Chapitre 11-6

Mes genoux tremblaient et menaçaient de s'écrouler à tout moment sous mon poids. Le révolver dans la main, je le pointai vers Yeraz. Une tension grandissante me nouait les muscles du dos. Dans la pénombre, ses yeux brillaient d'un éclat sauvage en me scrutant avec une concentration intense. Je ravalai mes sanglots et me mis à hurler :

— Je pourrais te tuer, là, maintenant et mettre ça sur le compte de la légitime défense !

Yeraz eut un petit sourire diabolique. Il inclina la tête et passa son pouce sur ses lèvres.

— Il faudra que tu trouves autre chose. Je n'ai jamais levé la main sur une femme de toute ma vie, ma famille le sait. Pourquoi ton poignet tremble-t-il ainsi ?

Toujours le bras tendu, je ne me démontais pas.

— Tu as tué des hommes !

— Beaucoup, déclara-t-il sans l'once d'un remords.

Il marchait vers moi sans aucune peur de mourir. Pourquoi ? Je me reculai au fur et à mesure qu'il avançait jusqu'à rencontrer le mur. Un sourire cruel continuait d'éclairer son visage. Piégée, il m'était impossible de reculer davantage. Yeraz se rapprocha suffisamment de moi pour me prendre le bras et le lever en l'air. Il m'arracha le pistolet des mains, puis retira les balles du chargeur pour être sûr de ne blesser personne. Il se pencha ensuite pour planter son regard dans le mien et articula lentement chaque mot :

— Je veux te voir demain à la première heure, ici, à ton poste.

Son regard aurait pu pétrifier n'importe qui à cet instant. L'odeur de sa peau et de son parfum me déstabilisait. Je tressaillis malgré moi. Il posa son arme au creux de mon coup avant de la faire glisser sur mes seins puis jusqu'au bas de mon ventre. Un sentiment à la fois de peur et de désir me paralysait. Les paupières closes, j'essayais de contrôler le rythme de ma respiration. Je sentais le regard de Yeraz sur moi.

Le révolver vint ensuite caresser mon entrejambe. C'était déroutant et excitant à la fois. Je me retenais de poser mes mains sur lui. Je refusai de me donner à cet homme, de perdre le contrôle. Tout ça n'était pas saint. Je rouvris les paupières.

— Stop, arrête, réussis-je à prononcer entre deux soupirs.

Yeraz n'insista pas et retira son arme d'entre mes cuisses, les iris brûlants de désir.

— Abandonne-toi à moi, Ronney et nous n'en parlerons plus après.

Je fis non avec la tête.

— Tu aurais pu coucher avec lui, ce soir, mais moi, tu me repousses.

Je savais qu'il faisait référence à Caleb.

— Lui, au moins, il ne m'a jamais traité de salope !

Yeraz se recula comme si je venais de le gifler. Nous nous affrontâmes un instant du regard. Je vis au fond de ses yeux la fureur nouvelle d'un homme fou de jalousie.

— C'est uniquement ça que tu veux retenir, Ronney ? Un mot prononcé sur le coup de la colère ?

— Tu ne frappes pas les femmes, mais tu les insultes. Penses-tu vraiment que c'est mieux ?

— Certaines aiment ça ! Ça les fait crier mon prénom encore plus fort.

Je grimaçai avant de déclarer :

— Je dois rentrer et toi, tu dois te rendre à ton club.

Yeraz me considéra un moment, le visage fermé.

— Demain, tu reprends le travail ! Ne m'oblige pas à venir te chercher.

J'étais trop dépassée par la situation pour avoir peur. Je battis des paupières puis je me dirigeai vers la porte, chancelante, en sentant le poids de son regard dans mon dos.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top