Chapitre 5-7
Un air de musique classique flottait dans la pièce. Madame Wolfe sifflotait pendant qu'elle préparait les instruments. Mince et d'apparence fragile, cette dernière débordait toutefois d'une grande énergie. Allongée sur le fauteuil en cuir, je pris une grande inspiration avant d'oser lui poser ma question :
— Savez-vous combien de temps encore je devrais porter mon appareil ?
Madame Wolfe se pencha au-dessus de moi l'air concentré et plaça correctement la lampe pour éclairer mon visage.
— Je vous dirai ça après la consultation. Maintenant, ouvrez la bouche.
Dans le bureau de Wolfe, j'observais chaque expression de son faciès d'un œil inquiet. Elle tapotait sur le clavier de son ordinateur, les sourcils froncés. Allez, Ronney, repose-lui la question en exigeant une réponse ! Je remontai mes lunettes et redressai mes épaules comme si ma posture pouvait changer les choses. J'ouvris la bouche, mais la refermai aussitôt en regrettant de ne pas être une de ces clientes prétentieuses, non commodes. Un comportement comme celui-ci aurait pu m'aider dans de nombreuses situations.
— Bon, Ronney, je vous mets un rendez-vous pour le mois prochain. Un samedi, à la même heure.
Je hochai la tête, terriblement déçue. Déçue de repartir avec cet appareil dentaire, déçue de ne pas arriver à lui extorquer les réponses à mes questions. Je m'agaçais moi-même.
À l'extérieur, la nuit venait de tomber sur la ville. J'étais soulagée de ne pas trouver Yeraz devant l'entrée du cabinet ni au coin de la rue. L'air s'était rafraîchi, mais je pris le temps de savourer ma liberté retrouvée. Les grondements sourds de l'orage annonçaient son arrivée. Demain, il pleuvrait sûrement toute la journée. Bizarrement, cette idée me réconforta. J'adorais la pluie et plus encore lorsque Sheryl Valley était plongé sous un temps à l'allure apocalyptique. Les gens ordinaires aimaient le soleil, la chaleur, mais moi, c'était tout le contraire. Peut-être parce que la pluie était mal aimée. Quoi qu'il en soit, j'étais ravie qu'elle se présente aux portes de la ville.
Les rues étaient pratiquement vidées de leurs habitants. Il n'y avait pas de couvre-feu, mais tout le monde savait qu'il n'était pas bon de traîner dehors, la nuit. Je me dépêchai de rejoindre à pied Alistair et Bergamote à la maison de santé en regardant systématiquement derrière moi toute les dix secondes. La peur de voir surgir Yeraz me tiraillait l'estomac. J'avais l'impression qu'il allait surgir de nulle part et m'emmener, comme il l'avait fait le matin même. Cet homme m'avait montré qu'il était capable de tout. Pour un samedi, j'avais eu très peu de temps libre et mes rendez-vous avec Daphné étaient précieux.
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