Chapitre 01 - When the night comes...

Dans une ruelle de Mapo Gu, un jeune homme baissait le rideau d'une petite boutique à la devanture bleue, une heure plus tôt qu'à l'accoutumé.

Il s'agissait d'un magasin de musique situé en plein cœur du quartier de Hongdae, sans grande prétention, et dans lequel vous pouviez trouver des instruments de qualité à un prix raisonnable.

Il y était aussi dispensé des cours de piano et de guitare tous les lundis et samedis après-midi par le gérant et propriétaire des lieux.

Beaucoup se demandaient comment un homme aussi jeune avait pu faire l'acquisition de cet endroit.

Seulement personne ne le connaissait vraiment. Il restait souvent en retrait et ne se mêlait pas au voisinage ce qui le rendait énigmatique pour la plupart des gens.

Il retournait la politesse à qui le saluait, mais ne souriait jamais.

Son regard était sombre et plutôt froid, ce qui dissuadait quiconque de lui adresser la parole.

Pourtant, il semblait être un bon commerçant et un bon professeur.

Son enseigne avait bonne réputation et les élèves se bousculaient pour assister à ses cours.

Certains pensaient que c'était dû à son physique avantageux.

Il fallait dire qu'il avait un joli minois qui attirait aussi bien les filles que les garçons avec ses yeux félins et divinement ténébreux, son teint d'albâtre et ses lèvres délicatement rosées.

Sa chevelure sombre ne rajoutait que plus de charme et de charisme à son visage lunaire.

Mais au grand dam de beaucoup, il ne regardait jamais personne dans les yeux et ne s'intéressait à rien d'autre que la musique.

C'était un homme routinier et ponctuel.

Pourtant, depuis un peu plus d'un mois, il baissait le rideau de sa boutique une heure plus tôt que d'habitude.

Ce faisant, sa sacoche sous le bras, il descendait la rue d'un pas pressé vers le quartier du campus universitaire Hongsik qui se trouvait a quelques encablures de là.

Dans ce lieu dédié aux jeunes artistes et à l'art dans le sens large du terme, il se faufilait à travers la foule présente pour admirer les œuvres misent en vente, on était samedi et c'était jour de marché.

Il continua sa route, déboucha sur Wausan Ro qui longeait le campus universitaire de Hongsik ou des petits groupes de danseurs et de chanteurs se donnaient en spectacle sur de petites places arrondies disposées à écart régulier le long du large trottoir sur lequel était implantés les étals des peintres, sculpteurs ou autres créateurs.

Chaque abside était bordée d'escaliers blancs sur lesquels les spectateurs pouvaient s'installer.

Le jeune homme continuait à avancer sans vraiment faire attention à l'agitation tout autour de lui, mais en veillant à ne toucher personne.

Il n'aimait pas vraiment les contacts physiques.

Une fois arrivée au bout de la rue, dans une fraction un peu à l'écart du tumulte ambiant, il entra dans un petit café, commanda un americano et s'installa à la table de bar collée à la vitrine. C'était son spot habituel.

Il considéra un instant la foule qui auréolait une des pistes de danse circulaire située juste en face de lui.

Il attendait que le public se disperse après la dernière représentation d'un groupe de danseurs de K-pop.

Son attention se porta alors sur un petit rassemblement de personnes en bordure des escaliers.

Il comptait environ une dizaine d'individus, hommes et femmes confondus, vêtus de vêtements larges et confortables aux couleurs chatoyantes.

Après quelques minutes d'étirements, l'un d'eux mis en marche une enceinte et enclencha la musique depuis son téléphone.

Au son rythmé du hip-hop, les danseurs s'avancèrent sur les pierres blanches de la scène et entamèrent leur chorégraphie.

Les mouvements s'enchaînaient avec aisance et on pouvait ressentir les efforts qui avaient été fournis en amont dans ce but.

Portant son gobelet à ses lèvres, le jeune homme observait le spectacle, mais ses prunelles sombres semblaient chercher autre chose ou quelqu'un.

Le groupe venait tout juste de terminer le dernier enchaînement quand un garçon vêtu d'un ensemble de survêtements rouge et coiffé d'un chapeau bob blanc arriva en courant.

Essoufflé et en sueur, il s'inclina plusieurs fois devant les membres du crew, comme il était commun d'appeler un collectif de street-dancers, certainement pour excuser son retard.

L'entrée en scène du nouvel arrivant fit monter une vague d'acclamations dans l'assemblée, et il y avait de quoi.

Il était fabuleux.

Seul, debout au centre du cercle, la tête baissée et les bras le long du corps, attendant que le beat démarre, il respirait profondément.

Les premières notes retentirent et comme mu par la magie du rythme, le jeune homme enchaîna des mouvements de danse fluides et complexes. Ses bras et ses jambes semblaient connectés et guidés par des fils invisibles.

Son corps, tout en souplesse et en puissance, paraissait habité par la musique. Il enchaînait vagues et micropulsions avec une facilité déconcertante et se déplaçait avec légèreté et flexibilité.

Mais le plus frappant était l'expression sur son visage pendant sa performance, et son regard...

Et c'était précisément ce qui captivait l'attention du jeune homme aux cheveux d'ébène.

La passion et l'euphorie, voilà ce qu'il admirait dans ces prunelles brunes. Mais elles étaient accentuées par le sourire franc et sincère qui illuminait son visage.

La première fois qu'il l'avait vu, un échange de regards avait suffit pour briser quelque chose en lui, une micro fissure dans sa lourde carapace, et un clin d'œil pour opérer une infime percée dans son cœur confiné.

À cet instant, il avait compris que rien ne serait plus comme avant... Et le temps passant il sut que le mal était fait, la foudre lui était tombé dessus de plein fouet.

Ses journées routinières se succédaient mais ces iris couleur noisette aussi ardents que la braise le brûlaient de l'intérieur.. Irradiant sa chair, accaparant ses pensées...Ébranlent son organe vital.

Alors chaque jour, il revenait sur cette place dans l'espoir de le revoir et peut-être de recroiser ses prunelles magnétiques.

Il espérait un jour pouvoir ne serait ce que lui adresser un mot, même s'il s'en savait incapable.

Il n'était pas doué pour ces choses-là, et d'ailleurs,ce n'était pas son genre.

La vie sociale et ses contraintes ne lui convenaient pas.

Il en usait déjà suffisamment dans sa profession, mais si on lui demandait de choisir, il préférait largement le confort de sa solitude. On était si aisément déçu par les autres, et si facilement trahi...

De plus à quoi bon se ridiculiser devant un inconnu en lui parlant ? Et puis qui s'intéresserait à un mec insipide comme lui...?

Non, il préférait rester en retrait comme toujours.

Alors il l'observait de loin, en attendant sans attendre que le destin se charge du reste... Ou pas.

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