Le début des années 80 déversait sa folie dans les mœurs de la jeunesse avide.

C'était une époque incroyable, vive, incandescente. C'était le temps des tenues extravagantes, de la musique tapageuse et éclectique, des marmots plein les rues.
C'était l'époque des bus bondés, du bruit des rollers lacérant l'asphalte, et des chewing-gums rose vif. C'était aussi le temps des petits boulots officieux, à faire la plonge dans l'un de ces bars surpeuplés pour pouvoir flâner dans les Game Cafés.

C'était une époque encore remplie de tabous, où je vivais à côté de mes pompes, et où les hippies devenaient has-been.

Une vie sans téléphone portable, sans internet, et parfois même sans télévision. On vivait au rythme des coïncidences, de la chance, et des rencontres au hasard.

On parlait un peu fort, on riait beaucoup pour pas grand chose, devant les billards et les flippers.

Jamais enfermés, toujours dehors.

Il y avait ces filles bien mises, avec leurs jeans taille haute, les hauts courts, leurs bijoux démesurés. Mais aussi ces gars un peu paumés dans les eighty's, du grunge au BCBG.

Il y avait cette ville, la seule que je connaissais, celle dans laquelle j'avais grandi.

Enfin, il y avait ces parents inquiets pour la jeunesse trépidante, et ces universités hors de prix qui triaient sur le volet.

C'est ainsi qu'en plein été, je quittais à regret ma petite ville texane pour le froid mordant de l'Alaska.