Chapitre 10-2
Mes tantes et ma mère écoutèrent attentivement les dix questions qu'Hailey énumérait. À la fin, ma mère m'adressa un sourire gêné et déclara :
— Ce sont des questions pas vraiment faciles.
— Si Ronney était moins introverti, ce serait plus simple, dit ma tante Maria pour enlever toute culpabilité naissante chez ma mère.
Je pris une longue inspiration pour calmer ma rancœur et mon esprit. Haley posa la première question en prenant soin d'articuler chaque mot.
— Quelle est la couleur préférée de Ronney ?
Facile, pensai-je. En fait, non. Tout le monde se plongea dans une profonde réflexion. Ma mère, les yeux fermés, récitait toutes les couleurs à voix haute en les éliminant une par une. Je me retenais de ne pas me taper la tête contre la table. Caleb, lui, paraissait chercher dans ses souvenirs pour trouver la réponse à cette question qui leur paraissait à tous ardue.
— Pourpre ! s'exclama-t-elle, victorieuse.
Pourpre ? Pourquoi Pourpre ? Je n'ai jamais porté de pourpre, merde ! Mes tantes hochèrent la tête pour féliciter ma mère d'avoir trouvé ma couleur.
Olivia lança d'une voix lasse :
— Alors Ronney, est-ce ça ?
Ce n'était pas la couleur que j'avais marquée sur la feuille que je tenais dans les mains. J'imaginais déjà la déception de ma mère quand elle découvrirait qu'elle ne connaissait même pas ma couleur préférée. Elle s'en voudrait toute la soirée. Sur un ton gêné, je cherchai mes mots.
— Oui, je n'avais pas pensé en premier à celle-ci, mais c'est vrai que...
— Rouge ! Sa couleur préférée est le rouge.
Je me figeai en entendant la voix qui provenait de derrière moi. Cette intonation, ce timbre, ce parfum faisaient partie de mon quotidien. Je fermai les yeux et me concentrai pour ne pas perdre pied. Mes épaules devinrent plus légères. Pour la première fois, j'étais heureuse qu'il soit là. Autour de la table, l'effet avait été immédiat. Personne n'osait plus bouger.
Yeraz s'assit à mes côtés. Je levai mon visage pour planter mon regard dans le sien. À cet instant, toutes mes pensées m'échappèrent et se désintégrèrent dans ma tête. Ses yeux sombres s'étaient emplis d'un profond mystère, caractéristique de ses secrets bien gardés. Il ne portait pas de costume, juste un pull noir en cachemire avec un col en V et un pantalon de la même couleur.
— Pourpre ou Rouge ? s'impatientait Aïdan.
Yeraz détourna ses yeux des miens pour planter son regard dans celui de mon cousin. Ce dernier se cala au fond de son siège avec un air apeuré. Il répéta sa question d'une voix plus douce :
— Alors, cousine ? Ta réponse c'est le rouge ou le pourpre ?
Hailey attrapa la feuille posée sur la table et la retourna.
— Je vais compter les points. Ronney a marqué rouge.
— Bien joué, Giovanni, lança Mélissa.
Je ne pus retenir un petit sourire de satisfaction. La mine embarrassée de ma mère n'arriva pas à m'enlever cette soudaine légèreté qui m'enveloppait. Yeraz ne me regardait pas. Je devinai à son teint qu'il était au plus mal. Quelque chose n'allait pas.
— Dis-moi ce qu'il se passe, murmurai-je.
— Rien. Il ne se passe rien !
Il tourna son visage vers moi. Le souvenir de notre baiser sur le Yacht afflua dans mon esprit. Yeraz ne pouvait pas l'avoir déjà oublié. Mes joues s'empourprèrent.
— Attention, celle-là est plus compliquée, continua Hailey. Quel livre lit en ce moment Ronney ?
— Peut-être devrions-nous passer à la prochaine question ? proposai-je, mal à l'aise. Personne ne connaît la réponse.
— Emily Dickinson, déclara Yeraz d'une voix neutre. Il est toujours dans ton sac au cas où tu aurais un peu de temps devant toi dans la journée.
Comment pouvait-il savoir ça ? Je ne sortais cet ouvrage que lorsque j'étais sûr d'être seule. J'ouvris la bouche, mais aucun son ne franchit mes lèvres. Yeraz évitait soigneusement mon regard.
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