Chapitre 6-2

— Salut, Ronney. Je ne pensais pas que tu viendrais aujourd'hui.

Ça, c'était Hailey. Sa chevelure blonde faisait ressortir ses taches de rousseur parsemées un peu partout sur son visage. De toutes mes cousines, c'était elle qui avait les plus beaux yeux. Ils oscillaient entre l'or, le marron et le vert.

— Personne ne pensait que tu ressortirais vivante de la résidence de l'ogresse, se moqua Mélissa en faisant référence à mon gage de dimanche dernier.

La nouvelle avait déjà fait le tour de la famille. Je m'assis sur le banc en bois, inconfortable, en face d'Olivia. Elle me scrutait d'un regard noir, mauvais. Contrairement à Mélissa et Hailey, cette dernière aimait abuser du maquillage et surtout du rouge à lèvres. Ses cheveux bruns remontés en queue de cheval comme Mélissa lui tirait les paupières.

— Je n'y suis pas restée longtemps, déclarai-je à voix basse.

— As-tu vu Camilia ? Comment est-elle en vrai ?

Les filles attendaient ma réponse comme si j'allais leur fournir un scoop.

— Non, la gouvernante m'a fait attendre dans la cour un bon moment avant de finalement me renvoyer chez moi.

Déçues, mes cousines se jetèrent un regard en coin.

— Et voilà un Mojito comme tu les aimes.

Aïdan, le grand frère de Louis, apparut derrière moi avec un gobelet à la main. J'étais heureuse de le voir ici. Cela faisait plusieurs mois qu'il avait déserté les cousinades ainsi que les autres évènements familiaux à cause de son nouveau boulot. Il travaillait très dur dans un restaurant dans le quartier de Campton. D'ailleurs, ses traits tirés sur son teint bronzé indiquaient son état de fatigue.

— Alors prête à affronter Caleb au bras de Carolina ?

Je bus une bonne gorgée de mon Mojito avant de répondre à la question de Aïdan.

— Bien sûr, mentis-je avec un sourire forcé.

Je détournai mon regard qui s'en alla au loin, sur les massifs de Camélias rouges devant la maison. Les enfants s'amusaient à se courir après en poussant des cris. Ils ne craignaient ni la pluie ni le vent. J'enviai leur insouciance.

— Aïdan, fou lui la paix ! s'exclama Hailey. Ronney vient d'arriver et tu l'embêtes déjà avec Caleb.

— Oh, c'est bon, intervint Olivia. Ce n'était pas vraiment une histoire d'amour. Ça faisait quoi ? Trois mois qu'ils étaient ensemble ?

Non, huit ! Je me mordis l'intérieur de la joue pour me retenir de répondre. Elle continua :

— Ronney est spéciale, on ne peut pas dire le contraire. Elle ne peut pas se permettre de faire la difficile avec les hommes. Ne jetez pas la pierre à ce pauvre Caleb.

J'écarquillai les yeux et fixai ma cousine, choquée par ces déclarations sanglantes prononcées avec une si grande gravité. Je n'avais pas spécialement d'affinité avec elle et sa façon de me provoquer à chaque fois commençait vraiment à m'irriter. À ce moment, je sentis tous les regards de ma famille se poser sur moi et pour cause, Carolina et Caleb venaient d'arriver suivis de près par Gabriella et Louis.

Mon cœur s'arrêta quand je les vis s'approcher de nous, main dans la main. Ils prirent le temps de saluer tout le monde avant de venir vers notre table. Pitié, non. Ils ne vont pas s'asseoir avec nous. Je me rappelais de respirer à nouveau. Caleb me lança un regard quelque peu gêné tandis que Carolina, elle, était plus radieuse que jamais. Il la rendait heureuse comme il l'avait fait avec moi. Je retenais mes larmes. C'était hors de question que je m'effondre maintenant. Non, je ne voulais pas leur donner ce plaisir.

— Ronney, comment se passe le travail au studio ?

Hailey me posa brutalement la question avant que le petit groupe de quatre arrive jusqu'à nous. Sa tentative pour détendre l'atmosphère tomba à l'eau. Je m'éclaircis la voix, mais mes mots avaient du mal à sortir :

— L'équipe et moi travaillons sur le générique. Ce n'est pas facile...

— Salut, tout le monde. Il manque un peu de musique ici.

Louis poussa Olivia et vint s'asseoir en face de moi, me cachant la vue sur les Camélias.

— Ronney, je suis désolé de ne pas t'avoir attendu la dernière fois, devant la résidence des Khan, mais nous avions tous un millier de choses à faire.

— Ce n'est pas grave, Louis, répondis-je crispée.

— Visiblement, tu es toujours en vie !

— Malheureusement, murmura Gabriella.

Tout le monde éclata de rire sauf Caleb qui, tête baissée, ne disait pas un mot. Un air renfrogné obscurcit son visage et ses yeux d'un vert limpide se remplirent d'ombres.

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