Chapitre 02 - I look at you discreetly...

Dans un petit appartement de Hongdae, situé aux abords du campus universitaire, cela faisait déjà trois fois qu'une alarme sonnait.

Pourtant, la masse difforme et duveteuse échouée sur le lit, dont dépassaient deux pieds nus, ne réagissait pas.

Au bout de quelques minutes de tintamarre ininterrompu, une main finit par se glisser hors du cocon douillet pour empoigner le téléphone perturbateur posé sur la table de nuit mitoyenne avant de s'engouffrer de nouveau sous la couette.

Soudain, un "Oh bordel !!!" retentit dans la pièce et, s'extirpant rapidement du lit en faisant voler la literie, un jeune homme se précipita dans la salle de bain.

Après une douche éclair, alliée à un lavage de dent tout aussi rapide, le garçon enfila un jean troué, un haut de survêtement bleu ciel a capuche et des baskets blanches à lacets multicolores.

Attrapant son sac bandoulière, il se précipita hors de l'appartement, claquant la porte bruyamment derrière lui, et dévala, quatre à quatre, les trois étages d'escaliers qui le séparaient du portail de l'immeuble.

Une fois dehors, il se mit à parcourir sa rue à vive allure, prenant tout de même le temps de saluer les commerçants du coin, c'est qu'il était apprécié dans le quartier, tout en inspectant sa montre de temps à autre.

- Merde ! S'exclama-t-il, piquant soudainement un sprint...et esquivant de justesse l'employé d'un konbini.

- Fais gaffe ! Tu vas finir par te vautrer un de ces jours ! Lui répliqua celui-ci en rigolant, occupé à balayer devant la porte du petit commerce.

Ils se connaissaient bien à force, il y passait souvent en soirée pour y acheter des ramyuns ou des friandises.

Arrivé à un carrefour, il bifurqua dans une rue adjacente, en faisant attention à ne bousculer personne.

La ville était bien éveillée à cette heure. Les Séoulites s'engouffraient déjà dans le métro pour se rendre à leurs travails et le trafic était bondé, créant un incessant bourdonnement ponctué par le babillage des klaxons.

Il finit par atteindre une ruelle calme et à l'abri du tumulte des rues avoisinantes et continua sa course sur quelques mètres encore avant de ralentir et d'opter pour une marche rapide.

Quelle idée aussi de courir si tôt le matin alors qu'on n'ait pas vraiment un adepte du sport...! Ça lui apprendra à traîner au lit !

Le temps était au beau fixe, un ciel bleu sans nuage, un soleil resplendissant, bien qu'il fasse encore frais en ce début de mois de mai, on ne pouvait rêver mieux pour commencer la semaine.

Cette ruelle à sens unique et au stationnement interdit, bordée de trottoirs, était principalement occupée par de petits commerces et des restaurants.

Ceux-ci étaient en pleine installation de terrasses extérieures recouvertes de parasols colorés pour accueillir la clientèle sous des nuances estivales.

Il aimait cette ambiance chatoyante qui arrivait avec l'été, et malgré les grosses chaleurs qu'annonçait déjà le service météo de Séoul, il avait toujours préféré cette saison à toutes les autres.

Tout simplement parce que les gens devenaient plus joyeux en été et que le soleil se couchait bien plus tard, éclairant les chaudes soirées de ses rayons.

Il marcha encore sur quelques mètres, se rapprochant de la devanture blanche d'un petit établissement devant lequel était disposé quelques tables et chaises en bois clairs.

Deux cafés entretenaient une concurrence cordiale dans cette ruelle calme, l'un était un café restaurant avec un menu des plus typique mais raffiné, le second, quant à lui, était un café faisant également office de boulangerie pâtisserie et proposait des produits exclusivement français à des prix raisonnables.

Depuis quelque temps, le jeune homme était devenu un habitué des lieux, s'y rendant tous les matins qu'il pleuve ou qu'il vente.

Il entrait à 8 h 00 tapante, enfin autant que faire se peut, saluait et échangeait quelques mots polis avec la serveuse en arborant son plus joli sourire tout en commandant un café latte et un croissant.

Puis il se rapprochait d'une table en terrasse, toujours la même dans la mesure du possible, et y déposait son gobelet et sa viennoiserie tout en observant les passants aux pas pressés.

Malgré son retard, il ne dérogea pas à ses habitudes et, tandis qu'il allait s'asseoir comme d'ordinaire, son cœur s'arrêta quelques secondes alors qu'il entendait quelques notes d'une mélodie en provenance d'une petite boutique à la devanture bleue qui jouxtait justement celle du café.

Il était là.

Il contourna la table et s'assit sur une chaise proche de la façade peinte en bleu et, se rapprochant le plus subrepticement possible de la vitrine du magasin, il jeta un discret coup d'œil à l'intérieur.

L'objet de son attention lui tournait le dos au fond de la salle, dans la douce pénombre du lieu, assit face à un piano à queue au vernis noir sur lequel était disposé une partition ainsi qu'un métronome battant la mesure, il faisait naviguer ses doigts diaphanes avec fluidité sur les touches noires et blanches de l'instrument.

Ce furent tout d'abord de légères notes mélodieuses qui attirèrent son attention ce matin-là.

Cette matinée où par intérêt culinaire, il avait décidé de tester le fameux croissant français de son désormais café boulangerie préféré qui se trouvait à un peu plus de deux pas de chez lui.

Il s'était alors demandé d'où cela pouvait bien provenir.

C'est ainsi qu'il découvrit le magasin de musique qui, au premier abord, semblait petit, mais dont l'intérieur tout en longueur et en alignement de pièces ouvertes était plutôt spacieux et presque chaleureux.

Étrangement, deux canapés d'un bleu canard profond aux coussins de couleurs sombres et une table basse en acajou étaient disposés au centre de la pièce principale, où un grand tapis moutonneux crème aux motifs asymétriques bleus recouvrait en partie un parquet en bois foncé.

Cette pièce donnait sur une seconde dédiée à la musique et ou trônait un magnifique piano à queue et une guitare devant un mur au motifs triangulaires bleu paon et bronze.

La plupart des instruments de musique proposés directement à la vente étaient accrochés aux murs, les ornant de leurs tons cuivrés. D'autres trônaient çà et là autour du coin salon.

Il ne le vit pas tout de suite la première fois, perdu dans la lueur matinale, quasi-inexistante du mois de mars...
Il était resté là, comme charmé par la musique, se demandant quel était cet air mélancolique...

Et alors qu'il sortait doucement de sa transe après la dernière note de cette complainte, et qu'il se décidait enfin à reprendre le fil de sa vie, les lumières s'allumèrent au au-dessus du piano, révélant cet être à la beauté renversante et glacée qui l'envoûta dans la seconde qui suivit...

Vêtu d'une chemise bleu nuit et d'un pantalon noir, ses cheveux charbonneux et son teint de porcelaine le rendait presque irréel.

Il semblait tout droit sorti d'un bouquin fantastique tant sa beauté paraissait surnaturelle.

Son regard ne put se détacher de cette œuvre de perfection, contemplant lascivement les traits fins et fermés de son visage laiteux comme la lune.

Il était intimidant et dégageait une aura de marbre austère et douce à la fois, mais tellement intrigante...

Ses lèvres telles un bouton de rose semblait empreint de mélancolie... Et ses iris sombres laissaient entrevoir les velléités de l'existence avec désespoir.

Il semblait si sophistiqué et insaisissable.

Le contempler était donc tout ce qu'il pouvait faire... Alors il venait tous les matins avant l'ouverture pour l'entendre jouer et l'observer de loin, tel un voyeur.

Son cœur tressautant d'anticipation à chaque fois qu'il le voyait s'approcher dangereusement de la porte d'entrée pour ouvrir sa boutique à 9 h 00.

Il songeait à quel point ils étaient proches à cet instant, à quel point il lui aurait été facile de lui adresser ne serait ce qu'un mot, mais il ne le faisait jamais.

À quoi bon ?

Cela se voyait qu'il ne venait pas du même milieu et qu'il ne poserait jamais son regard ténébreux sur un mec insignifiant tel que lui.

Lui qui était si foncièrement banal...
Lui que les gens trouvaient excessivement gentil et parfois même à en être con.

Pourtant, il espérait... Il espérait qu'un jour il le surprenne.

Alors, croyait-il, ça voudrait dire que le destin s'en mêlait...
Et il attendait sans attendre un signe que la foudre pouvait tomber deux fois.


◇◇◇◇◇◇◇

Me revoilà avec ce second chapitre. >○<
Je suis vraiment heureuse d'avoir enfin publié une de mes histoires. Ça me donne énormément de motivation pour la suite.

Vos retours sont toujours très constructifs et m'aident beaucoup.

Comme vous le voyez, j'installe l'histoire tranquillement.

Quand je pense qu'à la base, elle était censée être un OS.. Mais je pense que cela m'est tout bonnement impossible.

Qu'avez-vous pensé du pianiste ?

Dites-moi, croyez vous au destin ? 💜

Je vous dis à samedi prochain 😘
Yoongi au piano.. on aime

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