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Luz a proposé qu'on se retrouve à la bibliothèque vers 11h pour le devoir d'anglais, donc je me dépêche de me préparer pour être à l'heure. Je prends au moins quinze minutes à choisir ma tenue, pour finalement choisir un truc au hasard parce que je n'ai plus le temps. Je stresse ; est-ce qu'elle va me trouver bizarre ? Ou trop autoritaire ? C'est ce qu'on m'a reproché à tous les travaux de groupe que j'ai faits.

Je prends une grande inspiration ; il faut que je me calme. Tout ira bien ; ce n'est qu'un devoir d'anglais après tout. J'en ai fait des tonnes qui se sont très bien passés...

Je suis trop nerveuse. J'avais peur d'être en retard, mais j'ai 20 minutes d'avance, donc j'attends devant la bibliothèque. Le temps passe plus vite avec de la musique.

Luz apparaît au bout de la rue, avec le pull à oreilles de chat adorable qu'elle met presque tout le temps. Elle est toujours aussi jolie...

Je me donne une tape sur les joues pour m'empêcher de rougir - ce qui ne marche absolument pas.

"Salut Amity ! fait Luz. Je suis enfin arrivée, désolée pour le retard !! Je ne trouvais pas la bibliothèque, haha...

- Ce n'est pas grave, ne t'en fais pas. Je n'ai pas attendu trop longtemps.

- Tout va bien ? demande-t-elle en se penchant vers moi. Tu es un peu rouge...

- Haha, oui, il fait chaud ici, non ??? Hahaha..."

J'ai l'air tellement ridicule, et ce n'est pas crédible du tout, ressaisis-toi Amity Blight !!

"Pas particulièrement mais-

- Bref, mettons-nous au travail !" je l'interromps en entrant dans la bibliothèque.

Luz trouve une table libre près de la fenêtre, et sort ses feuilles de son sac.

"Alors, le sujet est 'les espèces en danger', m'explique-t-elle. Il faut qu'on choisisse ensemble sur quoi on veut faire notre exposé, mais j'ai déjà une idée super !

- Ah bon...? Et quoi comme idée ?"

Ses yeux s'illuminent ; je suis sûre qu'elle avait hâte de me montrer son "idée super". Elle étale une feuille sur la table, avec plein de flèches et d'inscriptions, et un énorme dessin de loutre en plein milieu. En guise de titre, il est écrit...

"Le côté obscur des loutres...? Tu es sûre de vouloir faire un exposé sur ça, Luz ? Tu n'as pas peur de...manquer d'informations ?"

Elle fait la moue :

"Je n'avais pas réfléchi à ce détail, c'est vrai qu'on ne risque pas de trouver grand-chose sur ça ici... Ni nulle part d'ailleurs..."

Je laisse échapper un petit rire. Elle est vraiment...je ne sais pas, lumineuse. Elle fait ce qu'elle veut, et se fiche que ce soit bizarre ou non... Je la connais à peine, mais je l'admire déjà. J'aimerais pouvoir être plus sûre de moi, moi aussi, et pouvoir m'autoriser à faire ce dont j'ai envie...

"Ne t'inquiète pas, on va trouver une autre idée, je la rassure. Même si j'adorais l'idée des loutres avec un côté obscur."

Finalement, on décide de faire notre exposé sur les loutres de mer, Luz est très contente. C'est la première fois que je passe autant de temps avec elle, et c'est... Je m'en étais déjà rendue compte avant, mais je ne suis jamais aussi détendue que quand je parle avec elle. Elle me fait rire, ne me traite pas comme si j'étais différente, comme si il fallait me parler autrement parce que je suis une Blight. Et ça fait du bien de pouvoir sourire un peu, de temps en temps. De relâcher la pression.

Lorsqu'on termine notre exposé, il est déjà quinze heures, et je meurs de faim. Luz aussi visiblement, puisque son estomac se met à gronder.

"Tu veux qu'on aille manger un sandwich dans le parc ? propose-t-elle.

- Oui, si tu veux..."

Je trouverai bien une excuse pour rentrer un peu plus tard. De toute façon, si c'est pour le travail, ma mère ne voit pas d'inconvénient à ce que je ne me repose pas de la journée.

Je paye un sandwich à Luz, sans la laisser protester, et on s'assied sur un banc du parc. Je viens de me rappeler qu'il fallait que je lui rende le tome 5 d'Azura, d'ailleurs. Je le sors de mon sac et lui tends.

"Ah oui c'est vrai !! Tu as aimé, alors ?

- Euh... Oui, ça va."

Elle sourit, et commence à me parler avec enthousiasme de ses passages préférés. Ça me gêne toujours un peu d'admettre que je suis fan de cette série étant donné que je n'avais rencontré d'autre personne qui l'avait lue avant, mais c'est sympa de pouvoir en parler avec quelqu'un.

"Amity, je me posais une question...

- Oui ?

- Est-ce que ça va, avec ta famille ? Enfin, Edric et Emira sont très gentils, je leur ai déjà parlé à Hexside, mais ta mère a l'air un peu...autoritaire."

Je me fige. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Qu'est-ce que je suis censée répondre à ça ? Que c'est pour mon bien, que ma mère pense à mon avenir ?

"Oui, ça va, je finis par répondre. Je travaille peut-être un peu plus que la moyenne, mais il faut bien ça si je veux rester la meilleure élève de Hexside et reprendre les entreprises Blight...

- Mais est-ce que c'est vraiment ce que tu veux ?

- Je..."

Je me tais. Je ne sais pas quoi dire ; c'est la question que je me suis toujours posée sans jamais pouvoir y répondre. Qu'est-ce que je veux, au fond ?

"Je ne sais pas, je finis par avouer. Je suppose."

Luz prend un air un peu préoccupé.

 "Mais ne t'en fais pas ! je m'empresse d'ajouter. Je veux dire, ça va, je n'ai pas de quoi me plaindre, mes parents sont riches, je suis la meilleure élève de l'école, j'ai un avenir tout tracé...

- Ça ne suffit pas pour que tu sois heureuse si ce n'est pas vraiment ce que tu veux", réplique-t-elle.

Je ne dis rien. Elle a raison. Je brise le silence quelques minutes après :

"Luz, est-ce que je peux...me confier à toi ? Je ne vais pas avoir l'air égoïste si je ne parle que de moi ?

- Bien sûr que non ! s'exclame-t-elle. En plus, j'adore écouter les histoires des gens !"

Je souris. Et je ne sais pas pourquoi, mais je me confie à elle. Je lui dis ce que j'ai sur le cœur, la pression que ma mère me met sur les épaules. Je lui dis la vérité à propos de la raison pour laquelle je suis partie plus tôt vendredi. Je lui dis que je ne veux pas reprendre les entreprises Blight, que je veux choisir ma propre voie. C'est tellement facile de lui parler...

Lorsque j'ai fini, je lève les yeux vers elle. Elle me regarde d'un air infiniment triste, sans la moindre once d'hypocrisie. Seulement de la gentillesse. Et elle pose ses mains sur les miennes, puis dit :

"Amity, je suis désolée ! Je ne savais pas tout ça...

- C'est normal, on ne se connaît pas depuis si longtemps...

- Non, je veux dire... Je pensais que tu étais une excellente élève parce que tu étais douée, que tu arrivais à tout faire très facilement... Et bien sûr, tu es très douée, plus que beaucoup de gens, mais en fait tu travailles énormément, jusqu'à l'épuisement pour obtenir de tels résultats. J'ai été stupide de penser que tu avais peut-être une vie plus facile que...que moi par exemple, ou que les autres élèves. Pardon."

Je n'arrive pas à croire qu'elle s'excuse, alors que rien de tout ça n'est de sa faute et que c'est moi qui viens de me plaindre auprès d'elle.

"Et puis aussi... Après avoir entendu ça, je t'admire encore plus, ajoute-t-elle. Je veux dire, tu arrives à tenir le coup, à travailler autant et à être parfaite dans tout ce que tu fais sans craquer ! C'est incroyable."

Si tu savais, Luz... Mais ça me fait quand même plaisir, et je sens quelque chose se réchauffer un peu au fond de moi.

"Mais tu sais, même si tu es parfaite, douée en tout, que tu dois montrer le meilleur de toi-même, tu as le droit de craquer. On ne peut pas être parfait tout le temps. Et si tu veux, je suis là si jamais tu veux me reparler- Oh, Amity !"

Je viens de me rendre compte que je pleure. Une larme coule le long de ma joue, et je l'essuie aussitôt.

"Pardon, ce n'est rien ne t'inquiète pas, c'est juste-"

Je m'interromps. Luz vient de me prendre dans ses bras, et c'est... agréable. Par contre, ça recommence, je me transforme en tomate... Quand elle me lâche, je suis écarlate.

"Euh... Je... Merci, Luz, je dis. Ça m'a fait du bien de te parler. Mais il faut que je rentre, maintenant.

- D'accord, fait-elle en me lâchant, un peu rouge elle aussi. Rentre bien, et à bientôt ! Et n'oublie pas, dis-moi si jamais quelque chose ne va pas !

- Oui, merci. Rentre bien aussi."

Avant de partir, j'hésite un peu, puis je me retourne et lui lance :

"S-Si jamais tu as besoin... Je suis là aussi."

Et je rentre chez moi, le cœur plus léger.

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1527 mots

Un chapitre un peu plus long, introduction du Lumity !!

Hâte d'écrire la suite :)

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