Kala

        Plusieurs fois dans la nuit je me réveille en sursaut, parfois Michael est même obligé de me réveiller de lui-même tant je commence à paniquer aussi bien dans mon cauchemar que dans le lit. Fletcher lui n’a pas bougé et Michael le déplace afin de venir me prendre dans ses bras.

« Tout va bien Kala –Il embrasse mon front et éteint ma lampe de chevet alors que je sanglote dans ses bras-

-J…J’ai peur de fermer les yeux Michael.

-Est-ce que tu veux en parler ? Me murmure-t-il à l’oreille-

-N…Non c’est gentil, je préfère que tu dormes –Dis-je en reniflant-

-Tu sais un ami c’est là pour ça, veiller et écouter l’autre parler.

-J…Je sais mais je…

-Ca te fera sûrement du bien d’évacuer tout tes problèmes –Il caresse ma joue-

-J…Je n’arrête pas de rêver de ma mère –Dis-je tristement-

-Elle est resté à Hawaii ?

-Elle y est morte –Dis-je avant de créer un silence gênant-

-Je suis désolé Kala –Il me tire sur son ventre et enroule ses bras autour de ma taille-

-Ils l’ont tuée.

-Qui ?

-Je ne sais pas… Je n’ai jamais vraiment compris –Je ferme les yeux- Tout ce que je savais c’était que mes parents avaient fuit l’Allemagne pour aller vivre à Hawaii. Ils ont retourné une sale histoire là-bas…. Ma mère était journaliste et elle dénonçait beaucoup de choses.

-Tu n’as pas conservé de documents pour savoir quoi précisemment?

-Tous les documents sont restés à Hawaii, avec mon père. Mais j’ai trouvé des articles sur internet, notamment ce sur quoi elle travaillait et je pense avoir compris ce qu’elle faisait –Je serre doucement Michael-

-Elle faisait quoi ?

-Tu… Tu as entendu parler du procès de Nuremberg ?

-Le procès qui a eût lieu en 1945 après l’extermination des Juifs ?

-Exact –Je déglutis- De nombreux responsables nazis ont été jugés et condamnés à mort, mais beaucoup ont réussi à prendre la fuite.

-Oui j’ai lu ça dans mon manuel d’histoire –Dit-il en caressant mes cheveux-

-Eh bien je pense que ma mère et des amis à elle en traquaient quelques-uns. Elle a sûrement dû dévoiler des noms…

-Vraiment ? Mais attends, ça s’est passé en 45, si mes calculs sont bons, même les plus jeunes des SS devaient avoir au moins 70 ans quand ta mère a commencé à fouiner.

-Oui c’est là que je ne comprends pas…Ce ne sont pas eux qui s’en sont pris directement à ma mère. Pas à leurs âges, c’est impossible.

-Il doit y avoir un réseau –Je blêmis et Michael me serre doucement-

-Quoi qu’il en soit ma mère a été tuée, par un allemand et peu de temps après nous avons pris l’avion avec mon père et ma sœur pour venir nous réfugier ici en Australie où nous avons changé de nom de famille. C’était plus sûr…

-Et actuellement où sont ton père et ta sœur ? Tu ne m’as jamais parlé d’eux.

-Je ne préfère pas en parler –Dis-je le cœur serré et les larmes au bord des yeux-

-Je comprends tout à fait, c’est déjà bien que tu aies accepté de m’en parler –Il caresse longuement mon dos- En tout cas maintenant je comprends pourquoi tu n’aimes pas les gens et aussi pourquoi tu as peur de sortir…

-J’aimerais que rien de tout ceci ne soit jamais arrivé –Je me met à pleurer dans son cou-

-On ne peut contrôler le temps et les choses Kala, toi tu es en vie et c’est ce qui compte.

-J’aurais préféré qu’il me loge cette balle dans le crâne plutôt que de me laisser vivre avec ce cauchemar indélébile qui pèse au dessus de ma tête !

-Kala ! –Gronde Michael- Ne dis pas de conneries pareilles ! Tu es plus forte que ça je le sais, j’ai confiance en toi. »

        Si seulement moi je pouvais me faire confiance. Je me blottis un peu plus contre son torse et laisse les mouvements de son torse me calmer. Je somnole, épuisée par mes larmes et m’apprête à m’endormir lorsqu’un miaulement quasi imperceptible me fait ouvrir un œil. Fletcher essaye de grimper sur nous.

« - Fletcher –Je grogne à demi endormie alors que ce dernier a réussi à grimper pour aller se poser sur mon crane-

-Il est où ?  -Demande Michael-

-Il joue avec mes cheveux –Je m’endors à nouveau lorsque Michael retire la boule de poil de sur ma tête pour le déposer un peu plus loin-

-Voilà, dors Kala.

-Bonne nuit Mikey

-Bonne n… Hey ! –Il pousse un juron-

-Quoi ? –Je sursaute-

-Ton chat vient de me pisser dessus ! –Je glousse doucement-

-Il est sûrement jaloux

-Au point de m’uriner dessus ?!

-C’est son passe-temps favori. Il est chiant, mais mignon. »

Je souris en coin et laisse mes pensées s’égarer, me faisant voir presque clairement le visage d’Ashton avant que je ne tombe dans un profond sommeil sans rêve ni cauchemar.

*

        Le lendemain matin je me lève avec quelques difficultés, toujours prise de vertiges avant d’aller préparer le petit déjeuner de Michael. Parler avec lui m’aura au moins aidé à extérioriser un minimum. Il est le seul qui soit à présent au courant pour ma situation.

Je déglutis.

Non il n’est pas le seul.

        Je nourris mes chats et retourne dans ma chambre, un lourd plateau à la main. Il ne faudrait pas que j’ai des chutes de tension à ce moment-là sinon ce serait la catastrophe assurée. Mais heureusement j’atteins le lit sans m’effondrer et pose le plateau sur ma table de chevet, regardant mon ami dormir. Les rayons du soleil qui filtrent à travers le rideau dessinent la courbure de ses muscles et je dois avouer que Michael est vraiment beau. Je n’arrive pas à croire qu’il n’ait pas eût de petite amie ces dernières années, à croire que les filles de nos jours étaient devenues bien difficiles.

« Je suis beau je sais –Dit-il en gloussant-

-Oh tu es réveillé ? –Dis-je surprise-

-Oui et je te regardais en train de me détailler –Il sourit en coin avant de se redresser et de passer une main dans ses cheveux en désordre-

-Je ne te détaillais pas !

-Si –Il sourit en coin- Mh il faudra penser à changer tes draps –Dit-il en jetant un regard noir à Fletcher qui dort tranquillement à mes pieds-

-J’y penserai –Dis-je en tirant le plateau avant de le poster entre nous deux-

-Oh mais c’est parfait ce réveil ! C’est parce qu’on est censé être un faux couple que tu agis comme tel ? –Il sourit, amusé-

-Pas du tout ! –Je vire au rouge et commence à boire mon thé-

-D’ailleurs, tu es sûre que tu ne veux pas appeler Ashton et lui dire que finalement nous allons venir ?

-Non je ne veux pas, c’est gênant et puis je ne le connais que très peu –Dis-je rapidement- sans compter que je lui ai un peu crié dessus au téléphone hier.

-Ah bravo ! –Il pousse un long soupire avant de mâcher des tartines-

-Et je te rappelle également que tu cherches à séduire une infirmière, alors c’est non.

-Ah tu as réponse à tout. »

        Il caresse mes cheveux avant de reprendre son déjeuner. Pour ma part je bois lentement mon thé, pensant à Ashton. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, nous ne nous connaissons à peine et je ne suis vraiment pas du genre à socialiser. Qu’il vienne chez moi d’accord, mais qu’il me demande de sortir et de passer un week-end loin de mon appartement, alors là non.

Et puis, il n’a toujours pas répondu à mon message d’hier. Après ma réaction démesurée je pense d’ailleurs qu’il n’y répondra pas même si au fond de moi une partie espère l’inverse.

Non vraiment, j’aurais aimé que rien de tout ceci n’arrive.

*

Ashton

Hôpital - Chambre d’Oliver

« Pourquoi tu fais la gueule Ash ? –Me demande Oli-

-Je ne fais pas la gueule.

-Si, tu ne souris pas. Et quand tu ne souris pas c’est qu’il y a un gros souci –Il me regarde longuement- tu t’es disputé avec Oriane ?

-Non pas du tout –Je soupire-

-Alors quoi ?

-Si une fille, avec qui tu ne parles que depuis quelques jours, te demande de lui foutre la paix, tu comprends quoi toi ?

-Qui est l’innocente jeune femme que tu es allé harceler ?

-C’était pas ma question ! Et je ne la harcèle pas –Dis-je en croisant les bras-

-Mh je pense que j’arrêterais de lui parler et attendrais qu’elle revienne d’elle-même.

-Elle m’a envoyé un message d’excuse. Tu penses que je devrais lui répondre ?

-C’est ta vie pas la mienne Ash, débrouille-toi tout seul sur ce coup là –Grogne-t-il avant de se retourner dans ses couvertures- Au fait Oriane est passée, elle m’a dit que vous partiez en week-end.

-Oh euh ouais –Dis-je en rangeant les soins-

-Pourquoi tu ne me l’as pas dit ? –Me demande Oli d’une voix lourde de représailles-

-Bah je ne pensais pas que ça t’intéresserait.

-Je peux venir avec vous ?

-Oliver dans week end en amoureux il y a amoureux.

-Et alors ? Je sortais avec Oriane avant toi au cas où tu l’aurais oublié –Je sens mes joues devenir rouges-

-Bon je ne sais pas à quoi tu joues mais tu sais parfaitement que je déteste parler de ça.

-Bah voyons. Et sinon c’est qui cette fille ?

-Une fille que j’ai rencontré dans le tram.

-Oriane est au courant ?

-Non ! –Dis-je en serrant les poings- C’est juste une connaissance rien de plus, pas besoin d’en parler à Oriane ça créerait des histoires pour rien. Et je t’interdis de venir t’immiscer là-dedans !

-D’un côté je suis cloué à ce putain de lit non stop, je n’ai que peu de visites, tu passes me voir de moins en moins, pareil pour Oriane. Alors désolé d’avoir besoin de me distraire un peu.

-Pas avec ma vie privée ! –Je range mes affaires et regarde l’heure-

-Tu vas encore t’en aller et me laisser tout seul ?

-Il n’y a plus de trams après 2h –Grogné-je en essayant de me calmer-

-Tu pourrais passer la nuit ici, comme avant.

-Non ! –Je retire ma blouse et la range dans mon sac- Et puis Luke m’attend.

-Pourquoi tes amis comptent plus que moi ? –Me demande-t-il froidement-

-Bon sang Oliver je n’ai jamais dit ça !

-Non mais c’est la vérité, tu ne veux plus me voir. Pourtant après ce que j’ai fait pour toi j’aurais espéré un peu plus de gratitude –Il me lance un regard noir-

-Je n’oublie pas ce qu’il s’est passé et je ne m’éloigne pas de toi, c’est juste que ces derniers temps j’ai été occupé et je…

-A cause de la fille du tram ? –Je me met à rougir de plus belle-

-Non ! Elle n’a rien à voir là-dedans

-Alors qu’est-ce qui peut bien t’occuper au point de ne plus venir me voir moi ?

-Seigneur quand vas-tu arrêter avec ces questions ?!

-J’ai le droit de savoir !

-Franchement si tu n’étais pas mon frère je t’aurais envoyé dans un autre hôpital depuis bien longtemps. »

        Nous échangeons un dernier regard glacial avant que je ne quitte la chambre, rejoignant Oriane en bas. Elle s’approche de moi et ouvre sa bouche pour parler mais elle remarque rapidement que je ne suis pas d’humeur à ça et se contente de m’embrasser avant que je n’aille prendre le tram, seul.

        Je suis tenté de répondre à Kala, mais je dois reconnaitre qu’Oliver avait raison. Je dois attendre qu’elle vienne d’elle-même. Après tout c’est moi qui suis venu la voir et qui n’ai pas cessé de faire le premier pas, si ça se trouve elle ne tenait pas plus que ça à me parler. Elle doit me prendre pour un harceleur.

Serait-elle venue me voir si je n’avais pas pris l’initiative de lui adresser la parole pour la première fois dans le tram la semaine dernière ?

Je ne pense pas.

Alors je ne veux plus la forcer.

*

        Rien de mieux qu’un petit week-end en amoureux pour se ressourcer. Loin du boulot, d’Oliver, de Kala. Loin de tout ce qui me tracasse, me permettant de me recentrer sur ce qui est important. Mon couple. C’est la seule chose qui me maintient debout, aimer et me sentir aimé en retour. Pouvoir épauler et être épaulé. Seule Oriane peut comprendre ce sentiment car comme moi, l’aide à la personne est naturel chez elle.

Que serais-je devenu sans elle ?

        Je ferme les yeux et écoute le bruit des vagues qui s’échouent non loin de mes pieds. Et dire qu’il nous aura fallu quelques kilomètres pour nous retrouver sous un agréable soleil d’hiver, bien loin de la grisaille de la ville.

Je suis certain que ça aurait fait du bien à Kala.

        D’ailleurs je me demande ce que Michael et elle sont en train de faire en ce moment, est-elle encore malade ?  C’était tout de même dommage qu’ils ne soient pas venus bien que Kala aurait sûrement plombé l’ambiance. Mais au moins ça nous aurait permis de faire longuement connaissance, ailleurs que dans ce fichu tramway. Je soupire avant de regarder mon téléphone. Toujours rien et ça fait maintenant trois jours.

        Je pense que je peux d’ores et déjà oublier Calamity Jane. A l’évidence il n’y avait que moi qui étais content à l’idée d’en faire mon amie.

*

        Lorsque je boucle mon sac dimanche soir, je ne garde avec moi qu’un simple préservatif, bien décidé à profiter de ma dernière nuit avec Oriane.Ca aussi c’est important, en tout cas pour moi ça l’est, car je veux et j’estime qu’il est normal de donner tout mon amour à celle que j’aime.

Et puis de toute façon je reste un homme.

        Une fois libéré de mon orgasme je me laisse tomber sur le matelas et regarde Oriane qui s’en va prendre une douche. Je glisse ma main dans mes cheveux collants de sueur et souris en coin, satisfait. Depuis le temps que j’habite avec Luke et que je n’ose pas inviter Oriane pour éviter au blond le supplice de nos ébats amoureux, ça m’avait manqué. Au moins ce soir nous étions tranquille.

Je me met sous les couvertures, toujours tremblant suite à ma délivrance et j’essaye de fermer les yeux, bercé par le son de la douche au loin lorsque mon téléphone se met à vibrer.

D’un bond je me redresse et l’attrape fermement, m’attendant à voir briller la mention ‘Kala –Message’.

Sauf que ce n’est pas un message de Kala.

Je déglutis.

Calum Hood – Message

Tout mais pas ça.

Pas lui.

Je déverrouille nerveusement le téléphone et ouvre avec précaution le dit message, comme s’il allait m’exploser au visage.

« Lundi. 2h, devant la gare. Si tu ne viens pas tu pourras toujours t’amuser avec le corps sans vie de ta meuf. »

Je suis pris de nausées et me dépêche d’éteindre mon téléphone lorsqu’Oriane revient. Elle me sourit et viens m’embrasser avant de s’allonger dans mes bras que j’enroule fermement autour d’elle. 

C’est un cauchemar.

~ Bonsoir :) désolée de ne pas avoir posté hier soir :( j'espère que vous avez apprécié le 8 :)

Sinon je tenais à vous remercier, tous, pour votre soutien :) A Year With Kangarooes vient de dépasser le milion de vue et c'est grâce à vous, vraiment je suis ravie de voir que bon nombre d'entre-vous l'ait appréciée :) vous êtes les meilleurs lecteurs ^^

Dites, est-ce que par hasard vous ne connaitriez pas l'amie d'une amie d'une amie [...] d'une amie d'une autre amie qui revendrait deux ou trois places pour le concert des 5SOS à Paris le 22 Mai ? :'(

Et pour finir un petit média d'Ashton, qui en ressemble pas à Ashton, on remerciera donc le bandana :D

Je vous remercie pour ce que vous m'avez apporté jusque là et j'espère que c'est réciproque !

Kactus