Chapitre 7-5
En désespoir de cause, je glissai mes pieds à l'intérieur des chaussures et me retrouvai avec quelques centimètres en plus. Mes yeux firent le tour de la pièce, j'avais soudain l'impression que la chambre était différente. Peter, lui, paraissait encore plus petit. Penchée en avant, j'hésitai à me redresser de peur de perdre l'équilibre.
— Miss Jimenez, tenez-vous droite, je vous prie !
Un soupir d'exaspération s'échappa de ses lèvres, puis il me fit signe d'approcher. D'un pas mal assuré, j'avançai lentement, les bras écartés, comme si j'étais sur une poutre en équilibre.
Peter claqua dans ses doigts à plusieurs reprises pour capter mon attention.
— Un point fixe, vous devez toujours avoir un point fixe. Le talon doit d'abord toucher le sol puis tout le reste de la chaussure. Les hanches doivent se balancer avec un rythme parfait. C'est très simple, on casse la démarche. Regardez-moi !
C'est alors que Peter posa une main sur sa hanche puis commença à défiler devant moi avec vigueur.
— On casse la démarche, on casse la démarche, répétait-il à chaque pas.
Il se retourna vers moi et me demanda si j'avais compris. Je hochai la tête d'un air grave, mais non convaincu puis m'élançai comme si ma vie en dépendait.
Le pochoir à glace sur ma cheville me soulagea immédiatement. Peter me considérait avec un œil perplexe. Son silence éloquent en disait long sur la situation. De mon côté, j'avais l'impression d'avoir couru un marathon sur des échasses en me rétamant au sol à chaque foulée.
— Bon, pour une première, nous ne pouvions pas espérer de miracle.
Je lui lançai un regard qui lui hurlait de se taire.
— Nous allons devoir nous entraîner tous les jours pour relever le défi.
Je bondis de mon fauteuil.
— Hors de question ! Ce n'était pas une bonne idée. Je ne peux pas risquer de terminer à l'hôpital. Tout ça, c'est n'importe quoi.
Peter me regarda d'une drôle de façon. Impossible de deviner le fond de sa pensée. Sans tenir compte de mes paroles, il déclara :
— Je vous retrouve ici, à la même heure demain.
Il se retourna et d'un pas ferme, quitta la pièce en fermant la porte derrière lui. Je soufflai, soulagée que cette séance de torture soit enfin terminée. Je me rejetai en arrière sur le fauteuil et fermai les yeux quelques instants pour les rouvrir aussitôt en entendant la porte s'ouvrir.
— Timothy ?
Son regard terrifié n'indiquait rien de bon.
— Ronney, monsieur Khan nous attend en bas. Je préfère vous prévenir, il est d'une humeur détestable.
— Sans blague, grognai-je à voix basse.
J'entrai dans le séjour en essayant de boîter le moins possible. Ashley était là et nous attendait. Elle avait beau s'envoyer en l'air avec le boss, elle était aussi inquiète que nous. Surprenant quand même. Yeraz était assis sur le canapé et regardait fixement en face de lui. Il ne tourna pas la tête en nous entendant arriver. J'observai les lignes de son visage. De profil, il était tout aussi parfait.
— Où étiez-vous ?
Timothy et Ashley tournèrent leurs yeux vers moi. Un frisson me parcourut le corps. Dis-lui d'aller se faire foutre, me lança ma mauvaise conscience.
— Peter avait besoin de moi.
— Ah bon, lâcha Yeraz d'une voix glaçante. Pour quoi faire ?
Il m'apprend à marcher avec des talons et nous nous fendons la poire ensemble à chaque fois que je m'écroule par terre ! Pétrifiée, j'étais incapable de lui répondre. J'étais redevenue cette adolescente de treize ans qui se cachait dans les toilettes de son établissement scolaire à chaque récréation pour éviter les sévices de mes camarades, dotés d'une méchanceté écœurante.
— Miss Jimenez, vous avez raté deux appels importants de mes plus fidèles collaborateurs. Vous n'imaginez pas les conséquences.
— Je suis désolée, murmurai-je.
— Monsieur Khan, Peter ne lui a pas laissé le choix. Il est arrivé et...
Yeraz leva sa main dans les airs pour semer Timothy à se taire puis, il se leva du canapé et se tourna vers moi. Il resta là bien droit à me toiser de son regard le plus noir.
— Je dois me rendre à New York dans les plus brefs délais et être de retour pour vendredi avant que le conseil ne se réunisse. Préparez tout ça, miss Jimenez.
— Vous devez être partis pour quelle heure ? hésitai-je à lui demander.
Vu son expression, il paraissait à deux doigts de me descendre. Yeraz s'approcha de moi et proféra d'un ton menaçant :
— Dans l'heure !
Furieux, il me bouscula et sortit du séjour tel un ouragan. Dans son sillage, il emporta tout avec lui.
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