ce mec, c'est pas possible.
- Mais t'es sérieux ? Tu te fous encore de ma gueule ? Alors qu'on est perdus ? PAR TA FAUTE ?
Il baisse la tête.
-Je savais que t'allais pas me croire, marmonne-t-il.
- Evidemment que je te crois pas, vu que tu mens ! On se connaît depuis trois jours ! Et t'as une meuf ! Personne tombe amoureux ou même a un crush en deux jours, espèce de grand fou !
Il me met hors de moi. C'est possible d'être aussi beau et aussi con ?
- Bah apparemment c'est possible vu que je suis amoureux de toi, rétorque-t-il, acerbe.
- Mais t'es pas possible toi ! Hurlé-je, Arrête tes conneries ! On s'est à peine parlé !
Aish.
- Mais je déconne pas ! Je te jure que c'est vrai ! J'ai des papillons dans le ventre quand je te vois et je souris ! J'ai envie de te voir, de te parler, de t'aimer ! J'ai envie de te serrer dans mes bras, que l'on refasse le monde ! J'ai envie de passer tous mes couchers de soleil avec toi ! Je veux finir ma vie avec toi...
Le pire dans cette histoire, c'est qu'il a l'air sérieux. Vraiment sérieux. Ses yeux brillent, comme s'il allait pleurer. Il a les poings serrés, la bouche fermée. J'y aurais sans doute cru.
Mais non. C'est évident qu'il se fout de ma gueule. Parce que je suis moi. Et parce qu'il est lui.
Je grogne, lui tourne le dos et marche à grand pas vers la route. Quel casse couille, je vous jure.
Je l'entend me hurler des "S'il te plaît aime moi" et d'autres conneries du même genre, mais les ignore. J'en ai marre de ses conneries, je rentre chez moi, je tue les quatre bouffons et je dors. Longtemps.
Mais avant, il faut bien sûr que je retrouve mon chemin.
J'entends les herbes bruisser derrière moi. Je ne me retourne même pas. On est deux dans ce putain de champs. Un de trop d'ailleurs.
- Pourquoi, pourquoi tu me rejettes ? Geint-il derrière moi.
Mes poings se serrent. Je vais lui refaire le portrait intégralement.
Et là, ce demeuré mental ose. Il ose le grand fou. Il me prend la main, et m'arrête net.
Je me retourne et le gifle. Et enfin, merci seigneur, il craque. Il explose de rire. Ce son si mélodieux, si envoûtant, si joli à entendre me hérisse le poil.
Yukhei me casse les couilles. Et je ne vais pas tarder à lui casser les siennes.
Je le ceinture à la taille et le plaque au sol.
Heureusement, il est trop surpris pour faire quoique ce soit. Je vois ses yeux grands écarquillés lorsque je me hisse sur sa taille, l'empêchant de se redresser.
Je lève le poing, doucement. Je veux le faire se pisser dessus. Au moins. Et puis lui casser deux trois dents. Et puis peut être lui arracher un sourcil si je ne suis pas trop fatiguée.
Bref, je veux lui faire mal. Et je vais le faire.
Il n'a plus son sourire. Il n'a plus grand chose d'ailleurs. Il a l'air énervé. Et perdu.
Mais, alors que je m'apprête à refaire quelques changements sur son si beau visage, un rire m'en empêche. Sachant que le mec sous moi n'a pas l'air de se péter des barres, qui est-ce ?
Lentement, je me tourne vers le son.
Et quelle surprise. C'est Vernon.
Avec Ten, Mark, Jieun et Johnny derrière.
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